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Editorial Publié le samedi 7 janvier 2017 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton : la vraie guerre

Avec la polémique entre les Etats-Unis d’Amérique et la grande Russie sur le piratage informatique, lors des élections présidentielles dans le premier pays, revient dans les mémoires le livre d’un Président américain. En l’occurrence celui du Président Richard Nixon. Son tire : La vraie guerre. Publié en 1980, par les éditions Album Michel en version française. Le livre était gros et massif. Je l’ai toujours dans ma bibliothèque. A l’époque, on avait encore le temps pour la lecture. Sous nos contrées, en cette année-là, nous n’avions pas encore mille chaînes à regarder, encore moins une vie sociale très remplie. On pouvait s’asseoir dans son salon passer des heures sans regarder une seule chaîne de télévision et recevoir des amis, des voisins et des membres d’association. En 1980, l’agitation sociale n’avait pas encore commencé en Afrique noire avec le retour des partis politiques. Les présidents et autres chefs d’Etat sur notre continent s’en donnait à cœur joie dans la gestion du pays. Personne pour dénoncer leurs erreurs. Tous ne faisaient que les aduler. Après Dieu venaient les Présidents Africains. Et encore ! Car certains sortaient des nuages dans les génériques des journaux télévisés. En 1980, malgré déjà les deux chocs pétroliers qui vont ébranler le monde et créer des difficultés économiques à notre contient, la vie y était encore belle. A prendre le titre du Président Nixon au premier degré on croirait à une guerre sur un champ de bataille militaire. Non, il ne s’agissait pas de cela. Le Président Nixon en parlant de la vraie guerre nous orientait vers l’information. Il disait que la vraie guerre est et sera celle de l’information. Quelle prophétie ! Car l’informatique est devenue la vraie guerre dans ce monde de technologie de toutes sortes. Même la plus petite entreprise, pour augmenter ses performances, pour mieux lutter contre ses adversaires doit les « espionner » afin de connaître leurs failles et les « abattre » sans tirer un seul coup de feu. Le renseignement est devenu la mère des batailles. Le Président Nixon classait les pays occidentaux parmi les pays battus d’avance. Non par leur faiblesse technologique mais par le manque de secret de leur population. Il n’est point besoin de recruter des « espions » pour pénétrer dans l’intelligence des pays occidentaux. L’information y est en vente libre. Chaque citoyen se croit choisi pour délivrer au monde entier tout secret qu’il détient. A commencer par les plus proches collaborateurs des Présidents de la République. Or, un Président, partout dans le monde, est le plus informé de tous les citoyens du pays, contrairement à ce que croient tous les citoyens du pays. Notamment en Afrique où on dit de tous les Présidents qu’ils ne reçoivent pas de conseils ou sont mal informés. Ceux qui le disent sont dans l’ignorance complète ou cherchent tout simplement à avoir accès au Président dans le but de se faire remarquer, obtenir un poste et surtout de l’argent. Dans presque tous les pays au monde, le président de la République reçoit, dès l’aube, les heures différentes d’un pays à l’autre, un rapport sur le pays du ministre de l’Intérieur qui a fait une synthèse de tous les préfets du pays. C’est pourquoi, un ministre de l’Intérieur est le plus populaire et le plus redouté dans un pays. Les soirs, avant que nos souverains ne dorment, une autre synthèse sur l’état du pays leur a été proposée. Durant toute la journée des services de sécurité intérieure et extérieure travaillent dans ce sens. En plus, dans les pays démocratiques, où n’existent pas de censure, le Président de la République dispose d’une foule d’information de toutes sortes. Chaque journal pro ou anti- gouvernemental est une vraie source d’information pour un chef. Rien que la page des lecteurs. Une foule d’information sur l’état réel du pays. Ce serait adhérant de croire qu’on pourrait se lever et dire à un Président qu’on a de l’information pour lui. Ce serait enfoncé une porte déjà ouverte. N’oublions pas le courrier abondant adressé par les citoyens aux chefs d’Etat. Certes, les Présidents ne liront pas tout mais l’essentiel ne leur échappera pas. Tout cela fait partie du travail élémentaire d’un responsable politique et même d’un dirigeant d’entreprise ou de société. L’information est aujourd’hui la plus grande puissance sur la terre. Ceux qui réussissent le mieux, dans n’importe quel domaine, sont ceux qui lisent souvent et le plus. L’échec d’une politique, d’une pratique commerciale, dans tous les domaines possibles se trouvent dans l’échec d’une absence d’adhésion à la vraie guerre. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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