Dans le procès couplé à la Cour pénale internationale de l’ex-président Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, présumé leader de l’ex-galaxie patriotique, le juge-président Cuno Tarfusser a tranché mercredi 13 septembre 2017 en faveur de l’accusation une objection de la défense du second prévenu ivoirien relative à la procédure d’audition de Adama Doumbia, le témoin du jour.
Au terme de son interrogatoire, Me Berdnikova qui menait l’interrogatoire pour le compte du bureau du procureur, a souhaité montrer deux images à Adama Doumbia. C’est à ce moment que Me Alexander Knoops, l’avocat principal de Blé Goudé, a objecté : « M. le président, le témoin n’est pas l’auteur de ces photos. Et deuxièmement, les photos ne font pas référence à un lieu géographique donné. Et les photos n’ont pas été montrées au témoin pendant son interrogatoire par les enquêteurs. De ce fait, nous pensons qu’il n’y pas de raison de montrer cette photo au témoin sans avoir aucune référence du lieu. La pertinence n’est pas non plus établie par le bureau du procureur, en n’oubliant pas tout d’abord que le témoin n’en est pas l’auteur. Et que deuxièmement, il n’est pas fait référence à ces photos dans ses déclarations et que ces photos ne sont pas non plus annexées à ses déclarations. ». Mais, a estimé le juge-président, la thèse développée par Me Knoops « n’empêche pas » l’accusation de montrer la photo au témoin. « Quant au lieu, nous verrons ce que le témoin nous dira sur cette photo », a ensuite indiqué Cuno Tarfusser, tout en demandant à Me Berdnikova de poursuive son interrogatoire. Moins de cinq minutes après la reprise de son interrogatoire, la représentante du bureau du procureur annonce la présentation d’une autre photo à Adama Doumbia. Mais Me Knoops revient à la charge : « M. le président, désolé, mais c’est la même procédure. Je pense que ce n’est pas équitable. Je pense que l’accusation devrait demander d’abord au témoin de décrire la personne qu’il a vue avant de lui montrer une photo qu’il n’a pas prise. Cela l’amène à aller dans une certaine direction. Bien entendu que le témoin va dire oui et que c’est bien la personne. Il n’a pas donné de description. Donc, ce n’est pas une méthodologie équitable de confronter le témoin à une victime alléguée. L’accusation devrait d’abord établir que le témoin se rappelle de cette personne avant de lui montrer la photo. (…) Le témoin a dit qu’il a vu un homme qui était blessé. L’accusation devrait d’abord lui demander s’il peut donner la description de la personne avant de montrer une photo. C’est là le problème. Ce n’est pas dans l’autre sens. Idem pour la photo. Si l’accusation veut montrer une photo de la personne mentionnée dans sa déclaration, qui aurait été blessée, le témoin devrait d’abord donner une description avant qu’on lui montre une photo, sinon ce n’est pas une confrontation équitable. Je pense que cela va à l’encontre de ce que nous attendons. » Le juge-président reprend à nouveau la parole et souligne que Me Berdnikova veut montrer la photo au témoin et lui demander s’il a déjà vu la scène en question. Le témoin, a-t-il poursuivi, a lui-même dit qu’il ne savait pas s’il s’agissait du même endroit et que la photo devrait être agrandie. « Je ne pense pas que là, il y ait de problème à montrer une photo et à demander au témoin s’il a déjà vu cette scène. (…) Rien n’est inéquitable », a-t-il tranché.
Auparavant, Me Berdnikova a rappelé au témoin ce paragraphe de sa déclaration pendant l’enquête préliminaire et lui a demandé : « Vous parlez d’un homme qui s’appelle Koné Moussa et qui a été blessé au pied le jour où les obus sont tombés. Pourriez-vous nous indiquer sur ce panorama à 360° que nous allons afficher maintenant l’endroit où vous avez vu cet homme qui était blessé ? (…) Vous pourrez nous dire là où il faut s’arrêter pour identifier le lieu précis où vous avez vu cet homme blessé ? » Le témoin a répondu en indiquant un lieu situé « où il y a (une) clôture » marquée en « bleu » sur son écran. Berdnikova lui a par la suite posé la même question à propos de deux autres personnes qu’il a mentionnées dans sa déclaration. Il s’agit, a-t-elle précisé, des dénommés Sékou Cissé et Koné à propos desquels Adama Doumbia a dit qu’ils avaient été blessés au cou, suite à un obus lancé. Pour situer le lieu de la scène, il a encore indiqué une « clôture, dans la photographie ». La représentante du bureau du procureur a, de nouveau, attiré l’attention du témoin sur un autre paragraphe de sa déclaration dans laquelle il parle de deux petits garçons et d’une vieille dame qui ont, également, été blessés le jour où les obus sont tombés. Elle lui a demandé de décrire l’endroit où ces trois personnes ont été blessées. Selon Adama Doumbia, la vielle dame a été blessée dans une autre cour où un autre obus est tombé. « Maintenant, là (il indique un lieu sur l’écran où est projeté le panorama, Ndlr) il y a une dame qui passait avec son enfant qui a été touchée, avec un jeune de 12 ans. (…) Où la vieille dame a été touchée, c’est là qu’un monsieur est décédé. Maintenant, ce qui est tombé devant l’atelier, c’est là où l’enfant de 12 ans est décédé et l’autre a été touché grièvement au dos de sa mère », a relaté Adama Doumbia, couturier de profession pendant la crise postélectorale de 2010-2011. Une crise dont le bilan fait état de 3000 morts et pour laquelle Gbagbo et Blé Goudé sont poursuivis par la Cpi.
Alex A
Au terme de son interrogatoire, Me Berdnikova qui menait l’interrogatoire pour le compte du bureau du procureur, a souhaité montrer deux images à Adama Doumbia. C’est à ce moment que Me Alexander Knoops, l’avocat principal de Blé Goudé, a objecté : « M. le président, le témoin n’est pas l’auteur de ces photos. Et deuxièmement, les photos ne font pas référence à un lieu géographique donné. Et les photos n’ont pas été montrées au témoin pendant son interrogatoire par les enquêteurs. De ce fait, nous pensons qu’il n’y pas de raison de montrer cette photo au témoin sans avoir aucune référence du lieu. La pertinence n’est pas non plus établie par le bureau du procureur, en n’oubliant pas tout d’abord que le témoin n’en est pas l’auteur. Et que deuxièmement, il n’est pas fait référence à ces photos dans ses déclarations et que ces photos ne sont pas non plus annexées à ses déclarations. ». Mais, a estimé le juge-président, la thèse développée par Me Knoops « n’empêche pas » l’accusation de montrer la photo au témoin. « Quant au lieu, nous verrons ce que le témoin nous dira sur cette photo », a ensuite indiqué Cuno Tarfusser, tout en demandant à Me Berdnikova de poursuive son interrogatoire. Moins de cinq minutes après la reprise de son interrogatoire, la représentante du bureau du procureur annonce la présentation d’une autre photo à Adama Doumbia. Mais Me Knoops revient à la charge : « M. le président, désolé, mais c’est la même procédure. Je pense que ce n’est pas équitable. Je pense que l’accusation devrait demander d’abord au témoin de décrire la personne qu’il a vue avant de lui montrer une photo qu’il n’a pas prise. Cela l’amène à aller dans une certaine direction. Bien entendu que le témoin va dire oui et que c’est bien la personne. Il n’a pas donné de description. Donc, ce n’est pas une méthodologie équitable de confronter le témoin à une victime alléguée. L’accusation devrait d’abord établir que le témoin se rappelle de cette personne avant de lui montrer la photo. (…) Le témoin a dit qu’il a vu un homme qui était blessé. L’accusation devrait d’abord lui demander s’il peut donner la description de la personne avant de montrer une photo. C’est là le problème. Ce n’est pas dans l’autre sens. Idem pour la photo. Si l’accusation veut montrer une photo de la personne mentionnée dans sa déclaration, qui aurait été blessée, le témoin devrait d’abord donner une description avant qu’on lui montre une photo, sinon ce n’est pas une confrontation équitable. Je pense que cela va à l’encontre de ce que nous attendons. » Le juge-président reprend à nouveau la parole et souligne que Me Berdnikova veut montrer la photo au témoin et lui demander s’il a déjà vu la scène en question. Le témoin, a-t-il poursuivi, a lui-même dit qu’il ne savait pas s’il s’agissait du même endroit et que la photo devrait être agrandie. « Je ne pense pas que là, il y ait de problème à montrer une photo et à demander au témoin s’il a déjà vu cette scène. (…) Rien n’est inéquitable », a-t-il tranché.
Auparavant, Me Berdnikova a rappelé au témoin ce paragraphe de sa déclaration pendant l’enquête préliminaire et lui a demandé : « Vous parlez d’un homme qui s’appelle Koné Moussa et qui a été blessé au pied le jour où les obus sont tombés. Pourriez-vous nous indiquer sur ce panorama à 360° que nous allons afficher maintenant l’endroit où vous avez vu cet homme qui était blessé ? (…) Vous pourrez nous dire là où il faut s’arrêter pour identifier le lieu précis où vous avez vu cet homme blessé ? » Le témoin a répondu en indiquant un lieu situé « où il y a (une) clôture » marquée en « bleu » sur son écran. Berdnikova lui a par la suite posé la même question à propos de deux autres personnes qu’il a mentionnées dans sa déclaration. Il s’agit, a-t-elle précisé, des dénommés Sékou Cissé et Koné à propos desquels Adama Doumbia a dit qu’ils avaient été blessés au cou, suite à un obus lancé. Pour situer le lieu de la scène, il a encore indiqué une « clôture, dans la photographie ». La représentante du bureau du procureur a, de nouveau, attiré l’attention du témoin sur un autre paragraphe de sa déclaration dans laquelle il parle de deux petits garçons et d’une vieille dame qui ont, également, été blessés le jour où les obus sont tombés. Elle lui a demandé de décrire l’endroit où ces trois personnes ont été blessées. Selon Adama Doumbia, la vielle dame a été blessée dans une autre cour où un autre obus est tombé. « Maintenant, là (il indique un lieu sur l’écran où est projeté le panorama, Ndlr) il y a une dame qui passait avec son enfant qui a été touchée, avec un jeune de 12 ans. (…) Où la vieille dame a été touchée, c’est là qu’un monsieur est décédé. Maintenant, ce qui est tombé devant l’atelier, c’est là où l’enfant de 12 ans est décédé et l’autre a été touché grièvement au dos de sa mère », a relaté Adama Doumbia, couturier de profession pendant la crise postélectorale de 2010-2011. Une crise dont le bilan fait état de 3000 morts et pour laquelle Gbagbo et Blé Goudé sont poursuivis par la Cpi.
Alex A