Président, avant tout propos, permettez-moi, de vous présenter mes sincères condoléances. Pas pour la débâcle des Eléphants à la Coupe d’Afrique des nations de football, Gabon 2017. Mais parce que vous avez perdu un proche.
J’aurais pu vous écrire à travers ma rubrique que vous connaissez : « Ma lettre de Malabo», une lucarne pour dépeindre certaines situations, une fois, hors du pays. Mais j’ai décidé, pour la première fois, de m’adresser à vous dans une lettre ouverte. Tout simplement parce que c’est le moment idéal pour se parler franchement.
Oui, le football ivoirien est en train de sombrer. Les deux trophées (Can des cadets en 2013 et celle des séniors en 2015) remportés sous votre règne ne sauraient constituer l’arbre qui cache la forêt. A qui la faute ? Les responsabilités sont partagées. C’est tout le monde, pour être plus clair. Toutefois, la responsabilité des dirigeants fédéraux est considérable. La fédé n’a pas de projet sur le long terme. C’est la course aux trophées sans aucune planification au niveau de la direction technique nationale (sic) qui, je l’avoue, n’excelle que dans la délivrance de licences aux entraîneurs locaux. Ce bricolage fait que depuis 2013, année du sacre des cadets à la Can, les échecs se suivent au niveau des éliminatoires des compétitions internationales de jeunes. Parce qu’il n’y a, malheureusement, pas de championnats de jeunes, malgré un nombre impressionnant de centres de formation.
Quant aux autres divisions (Ligue 1, Ligue 2, D3), les programmations sont faites à un rythme improvisé. Le calendrier n’est jamais connu d’avance. On bricole à souhait alors que l’on parle, de plus en plus, de professionnalisation.
Le paradoxe, toutes les énergies sont concentrées sur l’équipe nationale A, la belle. Que n’a-t-on pas vu en 2015 avec le trophée de la Can, à travers les coins et recoins d’Abidjan et de certaines villes du pays ? Une parade inédite au monde, parce que propre aux Africains en général et aux Ivoiriens en particulier.
A-t-on vraiment rentabilisé le sacre, hormis cette parade qui a tout de même coûté chère ? Non. On s’est pavané avec le trophée au lieu de préparer d’autres succès, en élaborant des projets sur le long terme. L’Egypte a conservé le sacre trois fois de suite de 2006 à 2010. On pouvait songer à rééditer cet exploit et devenir une référence en Afrique. Que nenni, on a fait la fête.
Là où le bât blesse, c’est l’arrivée de Michel Dussuyer sur le banc des Eléphants, après le départ d’Hervé Renard, vainqueur de Dame coupe avec les Ivoiriens. Dussuyer, un véritable choix par défaut. A première vue, j’ai confié à des amis qu’il n’avait pas le coffre pour, ne serait-ce que, qualifier les Eléphants pour le Mondial 2018. Avant le début de la Can 2017, c’est-à-dire, le 4 janvier, j’ai même écrit qu’il sera viré. Michel Dussuyer me faisait penser au stagiaire Sabri Lamouchi, même si je reconnais que ce dernier avait le verbe et savait manier la langue de Molière.
Lamouchi a su cacher ses carences grâce à la parole et aux prises de becs avec les journalistes ivoiriens. Ce qui n’était pas le cas de Dussuyer. La suite, c’est l’élimination dès la phase de poule de la Can 2017. A lire la sortie de Dussuyer, je ne cesse de rire. Il n’a jamais maîtrisé son vestiaire et n’a pas appris à connaître les Eléphants. Il n’a pas misé sur des éléments-clefs comme l’a su faire Hervé Renard. Il n’avait pas cette carrure. Il était limité. Et la faute incombe au comité qui l’a coopté et bien à vous, président.
Pour le prochain sélectionneur, vous choisirez mieux, même si ma préférence, c’est déjà de songer à mettre en place un trio de techniciens locaux pour préparer la Can 2021 qu’organisera la Côte d’Ivoire. Aliou Cissé (Sénégal), Florent Ibenge (RD Congo) nous ont montré la voie.
En outre, il faut songer aux états généraux du football ivoirien, avec la participation des vrais acteurs et non des gens qui vous tirent vers le bas. Vous savez m’écouter, par moment. J’en ai pour preuve, votre éloignement de l’équipe nationale après le Mondial 2014. « On dirait que le président Sidy Diallo a compris qu’il ne doit pas nous stresser en jouant le surveillant général », n’a pas manqué de me dire un joueur de la Team orange, blanc, vert. Merci pour cet effort. Quand c’est bon, il faut le reconnaître.
Je tiens à vous dire que le staff médical piloté par le Pr Dah Cyrille m’inquiète. Car cela fait plus de deux décennies que ce staff est en place. Je ne doute pas de ses qualités mais il y a des faits qui interpellent et que vos collaborateurs vous cachent.
Je suis bien à l’aise en vous parlant. Savez-vous qu’avec la complicité de ce staff médical des joueurs sont sélectionnés alors qu’ils sont blessés? Le cas le plus éloquent: Koné Lamine pour la Can 2017. Pis, certains joueurs sont écartés pour des bobos inventés: Doumbia Seydou pour le Mondial 2014. Le cas le plus marrant, c’est celui de Zogbo Aristide, sélectionné pour le Mondial 2010 bien qu’étant blessé au genou.
Dah et ses amis se croient des supers décideurs. Chez les sélections nationales de jeunes, c’est lamentable. D’ailleurs, personne n’ose dénoncer cela, tout simplement parce que vous êtes des amis de longues dates, avance-t-on. Triste. C’est pourquoi des joueurs ne respectent pas le sélectionneur. Leur "dieu", c’est le staff médical et, par moment, vous-même. C’est pourquoi des gens racontent que c’est vous qui faites le classement (rires). Je ne le crois pas, parce que vos détracteurs n’ont aucune preuve. Par contre, il faudrait que la fédé fasse sa mue.
Il y a trop de divisions au sein de la famille du foot ivoirien. Des dirigeants de clubs sont suspendus pour avoir osé réclamer une élection à la Fif. Il faut une réconciliation et être soudés pour aller au développement du cuir en Côte d’Ivoire. Me Roger Ouégnin, Jacques Anouma, Eugène Diomandé et autres jeunes présidents de clubs dont Dao Mamadou, Koné Abackar... devraient être concernés par la cause commune. C’est ensemble que l’on devient fort.
Dans moins de quatre ans, la Côte d’Ivoire sera l’hôte de la Can après 1984. Quels seront nos objectifs? Comment prépare-t-on ce rendez-vous? A mon sens, c’est maintenant qu’il faudra définir les priorités, de concert avec le ministère en charge du Sport. N’attendez pas la veille du tournoi pour aller enrôler des joueurs en Europe pour remplacer des blessés à la dernière minute.
Vous savez, cher président, vous avez déjà fait beaucoup pour le football ivoirien. Point besoin de parler de vos lauriers et de votre parcours footballistique. Ce que nous autres observateurs souhaitons, c’est une vraie politique sportive pour que le football qui est le sport roi puisse sortir de l’amateurisme en Eburnie. Vous me direz que seul, vous n’y arriverez pas- je suis d’accord avec vous-cependant faites votre part. En écrivant votre histoire. Vous n’avez pas de revanche à prendre sur qui que ce soit.
Je ne pourrai terminer cette lettre sans évoquer vos relations avec certains hommes de média. Votre échec à la Can 2017 est aussi le nôtre. Dans la mesure où certains confrères ont refusé de tirer sur la sonnette d’alarme. Ils savaient des choses mais ils n’ont pas osé le faire savoir, au risque de rater un voyage au Gabon promis par la tutelle et la Fif. C’est ça la vérité. C’est cela quand tous les sujets sont soumis et ont peur de parler au prince. Avant le début, nous autres qui avions dit que les Eléphants n’étaient pas prêts pour le combat, avons été brocardés, parfois traités de jaloux. Bizarrerie des bizarreries. Jaloux de quoi? Des critiques objectives pourraient aider la Fif à se perfectionner et non des règlements de comptes et autres dénigrements.
Tout en vous souhaitant mes vœux de santé et d’innovation à la tête de la fédé, je vous invite à créer un climat de paix autour de vous. Détail important, la somme des erreurs corrigées, c’est l’expérience. Mieux, il y a trois résultats au football: victoire, nul, défaite. Autant on peut rire de joie pour un titre continental, autant on peut pleurer pour un échec. C’est le charme du ballon rond. Et puis, dites au ministre des Sports, François Amichia, de faire le point financier de la Can 2017. Et dire combien a été dépensé des 3,9 milliards de FCFA. Au fait, des supporters et vos détracteurs pensent que c’est vous qui devrez rendre la monnaie. Ce qui est archi-faux. Pour ce que nous avons vécu en 2015 avec cette affaire d’impayés de primes, mieux vaut anticiper. Dans la prochaine lettre, je vous ferai des propositions.
Sincères salutations président. Sportivement.
Annoncia SEHOUE
J’aurais pu vous écrire à travers ma rubrique que vous connaissez : « Ma lettre de Malabo», une lucarne pour dépeindre certaines situations, une fois, hors du pays. Mais j’ai décidé, pour la première fois, de m’adresser à vous dans une lettre ouverte. Tout simplement parce que c’est le moment idéal pour se parler franchement.
Oui, le football ivoirien est en train de sombrer. Les deux trophées (Can des cadets en 2013 et celle des séniors en 2015) remportés sous votre règne ne sauraient constituer l’arbre qui cache la forêt. A qui la faute ? Les responsabilités sont partagées. C’est tout le monde, pour être plus clair. Toutefois, la responsabilité des dirigeants fédéraux est considérable. La fédé n’a pas de projet sur le long terme. C’est la course aux trophées sans aucune planification au niveau de la direction technique nationale (sic) qui, je l’avoue, n’excelle que dans la délivrance de licences aux entraîneurs locaux. Ce bricolage fait que depuis 2013, année du sacre des cadets à la Can, les échecs se suivent au niveau des éliminatoires des compétitions internationales de jeunes. Parce qu’il n’y a, malheureusement, pas de championnats de jeunes, malgré un nombre impressionnant de centres de formation.
Quant aux autres divisions (Ligue 1, Ligue 2, D3), les programmations sont faites à un rythme improvisé. Le calendrier n’est jamais connu d’avance. On bricole à souhait alors que l’on parle, de plus en plus, de professionnalisation.
Le paradoxe, toutes les énergies sont concentrées sur l’équipe nationale A, la belle. Que n’a-t-on pas vu en 2015 avec le trophée de la Can, à travers les coins et recoins d’Abidjan et de certaines villes du pays ? Une parade inédite au monde, parce que propre aux Africains en général et aux Ivoiriens en particulier.
A-t-on vraiment rentabilisé le sacre, hormis cette parade qui a tout de même coûté chère ? Non. On s’est pavané avec le trophée au lieu de préparer d’autres succès, en élaborant des projets sur le long terme. L’Egypte a conservé le sacre trois fois de suite de 2006 à 2010. On pouvait songer à rééditer cet exploit et devenir une référence en Afrique. Que nenni, on a fait la fête.
Là où le bât blesse, c’est l’arrivée de Michel Dussuyer sur le banc des Eléphants, après le départ d’Hervé Renard, vainqueur de Dame coupe avec les Ivoiriens. Dussuyer, un véritable choix par défaut. A première vue, j’ai confié à des amis qu’il n’avait pas le coffre pour, ne serait-ce que, qualifier les Eléphants pour le Mondial 2018. Avant le début de la Can 2017, c’est-à-dire, le 4 janvier, j’ai même écrit qu’il sera viré. Michel Dussuyer me faisait penser au stagiaire Sabri Lamouchi, même si je reconnais que ce dernier avait le verbe et savait manier la langue de Molière.
Lamouchi a su cacher ses carences grâce à la parole et aux prises de becs avec les journalistes ivoiriens. Ce qui n’était pas le cas de Dussuyer. La suite, c’est l’élimination dès la phase de poule de la Can 2017. A lire la sortie de Dussuyer, je ne cesse de rire. Il n’a jamais maîtrisé son vestiaire et n’a pas appris à connaître les Eléphants. Il n’a pas misé sur des éléments-clefs comme l’a su faire Hervé Renard. Il n’avait pas cette carrure. Il était limité. Et la faute incombe au comité qui l’a coopté et bien à vous, président.
Pour le prochain sélectionneur, vous choisirez mieux, même si ma préférence, c’est déjà de songer à mettre en place un trio de techniciens locaux pour préparer la Can 2021 qu’organisera la Côte d’Ivoire. Aliou Cissé (Sénégal), Florent Ibenge (RD Congo) nous ont montré la voie.
En outre, il faut songer aux états généraux du football ivoirien, avec la participation des vrais acteurs et non des gens qui vous tirent vers le bas. Vous savez m’écouter, par moment. J’en ai pour preuve, votre éloignement de l’équipe nationale après le Mondial 2014. « On dirait que le président Sidy Diallo a compris qu’il ne doit pas nous stresser en jouant le surveillant général », n’a pas manqué de me dire un joueur de la Team orange, blanc, vert. Merci pour cet effort. Quand c’est bon, il faut le reconnaître.
Je tiens à vous dire que le staff médical piloté par le Pr Dah Cyrille m’inquiète. Car cela fait plus de deux décennies que ce staff est en place. Je ne doute pas de ses qualités mais il y a des faits qui interpellent et que vos collaborateurs vous cachent.
Je suis bien à l’aise en vous parlant. Savez-vous qu’avec la complicité de ce staff médical des joueurs sont sélectionnés alors qu’ils sont blessés? Le cas le plus éloquent: Koné Lamine pour la Can 2017. Pis, certains joueurs sont écartés pour des bobos inventés: Doumbia Seydou pour le Mondial 2014. Le cas le plus marrant, c’est celui de Zogbo Aristide, sélectionné pour le Mondial 2010 bien qu’étant blessé au genou.
Dah et ses amis se croient des supers décideurs. Chez les sélections nationales de jeunes, c’est lamentable. D’ailleurs, personne n’ose dénoncer cela, tout simplement parce que vous êtes des amis de longues dates, avance-t-on. Triste. C’est pourquoi des joueurs ne respectent pas le sélectionneur. Leur "dieu", c’est le staff médical et, par moment, vous-même. C’est pourquoi des gens racontent que c’est vous qui faites le classement (rires). Je ne le crois pas, parce que vos détracteurs n’ont aucune preuve. Par contre, il faudrait que la fédé fasse sa mue.
Il y a trop de divisions au sein de la famille du foot ivoirien. Des dirigeants de clubs sont suspendus pour avoir osé réclamer une élection à la Fif. Il faut une réconciliation et être soudés pour aller au développement du cuir en Côte d’Ivoire. Me Roger Ouégnin, Jacques Anouma, Eugène Diomandé et autres jeunes présidents de clubs dont Dao Mamadou, Koné Abackar... devraient être concernés par la cause commune. C’est ensemble que l’on devient fort.
Dans moins de quatre ans, la Côte d’Ivoire sera l’hôte de la Can après 1984. Quels seront nos objectifs? Comment prépare-t-on ce rendez-vous? A mon sens, c’est maintenant qu’il faudra définir les priorités, de concert avec le ministère en charge du Sport. N’attendez pas la veille du tournoi pour aller enrôler des joueurs en Europe pour remplacer des blessés à la dernière minute.
Vous savez, cher président, vous avez déjà fait beaucoup pour le football ivoirien. Point besoin de parler de vos lauriers et de votre parcours footballistique. Ce que nous autres observateurs souhaitons, c’est une vraie politique sportive pour que le football qui est le sport roi puisse sortir de l’amateurisme en Eburnie. Vous me direz que seul, vous n’y arriverez pas- je suis d’accord avec vous-cependant faites votre part. En écrivant votre histoire. Vous n’avez pas de revanche à prendre sur qui que ce soit.
Je ne pourrai terminer cette lettre sans évoquer vos relations avec certains hommes de média. Votre échec à la Can 2017 est aussi le nôtre. Dans la mesure où certains confrères ont refusé de tirer sur la sonnette d’alarme. Ils savaient des choses mais ils n’ont pas osé le faire savoir, au risque de rater un voyage au Gabon promis par la tutelle et la Fif. C’est ça la vérité. C’est cela quand tous les sujets sont soumis et ont peur de parler au prince. Avant le début, nous autres qui avions dit que les Eléphants n’étaient pas prêts pour le combat, avons été brocardés, parfois traités de jaloux. Bizarrerie des bizarreries. Jaloux de quoi? Des critiques objectives pourraient aider la Fif à se perfectionner et non des règlements de comptes et autres dénigrements.
Tout en vous souhaitant mes vœux de santé et d’innovation à la tête de la fédé, je vous invite à créer un climat de paix autour de vous. Détail important, la somme des erreurs corrigées, c’est l’expérience. Mieux, il y a trois résultats au football: victoire, nul, défaite. Autant on peut rire de joie pour un titre continental, autant on peut pleurer pour un échec. C’est le charme du ballon rond. Et puis, dites au ministre des Sports, François Amichia, de faire le point financier de la Can 2017. Et dire combien a été dépensé des 3,9 milliards de FCFA. Au fait, des supporters et vos détracteurs pensent que c’est vous qui devrez rendre la monnaie. Ce qui est archi-faux. Pour ce que nous avons vécu en 2015 avec cette affaire d’impayés de primes, mieux vaut anticiper. Dans la prochaine lettre, je vous ferai des propositions.
Sincères salutations président. Sportivement.
Annoncia SEHOUE