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Société Publié le samedi 19 novembre 2016 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton: Un travail et des boulots

C’est bien connu, je suis un enfant du livre, je regarde très peu la télévision. Le programme de la télévision, de presque toutes les télévisions sont constituées, en général, de séries et de longs métrages, aux scénarios identiques. Un crime et la police qui cherche et retrouve, à la fin, le ou les criminels. C’est une pédagogie du crime et de la criminalité. Jamais, il n’y a eu autant de crimes dans le monde depuis l’avènement de la télévision. Jamais la télévision n’a été aussi populaire. J’espère que la plupart des téléspectateurs après avoir rincé leurs yeux aux scènes de violence et de criminalité prennent un ouvrage religieux pour lire des évocations à Dieu ou tout simplement méditer un psaume. Curieusement, c’est la même télévision qui nous donne de fabuleuses émissions qui marquent notre destin et transforme notre vie. Ce genre d’émissions est innombrable. Moi, je suis un inconditionnel d’une production de France 2 appelée : « Complément d’enquête. » Elle est à sa quatorzième saison. Toujours réalisée par Philippe Lallement, elle est présentée, tous les jeudis, quarante-cinq minutes, par Nicolas Poincaré. Comme son nom l’indique, elle va en profondeur sur un sujet qu’un journal télévisé présenterait en deux ou trois minutes. La semaine dernière, l’émission, actualité oblige, partait à la découverte des électeurs de Donald Trump. 0n a vite compris pourquoi le multimilliardaire a été élu à la « surprise générale. » Ma chronique a été motivée par les propos d’un électeur du nouveau Président élu des Américains. Haut en couleur et fort en gueule, il a fustigé l’administration actuelle, en fin de mandat, et affirmé qu’il faisait cinq boulots pour s’en sortir. J’en ai tiré deux enseignements pour l’Afrique et les Africains. 1. Partout dans le monde, les peuples rouspètent contre les pouvoirs. Les responsables politiques doivent le savoir et prendre ainsi leurs peuples en faisant ce qu’ils peuvent pour leur pays. Avec les jeux de l’opposition une grande catégorie du pays n’approuvera jamais ce qu’un Président peut faire sauf s’il n’est plus au pouvoir. Que de récriminations contre le pouvoir du sortant. Et dire que cela se passait dans la grande puissance de la planète. Comme je l’ai souvent dit et écrit le bonheur ne viendra jamais d’un pouvoir, d’un homme mais que notre réussite viendra de nous-mêmes. Inutile de regarder en haut si nous avons la possibilité de voir notre poitrine et de mettre notre cœur à la tâche. 2. Et c’est le plus important, donc l’enseignement le plus important. Le bonhomme dit qu’il fait cinq boulots pour s’en sortir. Vous avez bien lu. Il n’a pas de travail régulier et pour s’en sortir dans ce pays de grande consommation, il est obligé de faire cinq boulots de gauche à droite. Les pays africains sont rentrés dans la société de consommation. Une ville comme Abidjan est plongée dans la grande consommation. En ce domaine, elle n’a rien à envier à Vienne, Berlin, Paris et de nombreuses autres villes avec des grandes surfaces, des super-marchés et des endroits de plus en plus nombreux pour consommer où le client conditionné par une publicité de plus en plus agressive et intelligente à la fois « dépouille » le brave travailleur. On n’échappera plus à ce monde de la consommation effrénée. Tous les pays du monde sont obligés de se soumettre à la mondialisation ou de disparaître. Alors que faire ? Surtout pas de socialisme à la marque de Lénine ou de Mao, la Chine, elle-même, étant devenu une grande société de consommation, un pays capitaliste. Karl Max doit se réveiller dans sa tombe. C’est ce Yankee qui nous donne la solution. Pour tenir, avoir un travail et d’autres petits boulots en surplus. Ne jamais croire qu’un salaire, quel que soit son montant, ne peut pas permettre de vivre aisément dans une société de consommation fixée sur la mondialisation. Le croire, c’est s’abonner aux grèves permanentes. Toute augmentation est récupérée le mois suivant par le marché. Des spécialistes étudient chaque jour comment prendre dans la poche des clients ou mieux comment voler le travailleur ou le fonctionnaire. Pour vivre heureux et à l’aise, certes la parole de Dieu est une arme. Néanmoins, il faut ajouter plusieurs cordes à son arc. Quels que soit notre formation, notre emploi, chacun de nous peut créer un deuxième, troisième ou quatrième petit boulot sans grand moyen. Comment ne pas se rappeler de cet universitaire américain d’origine ivoirienne qui, après plusieurs années au States, rentre au bord de la lagune Ebrié à la faveur d’un évènement malheureux. Il est surpris de remarquer que le pays vit dans un chantier d’or et de mine. Ses frères sont outrés disant que le pays ne leur permet pas de vivre décemment en se justifiant par des jérémiades habituelles. Il leur convie à une expérience. Des filles oisives au village sont amenées à Abidjan et installées dans dix endroits de la ville pour vendre de l’aloko. L’expérience, en trois mois, fut si spectaculaire qu’elle se poursuit encore faisant d’eux des riches, des gens aisés. Une autre fois, on parlera du sens contraire. Aller dans les campagnes. Les lieux fertiles pour promouvoir l’aisance et la prospérité. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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