Les avocats de l’État de Côte d’Ivoire Me Jean-Pierre Mignard et Me Jean-Paul Benoit, avocats au barreau de Paris ont décrypté dans un entretien accordé à Opinion le style et la manière de gouverner du président français Emmanuel Macron. Les deux avocats ont d’abord dit à quel niveau se situe la rupture entre Emmanuel Macron et François Hollande dans la façon de gouverner. Jean-Pierre Mignard a indiqué que la Ve République est caractérisée par l’exercice vertical et centralisé. « Tous les présidents s’y sont pliés soit avec fermeté, soit avec rondeur. Mais le pouvoir a toujours été au sommet. Emmanuel Macron ne le cache pas. Simplement, si la séparation des pouvoirs devient une réalité avec l’indépendance complète de la justice et du statut des procureurs, ce sera un progrès démocratique, et il lui sera dû », a-t-il souligné . Sur le sujet Jean-Paul Benoit a laissé entendre que la présidence Hollande était une sorte de non-présidence au regard des institutions de la Ve République et que le bavardage avait remplacé la parole. Et de signaler : « Même quand il agissait – et ce fut le cas –, il donnait l’impression de ne pas agir. Sa majorité était divisée, instable, la cacophonie et le désordre régnaient au sein du gouvernement. Les Français ne voyaient pas la route. Pendant la campagne, Emmanuel Macron a été sans ambiguïté sur son engagement européen, sur l’économie, sur les réformes. Les Français ne sont pas surpris, il applique son programme alors que ses prédécesseurs passaient leur temps à expliquer pourquoi ils ne l’appliquaient pas. Le gouvernement est dirigé avec fermeté. La majorité, malgré d’inévitables difficultés de rodage, soutient le chef de l’État et sa politique. Emmanuel Macron n’est pas tombé dans le piège du « président normal » et incarne la fonction présidentielle « à la française », alors que les crooners traditionnels de la scène politique ont été sifflés et boycottés dans les urnes. Son élection a permis de sortir d’une guerre civile verbale et permanente entre une gauche toujours nostalgique des soi-disant grands soirs, et une droite recroquevillée dans des certitudes dépassées. Il s’agit maintenant de réaliser les chantiers ». Le Président peut-il réussir à relancer l’Union européenne là ou son prédécesseur a échoué ? Répondant à cette question, Jean-Paul Benoit a fait savoir que Macron prend des initiatives, propose un projet dynamique développé dans ses discours de la Sorbonne et d’Athènes. Il estime que la force des idées est un moteur du progrès européen. « On attend de la France qu’elle bouscule les conformismes et brise les prétextes à l’inaction. L’Europe est née, avant d’être une réalité politique et économique, de l’idée que se faisaient les pères fondateurs de son futur et de son rôle après la Seconde Guerre mondiale. Emmanuel Macron est d’autant plus à l’aise que l’Europe fut un axe majeur de sa campagne électorale, faisant fi des populismes et des démagogies nationalistes. Pour Jean-Pierre Mignard « le Président est convaincu que l’avenir de la France est dans la force de l’Europe dont elle est la cofondatrice majeure. C’est un pari, mais c’est le seul qui s’offre. Les vieilles nations d’Europe n’ont pas d’autre issue que de se fédérer ou de peu à peu s’effacer ».
T.A.B
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