Porte d’entrée à l’ouest, avec une ouverture sur le Pacifique, San Diego est un sanctuaire de trafics et d’immigration clandestine entre le Mexique et les Etats-Unis. Une réalité constatée par les journalistes africains invités du Département d’Etat du 22 août au 10 septembre. Reportage
Des chaînes de montagnes qui se succèdent à perte de vue et sont parsemées de touffes d’herbes. Une végétation de steppe. Nous sommes, ici, à la lisière de San Diego, dans le sud de la Californie, à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Il règne un soleil de plomb ce dimanche après-midi. L’atmosphère est calme, on pourrait même dire silencieuse. Rares sont les véhicules qui empruntent la piste. Il n’y a aucun passant. Çà et là, on peut voir des check-points de gardes-côtes américains. Il y a également des pancartes avec des signes indiquant le danger. «Attention aux serpents», peut-on lire.
La route n’est pas droite. Elle tourne plusieurs fois à gauche et à droite. Au point qu’on a parfois le sentiment de revenir sur ses pas. Sur la gauche et tout au long du parcours, sont érigés deux rideaux de fer. C’est la matérialisation de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. L’un, rouillé, est plus ancien, tandis que l’autre paraît plus neuf. Les hauteurs des clôtures sont loin d’être infranchissables. Environ quatre à cinq mètres… Enfin, d’autres visiteurs des lieux. Un homme et une femme portant un bébé. Visiblement relaxe et décontracté, le couple joue avec le bébé. A côté, il y a une dizaine de personnes qui attendent. En face d’eux et derrière la grille, se trouve un édifice à l’image d’un stade : le «Frendship Parc» (Ndlr : le parc de l’amitié). C’est un lieu de rencontres entre les familles ayant à la fois des parents aux Etats-Unis et au Mexique. Cinquante mètres plus loin, une étendue d’eau qui s’étend à perte de vue. L’océan pacifique !
De part et d’autre de la frontière, deux images contrastées qui renvoient aux deux pays. Un espace frontalier construit : le Mexique. Et l’autre, vierge, les Etats-Unis. Tijuana, la première ville mexicaine à la frontière, a l’aspect d’une cité populeuse.
Frendship Parc
Les maisons sont condensées, se chevauchant presque les unes les autres. En jetant un regard panoramique, on a le sentiment que la ville étouffe. Un spectacle qui tranche carrément avec le visage que présente le territoire américain. Un espace vierge qui s’étend à perte de vue. «Les Etats-Unis ont laissé, exprès, cette partie du territoire pour se donner les moyens de contrôler le trafic qui se déroule ici», indique notre guide, par ailleurs membre d’une structure de lutte contre l’immigration clandestine.
Ce dernier soutient que la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis est l’une des zones les plus dangereuses au monde. «Il n’y a pas beaucoup de militaires, mais sachez que tous les mouvements ici sont contrôlés et minutieusement suivis. Il y a des caméras partout et des drones qui se relaient en permanence. Chaque jour, il y a des milliers de personnes qui tentent de traverser cette zone pour rallier les Etats-Unis. Ils connaissent des fortunes diverses. Beaucoup y laissent leur vie. Des femmes sont violées», dira-t-il. Poursuivant, il révèle que les passeurs, les «Coyotes», prennent jusqu’à vingt mille à trente mille dollars, l’équivalent d’environ quinze millions de francs Cfa, aux candidats à l’immigration. «Ils prennent l’argent, mais ce qui se passe souvent, c’est qu’ils abandonnent les gens dans ce désert. Figurez-vous que la température est au-dessus de 40 degrés. Pis, cette zone est infestée de reptiles dangereux. On découvre quelquefois des corps ou des vêtements abandonnés», précise-t-il.
Les « Coyotes»
Ceux qui acceptent de prendre ces risques sont en majorité de jeunes Mexicains. Parmi lesquels de nombreuses filles. Ces dernières sont, pour la plupart, en quête d’emploi. D’autres personnes viennent d’autres pays d’Amérique latine et d’Afrique. «Ils font le grand tour de l’Afrique jusqu’ici pour rentrer aux Etats-Unis», poursuit notre interlocuteur. Pour eux, tous les moyens sont bons pour relever le défi. Là où le sol est moins rugueux, les passeurs ont creusé des tunnels, longs de plusieurs kilomètres. Par-dessus tout, il s’agit pour eux d’un gagne-pain considérable. Ils sont donc organisés en réseaux.
Trafic de clandestins, mais également trafic de drogue, réseaux de prostitution et divers autres objets de contrebande font aussi partie du décor de San-Diégo. Les cartels de la drogue de l’Amérique latine franchisent la frontière pour placer leur produit sur le marché américain. Il en est de même pour certains réseaux de prostitution. Qui, à la place d’un emploi aux jeunes filles, les utilisent comme esclaves sexuels aux Etats-Unis. «Il y a même des cas de trafic d’enfants pour l’utilisation d’organes», déplore-t-il.
San Diego, une ville américaine aux couleurs mexicaines ! Galskamp, Market Street. Une place chic et animée. De part et d’autre des rues, des boutiques, des supermarchés, mais également de nombreux restaurants et bars.
Une ville américaine aux couleurs
mexicaines
Certaines enseignes affichent des noms ou des messages espagnols. Par ailleurs, la musique distillée renvoie à la salsa… Taille moyenne, chevelures noires et plissées, on retrouve les traits de latino sur beaucoup de visages. Le Market Street, c’est aussi la fumée des barbecues. Tout au long des voies, il y a des grillades de poulet et porc à ciel ouvert. Les feux et les enseignes lumineuses donnent de l’éclat et de la couleur aux soirées. Ainsi, l’espace brille-t-il et scintille-t-il de toutes les couleurs : jaune, rouge, violet, blanc… Une particularité de la ville, les taxis tricycles. Ce sont des engins montés sur des vélos qui distillent la musique en même temps qu’ils dégagent différentes couleurs.
Des immeubles imposants, des échangeurs, des autoroutes et des boulevards… San Diego est, par-dessus tout, une ville qui impressionne ! Comme dans les grandes capitales du monde, il y a des enseignes de grandes chaînes d’hôtel. Ville donnant sur le Pacifique, il y a, à San Diego, beaucoup de touristes. Des Américains et ceux venant des quatre coins du monde, pour passer des moments agréables sur les plages.
César Ebrokié
Envoyé spécial aux Etats-Unis
Des chaînes de montagnes qui se succèdent à perte de vue et sont parsemées de touffes d’herbes. Une végétation de steppe. Nous sommes, ici, à la lisière de San Diego, dans le sud de la Californie, à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Il règne un soleil de plomb ce dimanche après-midi. L’atmosphère est calme, on pourrait même dire silencieuse. Rares sont les véhicules qui empruntent la piste. Il n’y a aucun passant. Çà et là, on peut voir des check-points de gardes-côtes américains. Il y a également des pancartes avec des signes indiquant le danger. «Attention aux serpents», peut-on lire.
La route n’est pas droite. Elle tourne plusieurs fois à gauche et à droite. Au point qu’on a parfois le sentiment de revenir sur ses pas. Sur la gauche et tout au long du parcours, sont érigés deux rideaux de fer. C’est la matérialisation de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. L’un, rouillé, est plus ancien, tandis que l’autre paraît plus neuf. Les hauteurs des clôtures sont loin d’être infranchissables. Environ quatre à cinq mètres… Enfin, d’autres visiteurs des lieux. Un homme et une femme portant un bébé. Visiblement relaxe et décontracté, le couple joue avec le bébé. A côté, il y a une dizaine de personnes qui attendent. En face d’eux et derrière la grille, se trouve un édifice à l’image d’un stade : le «Frendship Parc» (Ndlr : le parc de l’amitié). C’est un lieu de rencontres entre les familles ayant à la fois des parents aux Etats-Unis et au Mexique. Cinquante mètres plus loin, une étendue d’eau qui s’étend à perte de vue. L’océan pacifique !
De part et d’autre de la frontière, deux images contrastées qui renvoient aux deux pays. Un espace frontalier construit : le Mexique. Et l’autre, vierge, les Etats-Unis. Tijuana, la première ville mexicaine à la frontière, a l’aspect d’une cité populeuse.
Frendship Parc
Les maisons sont condensées, se chevauchant presque les unes les autres. En jetant un regard panoramique, on a le sentiment que la ville étouffe. Un spectacle qui tranche carrément avec le visage que présente le territoire américain. Un espace vierge qui s’étend à perte de vue. «Les Etats-Unis ont laissé, exprès, cette partie du territoire pour se donner les moyens de contrôler le trafic qui se déroule ici», indique notre guide, par ailleurs membre d’une structure de lutte contre l’immigration clandestine.
Ce dernier soutient que la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis est l’une des zones les plus dangereuses au monde. «Il n’y a pas beaucoup de militaires, mais sachez que tous les mouvements ici sont contrôlés et minutieusement suivis. Il y a des caméras partout et des drones qui se relaient en permanence. Chaque jour, il y a des milliers de personnes qui tentent de traverser cette zone pour rallier les Etats-Unis. Ils connaissent des fortunes diverses. Beaucoup y laissent leur vie. Des femmes sont violées», dira-t-il. Poursuivant, il révèle que les passeurs, les «Coyotes», prennent jusqu’à vingt mille à trente mille dollars, l’équivalent d’environ quinze millions de francs Cfa, aux candidats à l’immigration. «Ils prennent l’argent, mais ce qui se passe souvent, c’est qu’ils abandonnent les gens dans ce désert. Figurez-vous que la température est au-dessus de 40 degrés. Pis, cette zone est infestée de reptiles dangereux. On découvre quelquefois des corps ou des vêtements abandonnés», précise-t-il.
Les « Coyotes»
Ceux qui acceptent de prendre ces risques sont en majorité de jeunes Mexicains. Parmi lesquels de nombreuses filles. Ces dernières sont, pour la plupart, en quête d’emploi. D’autres personnes viennent d’autres pays d’Amérique latine et d’Afrique. «Ils font le grand tour de l’Afrique jusqu’ici pour rentrer aux Etats-Unis», poursuit notre interlocuteur. Pour eux, tous les moyens sont bons pour relever le défi. Là où le sol est moins rugueux, les passeurs ont creusé des tunnels, longs de plusieurs kilomètres. Par-dessus tout, il s’agit pour eux d’un gagne-pain considérable. Ils sont donc organisés en réseaux.
Trafic de clandestins, mais également trafic de drogue, réseaux de prostitution et divers autres objets de contrebande font aussi partie du décor de San-Diégo. Les cartels de la drogue de l’Amérique latine franchisent la frontière pour placer leur produit sur le marché américain. Il en est de même pour certains réseaux de prostitution. Qui, à la place d’un emploi aux jeunes filles, les utilisent comme esclaves sexuels aux Etats-Unis. «Il y a même des cas de trafic d’enfants pour l’utilisation d’organes», déplore-t-il.
San Diego, une ville américaine aux couleurs mexicaines ! Galskamp, Market Street. Une place chic et animée. De part et d’autre des rues, des boutiques, des supermarchés, mais également de nombreux restaurants et bars.
Une ville américaine aux couleurs
mexicaines
Certaines enseignes affichent des noms ou des messages espagnols. Par ailleurs, la musique distillée renvoie à la salsa… Taille moyenne, chevelures noires et plissées, on retrouve les traits de latino sur beaucoup de visages. Le Market Street, c’est aussi la fumée des barbecues. Tout au long des voies, il y a des grillades de poulet et porc à ciel ouvert. Les feux et les enseignes lumineuses donnent de l’éclat et de la couleur aux soirées. Ainsi, l’espace brille-t-il et scintille-t-il de toutes les couleurs : jaune, rouge, violet, blanc… Une particularité de la ville, les taxis tricycles. Ce sont des engins montés sur des vélos qui distillent la musique en même temps qu’ils dégagent différentes couleurs.
Des immeubles imposants, des échangeurs, des autoroutes et des boulevards… San Diego est, par-dessus tout, une ville qui impressionne ! Comme dans les grandes capitales du monde, il y a des enseignes de grandes chaînes d’hôtel. Ville donnant sur le Pacifique, il y a, à San Diego, beaucoup de touristes. Des Américains et ceux venant des quatre coins du monde, pour passer des moments agréables sur les plages.
César Ebrokié
Envoyé spécial aux Etats-Unis