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Politique Publié le lundi 19 décembre 2016 | Alerte Info

Législatives ivoiriennes: A Yopougon, fief de l’opposition, le scrutin laisse indifférents des électeurs

© Alerte Info Par Marc-Innocent
Législatives 2016: Jour de vote au GS Deux Plateaux Nord"
Le scrutin législatif a débuté ce dimanche 18 Décembre 2016 et les populations de Cocody Deux-Plateaux ont accompli leur devoir de citoyen au Groupe Scolaire Deux Plateaux Nord
"Ça ne m’intéresse pas", affirme Sidonie, la vingtaine, qui préfère "chercher des tenues pour les fêtes de fin d’année" au marché de Sicogi, un quartier de la commune abidjanaise de Yopougon (Ouest), plutôt que d’aller voter.

Au marché de Sicogi, l’affluence est particulièrement grande, pour un jour de vote: "Je n’ai pas de carte d’identité et même si j’en avais, je ne serais pas allé voter" déclare la jeune fille selon qui la présence de l’opposition au scrutin "importe peu".

La présence de candidats tels que Jichi Sam Mohamed dit Sam l'Africain, homme d'affaires issu de la communauté libanaise, le juriste William Attéby ainsi que Gbamnan Guidan, l’ancien maire de la commune sous Gbagbo (ex-président ivoirien), tous des figures emblématiques de l’opposition, ne semble rien changer à la donne.

Dans cette commune réputée acquise au Front populaire ivoirien (FPI), principal parti de l’opposition ivoirienne, les électeurs ne se bousculent pas vraiment dans les bureaux de vote, car, à 100 mètres de là, un centre attend désespérément les électeurs pour ces législatives.

“Ce sont des comédiens", lance, acerbe, un ancien étudiant en criminologie, dans un taxi communal. "Ni moi, ni mes frères, aucun de mes parents n’irons voter", dit-il d’un ton catégorique.

Pour lui, tant que l’ex-président Laurent Gbagbo, détenu à la Haye pour crime contre l’humanité demeure en prison, il "n’est pas question de voter". Seul Sangaré (président par intérim d’une des deux tendances du FPI), qui a lancé un mot d’ordre de boycott du scrutin législatif, "est digne d’être suivi".

"On ne peut pas mettre mon père en prison et me demander de transmettre des salutations à ma mère", dit-il ajoutant que "les dés sont déjà pipés. On sait déjà qui va gagner".

Henry Ndri se dit aussi favorable au boycott de ce scrutin. Vêtu d’un t-shirt blanc, ce quadragénaire "sorti pour des courses", avance en affichant un air désintéressé que "ce ne sont pas des opposants, c’est la même famille".

"En prenant part à ces élections, l'oppistion légitime un pouvoir qu’elle a elle-même déclaré illégal et illégitime", déplore-t-il.

Dans les écoles primaires publiques Sogefiha 1 et Sicogi 1, les bureaux étaient pratiquement vides jusqu’à 09h30GMT et sur un total de plus de 6.000 inscrits, moins de 200 avaient déjà voté.

"Les gens sont allés à l’église, ils viendront plus tard", explique un agent de la commission électorale indépendante (CEI) entre deux bouchées de pains.

Dans plusieurs bureaux de vote en différents lieux, des agents de la CEI font la causette pendant que d’autres sont étendus sur des bancs ou écoutent de la musique, casques à l’oreille. Chacun se trouve une occupation pour tuer le temps.

Assis sur un banc, à l’entrée d’un bureau de vote à William Ponty, à Yopougon, des représentants des différents candidats semblent se résigner. Un d’entre eux affirme déçu: "il ne faut pas s’en cacher, les gens ne viennent pas voter".

Dans la cour, les observateurs sont dispersés çà et là. "Où voyez-vous des électeurs ?", interroge, aigre, un représentant de candidats. "Même les campagnes étaient comme inexistantes", insiste-t-il relevant le "désintérêt de la population.

Dans le même périmètre à quelque 200 mètres de là, à l’église catholique Saint-André, Patrick N’Guessan, assiste à une cérémonie de jeunes scouts, assis sur une rangée de briques disposée sous des arbres.

Nguessan affirme qu’il ira voter "plus tard après (qu’il se sera) reposé“. Selon lui le désintérêt des électeurs s’explique par le fait "qu’une fois élus, les députés ne votent pas des lois dans l’intérêt des régions qu’ils représentent mais plutôt dans celui de leur partis politiques".

Ainsi, selon le trentenaire, greffier stagiaire, "les populations ne se reconnaissent plus dans leurs députés". Une théorie que semble justifier une bonne partie des 470.000 électeurs de Yopougon indifférente à l’élection des six députés de la commune.

Pour les législatives ivoiriennes, 1.153 candidatures sont en compétition pour 255 sièges à l’Assemblée nationale et plus de 6,4 millions d'électeurs étaient attendus dans les urnes dimanche.

Michèle Irié
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