Les taxis de Yamoussoukro, la capitale politique et administrative ivoirienne, sont réputés pour leur taux élevé d’utilisation de gaz butane en dépit de l’interdiction et de la menace du préfet qui a exigé aux propriétaires de taxis de démanteler leur réservoir à gaz et de se conformer à l’utilisation du carburant pour les véhicules de transport sous peine de sanctions pénales.
L’utilisation du gaz butane par les taxis et la prolifération des points de transvasement
« Yamoussoukro est l’antre des véhicules à gaz, c’est rare de voir aujourd’hui un taxi qui roule avec du carburant super ou gas-oil », a fait remarquer Félix Kouadio un passager à bord d’un taxi de la ville.
Tous les matins, nombreux sont les taxis et parfois des véhicules personnels alignés en bordures des principales artères de la capitale politique et administrative ivoirienne, et parfois même dans des domiciles où sont installés des dépôts de transvasement de gaz pour s’approvisionner en gaz butane.
Les points de stations illégales de pompage de gaz pour véhicules prolifèrent partout et à ciel ouvert et sont présents dans presque tous les quartiers de la ville. Des 220 logements à Dioulabougou, en passant par Assabou et Sopim.
Au quartier Sopim, Koné Karim chauffeur de taxi au premier rang d’un long fil de taxis tient ouvert le coffre arrière de son véhicule et assiste au transvasement de gaz dans le réservoir de son véhicule. « Si nous n’utilisons pas le gaz, nous ne pouvons pas faire de recette. Le carburant est très cher vous le savez, et à cause de la consommation élevée nos employeurs ont installé des bonbonnes de gaz dans les véhicules et ça nous permet de bien travailler », explique le chauffeur. Son tour terminé, il démarre à la recherche de clients laissant une épaisse fumée noire et une lourde odeur de butane dans l’atmosphère.
Moussa Doumbia, le propriétaire du dépôt de transvasement tire son raccord et avance sans protection vers un autre taxi en attente.
La même scène est répétée au quotidien dans toute la ville où le pompage illégal de gaz est devenu une activité fructueuse.
A Dioulabougou, Adama Bamba, est propriétaire d’un dépôt de transvasement en pleine voie. Dans une combinaison bleue, il assiste sous un arbre son apprenti, Franc Kouadio, au travail. Au milieu de nombreuses bouteilles de gaz et de véhicules, Franck Kouadio, la trentaine, habillé d’un T-shirt souillée d’huile de moteur et le front en sueur s’attelle sans cesse sous le soleil à transposer « le produit » d’un taxi à un autre.
À proximité, des mécaniciens auto travaillent dans un environnement de tas de ferraille et de klaxons.
« C’est un risque, ce désordre. Voyez, il est impossible de trouver un passage pour atteindre le garage à côté, il faut que les autorités réagissent avant qu’un désastre survienne », a préconise Mme Fanta Coulibaly vendeuse de fruits devant une quincaillerie mitoyenne à la station de pompage de gaz.
« C’est cela notre travail, ça nous nourrit et nous permet de satisfaire nos besoins », fait savoir M. Bamba qui minimise les risques et dangers de son métier. « On le fait avec attention, si tu sais bien le faire il n’y a pas de danger », s’est-il défendu. Il dit pomper au moins douze bouteilles de 12 kilogrammes par jour soit 5 500 la bouteille.
La bonbonne de gaz est installée dans le coffre des véhicules à 30 000F CFA. Un mécanisme est également dissimulé dans le véhicule. « Il permet de passer du gaz à l’essence si la bonbonne venait à être vide », confient les conducteurs.
Les dangers de l’utilisation du gaz par les taxis
C’est un véritable danger, fait savoir Marcel Koffi qui explique qu’il y a un mois, un incendie est survenu lors d’un transvasement en plein centre-ville. « Il faut supprimer ces lieux », recommande-t-il.
Mme Touré Anita ne dit pas autre chose, elle qui dit avoir vécu un cas pareil à la gare routière de Yamoussoukro où le propriétaire d’un point de transvasement a été calciné après une explosion. « Il faut que cela cesse », a insisté Mlle Touré Anita qui souhaite que la direction des Energies soit plus rigoureuse dans la répression, afin de mettre fin à l’utilisation du gaz butane dans les véhicules de transport.
« C’est un danger pour les populations qui inhalent le gaz à chaque course », a déclaré M Mathias Kouassi du ministère de l’Environnement et du Développement durable. Il prévient que cela aura à terme des conséquences sur la santé des populations.
Pour Gervais Konan, enseignant à Yamoussoukro « le drame est permanent, ces véhicules courent le risque d’une explosion à tout moment », a-t-il dit, justifiant sa crainte par le faite que « ces taxis à gaz manquent d’entretien et ne font jamais de visite technique ».
La cherté du carburant comme motif d’utilisation du gaz butane dans les taxis
« Le carburant est très cher, c’est le gaz qui nous arrange », a déclaré Blé Paulin, un chauffeur de taxi à Yamoussoukro. Il fait savoir qu’avec quatre bouteilles de « Faitou » à 9 200 F, soit 3 200 F CFA la bouteille, « vous faites toute la journée y compris vos propres courses »
.
Yao Koffi, propriétaire d’un taxi, soutient que le gaz leur facilite la vie. « J’ai fait un jour le plein de ma bouteille de 12 kg au départ de Yamoussoukro et arrivé à Bouaké, j’ai juste complété avant de continuer mon voyage jusqu’au Mali avec moins de 15 000 F FCA comme dépense effectuée en gaz », a-t-il fait savoir avant de plaider. « Qu’on nous laisse travailler, nous ne sommes pas les seuls à utiliser le gaz » a-t-il dit, révélant qu’après Bouaké et Yamoussoukro, Daloa est dans la danse. « Parce que tous reconnaissent que le gaz nous facilite les choses », ajoute Alain Koffi assis au volant de son taxi.
« D’ailleurs, nous payons pour cela 25 000 F CFA en début d’année et 25 000 FCFA en fin d’année », a révélé Paulin Blé sans toutefois indiquer où est versé l’argent.
Touré Moussa, tout en confirmant lesdits de Paulin Blé a insisté sur le fait que malgré l’interdiction de rouler au gaz, « on nous prend de l’argent à chaque poste avant de nous laisser circuler », « qu’on nous laisse donc nous débrouiller pour survivre vu que cela nous aide à nous prendre en charge », a plaidé M Touré.
Une opération en cours pour mettre fin au phénomène
Un plaidoyer qualifié d’irrecevable par les autorités de la ville vu que la loi interdit l’utilisation du gaz butane en remplacement du carburant dans le transport.
En Côte d’Ivoire, le gaz est subventionné par l’État pour les ménages, afin de permettre à la population de vivre sereinement et sainement. Ce pour éviter la destruction de la forêt ivoirienne. La vente d’emballage de gaz autre que pour les ménages est strictement interdite. Tout contrevenant, s’expose à des sanctions allant de 15 jours à trois ans d’emprisonnement, et à une amende comprise allant de 100 000 FCFA à un million de francs CFA, rappelle-t-on.
Au vu de cette loi « une opération sera menée dans les prochains jours », a averti le commissaire divisionnaire, Dosso Siaka, préfet de police de Yamoussoukro, afin de traquer ces taxis hors la loi. En attendant l’application de ces décisions maintes fois annoncées, les taxis persistent et continuent de rouler au gaz butane dans la capitale politique ivoirienne.
nam/ask
L’utilisation du gaz butane par les taxis et la prolifération des points de transvasement
« Yamoussoukro est l’antre des véhicules à gaz, c’est rare de voir aujourd’hui un taxi qui roule avec du carburant super ou gas-oil », a fait remarquer Félix Kouadio un passager à bord d’un taxi de la ville.
Tous les matins, nombreux sont les taxis et parfois des véhicules personnels alignés en bordures des principales artères de la capitale politique et administrative ivoirienne, et parfois même dans des domiciles où sont installés des dépôts de transvasement de gaz pour s’approvisionner en gaz butane.
Les points de stations illégales de pompage de gaz pour véhicules prolifèrent partout et à ciel ouvert et sont présents dans presque tous les quartiers de la ville. Des 220 logements à Dioulabougou, en passant par Assabou et Sopim.
Au quartier Sopim, Koné Karim chauffeur de taxi au premier rang d’un long fil de taxis tient ouvert le coffre arrière de son véhicule et assiste au transvasement de gaz dans le réservoir de son véhicule. « Si nous n’utilisons pas le gaz, nous ne pouvons pas faire de recette. Le carburant est très cher vous le savez, et à cause de la consommation élevée nos employeurs ont installé des bonbonnes de gaz dans les véhicules et ça nous permet de bien travailler », explique le chauffeur. Son tour terminé, il démarre à la recherche de clients laissant une épaisse fumée noire et une lourde odeur de butane dans l’atmosphère.
Moussa Doumbia, le propriétaire du dépôt de transvasement tire son raccord et avance sans protection vers un autre taxi en attente.
La même scène est répétée au quotidien dans toute la ville où le pompage illégal de gaz est devenu une activité fructueuse.
A Dioulabougou, Adama Bamba, est propriétaire d’un dépôt de transvasement en pleine voie. Dans une combinaison bleue, il assiste sous un arbre son apprenti, Franc Kouadio, au travail. Au milieu de nombreuses bouteilles de gaz et de véhicules, Franck Kouadio, la trentaine, habillé d’un T-shirt souillée d’huile de moteur et le front en sueur s’attelle sans cesse sous le soleil à transposer « le produit » d’un taxi à un autre.
À proximité, des mécaniciens auto travaillent dans un environnement de tas de ferraille et de klaxons.
« C’est un risque, ce désordre. Voyez, il est impossible de trouver un passage pour atteindre le garage à côté, il faut que les autorités réagissent avant qu’un désastre survienne », a préconise Mme Fanta Coulibaly vendeuse de fruits devant une quincaillerie mitoyenne à la station de pompage de gaz.
« C’est cela notre travail, ça nous nourrit et nous permet de satisfaire nos besoins », fait savoir M. Bamba qui minimise les risques et dangers de son métier. « On le fait avec attention, si tu sais bien le faire il n’y a pas de danger », s’est-il défendu. Il dit pomper au moins douze bouteilles de 12 kilogrammes par jour soit 5 500 la bouteille.
La bonbonne de gaz est installée dans le coffre des véhicules à 30 000F CFA. Un mécanisme est également dissimulé dans le véhicule. « Il permet de passer du gaz à l’essence si la bonbonne venait à être vide », confient les conducteurs.
Les dangers de l’utilisation du gaz par les taxis
C’est un véritable danger, fait savoir Marcel Koffi qui explique qu’il y a un mois, un incendie est survenu lors d’un transvasement en plein centre-ville. « Il faut supprimer ces lieux », recommande-t-il.
Mme Touré Anita ne dit pas autre chose, elle qui dit avoir vécu un cas pareil à la gare routière de Yamoussoukro où le propriétaire d’un point de transvasement a été calciné après une explosion. « Il faut que cela cesse », a insisté Mlle Touré Anita qui souhaite que la direction des Energies soit plus rigoureuse dans la répression, afin de mettre fin à l’utilisation du gaz butane dans les véhicules de transport.
« C’est un danger pour les populations qui inhalent le gaz à chaque course », a déclaré M Mathias Kouassi du ministère de l’Environnement et du Développement durable. Il prévient que cela aura à terme des conséquences sur la santé des populations.
Pour Gervais Konan, enseignant à Yamoussoukro « le drame est permanent, ces véhicules courent le risque d’une explosion à tout moment », a-t-il dit, justifiant sa crainte par le faite que « ces taxis à gaz manquent d’entretien et ne font jamais de visite technique ».
La cherté du carburant comme motif d’utilisation du gaz butane dans les taxis
« Le carburant est très cher, c’est le gaz qui nous arrange », a déclaré Blé Paulin, un chauffeur de taxi à Yamoussoukro. Il fait savoir qu’avec quatre bouteilles de « Faitou » à 9 200 F, soit 3 200 F CFA la bouteille, « vous faites toute la journée y compris vos propres courses »
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Yao Koffi, propriétaire d’un taxi, soutient que le gaz leur facilite la vie. « J’ai fait un jour le plein de ma bouteille de 12 kg au départ de Yamoussoukro et arrivé à Bouaké, j’ai juste complété avant de continuer mon voyage jusqu’au Mali avec moins de 15 000 F FCA comme dépense effectuée en gaz », a-t-il fait savoir avant de plaider. « Qu’on nous laisse travailler, nous ne sommes pas les seuls à utiliser le gaz » a-t-il dit, révélant qu’après Bouaké et Yamoussoukro, Daloa est dans la danse. « Parce que tous reconnaissent que le gaz nous facilite les choses », ajoute Alain Koffi assis au volant de son taxi.
« D’ailleurs, nous payons pour cela 25 000 F CFA en début d’année et 25 000 FCFA en fin d’année », a révélé Paulin Blé sans toutefois indiquer où est versé l’argent.
Touré Moussa, tout en confirmant lesdits de Paulin Blé a insisté sur le fait que malgré l’interdiction de rouler au gaz, « on nous prend de l’argent à chaque poste avant de nous laisser circuler », « qu’on nous laisse donc nous débrouiller pour survivre vu que cela nous aide à nous prendre en charge », a plaidé M Touré.
Une opération en cours pour mettre fin au phénomène
Un plaidoyer qualifié d’irrecevable par les autorités de la ville vu que la loi interdit l’utilisation du gaz butane en remplacement du carburant dans le transport.
En Côte d’Ivoire, le gaz est subventionné par l’État pour les ménages, afin de permettre à la population de vivre sereinement et sainement. Ce pour éviter la destruction de la forêt ivoirienne. La vente d’emballage de gaz autre que pour les ménages est strictement interdite. Tout contrevenant, s’expose à des sanctions allant de 15 jours à trois ans d’emprisonnement, et à une amende comprise allant de 100 000 FCFA à un million de francs CFA, rappelle-t-on.
Au vu de cette loi « une opération sera menée dans les prochains jours », a averti le commissaire divisionnaire, Dosso Siaka, préfet de police de Yamoussoukro, afin de traquer ces taxis hors la loi. En attendant l’application de ces décisions maintes fois annoncées, les taxis persistent et continuent de rouler au gaz butane dans la capitale politique ivoirienne.
nam/ask