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Société Publié le mardi 5 avril 2016 | L’intelligent d’Abidjan

Enquête express / Tronçon Bingerville-Adjamé : Comment les passagers sont “rançonnés” par des transporteurs aux heures de pointe

Se déplacer sur le tronçon Bingerville-Adjamé aux heures de pointe est une épreuve. Chaque matin, aux jours ouvrables, les usagers des cars en commun appelé gbaka sont confrontés aux diktats des chauffeurs et leurs apprentis qui leur imposent des tarifs selon leur seul bon vouloir.

A ces heures de pointe sur le trajet Adjamé-Bingerville, surtout en quittant Bingerville les passagers sont devenus la proie des chauffeurs et de leurs apprentis. « Faya 200FCFA ! Faya 200 FCFA ! Montez avec la monnaie ! Matin là je ne suis pas dans discours. 1000, 500, y a pas monnaie. Je viens de commencer. Pardonnez, montez avec la monnaie ! Je vous ai parlé », hurle un apprenti de gbaka. « Vous allez nous tuer à Bingerville ici. Quand vous voyez que les gens sont coincés, c’est la vous faite vos malin là », répond une cliente. Un autre d’ajouter: « on n’a pas le choix on va faire comment! Montons ont va partir pour ne pas être en retard ». Bien évidemment, les usagers s’installent à bord de ces gbaka contre leur gré.

En effet, pour la distance Bingerville-carrefour de la Riviera 2, le passager paye le double du tarif initial parce que les transporteurs effectuent en fait cette même distance en deux étapes : Bingerville- Faya à 200 FCFA et Faya - Riviera 2 à aussi 200 FCFA. Pour ceux qui rallient Bingerville-Adjamé, le décor semble être identique. Bingerville- Riviera 2, à 250 et Riviera 2-Adjamé à 250. Ce qui revient à 500FCFA pour Bingerville-Adjamé au lieu de 300 FCFA le tarif normal.

« Nous faisons payer le double du tarif normal parce que ça nous arrange »
Mais pourquoi cette augmentation du transport aux heures d’affluence ? Konaté Mory, chauffeur de gbaka donne des éclaircissements : «Ça nous arrange ! Les matins, on profite de l’affluence des passagers pour recueillir une bonne partie de la recette du jour. En le faisant, on gagne 200 ou 300 de plus sur chaque passager et c’est intéressant pour nous ».
Face à cette situation, certaines personnes préfèrent attendre que l’affluence baisse et que les tarifs redeviennent normaux pour emprunter les gbaka. Et cela, au risque même d’être en retard. Témoignage de Jacqueline Malan, étudiante dans une grande école dans la commune de Marcory : « La situation n’est pas du tout facile pour nous. Les parents n’ont pas assez d’argent pour répondre à tous nos besoins financiers. Quelques fois, on utilise l’argent du déjeuner pour emprunter les gbaka lorsqu’on a cours à la première heure. Et quand on n’a pas d’argent, on se réveille à 4h pour aller attendre le bus. Quand tu rates les premiers bus, tu es obligé d’aller en gbaka parce que la file t’attente est longue et pénible au terminus». Beaucoup d’entre les travailleurs et étudiants optent pour le « lève tôt ». C’est-à-dire se réveiller très tôt le matin afin d’éviter la loi des gbaka.

En dehors des heures de pointe où la demande est forte (entre 6h15 et 7h45 dans le cas présent), les tarifs sont à la normale. Et même négociable entre midi et deux (12h-14h), où le client peut se permettre d’exiger un rabais de 50 FCFA : Bingerville Adjamé 250f au lieu de 300f et Bingerville- Riviera 2, 200f ou 150f en yant naturellement la monnaie. Et cela pour la simple raison que l’offre est supérieure à la demande.
Dans l’organisation interne du transport routier intercommunal, l’on note aussi la présence de ceux qu’on appelle communément les syndicats. Que pensent-ils de l’augmentation anarchique du transport aux heures de pointe, principalement sur la ligne Bingerville-Adjamé? Interrogé, Konaté Djakaridja dit « Djakiss », soutient ne pas être concerné par cette augmentation. « Tout le monde sait qu’ici, le transport Bingerville-Adjamé c’est 300f, 200f pour ceux qui descendent à la Riviera 2 et 250 pour la vie. Maintenant, si les chauffeurs décomposent les matins c’est parce qu’ils ont le souci de faire le plus grand nombre de voyages et transporter le maximum de personnes. Evidemment, en décomposant le trajet ça leur permet d’aller vite et de revenir pour prendre les autres. Ça arrange beaucoup plus les chauffeurs parce qu’ils gagnent en recette et en carburant. En le faisant, ils n’obligent personnes à embarquer. Ceux qui peuvent montent», a-t-il fait savoir. On peut le dire tout nettement, c’est une ruse des transporteurs de gbaka pour augmenter les tarifs du transport lorsque la demande est forte. Un état de fait qui leur permet de se faire de l’argent en imposant un double tarif pour la même distance. « Le malheur des uns fait le bonheur des autres », a-t-on coutume d’entendre. Ainsi va la vie…

O.I
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