Sylla Aboubacar est le fondateur de l’ONG Association Grain d’Ivoire Santé (AGIS). Une structure qui lutte depuis 2012, contre les infections respiratoires aiguës chez les enfants de 0 à 5 ans. Dans cet entretien, le kinésithérapeute dont la structure est la seule ONG à lutter contre cette pathologie en Côte d’Ivoire, il dévoile le visage hideux des maladies respiratoires. Cela, non sans expliquer les plans de l’ONG AGIS pour faire reculer le mal.
Comment pouvez-vous définir l’Association Grain d’Ivoire Santé (AGIS), une ONG dont vous êtes le premier responsable ?
Nous luttons contre les infections respiratoires aiguës, telle que la pneumonie, chez les enfants et les nourrissons. Mais, surtout, chez les nourrissons. Les infections respiratoires sont des maux qui touchent les voies aériennes supérieures (le nez, la bouche et les oreilles) et les voies aériennes inférieurs ou basses que sont, la trachée les bronches etc. Au niveau des voies aériennes, on peut avoir des infections comme la toux, la rhino-pharyngite, la trachéite ou encore l’otite. Pour les voies basses, cela peut donner la bronchite, Broncho-alvéolites, la pneumopathie et aussi l’asthme. Ces infections sont un fléau mondial. C’est la première cause de mort alité au monde, au niveau des enfants de 0 à 5 ans. Nous asseyons de leur venir en aide. Dernièrement, l’UNICEF a fait paraître un article dans lequel elle classe les infections respiratoires parmi les pathologies qui ont eu le moins de financement sur les onze dernières années. Pourtant, elles restent la première cause de mortalité dans le monde.
Quelles sont les actions menées sur le terrain dans le cadre de la lutte contre ces infections respiratoires aiguës ?
Nous sommes sur le terrain depuis 2013. Et nous avons trois axes de travail. Il y a le train de soins et de dépistage rapide des enfants, notamment en milieu rural. Cela nous a conduits dans des régions comme le Gbêkè (à Bouaké), à Noé, dans le Sud-Comoé et à Mankono (dans la région du Béré). Dans le district d’Abidjan, nous étions récemment à Abobo et à Adjamé. La prochaine mission dans le district, nous conduira à Attécoubé. Le troisième axe, c’est la formation du Corps médical. J’ai eu l’occasion de former les kinésithérapeutes de l’Institut National de Formation des Agents de Santé (INFAS). J’en ai également formé à l’institut de cardiologie. C’est pour un impact durable de la lutte. Les mamans sont également formées, à chaque campagne de dépistage, aux symptômes des infections respiratoires, et l’attitude à adopter pour éviter le pire à leurs enfants.
Quel bilan faites-vous de toutes ces campagnes ?
Le bilan est que, le besoin est énorme. Il y a énormément d’affluence à chacune de nos sorties. Dans la région du Gkêkè, nous nous sommes retrouvés avec pratiquement 150 patients par jour. Sur 8 jour de dépistage, nous enregistrons plus de 1200 enfants à soigner dans la zone. On n’avait jamais vu ça. Cela démontre le besoin énorme et la détresse des familles. Vous savez, il n’y a plus de saison pour attaquer une infection respiratoire.
Quelles sont les causes des infections respiratoires ?
La principale cause, c’est la pollution. La poussière (surtout en milieu rurale) les gaz d’échappement. Certaines habitudes culinaires aussi, y sont pour quelque chose. Notamment, celle qui produisent beaucoup de fumée.
Qu’est-ce que cela vous fait d’être la seule ONG, en Côte d’Ivoire, à lutter contre ce type d’infection ?
C’est certes une fierté. Mais, en même temps, on sent le poids du travail à faire. Nous ne savions pas que nous étions seuls dans le domaine en Côte d’Ivoire. C’est la Fédération Nationale des ONG de Côte d’Ivoire (FENOCI) qui, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de lutte contre la pneumonie en 2014, nous a donné l’information. Cela nous montre la quantité de travail à abattre.
Avez-vous des soutiens dans ce combat ?
On ne dira pas non. Nous avons quelques partenaires privés. Nous avons reçus l’autorisation du ministère de la Santé pour exercer sur l’étendue du territoire. Le ministère nous apporte son appui technique en nous ouvrant les portes de ses hôpitaux, dispensaires et infirmeries. Pour abriter nos campagnes. C’est déjà bien. Mais, nous avons besoin de plus de soutien. En Côte d’Ivoire, la région la plus exposée, c’est le Nord. Surtout en période d’harmattan. Là-bas, les enfants sont très atteints. Et dans ces zones, la pneumonie peut être couplée à des épidémies de méningite. Notre souhait le plus ardant, c’est de pouvoir s’y rendre pour sauver des vies. Selon l’UNICEF, dans le monde, la pneumonie est la première cause de décès. En 2013, elle a tué 922 milles personnes. L’UNICEF a précisé que c’était plus que le paludisme, le SIDA et la rougeole réunis. La pneumonie et les infections respiratoires sont la deuxième cause d’hospitalisation en Afrique subsaharienne, après le paludisme. C’est donc, forcement, le cas en Côte d’Ivoire. Il y a de quoi s’alarmer. Et les enfants de 0 à 5 ans sont les plus vulnérables. Les moins de 2 ans sont les plus fragiles. C’est généralement à cet âge que les enfants meurent de pneumonie. Le taux est encore plus élevé chez les enfants âgés de moins d’un an, voire, moins de 6 mois. Il y a même, souvent, des enfants qui naissent avec la pneumonie. C’est pourquoi nous focalisons nos efforts sur la tranche de 0 à 5 ans.
Comment reconnaître la pneumonie ?
La pneumonie, c’est surtout un grand gène respiratoire. Puisque, le sujet se retrouve avec du pu dans les bronches. Il n’arrive donc pas à respirer convenablement. Il est obligé de fournir beaucoup d’effort pour avoir de l’oxygène. Cela provoque une respiration beaucoup plus rapide que la normale. C'est-à-dire, au-delà de 50 puls par minute. C’est le premier signe. Le second, c’est que le sujet creuse ses côtes pour respirer. Vous verrez un enfant qui cherche l’air, puisque la respiration est difficile. Donc, il va forcer la respiration, puisque l’air ne parvient pas bien aux poumons. Dans sa recherche de l’air, ses côtes se creusent pour créer ce qu’on appel, un tirage intercostal. Les côtes qui se dessinent et qui montrent qu’il lutte pour prendre l’oxygène. Il peut aussi avoir des signes de fièvre, puisque c’est un cas d’infection. Il peut aussi avoir un état de fatigue générale. Les douleurs abdominales accompagnent également la pneumonie.
A quel moment qu’une pneumonie peut être mortelle ?
Il est difficile de déterminer une période. Le conseil que nous donnons aux parents, c’est que, lors qu’ils aperçoivent des signes de détresse respiratoires, il ne faut pas prendre la chose à la légère. Il faut tout de suite se rendre à l’hôpital. Pour certains enfants, le mal peut être terrifiant. Parce qu’à côté de la pneumonie, il peut y avoir une autre pathologie. Je prends le cas d’un enfant qui, à côté de la pneumonie, fait une diarrhée. Cela vient chaotique. Son cas sera différent d’un autre qui se porte très bien, mais qui attaque une pneumonie. L’urgence ne sera pas la même.
Quelles sont les prochaines missions de l’ONG ?
La prochaine mission se fera le 17 mars 2016, à Attécoubé. Ensuite, le 21 avril 2016, nous serons à Koumassi. Et la dernière semaine d’avril, nous espérons pouvoir partir à Korhogo. Pour ce qui est de la mission de Korhogo, nous espérons que nos partenaires seront à nos côtés. Sinon, nous serons obligés d’y renoncer. Car, ce sont des missions qui coûtent excessivement chères. A côté du dépistage, nous distribuons des médicaments. Ce sont des médicaments qui coûtent beaucoup chers. Vous pouvez aussi vous retrouver à déplacer une équipe de 40 personnes. Il faut payer leurs déplacement, l'hébergement, la restauration. Si vous devez passer une dizaine de jours dans une localité, le budget commence à grossir. Nous avons donc besoin d’aide. Que ce soit de l’aide en médicament, l’aide financière etc. On a besoin de personnel (sage-femme, de kinésithérapeutes). Qu’ils viennent nous aider. Nous invitons les ONG internationales à jeter un coup d’œil sur ce qu’on fait. C’est dommage qu’elles nous ignorent en ce moment. Nous assayons d’entre en contacts avec certaines d’entres elles, mais c’est très compliqué. Faute de moyens conséquents, nous n’avons fait que 4 missions l’année dernière. On a envie d’en faire plus. On aimerait en faire 10 ou 15 dans l’année. C’est pourquoi nous demandons aux ONG internationales de jeter aussi leurs regards vers nous.
Quels commentaires faites-vous des mesures gouvernementales qui ont durci les conditions de passage des ONG, religieux et tradipraticiens sur les médias ?
Pourvu que cela permette effectivement de mettre de l’ordre dans le milieu. En ce qui nous concerne, nous avons tous nos papiers. Nous sommes une ONG reconnue par l’Etat de Côte d’Ivoire et nous avons notre agrément depuis juin 2012. Nous travaillons et nos actions sont vues et connues de tous. Nous sommes heureux que le Gouvernement veuille assainir notre milieu. On sait que les populations sont très sensibles et regardent beaucoup la télévision. Il faut donc éviter que n’importe qui vienne faire de la ‘’désinformation’’. C’est important. Maintenant, il faut assainir et assainir. Il faut savoir qui filtrer.
Réalisée par J H K
Comment pouvez-vous définir l’Association Grain d’Ivoire Santé (AGIS), une ONG dont vous êtes le premier responsable ?
Nous luttons contre les infections respiratoires aiguës, telle que la pneumonie, chez les enfants et les nourrissons. Mais, surtout, chez les nourrissons. Les infections respiratoires sont des maux qui touchent les voies aériennes supérieures (le nez, la bouche et les oreilles) et les voies aériennes inférieurs ou basses que sont, la trachée les bronches etc. Au niveau des voies aériennes, on peut avoir des infections comme la toux, la rhino-pharyngite, la trachéite ou encore l’otite. Pour les voies basses, cela peut donner la bronchite, Broncho-alvéolites, la pneumopathie et aussi l’asthme. Ces infections sont un fléau mondial. C’est la première cause de mort alité au monde, au niveau des enfants de 0 à 5 ans. Nous asseyons de leur venir en aide. Dernièrement, l’UNICEF a fait paraître un article dans lequel elle classe les infections respiratoires parmi les pathologies qui ont eu le moins de financement sur les onze dernières années. Pourtant, elles restent la première cause de mortalité dans le monde.
Quelles sont les actions menées sur le terrain dans le cadre de la lutte contre ces infections respiratoires aiguës ?
Nous sommes sur le terrain depuis 2013. Et nous avons trois axes de travail. Il y a le train de soins et de dépistage rapide des enfants, notamment en milieu rural. Cela nous a conduits dans des régions comme le Gbêkè (à Bouaké), à Noé, dans le Sud-Comoé et à Mankono (dans la région du Béré). Dans le district d’Abidjan, nous étions récemment à Abobo et à Adjamé. La prochaine mission dans le district, nous conduira à Attécoubé. Le troisième axe, c’est la formation du Corps médical. J’ai eu l’occasion de former les kinésithérapeutes de l’Institut National de Formation des Agents de Santé (INFAS). J’en ai également formé à l’institut de cardiologie. C’est pour un impact durable de la lutte. Les mamans sont également formées, à chaque campagne de dépistage, aux symptômes des infections respiratoires, et l’attitude à adopter pour éviter le pire à leurs enfants.
Quel bilan faites-vous de toutes ces campagnes ?
Le bilan est que, le besoin est énorme. Il y a énormément d’affluence à chacune de nos sorties. Dans la région du Gkêkè, nous nous sommes retrouvés avec pratiquement 150 patients par jour. Sur 8 jour de dépistage, nous enregistrons plus de 1200 enfants à soigner dans la zone. On n’avait jamais vu ça. Cela démontre le besoin énorme et la détresse des familles. Vous savez, il n’y a plus de saison pour attaquer une infection respiratoire.
Quelles sont les causes des infections respiratoires ?
La principale cause, c’est la pollution. La poussière (surtout en milieu rurale) les gaz d’échappement. Certaines habitudes culinaires aussi, y sont pour quelque chose. Notamment, celle qui produisent beaucoup de fumée.
Qu’est-ce que cela vous fait d’être la seule ONG, en Côte d’Ivoire, à lutter contre ce type d’infection ?
C’est certes une fierté. Mais, en même temps, on sent le poids du travail à faire. Nous ne savions pas que nous étions seuls dans le domaine en Côte d’Ivoire. C’est la Fédération Nationale des ONG de Côte d’Ivoire (FENOCI) qui, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de lutte contre la pneumonie en 2014, nous a donné l’information. Cela nous montre la quantité de travail à abattre.
Avez-vous des soutiens dans ce combat ?
On ne dira pas non. Nous avons quelques partenaires privés. Nous avons reçus l’autorisation du ministère de la Santé pour exercer sur l’étendue du territoire. Le ministère nous apporte son appui technique en nous ouvrant les portes de ses hôpitaux, dispensaires et infirmeries. Pour abriter nos campagnes. C’est déjà bien. Mais, nous avons besoin de plus de soutien. En Côte d’Ivoire, la région la plus exposée, c’est le Nord. Surtout en période d’harmattan. Là-bas, les enfants sont très atteints. Et dans ces zones, la pneumonie peut être couplée à des épidémies de méningite. Notre souhait le plus ardant, c’est de pouvoir s’y rendre pour sauver des vies. Selon l’UNICEF, dans le monde, la pneumonie est la première cause de décès. En 2013, elle a tué 922 milles personnes. L’UNICEF a précisé que c’était plus que le paludisme, le SIDA et la rougeole réunis. La pneumonie et les infections respiratoires sont la deuxième cause d’hospitalisation en Afrique subsaharienne, après le paludisme. C’est donc, forcement, le cas en Côte d’Ivoire. Il y a de quoi s’alarmer. Et les enfants de 0 à 5 ans sont les plus vulnérables. Les moins de 2 ans sont les plus fragiles. C’est généralement à cet âge que les enfants meurent de pneumonie. Le taux est encore plus élevé chez les enfants âgés de moins d’un an, voire, moins de 6 mois. Il y a même, souvent, des enfants qui naissent avec la pneumonie. C’est pourquoi nous focalisons nos efforts sur la tranche de 0 à 5 ans.
Comment reconnaître la pneumonie ?
La pneumonie, c’est surtout un grand gène respiratoire. Puisque, le sujet se retrouve avec du pu dans les bronches. Il n’arrive donc pas à respirer convenablement. Il est obligé de fournir beaucoup d’effort pour avoir de l’oxygène. Cela provoque une respiration beaucoup plus rapide que la normale. C'est-à-dire, au-delà de 50 puls par minute. C’est le premier signe. Le second, c’est que le sujet creuse ses côtes pour respirer. Vous verrez un enfant qui cherche l’air, puisque la respiration est difficile. Donc, il va forcer la respiration, puisque l’air ne parvient pas bien aux poumons. Dans sa recherche de l’air, ses côtes se creusent pour créer ce qu’on appel, un tirage intercostal. Les côtes qui se dessinent et qui montrent qu’il lutte pour prendre l’oxygène. Il peut aussi avoir des signes de fièvre, puisque c’est un cas d’infection. Il peut aussi avoir un état de fatigue générale. Les douleurs abdominales accompagnent également la pneumonie.
A quel moment qu’une pneumonie peut être mortelle ?
Il est difficile de déterminer une période. Le conseil que nous donnons aux parents, c’est que, lors qu’ils aperçoivent des signes de détresse respiratoires, il ne faut pas prendre la chose à la légère. Il faut tout de suite se rendre à l’hôpital. Pour certains enfants, le mal peut être terrifiant. Parce qu’à côté de la pneumonie, il peut y avoir une autre pathologie. Je prends le cas d’un enfant qui, à côté de la pneumonie, fait une diarrhée. Cela vient chaotique. Son cas sera différent d’un autre qui se porte très bien, mais qui attaque une pneumonie. L’urgence ne sera pas la même.
Quelles sont les prochaines missions de l’ONG ?
La prochaine mission se fera le 17 mars 2016, à Attécoubé. Ensuite, le 21 avril 2016, nous serons à Koumassi. Et la dernière semaine d’avril, nous espérons pouvoir partir à Korhogo. Pour ce qui est de la mission de Korhogo, nous espérons que nos partenaires seront à nos côtés. Sinon, nous serons obligés d’y renoncer. Car, ce sont des missions qui coûtent excessivement chères. A côté du dépistage, nous distribuons des médicaments. Ce sont des médicaments qui coûtent beaucoup chers. Vous pouvez aussi vous retrouver à déplacer une équipe de 40 personnes. Il faut payer leurs déplacement, l'hébergement, la restauration. Si vous devez passer une dizaine de jours dans une localité, le budget commence à grossir. Nous avons donc besoin d’aide. Que ce soit de l’aide en médicament, l’aide financière etc. On a besoin de personnel (sage-femme, de kinésithérapeutes). Qu’ils viennent nous aider. Nous invitons les ONG internationales à jeter un coup d’œil sur ce qu’on fait. C’est dommage qu’elles nous ignorent en ce moment. Nous assayons d’entre en contacts avec certaines d’entres elles, mais c’est très compliqué. Faute de moyens conséquents, nous n’avons fait que 4 missions l’année dernière. On a envie d’en faire plus. On aimerait en faire 10 ou 15 dans l’année. C’est pourquoi nous demandons aux ONG internationales de jeter aussi leurs regards vers nous.
Quels commentaires faites-vous des mesures gouvernementales qui ont durci les conditions de passage des ONG, religieux et tradipraticiens sur les médias ?
Pourvu que cela permette effectivement de mettre de l’ordre dans le milieu. En ce qui nous concerne, nous avons tous nos papiers. Nous sommes une ONG reconnue par l’Etat de Côte d’Ivoire et nous avons notre agrément depuis juin 2012. Nous travaillons et nos actions sont vues et connues de tous. Nous sommes heureux que le Gouvernement veuille assainir notre milieu. On sait que les populations sont très sensibles et regardent beaucoup la télévision. Il faut donc éviter que n’importe qui vienne faire de la ‘’désinformation’’. C’est important. Maintenant, il faut assainir et assainir. Il faut savoir qui filtrer.
Réalisée par J H K