L'ex-président tchadien Hissène Habré a été condamné à perpétuité le lundi 30 mai 2016 à Dakar par le tribunal des chambres africaines exceptionnelles. Hissène Habré était poursuivi pour « crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de torture », le tribunal l'a reconnu coupable de crimes. Selon les magistrats du Parquet, qui sont longuement revenus sur les principaux épisodes de la répression survenue au Tchad pendant le règne de l’ancien président (1982-1990), les trois incriminations visées dans l’ordonnance de mise en accusation sont constituées : crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture. Au vu des révélations rapportées à l’audience par des femmes ayant été soumises à des sévices sexuels, dont l’une affirme avoir été violée par Habré lui-même. Le procureur général a également demandé à la Cour, à l’instar des avocats des parties civiles, de condamner l’accusé pour des viols et autres sévices sexuels, considérés comme constitutifs de crimes contre l’humanité. Par ailleurs, c’est une étape cruciale dans le long combat entamé il y a plus de 25 ans par les victimes encore vivantes du régime de Hissène Habré et leurs familles. Dans une longue lecture, le président du tribunal, le magistrat burkinabè Gberdao Gustave Kam, a évoqué la torture continue commise pendant les huit années du régime Habré, évoquant une « atteinte systématique et généralisée contre la population du Tchad ». . Hissène Habré a dirigé le Tchad d’une main de fer pendant huit ans, de 1982 à 1990, avant d’être chassé du pouvoir par l’actuel président Idriss Déby Itno. Il s’était alors réfugié au Sénégal en décembre 1990, où il a été arrêté le 30 juin 2013. C’est la première fois qu’un ex-chef d’Etat africain accusé de crime contre l’humanité est jugé en Afrique. Un procès marathon qui a duré 10 ans pour des crimes commis pendant 8 ans. Un message fort envoyé aux chefs d’Etat africains.
T.Z avec Jeune Afrique
T.Z avec Jeune Afrique