Le ventre insatiable de la Méditerranée a encore englouti en ce mois d’avril 2016, au bas mot, 500 nouveaux candidats à l’immigration. Une information qui serait restée inconnue si 41 rescapés, dont 37 hommes, 3 femmes et un enfant de 3 ans, n’avaient pas été sauvés par l’équipage d’un cargo battant pavillon philippin. Selon ces miraculeux, le drame serait survenu au moment du transfèrement de 200 personnes d’un petit bateau dans un autre plus grand. Celui-ci déjà bondé de centaines de migrants aurait alors coulé.
Habituée à ce type de drames depuis quelques années, l’opinion est restée sans émotion face à ce nouveau naufrage. D’ailleurs, quelle opinion devrait s’en émouvoir ? Les Africains ? Non, ils ont d’autres sujets plus préoccupants dont le dénominateur commun est la survie. Certains diraient : « ils ont cherché, ils ont trouvé ». Il n’y a que les familles des victimes qui en ressentent la douleur d’avoir perdu des êtres si chers. Et là encore, pour combien de temps ? Partagées entre l’espoir d’une possibilité irréalisable de revoir les aventuriers « parti pour ramener la récolte au bercail » et les vicissitudes de la vie.
Les Gouvernements des pays dont sont issus les migrants ? Là encore, un silence de cimetière. Indifférence, mépris, déficit de conscience citoyenne ou patriotique ? Il est difficile d’y répondre. Tant les responsables des pays africains semblent trop lents à la détente pour mettre un frein à ce phénomène qui emporte leur jeunesse. La vraie richesse sur laquelle se fonde la conviction des spécialistes en un futur radieux de notre continent. Car, comment comprendre que quand des terroristes endeuillent nos pays, des jours de deuil national sont décrétés. Alors que pour des centaines de morts, aucune compassion ne se manifeste. Aucun acte mémoriel n’est posé. Pourtant nos constitutions que nous chérissons tant, sacralisent la vie et obligent nos Etats à protéger celle de leurs concitoyens ? Les morts n’auraient-ils plus alors la même valeur aux yeux de nos gouvernants ?
Que dire de l’union africaine (UA) ? De là-bas aussi, aucun communiqué n’est venu perturber l’indifférence qui entoure ce drame. Il y a de quoi à se retourner en interrogations.
De fait, face au drame de l’immigration, il est temps que l’Afrique arrête de croire que les solutions viendront de l’Europe. Le temps est plutôt venu pour que les dirigeants africains prennent urgemment des mesures radicales en vue d’y trouver des solutions. Nous sommes convaincus qu’en mutualisant les moyens dont disposent nos pays, il est certain qu’on mette fin à ces décomptes macabres qui s’apparentent à une non-assistance à des personnes en danger. Nous en donnons de façon non exhaustive des pistes de solutions.
Premièrement, il s’agit pour les dirigeants de chaque pays africain d’afficher une nette et réelle volonté politique d’éradiquer ce phénomène. Cela doit se traduire dans les discours et les faits.En mettant la question de la jeunesse au centre des politiques de développement de nos pays. En particulier, en s’attaquant prioritairement à la question cruciale du chômage des jeunes. Car il est évident que si des mesures rigoureuses sont prises dans ce sens, les candidats à l’immigration auront envie de rester dans leurs pays respectifs. Avec l’espoir de pouvoir trouver des opportunités d’insertion. A preuve, tous les pays dont sont issus la plupart de ces naufragés sont soit en guerre, soit en déficit de bonne gouvernance ou peinent à bonifier leur croissance.
Deuxièmement, il y a le défi communicationnel qu’il convient de relever. En effet, il est temps de créer une émotion profonde et durable dans l’opinion publique africaine autour de la problématique de l’immigration clandestine. Cela, afin qu’il y ait une véritable prise de conscience sur la question. Il s’agira d’utiliser les médias traditionnels et modernes dans ce sens ; ainsi la sensibilisation à travers les écoles et universités, les communautés et groupements socio-professionnels. Aux moyens dedébats, témoignageset projectionsd’images qui montrent et touchent la réalité de la traversée de la mer méditerranée.
Cela, pour arriverà faire comprendre aux candidats à l’immigration le grand péril qu’ils courent. Même s’il en faudra plus pour décourager certains, il n’en demeure pas moins qu’une telle campagne médiatique contribuera à faire tarir le flot des candidats à cette aventure incertaine. A ce propos, ne sommes-nous tous pas témoins de l’effet qu’ont eu la mobilisation et la communication, fruits d’une réelle volonté politique, pour freiner la maladie hémorragique à virus Ebola ?Pourquoi, ne faudrait-il pas pareilles mobilisation et communication pour enrayer le drame de l’immigration ?Qui plus est, quand on sait que déjà pour cette année, on parle d’au moins 1250 d’immigrés morts en Méditerranée.
Troisièmement, il appartient à l’UA de mobiliser une flottille pour surveiller les côtes méditerranéennes africaines, surtout celles jouxtant la Lybie. Pays de départ de la plupart des migrants, qui reste sans Etat véritable jusqu’à ce jour. Vu la faiblesse des moyens maritimes de nos Etats, il revient à l’UA, eu égard à son statut supranational et à l’objectif à long qu’elle s’est fixé, de créer le déclic et la coordinationsur cette question. Comme elle le fait déjà dans le cadre des missions de maintien de la paix qu’elle dirige dans les pays africains en guerre.
En somme, trop d’Africains ont trouvé et continuent de trouver la mort en Méditerranée. Aussi, il faut maintenant et tout de suite sonner la révolte devant ce cimetière aquatique qui donne l’impression de se réjouir d’engloutir chaque jour, de plus en plus de jeunes africains. Espoirs des familles, des communautés et de l’Afrique tout entière.
NURUDINE OYEWOLE
onurudine@yahoo.fr
COMMUNICATEUR
Habituée à ce type de drames depuis quelques années, l’opinion est restée sans émotion face à ce nouveau naufrage. D’ailleurs, quelle opinion devrait s’en émouvoir ? Les Africains ? Non, ils ont d’autres sujets plus préoccupants dont le dénominateur commun est la survie. Certains diraient : « ils ont cherché, ils ont trouvé ». Il n’y a que les familles des victimes qui en ressentent la douleur d’avoir perdu des êtres si chers. Et là encore, pour combien de temps ? Partagées entre l’espoir d’une possibilité irréalisable de revoir les aventuriers « parti pour ramener la récolte au bercail » et les vicissitudes de la vie.
Les Gouvernements des pays dont sont issus les migrants ? Là encore, un silence de cimetière. Indifférence, mépris, déficit de conscience citoyenne ou patriotique ? Il est difficile d’y répondre. Tant les responsables des pays africains semblent trop lents à la détente pour mettre un frein à ce phénomène qui emporte leur jeunesse. La vraie richesse sur laquelle se fonde la conviction des spécialistes en un futur radieux de notre continent. Car, comment comprendre que quand des terroristes endeuillent nos pays, des jours de deuil national sont décrétés. Alors que pour des centaines de morts, aucune compassion ne se manifeste. Aucun acte mémoriel n’est posé. Pourtant nos constitutions que nous chérissons tant, sacralisent la vie et obligent nos Etats à protéger celle de leurs concitoyens ? Les morts n’auraient-ils plus alors la même valeur aux yeux de nos gouvernants ?
Que dire de l’union africaine (UA) ? De là-bas aussi, aucun communiqué n’est venu perturber l’indifférence qui entoure ce drame. Il y a de quoi à se retourner en interrogations.
De fait, face au drame de l’immigration, il est temps que l’Afrique arrête de croire que les solutions viendront de l’Europe. Le temps est plutôt venu pour que les dirigeants africains prennent urgemment des mesures radicales en vue d’y trouver des solutions. Nous sommes convaincus qu’en mutualisant les moyens dont disposent nos pays, il est certain qu’on mette fin à ces décomptes macabres qui s’apparentent à une non-assistance à des personnes en danger. Nous en donnons de façon non exhaustive des pistes de solutions.
Premièrement, il s’agit pour les dirigeants de chaque pays africain d’afficher une nette et réelle volonté politique d’éradiquer ce phénomène. Cela doit se traduire dans les discours et les faits.En mettant la question de la jeunesse au centre des politiques de développement de nos pays. En particulier, en s’attaquant prioritairement à la question cruciale du chômage des jeunes. Car il est évident que si des mesures rigoureuses sont prises dans ce sens, les candidats à l’immigration auront envie de rester dans leurs pays respectifs. Avec l’espoir de pouvoir trouver des opportunités d’insertion. A preuve, tous les pays dont sont issus la plupart de ces naufragés sont soit en guerre, soit en déficit de bonne gouvernance ou peinent à bonifier leur croissance.
Deuxièmement, il y a le défi communicationnel qu’il convient de relever. En effet, il est temps de créer une émotion profonde et durable dans l’opinion publique africaine autour de la problématique de l’immigration clandestine. Cela, afin qu’il y ait une véritable prise de conscience sur la question. Il s’agira d’utiliser les médias traditionnels et modernes dans ce sens ; ainsi la sensibilisation à travers les écoles et universités, les communautés et groupements socio-professionnels. Aux moyens dedébats, témoignageset projectionsd’images qui montrent et touchent la réalité de la traversée de la mer méditerranée.
Cela, pour arriverà faire comprendre aux candidats à l’immigration le grand péril qu’ils courent. Même s’il en faudra plus pour décourager certains, il n’en demeure pas moins qu’une telle campagne médiatique contribuera à faire tarir le flot des candidats à cette aventure incertaine. A ce propos, ne sommes-nous tous pas témoins de l’effet qu’ont eu la mobilisation et la communication, fruits d’une réelle volonté politique, pour freiner la maladie hémorragique à virus Ebola ?Pourquoi, ne faudrait-il pas pareilles mobilisation et communication pour enrayer le drame de l’immigration ?Qui plus est, quand on sait que déjà pour cette année, on parle d’au moins 1250 d’immigrés morts en Méditerranée.
Troisièmement, il appartient à l’UA de mobiliser une flottille pour surveiller les côtes méditerranéennes africaines, surtout celles jouxtant la Lybie. Pays de départ de la plupart des migrants, qui reste sans Etat véritable jusqu’à ce jour. Vu la faiblesse des moyens maritimes de nos Etats, il revient à l’UA, eu égard à son statut supranational et à l’objectif à long qu’elle s’est fixé, de créer le déclic et la coordinationsur cette question. Comme elle le fait déjà dans le cadre des missions de maintien de la paix qu’elle dirige dans les pays africains en guerre.
En somme, trop d’Africains ont trouvé et continuent de trouver la mort en Méditerranée. Aussi, il faut maintenant et tout de suite sonner la révolte devant ce cimetière aquatique qui donne l’impression de se réjouir d’engloutir chaque jour, de plus en plus de jeunes africains. Espoirs des familles, des communautés et de l’Afrique tout entière.
NURUDINE OYEWOLE
onurudine@yahoo.fr
COMMUNICATEUR