Absence d'affichage clair sur les prix, disparités importantes des coûts à la consommation d'une région à l'autre, autant d'éléments que fustige Jean-Louis Billon, ministre du Commerce, conscient des affres de la vie chère en Côte d'Ivoire.
Le front social paraît relativement calme en cette période de l’année, après une levée de bouclier contre la vie chère qui a amené le président de la République, Alassane Ouattara, à intervenir le 7 août 2016 pour demander l’annulation pure et simple des augmentations appliquées sur le prix de l’électricité, avant de plaider auprès des transporteurs pour une baisse de coûts de transport aux conséquences douloureuses sur le panier de la ménagère. Bien plus, le chef de l’Etat a également plaidé pour que les jeunes, dont les préoccupations premières sont l’éducation, la santé et l’emploi, auxquelles il convient d’associer les besoins élémentaires comme la nourriture, le logement, canalisent leurs énergies débordantes pour devenir des «Ivoiriens nouveaux», un des cinq axes stratégiques de son Programme national de développement (PND 2016-2020).
A l’analyse, la cherté de la vie en Côte d’Ivoire est plus structurelle que conjoncturelle. Etant entendu que, depuis son indépendance en 1960, le pays a choisi de pratiquer le libéralisme économique, c’est-à-dire qu’un commerçant est libre de fixer le prix de sa marchandise comme il veut, sachant qu’il est toutefois tenu de l’afficher afin que le consommateur ait la possibilité de le comparer d’un étal à un autre pour opérer son choix. Mais «je note cependant qu’il y a beaucoup de tolérance en Côte d’Ivoire, parce que dans les marchés les prix ne sont pas affichés», fait remarquer le ministre du Commerce, Jean-Louis Billon, qui ne manque pas de fustiger les disparités les prix des denrées au détriment des consommateurs. «Quand vous prenez les produits du terroir, notamment les produits vivriers comme la banane, le manioc, l’igname, les aubergines, et même les légumes, la trop grande différence entre leurs prix bord champ et ceux pratiqués sur les marchés sont tels que les seuls coûts de transport ne sauraient justifier ces écarts. D’autres facteurs, dont les faux frais, entrent en jeu. S’agissant de la viande, vous avez là aussi une disparité de prix entre Korhogo et Abidjan qu’également les seuls coûts du transport n’expliquent pas. Chez moi, à Dabakala, par exemple, j’achète le kilogramme de viande à 1.300 FCFA. A Abidjan, vous l’avez autour de 2.200 FCFA. Cette différence n’est pas justifiée. Secteur par secteur, vous pouvez retrouver cette même disparité. Ce sont là autant de facteurs à améliorer, des anomalies à corriger et des combats à mener pour que le consommateur puisse en bénéficier», indique le ministre, engagé dans un processus de formalisation de tous les secteurs, en demandant que le commerce fonctionne avec un système de mesure clairement établi.
Des frais portuaires trop élevés
D’où l’importance du contrôle qu’il mène sur le terrain pour que les instruments de mesure utilisés par les commerçants ne soient pas truqués ou défectueux au détriment du consommateur. «C’est un processus qui prend du temps», reconnaît-il. Mais «Les femmes du vivrier l’ont bien accueilli parce qu’elles savent qu’elles y ont à gagner, puisque la transaction est beaucoup plus saine vis-à-vis du consommateur», souligne l’ancien président de la Chambre du commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, qui n’a rien perdu de sa verve lorsqu’il dénonce la cherté de la vie qui, selon lui, n’est pas seulement propre à la Côte d’Ivoire mais à l’ensemble de la Cedeao. «La Cedeao est une zone où les frais portuaires sont les plus chers au monde et, dans cette zone-là, la Côte d’Ivoire est la plus chère. Si vous comparez les ports internationaux connus comme Abidjan, Lomé, Cotonou, Lagos, Durban, Tanger, Marseille, Havre, Singapour, Dubaï…, nous avons les frais portuaires les plus élevés», souligne M. Billon qui pense qu’il y a fort à faire pour que le commerce soit plus abordable en Côte d’Ivoire, et pour que l’économie du pays soit encore plus compétitive. Mais pour cela, c’est l’ensemble des services de l’Etat qui, dans leur département respectif, doit parvenir à faire en sorte que les coûts et autres taxes de la logistique diminuent.
Alexis Noumé
Le front social paraît relativement calme en cette période de l’année, après une levée de bouclier contre la vie chère qui a amené le président de la République, Alassane Ouattara, à intervenir le 7 août 2016 pour demander l’annulation pure et simple des augmentations appliquées sur le prix de l’électricité, avant de plaider auprès des transporteurs pour une baisse de coûts de transport aux conséquences douloureuses sur le panier de la ménagère. Bien plus, le chef de l’Etat a également plaidé pour que les jeunes, dont les préoccupations premières sont l’éducation, la santé et l’emploi, auxquelles il convient d’associer les besoins élémentaires comme la nourriture, le logement, canalisent leurs énergies débordantes pour devenir des «Ivoiriens nouveaux», un des cinq axes stratégiques de son Programme national de développement (PND 2016-2020).
A l’analyse, la cherté de la vie en Côte d’Ivoire est plus structurelle que conjoncturelle. Etant entendu que, depuis son indépendance en 1960, le pays a choisi de pratiquer le libéralisme économique, c’est-à-dire qu’un commerçant est libre de fixer le prix de sa marchandise comme il veut, sachant qu’il est toutefois tenu de l’afficher afin que le consommateur ait la possibilité de le comparer d’un étal à un autre pour opérer son choix. Mais «je note cependant qu’il y a beaucoup de tolérance en Côte d’Ivoire, parce que dans les marchés les prix ne sont pas affichés», fait remarquer le ministre du Commerce, Jean-Louis Billon, qui ne manque pas de fustiger les disparités les prix des denrées au détriment des consommateurs. «Quand vous prenez les produits du terroir, notamment les produits vivriers comme la banane, le manioc, l’igname, les aubergines, et même les légumes, la trop grande différence entre leurs prix bord champ et ceux pratiqués sur les marchés sont tels que les seuls coûts de transport ne sauraient justifier ces écarts. D’autres facteurs, dont les faux frais, entrent en jeu. S’agissant de la viande, vous avez là aussi une disparité de prix entre Korhogo et Abidjan qu’également les seuls coûts du transport n’expliquent pas. Chez moi, à Dabakala, par exemple, j’achète le kilogramme de viande à 1.300 FCFA. A Abidjan, vous l’avez autour de 2.200 FCFA. Cette différence n’est pas justifiée. Secteur par secteur, vous pouvez retrouver cette même disparité. Ce sont là autant de facteurs à améliorer, des anomalies à corriger et des combats à mener pour que le consommateur puisse en bénéficier», indique le ministre, engagé dans un processus de formalisation de tous les secteurs, en demandant que le commerce fonctionne avec un système de mesure clairement établi.
Des frais portuaires trop élevés
D’où l’importance du contrôle qu’il mène sur le terrain pour que les instruments de mesure utilisés par les commerçants ne soient pas truqués ou défectueux au détriment du consommateur. «C’est un processus qui prend du temps», reconnaît-il. Mais «Les femmes du vivrier l’ont bien accueilli parce qu’elles savent qu’elles y ont à gagner, puisque la transaction est beaucoup plus saine vis-à-vis du consommateur», souligne l’ancien président de la Chambre du commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, qui n’a rien perdu de sa verve lorsqu’il dénonce la cherté de la vie qui, selon lui, n’est pas seulement propre à la Côte d’Ivoire mais à l’ensemble de la Cedeao. «La Cedeao est une zone où les frais portuaires sont les plus chers au monde et, dans cette zone-là, la Côte d’Ivoire est la plus chère. Si vous comparez les ports internationaux connus comme Abidjan, Lomé, Cotonou, Lagos, Durban, Tanger, Marseille, Havre, Singapour, Dubaï…, nous avons les frais portuaires les plus élevés», souligne M. Billon qui pense qu’il y a fort à faire pour que le commerce soit plus abordable en Côte d’Ivoire, et pour que l’économie du pays soit encore plus compétitive. Mais pour cela, c’est l’ensemble des services de l’Etat qui, dans leur département respectif, doit parvenir à faire en sorte que les coûts et autres taxes de la logistique diminuent.
Alexis Noumé