La Haye - Cinq ans après un scrutin électoral sanglant ponctué par son arrestation sous les bombes françaises, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo se présente jeudi devant ses juges pour l’ouverture d’un procès très attendu, le premier d’un ancien chef d’Etat devant la CPI.
Laurent Gbagbo, 70 ans, est accusé d’avoir fomenté et mis en oeuvre un "plan" afin de rester au pouvoir après l’élection en novembre 2010 de son rival et actuel président Alassane Ouattara. Un de ses proches, Charles Blé Goudé, 44 ans, est à ses côtés sur le banc des accusés.
Au pouvoir depuis 10 ans, Laurent Gbagbo refuse alors de céder le pouvoir à M. Ouattara, reconnu vainqueur par l’UE, les Etats-Unis et la France.
Les violences qui suivent s’étalent sur cinq mois et provoquent la mort de plus de 3.000 personnes. M. Gbagbo sera finalement arrêté en avril 2011 après plusieurs jours de bombardements de la force française Licorne.
Après l’ouverture de l’audience à 09H30 (08H30 GMT), les deux hommes devront plaider coupable ou non coupable de quatre crimes contre l’humanité: meurtres, viols, actes inhumains et persécutions.
La procureure Fatou Bensouda prendra ensuite la parole, avant de passer le micro aux représentants des 726 victimes admises aux procédures puis aux avocats des accusés.
L’accusation affirme que l’ancien président a fomenté ce "plan" alors qu’il était encore au pouvoir, "sachant qu’une élection présidentielle libre était à terme inévitable".
Il a été mis en oeuvre, assure l’accusation, avec l’aide de la police, de l’armée et plusieurs mouvements de jeunes partisans, menés par le "général de la rue" Charles Blé Goudé.
"Ces attaques ont été menées par des forces publiques ou des groupes organisés, qui agissaient sous le contrôle d’une certaine hiérarchie", a assuré à l’AFP un membre du bureau du procureur, Richard Nsanzabaganwa: "Ce n’était pas des attaques improvisées."
Le défense assure, elle, que l’ancien président était un chantre de la démocratie et conteste l’existence même d’un "plan commun".
Pour Laurent Gbagbo et ses partisans, dont 1.500 sont attendus jeudi devant la CPI, la France est derrière le "complot" qui a entraîné la chute de ce farouche nationaliste.
"C’est un homme de convictions, un homme sincère, un promoteur de la démocratie", a assuré à l’AFP son avocat principal, Emmanuel Altit : "il veut que ce procès fasse éclater la vérité".
Claver N’Dry, un des avocats de M. Blé Goudé, a, lui, assuré à l’AFP que son client allait plaider "non coupable".
- 4 attaques, 138 témoins, 5.300 preuves -
L’accusation assure disposer de 138 témoins qui ne seront pas tous appelés en audience.
Elle va présenter plus de 5.300 éléments de preuve et se concentrer sur quatre événements "représentatifs" pour M. Gbagbo et cinq pour M. Blé Goudé.
Le procès devrait durer trois à quatre ans.
Une de ces attaques a été menée en décembre 2010 contre des partisans d’Alassane Ouattara marchant vers les bâtiments de la télévision ivoirienne et a fait au moins 33 morts. Le bombardement au mortier à la mi-mars 2011 du quartier d’Abobo, dans le nord d’Abidjan, a lui tué 40 personnes.
Ces attaques au caractère "généralisé" et "systématique" étaient dirigées contre "des communautés ethniques ou religieuses spécifiques", assure l’accusation dans un document reprenant les charges.
"Les forces pro-Gbagbo ont fait des ravages, commettant des abus inexprimables, dont des viols collectifs, des tortures, des meurtres: le procès devrait offrir aux victimes des réparations tardives", assure Param-Preet Singh, spécialiste en justice internationale pour l’ONG Human Rights Watch.
Laurent Gbagbo, qui a souffert du syndrome du stress post-traumatique et dont la santé est "fragile", selon ses avocats, était devenu en 2011 le premier ancien chef d’Etat livré à la CPI. Charles Blé Goudé avait, lui, été transféré à La Haye en 2014.
Simone Gbagbo, épouse de Laurent, a été condamnée à 20 ans de prison en Côte d’Ivoire pour son rôle dans la crise, en compagnie de 78 autres personnes.
Aucun membre du camp Ouattara n’a encore été inquiété par la CPI, le bureau du procureur évoquant "une stratégie d’enquête".
Reporté à plusieurs reprises, ce procès est attendu par les partisans de Ouattara comme par les fidèles de Gbagbo, d’autant qu’elle repose la question cruciale des rapports entre justice et réconciliation.
mbr/ndy/jkb/myl/cyj
Laurent Gbagbo, 70 ans, est accusé d’avoir fomenté et mis en oeuvre un "plan" afin de rester au pouvoir après l’élection en novembre 2010 de son rival et actuel président Alassane Ouattara. Un de ses proches, Charles Blé Goudé, 44 ans, est à ses côtés sur le banc des accusés.
Au pouvoir depuis 10 ans, Laurent Gbagbo refuse alors de céder le pouvoir à M. Ouattara, reconnu vainqueur par l’UE, les Etats-Unis et la France.
Les violences qui suivent s’étalent sur cinq mois et provoquent la mort de plus de 3.000 personnes. M. Gbagbo sera finalement arrêté en avril 2011 après plusieurs jours de bombardements de la force française Licorne.
Après l’ouverture de l’audience à 09H30 (08H30 GMT), les deux hommes devront plaider coupable ou non coupable de quatre crimes contre l’humanité: meurtres, viols, actes inhumains et persécutions.
La procureure Fatou Bensouda prendra ensuite la parole, avant de passer le micro aux représentants des 726 victimes admises aux procédures puis aux avocats des accusés.
L’accusation affirme que l’ancien président a fomenté ce "plan" alors qu’il était encore au pouvoir, "sachant qu’une élection présidentielle libre était à terme inévitable".
Il a été mis en oeuvre, assure l’accusation, avec l’aide de la police, de l’armée et plusieurs mouvements de jeunes partisans, menés par le "général de la rue" Charles Blé Goudé.
"Ces attaques ont été menées par des forces publiques ou des groupes organisés, qui agissaient sous le contrôle d’une certaine hiérarchie", a assuré à l’AFP un membre du bureau du procureur, Richard Nsanzabaganwa: "Ce n’était pas des attaques improvisées."
Le défense assure, elle, que l’ancien président était un chantre de la démocratie et conteste l’existence même d’un "plan commun".
Pour Laurent Gbagbo et ses partisans, dont 1.500 sont attendus jeudi devant la CPI, la France est derrière le "complot" qui a entraîné la chute de ce farouche nationaliste.
"C’est un homme de convictions, un homme sincère, un promoteur de la démocratie", a assuré à l’AFP son avocat principal, Emmanuel Altit : "il veut que ce procès fasse éclater la vérité".
Claver N’Dry, un des avocats de M. Blé Goudé, a, lui, assuré à l’AFP que son client allait plaider "non coupable".
- 4 attaques, 138 témoins, 5.300 preuves -
L’accusation assure disposer de 138 témoins qui ne seront pas tous appelés en audience.
Elle va présenter plus de 5.300 éléments de preuve et se concentrer sur quatre événements "représentatifs" pour M. Gbagbo et cinq pour M. Blé Goudé.
Le procès devrait durer trois à quatre ans.
Une de ces attaques a été menée en décembre 2010 contre des partisans d’Alassane Ouattara marchant vers les bâtiments de la télévision ivoirienne et a fait au moins 33 morts. Le bombardement au mortier à la mi-mars 2011 du quartier d’Abobo, dans le nord d’Abidjan, a lui tué 40 personnes.
Ces attaques au caractère "généralisé" et "systématique" étaient dirigées contre "des communautés ethniques ou religieuses spécifiques", assure l’accusation dans un document reprenant les charges.
"Les forces pro-Gbagbo ont fait des ravages, commettant des abus inexprimables, dont des viols collectifs, des tortures, des meurtres: le procès devrait offrir aux victimes des réparations tardives", assure Param-Preet Singh, spécialiste en justice internationale pour l’ONG Human Rights Watch.
Laurent Gbagbo, qui a souffert du syndrome du stress post-traumatique et dont la santé est "fragile", selon ses avocats, était devenu en 2011 le premier ancien chef d’Etat livré à la CPI. Charles Blé Goudé avait, lui, été transféré à La Haye en 2014.
Simone Gbagbo, épouse de Laurent, a été condamnée à 20 ans de prison en Côte d’Ivoire pour son rôle dans la crise, en compagnie de 78 autres personnes.
Aucun membre du camp Ouattara n’a encore été inquiété par la CPI, le bureau du procureur évoquant "une stratégie d’enquête".
Reporté à plusieurs reprises, ce procès est attendu par les partisans de Ouattara comme par les fidèles de Gbagbo, d’autant qu’elle repose la question cruciale des rapports entre justice et réconciliation.
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