Après 3 semaines d’interruption, le procès couplé de l’ancien président Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, le patron des ex-“jeunes patriotes’’, à la Cour pénale internationale (Cpi), a repris le lundi 7 mars 2016 avec l’interrogatoire de Mohamed Sam Jichi dit Sam l’Africain, 5e témoin de l’accusation, qui a souhaité témoigner à visage découvert, en audience publique. Le témoin Sam l’Africain a déclaré ne pas se rappeler de la signification qu’il avait donné lors de son audition préliminaire en octobre 2011 au concept “On gagne ou on gagne’’, slogan de campagne de l’ex-chef de l’Etat ivoirien, et du nombre des groupes composant l’ex-galaxie patriotique contrôlée par Blé Goudé.
Me Eric Mac Donald, le substitut de la procureure Fatou Bensouda, a dans son interrogatoire montré une pièce à conviction au témoin Sam l’Africain. Il s’agit d’une affiche de la campagne de Laurent Gbagbo lors de la présidentielle 2010-2011 avec comme slogan « Avec Gbagbo, on gagne ou on gagne’’. « Quelle était la signification de ce slogan ? », a-t-il ensuite interrogé Sam l’Africain. Ce dernier a, alors, donné son explication du slogan en ces termes : « On essaie d’utiliser des mots pour ‘’ambiancer’’ la campagne. Sinon “Avec Gbagbo, on gagne ou on gagne’’, cela ne veut pas dire qu’on doit forcément gagner. Ce sont des slogans de campagne. Cela se fait partout dans le monde. On choisit des slogans pour la campagne. C’est exactement la même chose lorsqu’on disait aussi “Y a rien en face, c’est maïs’’. Qu’est-ce que ça veut dire “Y a rien en face, c’est maïs’’ ? Cela veut dire que ceux qui sont en face de nous ne sont rien. C’est comme du maïs qu’on mange. Cela ne veut pas dire que ce sont des slogans violents. Ce sont des slogans de campagne. Eux aussi (du Rhdp, Ndlr), ils avaient des slogans de campagne que je ne connais pas. Mais c’est pareil car nous étions en campagne »
Reprenant la parole, le substitut de Bensouda a souhaité que le témoin explicite sa définition du concept “On gagne ou on gagne’’. Et Sam l’Africain a répondu : « M. le procureur, j’étais en train de vous dire tout à l’heure que ce sont des mots de campagne. Cela ne veut rien dire. J’ai suivi des audiences ici où on a dit que ce slogan voulait dire que même si on a perdu, on ne va pas partir (du pouvoir, Ndlr). Ça, je ne sais pas. Mais, moi je pense que ce sont des mots de campagne. Ce sont des slogans de campagne. Je ne peux pas vous dire d’autres choses que ça ». Il a ajouté ne pas savoir qui a inventé ce concept qu’il a, selon lui, découvert dans une chanson du groupe ivoirien les “Galliets’’.
Comme pour montrer que la définition de Sam l’Africain est différente de celle qu’il avait donné au concept “On gagne ou on gagne’’ pendant son audition en 2011, Mac Donald lui a demandé pourquoi il a refusé qu’on lui relise ses transcrits. « Ce n’est pas ce que j’ai dit. Il m’a été lu ce qui a été possible d’être lu », a précisé le témoin.
Sur la base des documents en sa possession, Mac Donald a alors décidé de rappeler ce que Sam l’Africain avait confié au sujet de ce concept.
A ce moment, Me Andreas O’Shea, membre du Conseil de Laurent Gbagbo, objecte : « Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que fait le représentant de l’accusation ». Cuno Tarfusser, le juge-président abonde dans le même sens que Me O’Shea. « Moi non plus. (…) Je vais traiter de la question rapidement. M. Mc Donald, quand vous posez une question au témoin et qu’il ne se rappelle pas, vous lui rafraichissez la mémoire. Les choses fonctionnent dans cet ordre. C’est seulement s’il n’a pas répondu à votre question directe que vous lui proposez de lui rafraîchir la mémoire », a-t-il relevé, pour signifier à l’accusation que le témoin a répondu à la question posée.
Pour renforcer son objection, Me O’Shea a également noté que « l’accusation n’est pas en droit de soumettre une partie de la transcription de l’audition du témoin à ce dernier ». Il a poursuivi : « En effet, la mémoire joue un rôle fondamental dans ce genre d’audition. Et manifestement, nous sommes en présence d’une incapacité du témoin de s’exprimer parfaitement. Il y a donc des conditions particulières qui justifient que nous rafraîchissions la mémoire du témoin (…) ». Si Me Alexander Knoops, membre du Conseil de Blé Goudé, a soutenu la position de Me O’Shea, il en va tout autrement pour Me Paolina Massidda, la représentante légale des victimes, qui a estimé que l’accusation a justifié son choix de vouloir rafraichir la mémoire du témoin.
Mais le juge-président est resté sur sa décision en tranchant en faveur des avocats de la défense de Laurent Gbagbo et Blé Goudé. Il a ensuite annoncé la pause.
Il faut noter que Sam l’Africain a indiqué pendant l’audience avoir fait sa déposition aux émissaires du bureau du procureur de la Cpi en octobre 2011, alors qu’il était détenu à l’hôtel La Pergola avec plusieurs autres proches de l’ancien président Laurent Gbagbo.
Sur la galaxie patriotique
A la reprise de l’audience dans l’après-midi, Mac Donald est revenu pendant environ ¼ d’heure sur le même sujet du slogan de campagne “On gagne ou on gagne’’. Mais le juge-président l’a enjoint de passer à autre chose. C’est alors que Mac Donald a abordé le thème de la galaxie patriotique dans son interrogatoire. Il a demandé au témoin ce qu’était la galaxie patriotique. Et Sam l’Africain de répondre : « La galaxie patriotique, c’était où se retrouvaient et se reconnaissaient tous les leaders des différents mouvements politiques qui pensaient que nous étions attaqués. (…) La galaxie patriotique, c’est ceux qui défendaient leur patrie. (…) Elle a commencé à prendre forme et s’est organisée lorsque la Côte d’Ivoire a été attaquée et divisée».
Sur ce sujet, la seconde préoccupation de Mac Donald formulée à Sam l’Africain a été de savoir combien de groupes composaient la galaxie patriotique. « Je ne peux pas donner les chiffres exacts, mais on était beaucoup trop qui faisaient partie de la galaxie patriotique », a-t-il dit, insistant sur le fait qu’il lui est impossible de communiquer un chiffre, même approximatif. Il reconnaît, toutefois, avoir remis au bureau du procureur une liste de ces groupes et qu’il s’est prononcé sur un chiffre pendant son audition préliminaire.
Le substitut de Bensouda, qui obtient cette fois-ci l’autorisation de rafraichir la mémoire du témoin, lui fait savoir qu’il avait mentionné dans sa déclaration que la galaxie patriotique était composée de plus de 300 groupes. « Si c’est ce que j’ai dit et qui est mentionné, il n’y a pas de problème », a lâché alors Sam l’Africain, ajoutant que le Cojep de Blé Goudé était parmi les groupes les plus nombreux de la galaxie patriotique.
L’interrogatoire de Mac Donald s’est orienté ensuite sur la liste des groupes de la galaxie patriotique remise par le témoin au bureau du procureur. Mais, Me O’Shea de la défense de Laurent Gbagbo n’a pas souhaité que cette liste soit présentée au témoin. « Pourquoi ne demandez-vous pas au témoin dans quel contexte la liste a été préparée ? », a suggéré le juge-président à Me Mac Donald. Le premier substitut du procureur a ainsi fait sienne la question du juge-président. Pour répondre à cette préoccupation, Sam l’Africain a précisé qu’il a sollicité un ami pour l’aider à rédiger ladite liste, parce qu’il ne sait pas parfaitement écrire. « Le jour où je leur ai donné la liste, je suis retourné à La Pergola où j’étais », a-t-il également souligné. Cependant, il a refusé de donner le nom de l’ami auquel il a recouru pour établir la liste.
Mais Cuno Tarfusser, le juge-président, a jugé que connaître le nom de l’ami de Sam l’Africain avait un intérêt pour la Chambre préliminaire. C’est pourquoi, il a demandé au témoin de le révéler au cours d’un huis clos qu’il a annoncé.
Alex A
Me Eric Mac Donald, le substitut de la procureure Fatou Bensouda, a dans son interrogatoire montré une pièce à conviction au témoin Sam l’Africain. Il s’agit d’une affiche de la campagne de Laurent Gbagbo lors de la présidentielle 2010-2011 avec comme slogan « Avec Gbagbo, on gagne ou on gagne’’. « Quelle était la signification de ce slogan ? », a-t-il ensuite interrogé Sam l’Africain. Ce dernier a, alors, donné son explication du slogan en ces termes : « On essaie d’utiliser des mots pour ‘’ambiancer’’ la campagne. Sinon “Avec Gbagbo, on gagne ou on gagne’’, cela ne veut pas dire qu’on doit forcément gagner. Ce sont des slogans de campagne. Cela se fait partout dans le monde. On choisit des slogans pour la campagne. C’est exactement la même chose lorsqu’on disait aussi “Y a rien en face, c’est maïs’’. Qu’est-ce que ça veut dire “Y a rien en face, c’est maïs’’ ? Cela veut dire que ceux qui sont en face de nous ne sont rien. C’est comme du maïs qu’on mange. Cela ne veut pas dire que ce sont des slogans violents. Ce sont des slogans de campagne. Eux aussi (du Rhdp, Ndlr), ils avaient des slogans de campagne que je ne connais pas. Mais c’est pareil car nous étions en campagne »
Reprenant la parole, le substitut de Bensouda a souhaité que le témoin explicite sa définition du concept “On gagne ou on gagne’’. Et Sam l’Africain a répondu : « M. le procureur, j’étais en train de vous dire tout à l’heure que ce sont des mots de campagne. Cela ne veut rien dire. J’ai suivi des audiences ici où on a dit que ce slogan voulait dire que même si on a perdu, on ne va pas partir (du pouvoir, Ndlr). Ça, je ne sais pas. Mais, moi je pense que ce sont des mots de campagne. Ce sont des slogans de campagne. Je ne peux pas vous dire d’autres choses que ça ». Il a ajouté ne pas savoir qui a inventé ce concept qu’il a, selon lui, découvert dans une chanson du groupe ivoirien les “Galliets’’.
Comme pour montrer que la définition de Sam l’Africain est différente de celle qu’il avait donné au concept “On gagne ou on gagne’’ pendant son audition en 2011, Mac Donald lui a demandé pourquoi il a refusé qu’on lui relise ses transcrits. « Ce n’est pas ce que j’ai dit. Il m’a été lu ce qui a été possible d’être lu », a précisé le témoin.
Sur la base des documents en sa possession, Mac Donald a alors décidé de rappeler ce que Sam l’Africain avait confié au sujet de ce concept.
A ce moment, Me Andreas O’Shea, membre du Conseil de Laurent Gbagbo, objecte : « Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que fait le représentant de l’accusation ». Cuno Tarfusser, le juge-président abonde dans le même sens que Me O’Shea. « Moi non plus. (…) Je vais traiter de la question rapidement. M. Mc Donald, quand vous posez une question au témoin et qu’il ne se rappelle pas, vous lui rafraichissez la mémoire. Les choses fonctionnent dans cet ordre. C’est seulement s’il n’a pas répondu à votre question directe que vous lui proposez de lui rafraîchir la mémoire », a-t-il relevé, pour signifier à l’accusation que le témoin a répondu à la question posée.
Pour renforcer son objection, Me O’Shea a également noté que « l’accusation n’est pas en droit de soumettre une partie de la transcription de l’audition du témoin à ce dernier ». Il a poursuivi : « En effet, la mémoire joue un rôle fondamental dans ce genre d’audition. Et manifestement, nous sommes en présence d’une incapacité du témoin de s’exprimer parfaitement. Il y a donc des conditions particulières qui justifient que nous rafraîchissions la mémoire du témoin (…) ». Si Me Alexander Knoops, membre du Conseil de Blé Goudé, a soutenu la position de Me O’Shea, il en va tout autrement pour Me Paolina Massidda, la représentante légale des victimes, qui a estimé que l’accusation a justifié son choix de vouloir rafraichir la mémoire du témoin.
Mais le juge-président est resté sur sa décision en tranchant en faveur des avocats de la défense de Laurent Gbagbo et Blé Goudé. Il a ensuite annoncé la pause.
Il faut noter que Sam l’Africain a indiqué pendant l’audience avoir fait sa déposition aux émissaires du bureau du procureur de la Cpi en octobre 2011, alors qu’il était détenu à l’hôtel La Pergola avec plusieurs autres proches de l’ancien président Laurent Gbagbo.
Sur la galaxie patriotique
A la reprise de l’audience dans l’après-midi, Mac Donald est revenu pendant environ ¼ d’heure sur le même sujet du slogan de campagne “On gagne ou on gagne’’. Mais le juge-président l’a enjoint de passer à autre chose. C’est alors que Mac Donald a abordé le thème de la galaxie patriotique dans son interrogatoire. Il a demandé au témoin ce qu’était la galaxie patriotique. Et Sam l’Africain de répondre : « La galaxie patriotique, c’était où se retrouvaient et se reconnaissaient tous les leaders des différents mouvements politiques qui pensaient que nous étions attaqués. (…) La galaxie patriotique, c’est ceux qui défendaient leur patrie. (…) Elle a commencé à prendre forme et s’est organisée lorsque la Côte d’Ivoire a été attaquée et divisée».
Sur ce sujet, la seconde préoccupation de Mac Donald formulée à Sam l’Africain a été de savoir combien de groupes composaient la galaxie patriotique. « Je ne peux pas donner les chiffres exacts, mais on était beaucoup trop qui faisaient partie de la galaxie patriotique », a-t-il dit, insistant sur le fait qu’il lui est impossible de communiquer un chiffre, même approximatif. Il reconnaît, toutefois, avoir remis au bureau du procureur une liste de ces groupes et qu’il s’est prononcé sur un chiffre pendant son audition préliminaire.
Le substitut de Bensouda, qui obtient cette fois-ci l’autorisation de rafraichir la mémoire du témoin, lui fait savoir qu’il avait mentionné dans sa déclaration que la galaxie patriotique était composée de plus de 300 groupes. « Si c’est ce que j’ai dit et qui est mentionné, il n’y a pas de problème », a lâché alors Sam l’Africain, ajoutant que le Cojep de Blé Goudé était parmi les groupes les plus nombreux de la galaxie patriotique.
L’interrogatoire de Mac Donald s’est orienté ensuite sur la liste des groupes de la galaxie patriotique remise par le témoin au bureau du procureur. Mais, Me O’Shea de la défense de Laurent Gbagbo n’a pas souhaité que cette liste soit présentée au témoin. « Pourquoi ne demandez-vous pas au témoin dans quel contexte la liste a été préparée ? », a suggéré le juge-président à Me Mac Donald. Le premier substitut du procureur a ainsi fait sienne la question du juge-président. Pour répondre à cette préoccupation, Sam l’Africain a précisé qu’il a sollicité un ami pour l’aider à rédiger ladite liste, parce qu’il ne sait pas parfaitement écrire. « Le jour où je leur ai donné la liste, je suis retourné à La Pergola où j’étais », a-t-il également souligné. Cependant, il a refusé de donner le nom de l’ami auquel il a recouru pour établir la liste.
Mais Cuno Tarfusser, le juge-président, a jugé que connaître le nom de l’ami de Sam l’Africain avait un intérêt pour la Chambre préliminaire. C’est pourquoi, il a demandé au témoin de le révéler au cours d’un huis clos qu’il a annoncé.
Alex A