Grève des greffiers: les justiciables déboussolés, des violons débordés

La grève de 72 heures déclenchée par l’Union nationale des greffiers de Côte d’Ivoire (UNAGCI) était à sa deuxième journée, hier mercredi. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce mouvement, qui a totalement paralysé la section de tribunal d’Aboisso, a un impact sur les justiciables, les commissariats de police et les brigades de gendarmerie de la juridiction. Un calme plat règne dans le Temple de Thémis, qui habituellement grouille de monde. Tous les bureaux des greffiers sont hermétiquement fermés. Les dix-sept (17) greffiers de la section de tribunal d’Aboisso observent le mot d’ordre de grève de trois jours à la lettre. Seul le greffier en chef et les agents interministériels tentent vainement de faire tourner l’appareil judiciaire. Les audiences sont suspendues. Aucun acte de justice (certificat de nationalité, casier judiciaire, actes d’individualité et autres) n’est délivré. Les demandeurs de certificats de nationalité et de casiers judicaires sont les plus nombreux à se lamenter. C’est le désarroi total. Dans les commissariats de police et les brigades de gendarmerie, les violons ne désemplissent pas, d’autant plus qu’il n’y a pas de déferrement. Des gendarmes d’Adiaké venus déférer un suspect arrêté pour attentat à la pudeur sur une écolière ont dû retourner avec le suspect, lui aussi écolier, et la victime, en attendant le retour des greffiers. Ceux-ci entendent reconduire leur mouvement la semaine prochaine, s’il n’y a pas d’oreilles attentives à leurs préoccupations, à savoir la signature du décret d’application d’un statut particulier. « C’est notre ministre, qui constitue le blocage. Nous sommes le seul corps qui ne bénéficie de rien. Le ministre s’érige en président de la République, Pourtant, la même Ordonnance est appliquée aux magistrats, qui sont nommés, de manière incongrue, à la tête de toutes les directions centrales du ministère. C’est à croire qu’il se considère comme ministre des seuls magistrats. Ce qui n’est pas normal, » martèle Maitre Soro Sibirina, secrétaire général de la section de l’Union nationale des Greffiers de Côte d’Ivoire (UNAGCI) et membre de la Coordination nationale des syndicats de greffiers.

Sam K.D