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Société Publié le samedi 14 janvier 2017 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton: départ et repos

Dans tous les pays au monde la passion pour les remaniements ministériels est sans limite. Dans mon premier recueil de nouvelles, j’écrivais que si un Président veut se rendre populaire durant tout son mandat, il n’a qu’à faire tous les trois mois un changement de son gouvernement. Ce durcissement du cœur de l’homme s’explique facilement. C’est comme la vie d’un héros, d’une star, d’un privilégié, tant qu’une ombre ne l’entache pas, les citoyens ne l’admettent pas encore au panthéon. Sortir du commun des mortels pour faire partie de la classe des seigneurs doit se payer toujours par la jalousie, le dénigrement, l’envie. Et même la haine. Faire partie d’un gouvernement vous place dans une hauteur que le commun des mortels ne peut pas atteindre d’où cette grogne injustifiée par ceux qu’ils croient investis de tous les prérogatives, de tout l’argent, et surtout, de tout l’argent du pays. Une difficulté financière d’un individu ou de tous ceux qui se croient dotés de tous les attributs pour avoir un poste ministériel les poussent à vous détester et à attendre avec impatience votre chute. Ainsi les difficultés personnelles trouvent leurs exécutoires dans la détestation de ceux qui sont vus, nuits et jour, à la télévision cristallisant les haines contre eux. Le retour de la joie dans les cœurs ne sera consécutif qu’au départ massif de ministres ou de remaniement ministériel. Tout chef d’Etat le sait sans l’avoir étudié dans un manuel politique de grande diffusion. La joie du peuple, du moins pour une grande partie d’eux, se trouve dans la sortie d’individus du gouvernement, surtout les plus détestés. Un statut qu’ils doivent, tout simplement, à leur réputation de riche et beaucoup par le fait qu’ils sont beaucoup vus sur le petit écran. Or, ne pas se faire voir régulièrement sur le petit écran vous fait passer pour un ministre qui ne travaille pas beaucoup et pas du tout. L’équilibre est difficile à trouver mais peut être comblé par la presse. Se faire voir davantage dans la presse ou les réseaux sociaux car se faire voir régulièrement à la télévision a beaucoup plus d’impacts négatifs sur une carrière et n’importe laquelle. La grandeur se trouve dans la discrétion et l’humilité. Je me souviens encore et toujours de ce ministre ivoirien. La veille, à l’annonce du nouveau gouvernement, son nom n’apparut plus sur la liste des bienheureux. Le matin, comme il se doit, il reprit le chemin de son bureau, en ministre consciencieux, en attendant la passation de service avec son remplaçant. S’il savait. Une foule immense poussa des clameurs pour le huer. Exactement comme une équipe qui venait de perdre un match important et que l’adversaire conspuait. Pour comprendre le comportement des « adversaires », il faut tout simplement se diriger dans la création de l’homme. Il est constitué ainsi avec des mauvais sentiments. Qui ne se souvient, dans la Gégène, de Caïn qui tue son petit frère par jalousie. L’homme est né avec l’envie, la haine, la jalousie, la méchanceté, la médisance. Le cœur de l’homme, du moins ce qui en sort, a été étudié par tous. Mais les hommes ne changent pas. Pour introduire en eux une once de bonté serait de faire l’impossible. Donner des postes de responsabilité à tous les citoyens et encore mieux verser dans les poches, tous les mois, de l’argent qui sera augmenté tous les quatre mois sans ne rien faire. En regardant le Président sortant du Ghana à l’investiture de son remplaçant j’ai compris tout son bonheur. A chaque fois que la caméra montrait John Dramani Mahamani il était souriant. Un sourire limpide. On voyait un homme débarrassé d’une charge de cent vingt kilogrammes sur sa tête. Il va enfin dormir et rêver. Ce n’est plus à lui qu’on va annoncer, tous les matins, à l’aube, que des citoyens se tuent dans un village. La presse ne fera plus battre son cœur à la chamade avec des petits mensonges comme des gros. Tous les malheurs du pays ne lui seront plus attribués. Son nom ne sera plus dans la bouche des chômeurs à chaque fois qu’ils vont se brosser les dents tous les matins. Son ethnie ne sera plus le sujet des conversations. Il vivra désormais une belle vie. Et il part au bon moment. Avec le début de la Coupe d’Afrique des Nations. Le seul moment où les citoyens se détournent de la politique permettant aux politiciens de prendre un repos de trois semaines. Quand la finale sera jouée et pour bénéficier d’une longue trêve sociale Nana Dankwa Akufo-Addo a intérêt à ce que son pays revienne avec la coupe sans quoi il commencera son règne avec les critiques les plus acerbes encore en commençant par les diatribes des militants de son adversaire malheureux. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Isaïe Biton Koulibaly
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