Les Abidjanais ne manquent pas d’imagination pour se faire de l’argent. Profitant de la saison des pluies avec son corollaire de boue, des jeunes se sont reconvertis occasionnellement en “laveur de pieds’’ à la gare routière d’Adjamé, la plus grande de la capitale économique ivoirienne.
Après la pluie, vient le beau temps, dit le vieil adage qui, appliqué à la gare routière d’Adjamé, pourrait être ainsi reformulé: après la pluie, la boue.
Chaque année, à chaque saison de pluie, la gare routière d’Adjamé, prend des allures d’un énorme bassin de boue, créant d’énormes désagréments aux usagers de cet espace dédié au transport, notamment les voyageurs, les commerçants et les travailleurs des compagnies de car.
Sous l’action des pluies diluviennes, le sol de la gare d’ordinaire poussiéreux et sur lequel jonchaient par endroits des immondices, fait place, à une masse de boue compacte et puante dans laquelle les usagers sont bien souvent obligés de patauger pour vaquer à leurs occupations.
Flairant le coup, des jeunes se sont pour l’occasion lancés dans l’activité tant ingénieuse qu’opportuniste de “laveurs de pieds’’ pour “gagner un peu d’argent“ afin de subvenir à leurs besoins. Parmi eux deux jeunes ivoiriens, Kouamé Kra (36 ans) et son binôme Seraphin Yao (26 ans).
Assis sur un banc en bordure de route, à l’une des nombreuses voies de sortie de la gare, les deux hommes tiennent leur commerce en plein air. Devant eux, un autre banc sur lequel ils installent leurs clients.
Entre les deux bancs, à même le goudron, sont posés deux seaux. L’un contenant de l’eau savonneuse avec des éponges pour laver les pieds des personnes qui sortent de la gare boueuse. L’autre contenant également de l’eau avec des éponges mais pour un autre usage : rincer les pieds après le lavage.
“Lavez les pieds ici ! Lavez les pieds ici !’’, crient-ils à intervalle de temps régulier pour les attirer et leur proposer leurs services. “Nous lavons les pieds des clients à leur demande’’, explique Kouamé Kra.
Le lavage coute 50 F par personne, un montant qui leur permet d’engranger une recette journalière oscillant entre 6.000 et 7.000 FCFA. Sans compter “les pourboires’’ de certains clients pour les encourager.
“Ça marche ! j’arrive à nourrir mes trois enfants’’, confie-t-il avec enthousiasme. C’est qu’avec cette manne, il avoue gagner beaucoup plus que dans son passé de “coxer’’, chargé de chercher les clients pour les compagnies de transport à la gare routière moyennant de petites commissions.
Kouame Kra et Seraphin Yao sont bien conscients du caractère provisoire de cette activité qu’ils ne sont d’ailleurs pas les seuls à mener à la gare routière d’Adjamé.
A la fin des pluies diluviennes qui s’abattent depuis quelques semaines sur la capitale économique ivoirienne, ils devront songer à se trouver un autre job. Kouamé Kra s’en remet à "Dieu" pour "avoir un bon boulot d’ici la fin de la saison des pluies’’.
Son binôme Seraphin Yao qui enchaînait déjà de petits boulots, a une idée floue de sa reconversion: “je vais chercher à faire d’autres activités’’. Mais quoi précisément ? Il ne le sait pas encore.
Les laveurs de pieds ne sont pas les seuls à tirer profit de l’état de dégradation de la gare routière d’Adjamé. La masse boueuse, permet également aux femmes, vendeuses de bottes de réaliser de bonnes affaires. Certains usagers de la gare, préfèrent s’en chausser pour affronter la boue.
Abi Tidjani et Djayrorla, deux commerçantes d’origine nigériane, reconnaissent se frotter les mains en cette période. “Quand il pleut, notre commerce de bottes prospère’’, affirment-elles en chœur avec une joie feinte.
Le prix des bottes (en plastique) varient de 2.000 F à 3.500 FCFA en fonction de la qualité et du genre. Si celles des enfants coûtent 2.000 F, les hommes devront pour s’en procurer, débourser 3.500 F, soit 1.000 F de plus pour les modèles féminins.
“Les jours de fortes averses, nous pouvons écouler quatre à sept bottes avant de rentrer à la maison le soir’’, indiquent-elles.
A mots couverts, Abi Tidjani et Djayrorla souhaitent que la saison des pluies se prolonge pour que continue leurs “bonnes affaires“.
Serge Alain KOFFI
Après la pluie, vient le beau temps, dit le vieil adage qui, appliqué à la gare routière d’Adjamé, pourrait être ainsi reformulé: après la pluie, la boue.
Chaque année, à chaque saison de pluie, la gare routière d’Adjamé, prend des allures d’un énorme bassin de boue, créant d’énormes désagréments aux usagers de cet espace dédié au transport, notamment les voyageurs, les commerçants et les travailleurs des compagnies de car.
Sous l’action des pluies diluviennes, le sol de la gare d’ordinaire poussiéreux et sur lequel jonchaient par endroits des immondices, fait place, à une masse de boue compacte et puante dans laquelle les usagers sont bien souvent obligés de patauger pour vaquer à leurs occupations.
Flairant le coup, des jeunes se sont pour l’occasion lancés dans l’activité tant ingénieuse qu’opportuniste de “laveurs de pieds’’ pour “gagner un peu d’argent“ afin de subvenir à leurs besoins. Parmi eux deux jeunes ivoiriens, Kouamé Kra (36 ans) et son binôme Seraphin Yao (26 ans).
Assis sur un banc en bordure de route, à l’une des nombreuses voies de sortie de la gare, les deux hommes tiennent leur commerce en plein air. Devant eux, un autre banc sur lequel ils installent leurs clients.
Entre les deux bancs, à même le goudron, sont posés deux seaux. L’un contenant de l’eau savonneuse avec des éponges pour laver les pieds des personnes qui sortent de la gare boueuse. L’autre contenant également de l’eau avec des éponges mais pour un autre usage : rincer les pieds après le lavage.
“Lavez les pieds ici ! Lavez les pieds ici !’’, crient-ils à intervalle de temps régulier pour les attirer et leur proposer leurs services. “Nous lavons les pieds des clients à leur demande’’, explique Kouamé Kra.
Le lavage coute 50 F par personne, un montant qui leur permet d’engranger une recette journalière oscillant entre 6.000 et 7.000 FCFA. Sans compter “les pourboires’’ de certains clients pour les encourager.
“Ça marche ! j’arrive à nourrir mes trois enfants’’, confie-t-il avec enthousiasme. C’est qu’avec cette manne, il avoue gagner beaucoup plus que dans son passé de “coxer’’, chargé de chercher les clients pour les compagnies de transport à la gare routière moyennant de petites commissions.
Kouame Kra et Seraphin Yao sont bien conscients du caractère provisoire de cette activité qu’ils ne sont d’ailleurs pas les seuls à mener à la gare routière d’Adjamé.
A la fin des pluies diluviennes qui s’abattent depuis quelques semaines sur la capitale économique ivoirienne, ils devront songer à se trouver un autre job. Kouamé Kra s’en remet à "Dieu" pour "avoir un bon boulot d’ici la fin de la saison des pluies’’.
Son binôme Seraphin Yao qui enchaînait déjà de petits boulots, a une idée floue de sa reconversion: “je vais chercher à faire d’autres activités’’. Mais quoi précisément ? Il ne le sait pas encore.
Les laveurs de pieds ne sont pas les seuls à tirer profit de l’état de dégradation de la gare routière d’Adjamé. La masse boueuse, permet également aux femmes, vendeuses de bottes de réaliser de bonnes affaires. Certains usagers de la gare, préfèrent s’en chausser pour affronter la boue.
Abi Tidjani et Djayrorla, deux commerçantes d’origine nigériane, reconnaissent se frotter les mains en cette période. “Quand il pleut, notre commerce de bottes prospère’’, affirment-elles en chœur avec une joie feinte.
Le prix des bottes (en plastique) varient de 2.000 F à 3.500 FCFA en fonction de la qualité et du genre. Si celles des enfants coûtent 2.000 F, les hommes devront pour s’en procurer, débourser 3.500 F, soit 1.000 F de plus pour les modèles féminins.
“Les jours de fortes averses, nous pouvons écouler quatre à sept bottes avant de rentrer à la maison le soir’’, indiquent-elles.
A mots couverts, Abi Tidjani et Djayrorla souhaitent que la saison des pluies se prolonge pour que continue leurs “bonnes affaires“.
Serge Alain KOFFI