Des agents de police tourmentés et des familles disloquées du fait des menaces récurrentes de déguerpissement des maisons qu’ils occupent depuis 1979. C’est le triste constat que nous avons fait samedi dernier au quartier « 4 villas », situé derrière les services techniques de la mairie d’Adjamé. Côté du marché gouro. Et ce, relativement à la situation que vivent Anzoumana Cissé, Diomandé Kafoumba, officiers de police, Koffi Botenissogo et Kouamé Brindou Victor, sous-officiers de police, tous admis à la retraite. « Après 30 ans de service bien remplis marqués par des décorations reçues de la police nationale, nous ne méritons pas un tel sort, une telle injustice et devenir la risée de tout le monde ici. Nous sommes désemparés. Nous prions le chef de l’Etat d’intervenir pour que nous rentrons dans nos droits », a supplié Kouamé Victor, porte-parole du collectif des habitants des « 4 villas » de la commune d’Adjamé-marché gouro. Comment en est-on arrivé là ? Selon Kouamé Victor qui a animé une conférence de presse ce jour-là sur le site querellé, ces policiers à la retraite sont en conflit avec Daklhallah Hassan, directeur général de la société Ekacico au sujet du la parcelle de terre sur laquelle sont bâties les villas et qui a le titre foncier no 1670 de Bingerville. Evoquant un certificat foncier no 117-106 qui résulterait du morcellement de ce lot, le patron de Ekacico a revendiqué, en vain, la propriété du terrain. Qui lui a été cédé par la mairie d’Adjamé en contrepartie des travaux effectués pour le compte de cette municipalité. « M.Daklhallah a perdu en première instance car son certificat de propriété no 117-106 établi le 19 septembre 2007 ne concerne nullement notre terrain », relève Kouamé Victor qui présente la réponse d’une ordonnance de compulsoire en date du 26 juin 2012. « En réponse à votre ordonnance de compulsoire citée en objet, j’ai l’honneur de vous informer que le titre foncier 117-106 de la circonscription foncière de Bingerville sur lequel les Etablissements Ekacico détiennent un certificat de propriété est issu du morcellement du titre foncier global 1672 de Bingerville. En revanche, le titre foncier 1670 de Bingerville est la propriété de la ville d’Abidjan. En conclusion, les Etablissements Ekacico ne détiennent aucun droit sur le titre foncier 1670 de Bingerville », écrit le conservateur Ouattara Krotoum, du service de la conservation de la propriété foncière et des hypothèques d’Abidjan-Plateau. Mais à en croire le porte-parole des policiers retraités, Dakhlallah Hassan sort un autre certificat de propriété no 117-073, pour revendiquer encore le lot querellé et assigne les quatre policiers retraités en déguerpissement. «Les deux certificats de propriété de M. Dakhlallah Hassan ont été signés le même jour, le 19 septembre 2007 pour le même lot mais avec des contenances différentes ; ça pue manifestement du faux », relève Kouamé Victor qui ajoute que ses frères d’armes et lui se sont acquittés en grande partie des montants à payer, selon la procédure de cession de la Sogepie puis dans les caisses du District d’Abidjan, pour acquérir définitivement ces maisons qui étaient leurs logements de fonction. Le mardi 5 juillet prochain, la Cour d’appel d’Abidjan va statuer sur cette affaire.
Didier Kéi
Didier Kéi