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Société Publié le jeudi 10 décembre 2015 | La Tribune Ivoirienne

Etat d’esprit: pour une catharsis de la violence

La violence à l’Université. Elle est née avec la crise des universités. Pose-t-on le bon diagnostic pour l’extirper ? Tout le monde en parle mais nos dirigeants qui se succèdent se trompent très souvent d’analyse pour en situer les causes et donc trouver les bonnes solutions. On a souvent accusé la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) d’en être l’instigatrice. Jamais on n’a pris en compte le contexte de la création de la Fesci. On était en 1990, à la fin d’un cycle, marqué par le discours de La Baule et son corollaire de mutation sociopolitique. Réfractaires au changement, les forces conservatrices ont toujours voulu brimer ou stopper les forces du changement. La Fesci est née dans ce contexte de répression systématique. La violence appelant la violence, ce syndicat par instinct de survie s’est adapté à cet environnement avec les encouragements de la même classe politique tant que sa violence lui profitait. Il ne faut pas ignorer cette douloureuse naissance qui a formaté les esprits. De même qu’il ne faut pas se tromper dans nos analyses que la démographie galopante des universités contrairement à l’investissement en infrastructures, a fini par développer des instincts de groupe. Or il est constant, au sens du sociologue Gustave Le Bon, dans sa théorie de la psychologie des foules que « dans l'âme collective, les aptitudes intellectuelles des individus, et par conséquent leur individualité, s'effacent. L'hétérogène se noie dans l'homogène, et les qualités inconscientes dominent. L'individu en foule acquiert, par le fait seul du nombre, un sentiment de puissance invincible qui lui permet de céder à des instincts auxquels, seul, il n'aurait pas laissé libre court. »
Qu’a-t-on fait pour désengorger nos universités et éviter les surcharges d’amphithéâtres ? Qu’a-t-on fait en matière sociale au profit des étudiants ? Qu’a-t-on fait pour rendre notre système universitaire concurrentiel ? C’est à ces questions non exhaustives qu’il nous faut répondre collectivement et non botter en touche en rejetant tout sur l’adversaire politique chaque fois que l’on est coincé.

S. DEBAILLY
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