x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le mercredi 6 janvier 2016 | Le Patriote

Grande chancellerie : La révolution «Diabaté »

© Le Patriote Par Marc Innocent
Distinction dans l`ordre du mérite national: Roger Fulgence Kassy décoré à titre postume
Vendredi 26 Juin 2015. Abidjan. Feu Roger Fulgence Kassy, son écurie et certaines icônes de la télévision ivoirienne ont été élevés au rang de chevaliers dans l`ordre du mérite national par la grande chancelière Henriette Dagri Diabaté.
La tentation est toujours aussi forte pour peu qu’on s’y intéresse aujourd’hui, de croire que la Grande chancellerie est une nouvelle institution de la République de Côte d’Ivoire, créée notamment le 02 août 2011, à peine quelques mois après l’accession au pouvoir d’Etat par le Président Alassane Ouattara. Car c’est ce jour-là, en effet, que le professeur Henriette Rose Dagri-Diabaté, nommée le 13 mai de la même
année pour en présider aux destinées, en procédait à la rentrée solennelle.
Que non ! Créée par la loi n°60-403 du 10 décembre 1960, modifiée par celle n°61-207 du 12 juin 1961, l’institution est presqu’aussi vieille que la Côte d’Ivoire indépendante ! Elle peut même s’enorgueillir d’avoir été dirigée par des personnalités tout aussi illustres les unes que les autres. Joseph Anoma (1960-1978), Germain Koffi Gadeau (1977-2000) et le général Yssouf Koné (2000-2011) pour ne pas nommer que ces icônes de notre cher pays.
Mais le fait est que l’avènement de l’historienne Dagri-Diabaté à la tête de notre Ordre national a insufflé à cette institution un tel dynamisme, une telle vitalité, que, plus qu’une renaissance – en soi déjà très méritoire pour une institution longtemps perçue par l’opinion comme atteinte d’une sclérose atavique –, certains n’ont pu qu’y voir une naissance pure et simple. De là à franchir le pas d’une révolution quasi copernicienne du côté de la rue des Hortensia à Cocody, siège social de la Grande chancellerie, beaucoup n’ont pas hésité.
L’ont-ils fait parce que l’ancienne Garde des sceaux est la première dame à présider aux destinées de cette institution dans notre pays ?
Sont-ils admiratifs de ce charme doublé d’élégance qu’elle a su imprimer à cette grande maison – délocalisée par ses soins pour lui donner une personnalité à part entière – ?
Sans doute y a-t-il un peu de tout cela dans la nouvelle perception par les Ivoiriens de la Grande chancellerie.
Mais c’est bien plus au contenu qu’elle a su donner à sa mission, la le souffle novateur qu’elle fait planer sur l’institution, que l’ancienne ministre de la Culture doit la noblesse retrouvée de celle-ci. « Il s’agit pour nous de faire en sorte que la Grande chancellerie ne soit plus perçue
comme un simple ‘’ guichet à médailles’’ dont le seul rôle est de décorer », affichait-elle ses ambitions le 13 septembre 2011 à Paris, alors qu’elle était reçue dans la capitale française par son homologue hexagonal, le Général Jean-Louis Georgelin.
Des ambitions censées ainsi faire le deuil de l’idée fausse dont l’opinion s’était malheureusement accommodée, que la Grande chancellerie n’avait de grande que sa propension pour le moins étriquée à s’enfermer dans le ghetto de la décoration, presque mécanique, des serviteurs de l’Etat, de préférence disparus.
Eh bien, si Mme Diabaté aura été le véritable fossoyeur de ce préjugé réducteur, c’est surtout le mérite d’avoir ressuscité une institution à l’article de la mort qu’il faudra retenir ! Et dire qu’il lui aura suffi pour réussir ce miracle, d’à peine quatre ans ! Le temps pour cette dame, du reste coutumière des ‘’résurrections’’ – souvenons- nous du ministère de la Culture qu’elle fit jadis renaitre de ses cendres –, d’élaborer et de mettre en action un véritable plan Marshall de la Grande chancellerie, sous la forme d’une politique avant-gardiste favorisant « l’éveil et la culture des valeurs républicaines » et axée autour de quatre grands points : la préservation des acquis, l’incitation au civisme, la promotion du mérite, la valorisation du patrimoine humain.
Les sillons ainsi tracés par l’égérie du RDR l’amèneront, tout en prenant ancrage sur le capital administratif et organisationnel de l’institution, à faire montre d’innovation voire d’audace.
Ainsi la Grande chancellerie version Dagri-Diabaté se débarrassera-t-elle définitivement de ses pantoufles d’institution casanière devant l’Eternel pour s’emparer de son bâton de pèlerin, parcourant la Côte d’Ivoire pour en débusquer ses filles et fils (toutes catégories socioprofessionnelles
confondues) les plus méritants. Ce qui constitue du coup une rupture d’avec trois tares congénitales : les décorations exclusivement posthumes, celles ciblées et élitistes, et donc trop souvent complaisantes, et cet immobilisme qui confinait le Grand chancelier dans l’ancienne posture du Pape chez qui il fallait se rendre si on en avait besoin. Cette « bougeotte », la native de Bingerville la tire de sa conviction que « le mérite est partout où un homme ou une femme se bat avec loyauté et ingéniosité pour assurer à sa famille, à sa région, ou à son pays un avenir meilleur ». Car pour la mère du Palais de la Culture d’Abidjan, « la couturière de Toulépleu ou le chef de village de Tafiré, le garde forestier de Niablé, le menuisier, l’instituteur d’Adiaké, peuvent incarner des modèles exemplaires d’efforts personnels et de mérite connus et reconnus par l’ensemble de leur communauté ». Elle mettra donc sur pied des « Comités locaux du mérite » et entreprendra avec ses collaborateurs des déplacements de l’institution à Bouaké, les 3 et 4 avril 2012, à Bongouanou le 3 août 2013, à Gagnoa le 1er février 2014, à Odienné le 9 mai 2014. Objectif : distinguer des citoyens qui rendent de grands services à la nation dans le cadre de la réconciliation nationale et le rapprochement des communautés ou qui font preuve d’ingéniosité et d’excellence dans leur domaine d’activité.

Une telle vision large et inclusive du mérite n’a pu que pousser cette mère de cinq enfants à initier dès le début de son mandat de nombreuses actions, toutes novatrices les unes que les autres. Notamment la célébration des « pionnières de la République », qui a réuni le 24 mai 2012 à Abidjan, entre autres des enseignantes, sages-femmes, ingénieures, de 75 à 100 ans voire plus et à qui le mérite a été publiquement reconnu d’avoir bâti la Côte d’Ivoire moderne. Idem pour la « journée du mérite jeunes » qui, le 28 juin de la même année, a vu la remise de diplôme à 23 jeunes identifiés comme des valeurs naissantes dans leurs domaines respectifs.
Au nombre des récipiendaires, on a pu noter également la distinction remarquée de Mmes Ouattara et Bédié, notoirement connues pour être des véritables vagabondes de la charité, elles dont les actions en
faveurs des plus défavorisés ne sont plus à démontrer en Côte d’Ivoire.
L’un des pans importants de cette « reconnaissance révolutionnaire du mérite » impulsée par la « Tantie nationale » a consisté à mettre en place une sorte de « structure aprèsvente » dont l’objectif est de procéder
au suivi et à la valorisation des personnalités distinguées, le but étant de créer une sorte de « passerelle générationnelle », qui fera que le mérite des anciens soit transmis aux plus jeunes.
On le voit bien, la révolution “Dagri Diabaté” répond au souci d’inscrire la
pratique du mérite et l’émulation dans la vie sociale et professionnelle quotidienne du citoyen. Pour ce faire, elle a initié une réflexion sur les fondements d’une éthique nouvelle, élaboré un manuel de procédure pour rompre avec les décorations fantaisistes afin de diffuser les valeurs civiques, valoriser les personnes décorées dont l’exemplarité sera de nature à inspirer la jeunesse. Elle a également instauré une tradition du mérite ouverte sur l’ensemble des régions et à toutes les professions, fait la promotion de la femme pour qu’elle soit dignement représentée et que l’on attende sa voix comme partenaire dans la résolution des conflits et enfin la collaboratrice du président Ouattara s’est attelé à effectuer des missions d’études et des formations à l’étranger pour s’inspirer des modèles existants.
Comment ne pas donc tomber d’admiration devant une telle débauche d’énergie créatrice et de passion dévorante pour une valeur que beaucoup de nos compatriotes ont tendance malheureusement à reléguer aux calendes grecques : le travail et le mérite qui en découle.


KE
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ