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Santé Publié le jeudi 18 février 2016 | La Tribune Ivoirienne

Aviation sans frontières / Bamba Mamadou: «Nous sommes les ambulanciers du ciel»

Escorter à travers le monde des enfants atteints de maladies graves, sans moyens pour leur permettre d’accéder gratuitement aux soins, c’est le sacerdoce de l’Ong internationale «Aviation sans frontières», créée en 1963 par trois pilotes de la compagnie Air France. Bamba Mamadou, l’Ivoirien de «Aviation sans frontières», nous fait découvrir ce maillon assez méconnu de la chaîne de l’humanitaire.
«Aviation sans frontières» est une grosse structure internationale spécialisée dans l’humanitaire mais assez méconnue. Alors, pouvez-vous nous expliquer ce que vous faites?
«Aviation sans frontières» est une Ong internationale qui a été créée dans les années 1963 par trois pilotes de la compagnie Air France. Ces derniers se sont aperçus qu’il y avait, par exemple, des enfants dans les pays, surtout de l’Afrique de l’Ouest qui avaient des difficultés à se faire soigner dans leur pays respectif. «Aviation sans frontières» a donc décidé d’escorter ces enfants vers des structures spécialisées en Europe.
Partie de trois pilotes en 1963, elle compte aujourd’hui près de 3500 membres dont des bénévoles. Moi, je suis au service convoyage. On travaille avec plusieurs Ong spécialisées, dont «Terre des hommes», «La chaîne de l’Espoir», qui nous font appel pour pouvoir convoyer les enfants vers les structures médicales en Europe et aux Etats-Unis. «Aviation sans frontière», c’est vraiment la partie transport, pas la partie médicale. C'est-à-dire que nous, on ne s’occupe que du transport. Nous sommes comme des ambulanciers de l’air.

Ce qui intrigue un peu, c’est que vous servez dans le monde entier. Expliquez-nous concrètement votre mission en tant qu’ambulancier de l’air.
Notre rôle, c’est vraiment le transport. Nous sommes des convoyeurs. C'est-à-dire qu’une fois la structure est prête à recevoir l’enfant pour ses soins, on nous délègue avec des ordres de mission. En fin de compte, on fait la coordination. Cette coordination, elle est faite via des structures qui sont sur place. On arrive, on prend en charge l’enfant et on l’envoie à Paris où il y a une autre équipe qui le prend en charge et l’envoie vers une autre destination. Nous, c’est vraiment la partie escorte.
Ne transportez-vous pas des personnes inconscientes?
Pas du tout. Il y a plusieurs volets dans l’humanitaire. Il y a la partie médicale et une autre consacrée au convoyage.
N’a-t-on pas besoin d’une formation spéciale pour ce métier de convoyage, surtout qu’il faut mettre en confiance des enfants, afin qu’ils acceptent de vous suivre docilement?
Bien sûr. Comme je le disais tantôt, la première vocation, c’est d’aimer l’homme. C’est vrai qu’on a une petite formation qui ne dure seulement que 15 jours. Nous ne sommes pas des médecins, mais on sait comment assister les enfants durant tout le trajet.
Racontez-nous une anecdote sur l’un de vos voyages.
J’ai vraiment un réel souvenir par rapport à un convoyage que j’ai fait et qui date d’à peine un mois et demi. C’était une jeune fille que j’ai récupéré à Abidjan en partance pour Chicago. En général quand on arrive, on n’essaie pas de se familiariser avec les familles conformément à la charte de l’Ong. Sachez que quand on arrive, on récupère l’enfant et on repart aussitôt. Il est déconseillé de rester dans le pays pour éviter qu’on puisse se familiariser avec les familles des enfants. Et donc quand je suis arrivé, j’ai vu cette jeune fille, le premier contact a pris. J’ai écarté mes bras et elle a tout de suite sauté dans mes bras. Durant le vol, j’ai eu à m’entretenir avec qu’elle. Cette fille, elle m’a beaucoup marqué. Je vais demander à la raccompagner une fois qu’elle aura fini ses soins. En général, quand tu accompagnes un enfant, tu ne le raccompagnes pas. Ceci pour ne pas que tu te familiarises avec lui.
Depuis que vous êtes à «Aviation sans frontières», combien d’enfants avez-vous déjà accompagnés?
Une centaine. En général, c’est deux par semaine sur de longs courriers.
La moyenne, c’est combien de voyages par an?
L’année dernière, au regard des statistiques, nous étions à 2500 enfants. Tous pris sur le continent africain et que nous avons envoyés en Europe. On en sauve beaucoup. Mais on en perd aussi énormément parce que les listes d’attente sont très longues. Il arrive donc des fois où les enfants sont déjà en phase terminale lorsqu’ils sont enfin pris en charge.
Comment est-ce que vous gérez votre vie de famille en étant tout le temps entre deux avions?
C’est vrai que j’ai une famille recomposée. J’ai mon épouse qui a trois enfants, moi-même, j’ai deux enfants. Et ces enfants, ils sont grands aujourd’hui. C’est vrai que je les ai informés de ce que j’allais faire dans le cadre de mon petit métier. Ils n’ont pas trouvé d’objection et donc je me suis lancé.
Petit métier vous avez dit? Cela veut-il dire que vous faisiez quelque chose d’autre avant?
Oui. Avant, j’étais un peu dans le commercial. J’ai aussi travaillé à la mairie de Paris. J’étais agent du service d’état civil. Quand on parle d’état civil, ce sont les naissances, les mariages et les décès. J’y ai travaillé pendant plus de deux ans. Après, j’ai été affecté au service des affaires sociales de l’hôtel de ville. L’hôtel de ville, c’est un peu l’hôtel de toutes les mairies, et là-bas, je m’occupais de tout ce qui était cas social et des enfants. D’où vient un peu ma vocation de ce que je fais aujourd’hui. On venait en aide, aux familles défavorisées qui n’arrivaient pas à joindre les deux bouts, qui avaient du mal à payer les factures, etc. Après, ça a été un déclic que je ne pourrai expliquer. Comme je le disais tantôt, il faut aimer l’homme. Aimer l’homme au point de parcourir le monde entier.
Comment vous contacte-t-on?
Nous, pour nous contacter, c’est «Aviation sans frontières». Comme je le disais, nous, on travaille beaucoup plus avec les autres organisations humanitaires, la Croix rouge, les Ong sur place dans les différents pays. Ce sont ces Ong qui font la sélection des cas à prendre en charge.
Votre siège se trouve où en France?
Notre siège se trouve à Paris Roissy non loin de l’aérogare. Nous avons aussi un site Internet qui est : www.asf@yahoo.org

Et vous aimeriez mettre cette expérience au service de votre pays d’origine?
Oui. Effectivement. Et ceci, avec des partenariats. Parce que je sais que gérer une commune, c’est un budget colossal. Effectivement, je peux dégoter des partenariats avec différentes villes en Europe. Pas seulement en France où je suis résident. J’ai des contacts déjà qui sont prêts à venir sur le terrain pour voir ce qu’on peut faire ensemble.

Interview réalisée par Mireille Patricia Abié
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