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Société Publié le lundi 20 février 2017 | Alerte Info

A Yamoussoukro, des habitants rêvent d’une armée ivoirienne "discrète et serviable", à l’image des Casques bleus

La mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Onuci) "aura définitivement fermé ses portes d'ici le 30 juin 2017", avait déclaré le 08 février la représentante de cette force, Aïchatou Mindaoudou, au siège de l’Organisation à New-York.

Dans la ville de Yamoussoukro (Centre), les populations sont déjà nostalgiques de la présence "discrète et serviable", selon eux, de ces Casques bleus.


"Ils nous ont beaucoup aidé quand ils étaient là", reconnaît Cyrille Koffi, un sexagénaire à la retraite au quartier Dioulaboubou qui dit se souvenir des soldats de l’Onuci comme "les pompiers de Yamoussoukro".


"Je me souviens que pendant plusieurs années, les contingents sénégalais et bangladais, avec leurs camions-citernes étaient toujours présents pour éteindre les feux qui se déclenchaient dans des domiciles et magasins" (commerces).


"C’était une armée au service de la population", affirme un notable de la chefferie de Lobakro, un village situé à environ 10 Km sur l’axe Yamoussoukro-Abidjan, expliquant que "des pompes villageoises, des pistes dégradées, des toilettes d’écoles primaires de la région…, ont été réhabilitées gracieusement" par cette force.


Mme Hortense N’Guessan, la quarantaine, commerçante, raconte que "sur un espace en plein air à un carrefour de Mofêtai (un quartier en plein centre-ville), un marché d’artisans s’était créé à cause de ces soldats".


"Très souvent, en fin de soirée, les Casques bleus, en civil ou en treillis venaient sur cette place pour acheter des sculptures, des pagnes tissés à la main (spécialité locale), des chaussures de fabrication,…", décrit Hortense.


"C’était vraiment une belle époque", dit-elle, pensive, avant de revenir à elle et s’exclamer "avec ce qui s’est passé ces derniers temps en Côte d’Ivoire (mutineries de soldats ivoiriens dans plusieurs villes pour réclamer des primes), on aimerait vraiment que notre armée arrête de nous terroriser pour être disciplinée et responsable comme celle des Nations Unies".


L’Onuci efface ses dernières traces dans la discrétion

Loin des regards, à près de cinq kilomètres du centre-ville, sur l’axe Yamoussoukro-Sinfra, le camp de Onuci, dans la capitale politique, réduit depuis quelques mois à un personnel civil, a débuté son démantèlement samedi.


Cinq camions-remorques dont un chargé d’un conteneur banc sont stationnés en face de cette base clôturée de fils de fer barbelés, située en bordure de route.


"Nos patrons nous ont demandé de transporter le matériel d’ici (Yamoussoukro), pour les envoyer à Abobo N’Dotré" (une banlieue au Nord d’Abidjan), confie tout en sueur, affairé sur un camion, l’un des chargeurs vêtu d’un sous-corps vert tacheté et d’un Jean bleu délavé.


"Nous venons de finir (le démantèlement de la base Onuci) de Bouaké (Centre) et nos patrons nous ont envoyé ici pour continuer le travail", poursuit le trentenaire, visiblement épuisé.


"A la fin du mois d’avril 2017, il ne restera plus que 159 civils dont 148 seront exclusivement chargés de la clôture physique de la mission", selon Aïchatou Mindaoudou.


La Mission de maintien de la paix de l’ONU s’est installée en Côte d’Ivoire depuis 2004 à la faveur de crise de 2002 qui a vu la partition du pays en deux, par une rébellion armée.


Forte de 7.000 agents de plusieurs nationalités du monde répartis dans 61 bureaux de terrain, l’Onuci se retire définitivement après 14 ans de présence sur le sol ivoirien, même si ses responsables reconnaissent qu’avec "les récentes mutineries, les défis sécuritaires restent importants".

ATI
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