Abidjan - Ancien opposant admiré devenu président controversé, Laurent Gbagbo, 70 ans, toujours très populaire dans ses bastions cinq ans après avoir quitté le pouvoir, reste un personnage central de la vie
politique ivoirienne, bien que prisonnier de la Cour pénale internationale (CPI) qui l’accuse de "crimes contre l’humanité".
Pas une journée ou presque ne se passe sans que l’ex-chef de l’Etat, pourtant incarcéré depuis près de cinq ans, ne fasse la une des journaux ivoiriens. Pendant la campagne présidentielle de novembre - qu’il a suivie de
sa cellule sans donner de consigne -, Le Temps, acquis à sa cause, a publié à plusieurs reprises des pleines pages du "président Laurent Gbagbo", rêvant
toujours de son retour.
L’ancien président, par sa volonté de se maintenir au pouvoir malgré sa
défaite face à Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010, a précipité son
pays dans le chaos. Même si la Côte d’Ivoire, dont la moitié nord était
contrôlée par une rébellion depuis 2002, était déjà au bord de l’éruption.
Plus de 3.000 personnes sont mortes dans la crise postélectorale de
décembre 2010-avril 2011. "On ira jusqu’au bout", lançait pourtant crânement
Laurent Gbagbo après sa première apparition en décembre 2011 devant la CPI,
qui le juge pour son rôle dans ces violences.
A La Haye, l’ancien président entend faire éclater sa "vérité". Pour lui,
l’ex-puissance coloniale française a "fait le travail" et est derrière le
"complot" qui a conduit à son arrestation le 11 avril 2011 par les forces de
son rival, après deux semaines de guerre.
Car celui qui régnait sur le palais présidentiel d’Abidjan depuis octobre
2000 conserve bien des soutiens.
La CPI a refusé chacune de ses demandes de mises en liberté provisoire en
évoquant son réseau de partisans "important et bien organisé" ou une détention
"nécessaire" pour garantir sa comparution et "veiller à ce qu’il ne fasse pas
obstacle à l’enquête".
- Nationalisme et foi évangélique -
Avant d’être le premier ex-président détenu par la CPI, Laurent Koudou
Gbagbo, né le 31 mai 1945, a eu une vie pleine de bruit et de fureur.
Tribun aimant à se poser en homme du peuple, d’abord activiste syndical, il
a été l’opposant en chef au "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny, au
pouvoir de 1960 à 1993 et longtemps premier relais de la France en Afrique.
Incorporé de force, emprisonné, il s’exile en France dans les années 1980,
après avoir fondé clandestinement le Front populaire ivoirien (FPI), classé à
gauche.
Membre de l’ethnie bété (ouest), exclue du partage traditionnel du pouvoir,
il se lance ouvertement en politique en 1990, à l’avènement du multipartisme.
Son heure arrive le 26 octobre 2000 quand il accède à la présidence, dans
des conditions de son propre aveu "calamiteuses": du scrutin ont été exclus
ses principaux rivaux, dont Alassane Ouattara, et des violences agitent le
pays.
Il verra la main de Ouattara - malgré les démentis de l’intéressé -
derrière la rébellion qui échoue à le renverser en septembre 2002 mais qui
prend le contrôle du nord du pays.
Nationaliste farouche sous ses airs bonhommes et son large sourire, chantre
d’une "seconde indépendance" vis-à-vis de la France, M. Gbagbo sait s’appuyer
sur ses jeunes partisans, les "patriotes", qui enflamment la rue à l’occasion.
Signataire avec les rebelles nordistes de Guillaume Soro d’un accord de
paix en 2007, c’est finalement par ces combattants, alliés à Ouattara et aidés
des bombardements français, qu’il sera capturé en avril 2011.
En quatre mois de crise, le pays vient alors de frôler la guerre civile, à
force d’exactions attribuées aux troupes pro-Gbagbo mais aussi au camp adverse.
D’abord prisonnier à Korhogo, dans la savane du nord ivoirien, puis à La
Haye, Laurent Gbagbo se soutient de sa foi chrétienne évangélique, comme son
épouse Simone avec qui il a eu deux filles. L’ex-"dame de fer", réclamée par
la CPI mais que la Côte d’Ivoire a voulu juger a écopé de 20 ans de prison en
mars.
Habile orateur à l’incontestable "bagout", Laurent Gbagbo cherchera lui
l’acquittement à La Haye.
bur-jf/jhd
politique ivoirienne, bien que prisonnier de la Cour pénale internationale (CPI) qui l’accuse de "crimes contre l’humanité".
Pas une journée ou presque ne se passe sans que l’ex-chef de l’Etat, pourtant incarcéré depuis près de cinq ans, ne fasse la une des journaux ivoiriens. Pendant la campagne présidentielle de novembre - qu’il a suivie de
sa cellule sans donner de consigne -, Le Temps, acquis à sa cause, a publié à plusieurs reprises des pleines pages du "président Laurent Gbagbo", rêvant
toujours de son retour.
L’ancien président, par sa volonté de se maintenir au pouvoir malgré sa
défaite face à Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010, a précipité son
pays dans le chaos. Même si la Côte d’Ivoire, dont la moitié nord était
contrôlée par une rébellion depuis 2002, était déjà au bord de l’éruption.
Plus de 3.000 personnes sont mortes dans la crise postélectorale de
décembre 2010-avril 2011. "On ira jusqu’au bout", lançait pourtant crânement
Laurent Gbagbo après sa première apparition en décembre 2011 devant la CPI,
qui le juge pour son rôle dans ces violences.
A La Haye, l’ancien président entend faire éclater sa "vérité". Pour lui,
l’ex-puissance coloniale française a "fait le travail" et est derrière le
"complot" qui a conduit à son arrestation le 11 avril 2011 par les forces de
son rival, après deux semaines de guerre.
Car celui qui régnait sur le palais présidentiel d’Abidjan depuis octobre
2000 conserve bien des soutiens.
La CPI a refusé chacune de ses demandes de mises en liberté provisoire en
évoquant son réseau de partisans "important et bien organisé" ou une détention
"nécessaire" pour garantir sa comparution et "veiller à ce qu’il ne fasse pas
obstacle à l’enquête".
- Nationalisme et foi évangélique -
Avant d’être le premier ex-président détenu par la CPI, Laurent Koudou
Gbagbo, né le 31 mai 1945, a eu une vie pleine de bruit et de fureur.
Tribun aimant à se poser en homme du peuple, d’abord activiste syndical, il
a été l’opposant en chef au "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny, au
pouvoir de 1960 à 1993 et longtemps premier relais de la France en Afrique.
Incorporé de force, emprisonné, il s’exile en France dans les années 1980,
après avoir fondé clandestinement le Front populaire ivoirien (FPI), classé à
gauche.
Membre de l’ethnie bété (ouest), exclue du partage traditionnel du pouvoir,
il se lance ouvertement en politique en 1990, à l’avènement du multipartisme.
Son heure arrive le 26 octobre 2000 quand il accède à la présidence, dans
des conditions de son propre aveu "calamiteuses": du scrutin ont été exclus
ses principaux rivaux, dont Alassane Ouattara, et des violences agitent le
pays.
Il verra la main de Ouattara - malgré les démentis de l’intéressé -
derrière la rébellion qui échoue à le renverser en septembre 2002 mais qui
prend le contrôle du nord du pays.
Nationaliste farouche sous ses airs bonhommes et son large sourire, chantre
d’une "seconde indépendance" vis-à-vis de la France, M. Gbagbo sait s’appuyer
sur ses jeunes partisans, les "patriotes", qui enflamment la rue à l’occasion.
Signataire avec les rebelles nordistes de Guillaume Soro d’un accord de
paix en 2007, c’est finalement par ces combattants, alliés à Ouattara et aidés
des bombardements français, qu’il sera capturé en avril 2011.
En quatre mois de crise, le pays vient alors de frôler la guerre civile, à
force d’exactions attribuées aux troupes pro-Gbagbo mais aussi au camp adverse.
D’abord prisonnier à Korhogo, dans la savane du nord ivoirien, puis à La
Haye, Laurent Gbagbo se soutient de sa foi chrétienne évangélique, comme son
épouse Simone avec qui il a eu deux filles. L’ex-"dame de fer", réclamée par
la CPI mais que la Côte d’Ivoire a voulu juger a écopé de 20 ans de prison en
mars.
Habile orateur à l’incontestable "bagout", Laurent Gbagbo cherchera lui
l’acquittement à La Haye.
bur-jf/jhd