La question de la réconciliation dans l’Ouest ivoirien "est liée à la terre", estime Jacqueline-Claire Kouangoua, candidate malheureuse à l’élection présidentielle du 25 octobre en Côte d’Ivoire, pour qui cette situation "génère des crises" et des violences, dans un entretien à ALERTE INFO.
Qu’avez-vous fait depuis l’élection présidentielle du 25 octobre ?
J’ai pris le temps de rencontrer la population de Daloa, en passant par les autorités administratives et coutumières et le secteur militaire. Ils ont tous joué un grand rôle dans cette élection, grâce à eux, les Ivoiriens vaquent aujourd’hui à leurs occupations. Mon message de paix, de réconciliation pendant la campagne a été compris et toute la population de Daloa m’a félicitée. Cette paix va créer de l’emploi et éviter des migrations meurtrières vers d’autres pays.
Après les vœux souhaités à la population, j’ai repris mes activités d’entrepreneur, avec ma société La Tulipe, dans l’imprimerie. J’ai aussi des plantations, dans l’hévéaculture. Avec l’hévéaculture, si un ivoirien achète un hectare, en dix ans, il gagne au moins 150.000 FCFA par mois. J’ai sensibilisé depuis 10 ans la population sur le côté social de cultiver la terre, pour leur dire de ne pas vendre leur terrain et éviter d’être étrangers chez eux-mêmes.
Quel bilan faites-vous de ce scrutin ?
Je pense avoir gagné ces élections, puisque j’ai donné un message. J’ai ôté l’esprit de peur des Ivoiriens, à qui j’ai dit de voter. J’ai eu près de 2.000 SMS de soutien pour cela. Que j’aie eu 0,2% ce n’est pas important, l’essentiel c’est de dire aux Ivoiriens que la paix est là et qu’il faut accepter les résultats. J’ai félicité le président Ouattara pour sa réélection, et le Burkina a pris exemple sur nous pour sa dernière élection qui s’est bien passée.
Auriez-vous souhaité être ministre suite à ces élections ?
La politique est comme une salle de classe, le lieu des connaissances. M. Ouattara n’a pas l’obligation de mettre tout le monde au gouvernement. Nous pouvons aussi lui donner des conseils, et il peut retenir certains aspects de nos programmes de gouvernement, puisqu’en étant ministre ma parole ne sera pas libre. Mais laissons le temps au temps.
Seriez-vous intéressée pour rejoindre l’UDPCI (parti allié au pouvoir), comme le disent certains quotidiens ?
Ce sont nos frères qui sont dans ce parti, mais j’ai toujours voulu être indépendante. Dans les partis, il faut attendre plusieurs années avant de prendre la tête, donc c’est difficile de faire émerger mes idées. Ma ligne, c’est d’être indépendante pour pouvoir critiquer ou apprécier ce qui est fait.
Comptez-vous vous présenter aux élections législatives ou municipales à venir ?
Laissons le temps au temps. Nous devons faire le bilan des présidentielles. Le moment venu, nous appellerons la presse.
Que pensez-vous du scandale des écoutes autour de M. Soro ?
Il y a de tout en politique. Le Burkina, c’est un quartier de la Côte d’Ivoire, comme la Côte d’Ivoire est un quartier de la France. Il faut qu’on puisse éviter les rumeurs puisqu’aucune preuve n’est mise sur la table. Il y a des comédiens en Côte d’Ivoire qui imitent très bien Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, ou les autres candidats. Ces rumeurs mettent les pays en conflit. Il faut aller au Burkina pour vérifier la véracité, au-delà d’un simple appel téléphonique. Si c’est vrai, asseyons-nous et discutons, comme disait Houphouët.
Quels sont vos rapports avec les autres candidats de l’élection ?
On garde de bons rapports, on s’est appelés et on s’appelle encore souvent. J’ai félicité le président Alassane et je l’appellerai à son retour en France pour prendre de ses nouvelles. Quand on est en politique, on a des comptes à rendre et on a l’œil sur ce que fait le chef de l’État, pour savoir ce qu’il a fait durant son déplacement.
Le président Ouattara vous a-t-il poussée à être candidate pour légitimer son pouvoir ? Certains médias disent qu’il a payé lui-même les 20 millions de caution.
Ce n’est pas vrai. J’ai payé les 20 millions de caution parce que je suis entrepreneur.
Qu’avez-vous fait des 100 millions FCFA accordés à chaque candidat ?
Concernant les 100 millions, je trouve que c’est un grand pas démocratique de les attribuer, notamment pour un candidat indépendant. On a géré les 100 millions pour les élections, pas pour s’acheter une robe, ils sont finis. On avait un budget, mais l’argent ne suffisait pas, il y avait beaucoup de dépenses à faire pendant la campagne, pour l’équipe qui m’accompagnait.
Votre vie a-t-elle changée depuis le scrutin ?
Ce qui est intéressant quand on est candidat aux présidentielles, c’est qu’on devient une marque, un modèle. On ne peut plus faire ce qu’on faisait avant, je ne peux plus aller dans un maquis puisque je reflète l’État de Côte d’Ivoire.
Des gens demandent de l’aide, depuis avant la présidentielle même, notamment pour la santé ou la scolarisation des filles. Je fais en sorte de répondre à ces demandes autant que je le peux, ça peut me coûter jusqu’à 400.000 FCFA par semaine. Quand vous voyez un malade devant chez vous, il faut l’aider ! Le côté intéressant de la politique, c’est de voir que le candidat ou la candidate qui a perdu continue d’aider la population, et j’agis sur ce côté social.
Pensez-vous que les Ivoiriens sont prêts à élire une femme à la magistrature suprême ?
En 2020 ou en 2025, les Ivoiriens comprendront qu’ils peuvent élire une femme présidente. Mais cette année, certains m’ont trouvée trop jeune, ou disaient juste que je pouvais "peut-être" gagner. Il y avait trop de "peut-être". Mais j’en ai tiré beaucoup d’expérience et de nombreux conseils.
Vous qui êtes originaire de l’Ouest du pays, que pensez-vous des violences à la frontière libérienne ?
Concernant la frontière avec le Liberia, je souhaite une grande base militaire dans la région. Le seul problème dans l’Ouest est foncier. Les gens se sentent dépossédés de leurs terres, ce qui génère des crises, il faut régler cela. La question de la réconciliation est liée à la terre. Si vous donnez un sac de riz aux gens qui ont perdu leurs terres, ça ne va rien régler. Pendant la dernière crise, il y a eu des gens qui ont occupé la terre de force, par amitié ou en la vendant.
L’État de Côte d’Ivoire doit voir à qui appartiennent les terrains en jeu. Une fois que cela se passe dans la clarté, on peut s’arranger pour que les plus grands propriétaires donnent des parcelles à ceux qui possèdent le moins. Il faut aussi un système de travaux partagés, avec un investisseur et un propriétaire, pour éviter les conflits.
NMI
Qu’avez-vous fait depuis l’élection présidentielle du 25 octobre ?
J’ai pris le temps de rencontrer la population de Daloa, en passant par les autorités administratives et coutumières et le secteur militaire. Ils ont tous joué un grand rôle dans cette élection, grâce à eux, les Ivoiriens vaquent aujourd’hui à leurs occupations. Mon message de paix, de réconciliation pendant la campagne a été compris et toute la population de Daloa m’a félicitée. Cette paix va créer de l’emploi et éviter des migrations meurtrières vers d’autres pays.
Après les vœux souhaités à la population, j’ai repris mes activités d’entrepreneur, avec ma société La Tulipe, dans l’imprimerie. J’ai aussi des plantations, dans l’hévéaculture. Avec l’hévéaculture, si un ivoirien achète un hectare, en dix ans, il gagne au moins 150.000 FCFA par mois. J’ai sensibilisé depuis 10 ans la population sur le côté social de cultiver la terre, pour leur dire de ne pas vendre leur terrain et éviter d’être étrangers chez eux-mêmes.
Quel bilan faites-vous de ce scrutin ?
Je pense avoir gagné ces élections, puisque j’ai donné un message. J’ai ôté l’esprit de peur des Ivoiriens, à qui j’ai dit de voter. J’ai eu près de 2.000 SMS de soutien pour cela. Que j’aie eu 0,2% ce n’est pas important, l’essentiel c’est de dire aux Ivoiriens que la paix est là et qu’il faut accepter les résultats. J’ai félicité le président Ouattara pour sa réélection, et le Burkina a pris exemple sur nous pour sa dernière élection qui s’est bien passée.
Auriez-vous souhaité être ministre suite à ces élections ?
La politique est comme une salle de classe, le lieu des connaissances. M. Ouattara n’a pas l’obligation de mettre tout le monde au gouvernement. Nous pouvons aussi lui donner des conseils, et il peut retenir certains aspects de nos programmes de gouvernement, puisqu’en étant ministre ma parole ne sera pas libre. Mais laissons le temps au temps.
Seriez-vous intéressée pour rejoindre l’UDPCI (parti allié au pouvoir), comme le disent certains quotidiens ?
Ce sont nos frères qui sont dans ce parti, mais j’ai toujours voulu être indépendante. Dans les partis, il faut attendre plusieurs années avant de prendre la tête, donc c’est difficile de faire émerger mes idées. Ma ligne, c’est d’être indépendante pour pouvoir critiquer ou apprécier ce qui est fait.
Comptez-vous vous présenter aux élections législatives ou municipales à venir ?
Laissons le temps au temps. Nous devons faire le bilan des présidentielles. Le moment venu, nous appellerons la presse.
Que pensez-vous du scandale des écoutes autour de M. Soro ?
Il y a de tout en politique. Le Burkina, c’est un quartier de la Côte d’Ivoire, comme la Côte d’Ivoire est un quartier de la France. Il faut qu’on puisse éviter les rumeurs puisqu’aucune preuve n’est mise sur la table. Il y a des comédiens en Côte d’Ivoire qui imitent très bien Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, ou les autres candidats. Ces rumeurs mettent les pays en conflit. Il faut aller au Burkina pour vérifier la véracité, au-delà d’un simple appel téléphonique. Si c’est vrai, asseyons-nous et discutons, comme disait Houphouët.
Quels sont vos rapports avec les autres candidats de l’élection ?
On garde de bons rapports, on s’est appelés et on s’appelle encore souvent. J’ai félicité le président Alassane et je l’appellerai à son retour en France pour prendre de ses nouvelles. Quand on est en politique, on a des comptes à rendre et on a l’œil sur ce que fait le chef de l’État, pour savoir ce qu’il a fait durant son déplacement.
Le président Ouattara vous a-t-il poussée à être candidate pour légitimer son pouvoir ? Certains médias disent qu’il a payé lui-même les 20 millions de caution.
Ce n’est pas vrai. J’ai payé les 20 millions de caution parce que je suis entrepreneur.
Qu’avez-vous fait des 100 millions FCFA accordés à chaque candidat ?
Concernant les 100 millions, je trouve que c’est un grand pas démocratique de les attribuer, notamment pour un candidat indépendant. On a géré les 100 millions pour les élections, pas pour s’acheter une robe, ils sont finis. On avait un budget, mais l’argent ne suffisait pas, il y avait beaucoup de dépenses à faire pendant la campagne, pour l’équipe qui m’accompagnait.
Votre vie a-t-elle changée depuis le scrutin ?
Ce qui est intéressant quand on est candidat aux présidentielles, c’est qu’on devient une marque, un modèle. On ne peut plus faire ce qu’on faisait avant, je ne peux plus aller dans un maquis puisque je reflète l’État de Côte d’Ivoire.
Des gens demandent de l’aide, depuis avant la présidentielle même, notamment pour la santé ou la scolarisation des filles. Je fais en sorte de répondre à ces demandes autant que je le peux, ça peut me coûter jusqu’à 400.000 FCFA par semaine. Quand vous voyez un malade devant chez vous, il faut l’aider ! Le côté intéressant de la politique, c’est de voir que le candidat ou la candidate qui a perdu continue d’aider la population, et j’agis sur ce côté social.
Pensez-vous que les Ivoiriens sont prêts à élire une femme à la magistrature suprême ?
En 2020 ou en 2025, les Ivoiriens comprendront qu’ils peuvent élire une femme présidente. Mais cette année, certains m’ont trouvée trop jeune, ou disaient juste que je pouvais "peut-être" gagner. Il y avait trop de "peut-être". Mais j’en ai tiré beaucoup d’expérience et de nombreux conseils.
Vous qui êtes originaire de l’Ouest du pays, que pensez-vous des violences à la frontière libérienne ?
Concernant la frontière avec le Liberia, je souhaite une grande base militaire dans la région. Le seul problème dans l’Ouest est foncier. Les gens se sentent dépossédés de leurs terres, ce qui génère des crises, il faut régler cela. La question de la réconciliation est liée à la terre. Si vous donnez un sac de riz aux gens qui ont perdu leurs terres, ça ne va rien régler. Pendant la dernière crise, il y a eu des gens qui ont occupé la terre de force, par amitié ou en la vendant.
L’État de Côte d’Ivoire doit voir à qui appartiennent les terrains en jeu. Une fois que cela se passe dans la clarté, on peut s’arranger pour que les plus grands propriétaires donnent des parcelles à ceux qui possèdent le moins. Il faut aussi un système de travaux partagés, avec un investisseur et un propriétaire, pour éviter les conflits.
NMI