Dans les années 1970 à 1985, l’édition africaine a publié de nombreux ouvrages en rapport avec le thème de développement. La plupart était des mémoires, des thèses. Leur particularité résidait dans un message fort de pousser le continent sur le chemin de son développement appelé aujourd’hui émergence en attendant de donner, dans quelques années, un autre nom pour le développement du continent. Ces noms sont comme des slogans pour appel au développement. Tous ces ouvrages qui avaient publiés, j’en ai lu de très nombreux, me trouvant dans une position privilégiée dans une maison d’édition multinationale, proposaient de nombreuses pistes pour sortir l’Afrique de ses difficultés. Aucun de ses ouvrages n’a guidé nos dirigeants politiques, financiers pour en faire sien. Deux causes principales ont milité en la défaveur de ces ouvrages de contenu important. Premièrement : ceux qui doivent les lire les principaux destinataires, ne lisent pas ou n’ont plus le temps de lire. La lecture est une habitude qui s’acquiert tôt. Ce n’est pas en dilettante qu’on va se passionner pour la lecture qui s’articule autour de cinq genres. En outre, un homme politique ne peut pas avoir le temps pour la lecture sauf des titres de journaux ou une revue de presse préparée par ses collaborateurs. Sont-ils combien en avoir, en dehors de ceux qui sont placés très haut dans la hiérarchie politique ? La société africaine est baignée de l’oralité donc la lecture ne baigne pas l’environnement pour contaminer les uns et les autres. Deuxièmement : faire connaitre ces ouvrages du monde extérieur. Principalement des spécialistes français. Si en France, on lit énormément, la priorité est accordée aux ouvrages de leur pays et ceux des auteurs vedettes, édités par de grands éditeurs. Un essayiste africain n’a aucune chance de passer par les failles. C’est l’erreur commise par certains romanciers africains qui voulaient se faire reconnaitre par le public de l’occident pour se croire grand écrivain. Finalement, ce fut la perte de son propre public et presqu’aucun « toubab » gagné. Et le développement africain se trouve dans le même dilemme. Tout se dit par les Occidentaux, ce qu’on doit faire ou ne pas faire pour nous développer et nous émerger. Tout se dit sauf l’essentiel. La démographie, certes, est une réalité. Ce que tout le contient doit considérer comme programme prioritaire est la mise en avant de la culture comme le moteur principal de l’émergence. C’est parce que toute ‘Afrique est résolument tournée vers l’Occident en matière culturelle que la problématique de son développement se pose tous les jours. L’Afrique moderne fait de la culture une théorie et non une pratique. C’est en changeant de mentalité, donc prenant en compte, sa culture de matière pratique au quotidien qu’on entre dans le développement. Le Japon est toujours cité comme un pays où les habitants sont « plongés » dans leur culture permettant au pays de ne pas sortir de nombreuses devises pour payer à l’extérieur comme l’Afrique le fait. Dès qu’il rentre chez lui à la maison, le japonais « enlève » ses habits occidentaux et se transforme en japonais. Exactement le contraire de l’Africain moderne, pas l’Africain sans verni. Léopold Sédar Senghor a dit que la culture est enracinement et déracinement. C’est exact. Mais les Africains exagèrent. Tous veulent vivre comme dans la tête d’un Parisien de la classe moyenne et supérieure. On comprend alors les tensions financières dans les comptes financiers. Quand on se prend pour un fonctionnaire international à Washington et qu’on est en réalité un haut fonctionnaire à Bangui, il est clair que la vie sera pénible et que la tentation de la corruption sera permanente. Sauf un enracinement dans sa culture évitera la poursuite vaine d’une vie à l’occidental trop chère pour ses revenus. Et ce n’est pas surprenant qu’aucun « toubab » ne se plaint de l’Occidentalisation à outrance de notre continent presque obligé de vivre comme un européen, sachant que cette mode de vie profite avant tout à l’économie, au social, à la culture et même aux sports de leur continent. Le drame se joue, au quotidien, au sein de la jeunesse africaine. Sa dépersonnalisation est grave. Elle vit toutes les heures, le cerveau plongé dans les rues de Berlin ou de Bordeaux. L’Afrique est en danger. Avec les chaines de télévision étrangères facilement reçues dans nos pays que pourrons nos chaines nationales pour imposer une culture nationale quand les autres ont cent fois plus de moyens financiers qu’elles. On voit chaque jour les conséquences d’une jeunesse qui court vers la mort en tentant d’accéder aux rivages de l’occident et d’une grande partie de cette jeunesse qui combat tout développement du football en Afrique en vivant que pour les clubs européens. L’argent a vaincu l’Afrique. Tout le monde sait que l’Afrique est victime du : « sois comme moi pour ne pas être toi. » Personne ne parle. Le salut sera individuel. Comme ceux qui vivront comme un Japonais dans le continent. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton
Par Isaïe Biton