Boubacar Ben Salah est le président du syndicat des producteurs industriels du bois (SPIB). Dans cet entretien, il dénonce des insuffisances contenues dans le nouveau code forestier et exprime ses inquiétudes sur la famine qui guette la Côte d’Ivoire si rien n’est fait pour sauvegarder le couvert forestier ivoirien, victime d’une déforestation à grande vitesse.
Vous aviez organisé un atelier pour analyser le nouveau code forestier. A quoi répond cette initiative ?
C’est pour parler du décret d’application de certaines dispositions du code forestier, parce que certains articles du code forestier appellent à la prise du décret d’application pour leur mise en œuvre. Dans le cadre de ce processus des préparations des projets de textes du décret d’application, il y a eu un atelier de validation. A l’issue de cet atelier de validation, il y a 17 projets de textes de décret d’application qui ont été mis en forme par un cabinet privé.
Le mode opératoire, c’est que ces projets reviennent aux parties prenantes (secteur privé, administration, chefferie traditionnelle et d’autres personnes ressources telles que le personnel de l’administration forestière), pour refaire une lecture de ce projet afin de faire quelques propositions d’amélioration. Cette démarche donne la possibilité aux différentes parties prenantes de faire une nouvelle lecture, de revenir sur certains décrets pour faire des propositions d’amélioration. L’objet de cet atelier, c’est essentiellement l’appropriation de ces projets, leur maitrise et les propositions éventuelles que nous pourrons faire, parce que au-delà de tout, c’est le secteur privé qui est le moteur et qui est le plus concerné par l’applicabilité de ces projets.
Il ressort de cet atelier que vous aviez exprimé des craintes relatives à la famine qui menacerait la Côte d’Ivoire.
C’est une alerte extrêmement importante. J’ai coutume de dire que sans la forêt qui est la mamelle de l’agriculture, il n’y a pas d’agriculture. Sans la forêt, vous vous trouvez dans une situation de sécheresse avec une baisse très forte de la pluviométrie. Ce qui agit sur la productivité et la qualité de nos produits agricoles. Donc je pense que notre cacao et notre café qui sont nos produits phares en termes de production agricole sont menacés si la forêt venait à disparaitre ou à être réduite d’une façon drastique, si la forêt n’arrive plus à jouer sa fonction écologique. C’est pour cela que j’ai parlé de famine, parce que si nous n’avons pas d’agriculture, nous serons soumis à la pression extérieure et nous serons obligés d’importer. Qui parle de disparition de forêt parle de sécheresse, donc parle naturellement d’une agriculture pauvre. Qui parle d’agriculture pauvre parle de famine. Je donne cette image pour attirer l’attention des autorités, des acteurs de la filière sur l’importance de la bonne gestion de la forêt. C’est le cri de cœur que je lance toujours à chaque fois que j’en ai eu l’occasion.
Vous voulez dire que la situation est grave ?
Ce qui me rassure, c’est que cette tendance baissière de la déforestation n’est pas irréversible. Les solutions existent. Elles ne sont pas difficiles à mettre œuvre. Il suffit d’être assez innovant. Il faut un engagement. Si l’Etat s’engage, les opérateurs privés sont prêts à l’appuyer parce qu’il y va d’abord de notre couvert forestier, de notre environnement, de la qualité de notre vie, et de nos activités. Nous avons des solutions, pourvu qu’il y ait une main tendue de la part de l’Etat pour mener ensemble ce combat.
Une hausse de l’électricité est envisagée par l’Etat. Comment analysez-vous cette augmentation ?
C’est ce qu’on appelle les coûts de facteurs. Lorsque vous touchez au coût de facteur, vous impactez toute la chaine. Aujourd’hui, il y a en vue une augmentation de 3% sur l’électricité. Quel que soit le secteur d’activité qui produit en utilisant cette énergie, le coût de revient de leur produit sera très élevé. On ne fait pas du business pour perdre. Il est clair que les prix du bois vont augmenter. Et cela représente un gros risque de l’exploitation illégale du bois, dans la mesure où les clients ne pouvant pas acheter, iront le chercher où ils peuvent l’avoir moins chère. Cela va intensifier par conséquent l’exploitation illégale.
Il y a un constat qui se dégage, c’est que le marché du bois est de plus en plus difficilement approvisionné. Les raisons ?
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous lorsque vous dites cela. Ce n’est pas le fait des opérateurs ou des industriels. C’est vrai qu’il y a des dispositions qui devraient réglementer le secteur en faisant obligation aux industriels d’approvisionner le marché local. Et pour les industriels, c’est une aubaine parce que lorsque vous avez la possibilité de vendre à des prix intéressants sur le marché local, vous n’avez aucun intérêt à vous fatiguer pour le vendre à l’extérieur avec toutes les contraintes liées à la programmation des bateaux. Je dis que les industriels ne refusent pas d’alimenter le marché local. Seulement que les coûts de revient du bois font qu’au niveau du marché local, les gens trouvent les prix trop chers. C’est pour cela qu’il faut un accompagnement de la part de l’Etat en termes de fiscalité, pour qu’effectivement, les conditions soient favorables pour alimenter le marché local. Même si les industriels ne veulent pas faire de marge bénéficiaire sur les ventes de bois au marché local, mais au moins, il faut qu’ils entrent dans leur fonds.
Sinon si on ne met pas en place une fiscalité attractive pour le marché local, la lutte contre l’exploitation illégale va toujours exister.
Ernest F
Vous aviez organisé un atelier pour analyser le nouveau code forestier. A quoi répond cette initiative ?
C’est pour parler du décret d’application de certaines dispositions du code forestier, parce que certains articles du code forestier appellent à la prise du décret d’application pour leur mise en œuvre. Dans le cadre de ce processus des préparations des projets de textes du décret d’application, il y a eu un atelier de validation. A l’issue de cet atelier de validation, il y a 17 projets de textes de décret d’application qui ont été mis en forme par un cabinet privé.
Le mode opératoire, c’est que ces projets reviennent aux parties prenantes (secteur privé, administration, chefferie traditionnelle et d’autres personnes ressources telles que le personnel de l’administration forestière), pour refaire une lecture de ce projet afin de faire quelques propositions d’amélioration. Cette démarche donne la possibilité aux différentes parties prenantes de faire une nouvelle lecture, de revenir sur certains décrets pour faire des propositions d’amélioration. L’objet de cet atelier, c’est essentiellement l’appropriation de ces projets, leur maitrise et les propositions éventuelles que nous pourrons faire, parce que au-delà de tout, c’est le secteur privé qui est le moteur et qui est le plus concerné par l’applicabilité de ces projets.
Il ressort de cet atelier que vous aviez exprimé des craintes relatives à la famine qui menacerait la Côte d’Ivoire.
C’est une alerte extrêmement importante. J’ai coutume de dire que sans la forêt qui est la mamelle de l’agriculture, il n’y a pas d’agriculture. Sans la forêt, vous vous trouvez dans une situation de sécheresse avec une baisse très forte de la pluviométrie. Ce qui agit sur la productivité et la qualité de nos produits agricoles. Donc je pense que notre cacao et notre café qui sont nos produits phares en termes de production agricole sont menacés si la forêt venait à disparaitre ou à être réduite d’une façon drastique, si la forêt n’arrive plus à jouer sa fonction écologique. C’est pour cela que j’ai parlé de famine, parce que si nous n’avons pas d’agriculture, nous serons soumis à la pression extérieure et nous serons obligés d’importer. Qui parle de disparition de forêt parle de sécheresse, donc parle naturellement d’une agriculture pauvre. Qui parle d’agriculture pauvre parle de famine. Je donne cette image pour attirer l’attention des autorités, des acteurs de la filière sur l’importance de la bonne gestion de la forêt. C’est le cri de cœur que je lance toujours à chaque fois que j’en ai eu l’occasion.
Vous voulez dire que la situation est grave ?
Ce qui me rassure, c’est que cette tendance baissière de la déforestation n’est pas irréversible. Les solutions existent. Elles ne sont pas difficiles à mettre œuvre. Il suffit d’être assez innovant. Il faut un engagement. Si l’Etat s’engage, les opérateurs privés sont prêts à l’appuyer parce qu’il y va d’abord de notre couvert forestier, de notre environnement, de la qualité de notre vie, et de nos activités. Nous avons des solutions, pourvu qu’il y ait une main tendue de la part de l’Etat pour mener ensemble ce combat.
Une hausse de l’électricité est envisagée par l’Etat. Comment analysez-vous cette augmentation ?
C’est ce qu’on appelle les coûts de facteurs. Lorsque vous touchez au coût de facteur, vous impactez toute la chaine. Aujourd’hui, il y a en vue une augmentation de 3% sur l’électricité. Quel que soit le secteur d’activité qui produit en utilisant cette énergie, le coût de revient de leur produit sera très élevé. On ne fait pas du business pour perdre. Il est clair que les prix du bois vont augmenter. Et cela représente un gros risque de l’exploitation illégale du bois, dans la mesure où les clients ne pouvant pas acheter, iront le chercher où ils peuvent l’avoir moins chère. Cela va intensifier par conséquent l’exploitation illégale.
Il y a un constat qui se dégage, c’est que le marché du bois est de plus en plus difficilement approvisionné. Les raisons ?
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous lorsque vous dites cela. Ce n’est pas le fait des opérateurs ou des industriels. C’est vrai qu’il y a des dispositions qui devraient réglementer le secteur en faisant obligation aux industriels d’approvisionner le marché local. Et pour les industriels, c’est une aubaine parce que lorsque vous avez la possibilité de vendre à des prix intéressants sur le marché local, vous n’avez aucun intérêt à vous fatiguer pour le vendre à l’extérieur avec toutes les contraintes liées à la programmation des bateaux. Je dis que les industriels ne refusent pas d’alimenter le marché local. Seulement que les coûts de revient du bois font qu’au niveau du marché local, les gens trouvent les prix trop chers. C’est pour cela qu’il faut un accompagnement de la part de l’Etat en termes de fiscalité, pour qu’effectivement, les conditions soient favorables pour alimenter le marché local. Même si les industriels ne veulent pas faire de marge bénéficiaire sur les ventes de bois au marché local, mais au moins, il faut qu’ils entrent dans leur fonds.
Sinon si on ne met pas en place une fiscalité attractive pour le marché local, la lutte contre l’exploitation illégale va toujours exister.
Ernest F