Le bombardement de la base militaire française de Bouaké par deux avions de combat ivoiriens de type Sukhoi, en novembre 2004 livrera-t-il un jour tous ses secrets ? On en est loin pour l’instant. Mais au fil des ans, l’on essaie de démener l’écheveau. La chaîne française Canal + s’y est essayé à travers un film documentaire « Spécial investigation ».
On le sait, ce bombardement consécutif au déclenchement de l’opération « Dignité » lancée par l’armée ivoirienne a tué neuf soldats français et fait 38 blessés. On sait également que le président ivoirien à l’époque des faits, Laurent Gbagbo, évitait de qualifier cet acte de ‘’bavure ivoirienne’’ tant qu’une enquête n’était pas menée pour éclairer l’affaire. Douze ans après, même si des zones d’ombre persistent sur ce grave incident aux conséquences lourdes, on en sait un peu plus sur les objectifs de ce qui avait tout l’air d’un complot pour renverser Laurent Gbagbo. Nos confrères de Canal + ont pu recueillir des témoignages qui ouvrent des pistes sur le chemin de la vérité.
Comme nouveaux éléments, l’équipe de Spécial Investigation a pu échanger avec un témoin clé à Abidjan, André Ouraga, un interprète-traducteur (français-russe), officier de l’armée ivoirienne. Celui-ci soutient que l’armée ivoirienne à cette époque, ne pouvait prendre aucune initiative sans autorisation préalable de Paris. Même pour les entraînements militaires, l’armée ivoirienne devait avoir l’accord de leurs homologues français. «Nous avions pris toutes les dispositions pour ne pas qu’il y ait de choc», confie-t-il. De plus, celui-ci fait savoir à nos confrères que les pilotes biélorusses des Sukhoi et les 15 techniciens ukrainiens, russes et biélorusses ont été détenus au Gatl par les militaires français sans être inquiétés et ce, du 7 au 11 novembre 2004. Logiquement, ils auraient pu subir un interrogatoire. Mais rien. Les pilotes ont pris le chemin du Togo où ils seront appréhendés. Le pouvoir français ordonnait aux autorités togolaises de «ne rien faire contre les pilotes».
Autre élément probant, la version du commandant de la force française Licorne au moment des faits. Le Général De Malaussène affirme : « Je ne crois pas une seconde que ce soit Gbagbo qui ait donné l’ordre à ces pilotes biélorusses de tirer sur les soldats français. Je n’y crois pas une seconde. Je ne peux pas m’empêcher de penser que cette affaire est extrêmement trouble, que l’on ne veut pas savoir qui a donné l’ordre de tirer sur les soldats français. » L’officier français ajoute que la chaîne de commandement française a bien fonctionné au moment des faits et dit ne pas comprendre qu’on ait laissé filer les pilotes biélorusses qui, du reste ont été surveillés et identifiés du début à la fin par les services de renseignements français.
«J’ai bombardé et je devais être bien payé»
A côté du témoignage de David Sénat, conseiller juridique de Michel Alliot Marie qui reconnaît que tout ce qui entoure le bombardement était une affaire «purement politique», la mère du soldat Décuyère tué lui aussi, dit avoir été contactée par l’un des pilotes. Vraisemblablement, selon elle, il devait s’agir de Yuri Sushkin qui a tenté via facebook de lui extorquer de l’argent en échange de documents compromettants. «J’ai bombardé et je devais être bien payé», a-t-elle reçu comme message. Ce soldat qu’elle n’a pu identifier formellement et qui se nomme «Aigle Bleu» sur facebook a sans doute conclu un deal qui a mal tourné. Dans le documentaire, il serait même revenu à Abidjan mais l’équipe de Spécial Investigation n’a pu le retrouver, une fois à Abidjan. Le même «Aigle Bleu» a contacté l’avocat des victimes, Jean Balan pour, dit-il, lui remettre un enregistrement sonore.
Autre élément, cette chaîne française n’hésite pas à utiliser des qualificatifs péjoratifs à l’endroit de l’actuel président ivoirien appelé «ancien homme fort des rebelles».
SD
On le sait, ce bombardement consécutif au déclenchement de l’opération « Dignité » lancée par l’armée ivoirienne a tué neuf soldats français et fait 38 blessés. On sait également que le président ivoirien à l’époque des faits, Laurent Gbagbo, évitait de qualifier cet acte de ‘’bavure ivoirienne’’ tant qu’une enquête n’était pas menée pour éclairer l’affaire. Douze ans après, même si des zones d’ombre persistent sur ce grave incident aux conséquences lourdes, on en sait un peu plus sur les objectifs de ce qui avait tout l’air d’un complot pour renverser Laurent Gbagbo. Nos confrères de Canal + ont pu recueillir des témoignages qui ouvrent des pistes sur le chemin de la vérité.
Comme nouveaux éléments, l’équipe de Spécial Investigation a pu échanger avec un témoin clé à Abidjan, André Ouraga, un interprète-traducteur (français-russe), officier de l’armée ivoirienne. Celui-ci soutient que l’armée ivoirienne à cette époque, ne pouvait prendre aucune initiative sans autorisation préalable de Paris. Même pour les entraînements militaires, l’armée ivoirienne devait avoir l’accord de leurs homologues français. «Nous avions pris toutes les dispositions pour ne pas qu’il y ait de choc», confie-t-il. De plus, celui-ci fait savoir à nos confrères que les pilotes biélorusses des Sukhoi et les 15 techniciens ukrainiens, russes et biélorusses ont été détenus au Gatl par les militaires français sans être inquiétés et ce, du 7 au 11 novembre 2004. Logiquement, ils auraient pu subir un interrogatoire. Mais rien. Les pilotes ont pris le chemin du Togo où ils seront appréhendés. Le pouvoir français ordonnait aux autorités togolaises de «ne rien faire contre les pilotes».
Autre élément probant, la version du commandant de la force française Licorne au moment des faits. Le Général De Malaussène affirme : « Je ne crois pas une seconde que ce soit Gbagbo qui ait donné l’ordre à ces pilotes biélorusses de tirer sur les soldats français. Je n’y crois pas une seconde. Je ne peux pas m’empêcher de penser que cette affaire est extrêmement trouble, que l’on ne veut pas savoir qui a donné l’ordre de tirer sur les soldats français. » L’officier français ajoute que la chaîne de commandement française a bien fonctionné au moment des faits et dit ne pas comprendre qu’on ait laissé filer les pilotes biélorusses qui, du reste ont été surveillés et identifiés du début à la fin par les services de renseignements français.
«J’ai bombardé et je devais être bien payé»
A côté du témoignage de David Sénat, conseiller juridique de Michel Alliot Marie qui reconnaît que tout ce qui entoure le bombardement était une affaire «purement politique», la mère du soldat Décuyère tué lui aussi, dit avoir été contactée par l’un des pilotes. Vraisemblablement, selon elle, il devait s’agir de Yuri Sushkin qui a tenté via facebook de lui extorquer de l’argent en échange de documents compromettants. «J’ai bombardé et je devais être bien payé», a-t-elle reçu comme message. Ce soldat qu’elle n’a pu identifier formellement et qui se nomme «Aigle Bleu» sur facebook a sans doute conclu un deal qui a mal tourné. Dans le documentaire, il serait même revenu à Abidjan mais l’équipe de Spécial Investigation n’a pu le retrouver, une fois à Abidjan. Le même «Aigle Bleu» a contacté l’avocat des victimes, Jean Balan pour, dit-il, lui remettre un enregistrement sonore.
Autre élément, cette chaîne française n’hésite pas à utiliser des qualificatifs péjoratifs à l’endroit de l’actuel président ivoirien appelé «ancien homme fort des rebelles».
SD