L’Afrique est en train de se dissoudre dans une mondialisation qui tend à nier la civilisation africaine et ses valeurs. Le modèle de développement proposé est celui de l’économie mondialisée et financiarisée. Economiquement, aucun Etat africain n’est en mesure de résister à la mondialisation dont l’un des fers de lance est la Chine, qui possède 4 000 milliards de réserves de change qu’elle peut investir sans poser de questions. Pour l’économie mondiale, l’Afrique représente un réservoir inépuisable de matières premières. La Francophonie apparaît alors comme un espace géopolitique et géoéconomique en mesure de faire face, par son rayonnement, à la domination d’un imperium ultra libéral.
L’identité francophone
L’identité francophone est d’abord une identité plurielle avec des Etats qui ont des intérêts convergents : d’un côté, le noyau historique de l’Afrique de l’Ouest et Centrale, et, de l’autre, des Etats parmi les plus riches de la planète (France, Belgique, Suisse, Canada). Cette diversité constitue une force, La Francophonie n’est ni un rétrécissement des identités nationales africaines, ni un renoncement à la souveraineté des Etats africains. C’est, au contraire, dans un espace géopolitique, géoéconomique et géoculturel de taille considérable, le meilleur moyen de se défendre contre la globalisation économique et la standardisation culturelle. André Malraux affirmait déjà, en 1969, bien avant le triomphe de la mondialisation : « Seule, la culture francophone ne propose pas à l’Afrique de se soumettre à l’Occident en y perdant son âme ». Il s’agit de préserver les identités nationales, tout en développant une ambition politique, économique, sociale et culturelle commune. L’objectif est, dans le respect de la diversité, de consolider les solidarités géopolitique, géoéconomique et géostratégique.
La francophonie, moteur d’une croissance solidaire et durable
Dans un rapport qu’il avait remis au Président de la République, François Hollande, Jacques Attali considère que le partage du français et des cultures que la langue véhicule permet de tisser des liens économiques étroits. Il n’y a rien à changer dans ce rapport qui devrait inspirer un Emmanuel Macron décidé à renforcer la Francophonie et à donner à l’espace francophone un poids suffisant, ce qui suppose une stratégie économique francophone. Depuis des années, paradoxalement, la France est devenue le « mauvais élève » de la Francophonie pour deux raisons : 1) engluée dans une morale de la repentance, elle semble incapable de structurer un espace géoéconomique autour du partage de la langue française 2) le repli des entreprises et des banques françaises du continent africain, une grave erreur stratégique selon Macron.
L’outil numérique
Parmi les outils que l’espace francophone doit exploiter, figure le numérique. Selon Jacques Attali, « au moment où le numérique ouvre de plus en plus d’opportunités de travail, de formation, de distraction à distance, il faut investir massivement dans la culture, l’éducation du et en français, attirer les étudiants étrangers, afin que l’espace francophone devienne un puisant rassemblement culturel, politique et économique. » La Francophonie doit devenir un producteur de savoirs, en particulier l’Afrique francophone. Le français est une langue de science, avec une tradition d’expression scientifique, c’est aussi une langue de réseaux, or la diffusion des savoirs suppose le « réseautage ». Soutenir l’essor de la diffusion des savoirs en français permet de consolider le développement des pays africains émergents. Pour Julien Cangelosi, patron de YesWeCange, une société du numérique installée en Côte d’Ivoire, « l’espace francophone doit se doter des outils numériques capables de diffuser les savoirs et contribuer au partage des expériences. A l’heure de la dématérialisation, la Francophonie doit devenir un modèle de développement numérique. »
S’appuyer sur des institutions solides et l’enseignement du français
La Francophonie est un outil de puissance contre l’hégémonie d’une mondialisation ultra libérale. Elle permet de ne pas « céder au rouleau compresseur de l’uniformisation ». Cet outil de puissance dispose d’institutions solides, depuis le réseau des Alliances françaises, l’OIF, l’APF (Assemblée parlementaire de la Francophonie) et l’AIMF (Association Internationale des Maires des Capitales francophones). Selon Bachir Dieye, Conseiller Afrique de l’APF, « toutes ces institutions sont de formidables espaces de dialogue. Et si le facteur linguistique n’est pas le seul facteur qui contribue à l’accroissement des échanges commerciaux entre les pays, il y contribue largement. » Il faut donc augmenter, dans l’espace francophone et dans les sphères francophiles, l’offre de formation en français, en quantité et en qualité. C’est le discours que tient, à Abidjan, le Président de l’Université de l’Atlantique, une université privée, Aliou Mané, qui milite à la fois pour le renforcement de l’enseignement en français et le respect de la diversité culturelle. Tous constatent que les cours en français sur internet sont encore en nombre insuffisants.
Jacques Attali donne les chiffres suivants : « La francophonie est le 6ème espace géopolitique par sa population et peut devenir le 4ème à horizon 2050. 230 millions de gens parlent français aujourd’hui Au total, l’ensemble des pays francophones et francophiles représente 16 % du PIB mondial, avec un taux de croissance moyen de 7 %, et près de 14 % des réserves mondiales de ressources minières et énergétiques, alors que les francophones ne représentent encore que 4 % de la population mondiale. » Mais, l’espace francophone n’est pas encore suffisamment intégré. Attali considère, à juste titre, qu’il faut « se donner comme projet de créer à terme une Union économique francophone aussi intégrée que l’Union européenne. ». Une idée à mettre en œuvre dès à présent en Afrique, car, en 2050, sur les 715 millions de personnes capables de s’exprimer en français, 85 % seront des Africains.
La Francophonie doit donc s’affirmer et devenir un véritable espace générateur de croissance, d’emplois, moteur d’un développement solidaire et durable. Elle ne peut se réduire à un aimable rassemblement des Etats et des nations « ayant le français en partage ».
Christian Gambotti
Directeur général de l’Institut Choiseul
Directeur de la Collection L’Afrique en marche
L’identité francophone
L’identité francophone est d’abord une identité plurielle avec des Etats qui ont des intérêts convergents : d’un côté, le noyau historique de l’Afrique de l’Ouest et Centrale, et, de l’autre, des Etats parmi les plus riches de la planète (France, Belgique, Suisse, Canada). Cette diversité constitue une force, La Francophonie n’est ni un rétrécissement des identités nationales africaines, ni un renoncement à la souveraineté des Etats africains. C’est, au contraire, dans un espace géopolitique, géoéconomique et géoculturel de taille considérable, le meilleur moyen de se défendre contre la globalisation économique et la standardisation culturelle. André Malraux affirmait déjà, en 1969, bien avant le triomphe de la mondialisation : « Seule, la culture francophone ne propose pas à l’Afrique de se soumettre à l’Occident en y perdant son âme ». Il s’agit de préserver les identités nationales, tout en développant une ambition politique, économique, sociale et culturelle commune. L’objectif est, dans le respect de la diversité, de consolider les solidarités géopolitique, géoéconomique et géostratégique.
La francophonie, moteur d’une croissance solidaire et durable
Dans un rapport qu’il avait remis au Président de la République, François Hollande, Jacques Attali considère que le partage du français et des cultures que la langue véhicule permet de tisser des liens économiques étroits. Il n’y a rien à changer dans ce rapport qui devrait inspirer un Emmanuel Macron décidé à renforcer la Francophonie et à donner à l’espace francophone un poids suffisant, ce qui suppose une stratégie économique francophone. Depuis des années, paradoxalement, la France est devenue le « mauvais élève » de la Francophonie pour deux raisons : 1) engluée dans une morale de la repentance, elle semble incapable de structurer un espace géoéconomique autour du partage de la langue française 2) le repli des entreprises et des banques françaises du continent africain, une grave erreur stratégique selon Macron.
L’outil numérique
Parmi les outils que l’espace francophone doit exploiter, figure le numérique. Selon Jacques Attali, « au moment où le numérique ouvre de plus en plus d’opportunités de travail, de formation, de distraction à distance, il faut investir massivement dans la culture, l’éducation du et en français, attirer les étudiants étrangers, afin que l’espace francophone devienne un puisant rassemblement culturel, politique et économique. » La Francophonie doit devenir un producteur de savoirs, en particulier l’Afrique francophone. Le français est une langue de science, avec une tradition d’expression scientifique, c’est aussi une langue de réseaux, or la diffusion des savoirs suppose le « réseautage ». Soutenir l’essor de la diffusion des savoirs en français permet de consolider le développement des pays africains émergents. Pour Julien Cangelosi, patron de YesWeCange, une société du numérique installée en Côte d’Ivoire, « l’espace francophone doit se doter des outils numériques capables de diffuser les savoirs et contribuer au partage des expériences. A l’heure de la dématérialisation, la Francophonie doit devenir un modèle de développement numérique. »
S’appuyer sur des institutions solides et l’enseignement du français
La Francophonie est un outil de puissance contre l’hégémonie d’une mondialisation ultra libérale. Elle permet de ne pas « céder au rouleau compresseur de l’uniformisation ». Cet outil de puissance dispose d’institutions solides, depuis le réseau des Alliances françaises, l’OIF, l’APF (Assemblée parlementaire de la Francophonie) et l’AIMF (Association Internationale des Maires des Capitales francophones). Selon Bachir Dieye, Conseiller Afrique de l’APF, « toutes ces institutions sont de formidables espaces de dialogue. Et si le facteur linguistique n’est pas le seul facteur qui contribue à l’accroissement des échanges commerciaux entre les pays, il y contribue largement. » Il faut donc augmenter, dans l’espace francophone et dans les sphères francophiles, l’offre de formation en français, en quantité et en qualité. C’est le discours que tient, à Abidjan, le Président de l’Université de l’Atlantique, une université privée, Aliou Mané, qui milite à la fois pour le renforcement de l’enseignement en français et le respect de la diversité culturelle. Tous constatent que les cours en français sur internet sont encore en nombre insuffisants.
Jacques Attali donne les chiffres suivants : « La francophonie est le 6ème espace géopolitique par sa population et peut devenir le 4ème à horizon 2050. 230 millions de gens parlent français aujourd’hui Au total, l’ensemble des pays francophones et francophiles représente 16 % du PIB mondial, avec un taux de croissance moyen de 7 %, et près de 14 % des réserves mondiales de ressources minières et énergétiques, alors que les francophones ne représentent encore que 4 % de la population mondiale. » Mais, l’espace francophone n’est pas encore suffisamment intégré. Attali considère, à juste titre, qu’il faut « se donner comme projet de créer à terme une Union économique francophone aussi intégrée que l’Union européenne. ». Une idée à mettre en œuvre dès à présent en Afrique, car, en 2050, sur les 715 millions de personnes capables de s’exprimer en français, 85 % seront des Africains.
La Francophonie doit donc s’affirmer et devenir un véritable espace générateur de croissance, d’emplois, moteur d’un développement solidaire et durable. Elle ne peut se réduire à un aimable rassemblement des Etats et des nations « ayant le français en partage ».
Christian Gambotti
Directeur général de l’Institut Choiseul
Directeur de la Collection L’Afrique en marche