Mamane est à l’humour africain, l’humour tout court, ce que Bob Marley et Michael Jackson étaient à la musique et ce que Bob Dylan est à la country music. Il est monumental. Entretien
A son arc humoristique, plusieurs cordes qui font de lui un artiste plein et héraut du changement de mentalité et de développement du bien-être et du mieux-être de l’Homme. Son credo : l’humour grinçant, l’humour prosaïque, mais avec toujours en ligne de mire l’essentiel, faire sortir les esprits des affres de tribus assiégées. Il est en passe de réussir…
Comment se porte le citoyen Mohamed Mustapha ? Et comment va la vie de l’humoriste Mamane, originaire du Gondwana ?
Ces deux identités ont tendance à converger avec l’inéluctable intention de fusionner pour ne former qu’une seule entité : le citoyen humoriste qui se sert de son art pour concrétiser son discours dans la vie réelle via des actions sociales et civiques.
Le Gondwana a atteint un tel niveau de reconnaissance en Afrique, qu’il est temps d’avoir prise sur le quotidien des Gondwanais avec une implication dans l’éducation, la santé et les énergies renouvelables en Afrique.
Vous être un singulier pluralisant : Une chronique sur RFI, « Le Parlement du rire » sur Canal+Afrique, un festival Abidjan Capital du rire en Côte d’Ivoire, l’ouverture prochaine de votre Comedy Club, le « Gondwana club » à Abidjan, vous ne vous essoufflez jamais ?
La vie est belle, mais courte. Il faut lui montrer de la gratitude en entreprenant le maximum de choses dans ce laps de temps qui nous est imparti ici bas. Du coup, pas de fatigue, pas d’essouflement, mais de la joie de pouvoir être utile en donnant de la joie aux gens.
Vous serez en France pour le Festival CFA (Comédie festival africain) ? De quoi s’agit-il ?
C’est la première fois que des humoristes africains vivant et travaillant en Afrique viennent montrer au public de France que l’humour d’Afrique est puissant et universel.
C’est la vague qui vient : On a des choses à dire, des histoires à raconter avec une perspective originale, mais tellement drôle. Ces humoristes qui viennent sont de véritables stars sur le continent où les plus de 100 millions d’Africains francophones connaissent leurs sketches par cœur.
N’êtes-vous pas un brin provocateur avec votre CFA, on pense au débat clivant sur le F.CFA…
Le CFA est notre monnaie de tous les jours en Afrique francophone. C’est un compagnon de tous les jours. Il n’y aurait rien de provocant à en parler ; c’est comme si un Européen se voit reprocher de parler de l’Euro. Et pour en revenir au titre du festival je m’en réfère à mon avocat qui m’a conseillé cette réponse : « Toute ressemblance avec des faits réels n’est ni fortuite ni involontaire ».
Votre particularité est de jouer essentiellement avec des humoristes africains, à quoi obéit ce choix ?
Je suis Africain, je travaille en Afrique avec des humoristes africains. C’est le résultat de ce travail que je veux partager avec le public international.
Ne craignez-vous pas d’avoir la réputation d’un artiste certes de talent, mais qui se communautarise ?
Le communautarisme est un mot qui a été dévoyé en France par les élites pour empêcher les Noirs et les Arabes de faire ce qui leur plaît. Ce mot m’indiffère. Je vis dans le vaste monde.
Je ne cherche même pas à me justifier si on me le balance en pleine face. Les vrais communautaristes sont justement ce qui manient cette accusation, parce qu’ils veulent préserver leur entre soi.
Estimez-vous que le talent des humoristes africains est reconnu depuis que vous avez lancé le concept d’un « plateau 100 % africain inédit à Paris » ?
Il est reconnu en Afrique depuis des années surtout avec le révélateur « Le Parlement du rire » qui a mis à la lumière les humoristes du continent, Congo, Burkina Faso, Gabon, Côte d’Ivoire, Cameroun, Sénégal, etc. Avec Internet tous ces artistes sont désormais vus dans tous les pays du monde. Il était temps que le public puisse les voir en vrai, en chair et en vannes.
L’Afrique est plurielle. Comment arrivez-vous à constituer un plateau arc-en-ciel qui fasse rire tout le monde, tous les Africains ?
Pour la simple raison que les Africains se vivent Africains. Il n’y a pas de frontières dans nos vies de tous les jours et dans la perception que nous avons de notre africanité. Les frontières ont été créées par les colons pour des buts mercantiles. Elles sont préservées par nos dirigeants pour les mêmes raisons. L’accusation de communautarisme est dans la même logique d’enfermement des gens. Il faut casser les frontières mentales à défaut des frontières physiques. L’humour sert à ça.
Est-il vrai que les Maghrébins ont du mal avec les spectacles des Subsahariens et inversement ?
Non, ce n’est pas vrai. Il y a beaucoup d’initiatives qui mélangent humoristes subsahariens et maghrébins sur scène, notamment au Maroc où, ça se passe très bien sur scène et dans le public.
Mais il ne faut pas se mentir : Il y a un grand travail d’éducation à mener pour faire entrer dans la tête de beaucoup de Maghrébins qu’ils sont Africains et pas autre chose. Et avec le phénomène des migrants subsahariens qui veulent passer en Europe et qui se retrouvent bloqués au Maghreb, on assiste à la manifestation d’un racisme endémique, de moins en moins discret.
Est-il exagéré ou juste de dire qu’avec vos collègues et vous, on ne cesse jamais de rire, mais que votre humour est caustique et vraiment poil à gratter ?
Il est indispensable que l’humour gratte et pique. Surtout en Afrique où nous avons encore des citadelles à prendre : Amélioration de la vie quotidienne des gens, santé, éducation, environnement, gouvernance. En tant qu’humoristes nous avons la responsabilité de faire rire et d’être utiles à quelque chose de positif. Le divertissement, oui. La diversion, non.
Avez-vous la sensation que vous arrivez par le biais de vos spectacles à faire prendre conscience aux élites politiques des choses qui ne vont pas vraiment en Afrique et surtout à faire bouger les lignes dans le sens de l’amélioration du quotidien des Africains ?
Ce n’est pas les élites que je cherche à sensibiliser, mais le public, le Gondwanais lambda. Quand il sort de nos salles avec le virus de l’irrévérence dans la tête, c’est une victoire, la victoire de l’humour qui gratte et pique. Un citoyen conscient et réveillé, c’est ce qui fait peur aux élites au pouvoir et fait tomber les citadelles.
Entretien avec JO, à Paris
ENCADRE
Quand Mamane, Jeremy Ferrari et « Sans visa » donnent le F. CFA…
Contrairement aux autres années, cette fois-ci, il s’agit d’un Festival qui regroupe plusieurs spectacles. En effet, l’innovation majeure est qu’outre les différentes thématiques qui y seront abordées et qui seront plutôt transversales, Mamane et ses confrères se produiront aussi en spectacle individuellement à Paris.
Ensuite ils iront en tournée dans les autres villes de France et Navarre ainsi qu’en Belgique. Le Festival Comédie festival africain (F. CFA) se tiendra du 16 mars au 27 avril 2019. Cette CFA a été rendue possible et créée grâce notamment à la collaboration entre les humoristes Mamane et Jeremy Ferrari (France).
Pour rappel, tout est parti depuis le méga succès de la première édition de « Sans Visa » (1400 spectateurs) à « l’Européen » en 2017. Et en 2018, les humoristes africains, entre autres, Mamane (Niger), Michel Gohou et Digbeu (Côte d’Ivoire), Charlotte Ntamack (Cameroun), Omar Defunzu (Gabon), Magnific (Côte d’Ivoire), Les Nyota (RDC) sont remontés sur scène pour rire avec le public dans « Sans visa 2 ». La CFA est donc le prolongement des deux spectacles de 2017 et 2018.
Quelques artistes présents
Outre Mamane, il y aura Gohou, Digbeu Cravate, Ambassadeur Agalawal, Le Magnific, Omar Defunzu, Ronsia, Joël, etc. Vous pourrez retrouver toutes les dates de ces artistes sur www. https://cfafestival.fr/accueil/
A son arc humoristique, plusieurs cordes qui font de lui un artiste plein et héraut du changement de mentalité et de développement du bien-être et du mieux-être de l’Homme. Son credo : l’humour grinçant, l’humour prosaïque, mais avec toujours en ligne de mire l’essentiel, faire sortir les esprits des affres de tribus assiégées. Il est en passe de réussir…
Comment se porte le citoyen Mohamed Mustapha ? Et comment va la vie de l’humoriste Mamane, originaire du Gondwana ?
Ces deux identités ont tendance à converger avec l’inéluctable intention de fusionner pour ne former qu’une seule entité : le citoyen humoriste qui se sert de son art pour concrétiser son discours dans la vie réelle via des actions sociales et civiques.
Le Gondwana a atteint un tel niveau de reconnaissance en Afrique, qu’il est temps d’avoir prise sur le quotidien des Gondwanais avec une implication dans l’éducation, la santé et les énergies renouvelables en Afrique.
Vous être un singulier pluralisant : Une chronique sur RFI, « Le Parlement du rire » sur Canal+Afrique, un festival Abidjan Capital du rire en Côte d’Ivoire, l’ouverture prochaine de votre Comedy Club, le « Gondwana club » à Abidjan, vous ne vous essoufflez jamais ?
La vie est belle, mais courte. Il faut lui montrer de la gratitude en entreprenant le maximum de choses dans ce laps de temps qui nous est imparti ici bas. Du coup, pas de fatigue, pas d’essouflement, mais de la joie de pouvoir être utile en donnant de la joie aux gens.
Vous serez en France pour le Festival CFA (Comédie festival africain) ? De quoi s’agit-il ?
C’est la première fois que des humoristes africains vivant et travaillant en Afrique viennent montrer au public de France que l’humour d’Afrique est puissant et universel.
C’est la vague qui vient : On a des choses à dire, des histoires à raconter avec une perspective originale, mais tellement drôle. Ces humoristes qui viennent sont de véritables stars sur le continent où les plus de 100 millions d’Africains francophones connaissent leurs sketches par cœur.
N’êtes-vous pas un brin provocateur avec votre CFA, on pense au débat clivant sur le F.CFA…
Le CFA est notre monnaie de tous les jours en Afrique francophone. C’est un compagnon de tous les jours. Il n’y aurait rien de provocant à en parler ; c’est comme si un Européen se voit reprocher de parler de l’Euro. Et pour en revenir au titre du festival je m’en réfère à mon avocat qui m’a conseillé cette réponse : « Toute ressemblance avec des faits réels n’est ni fortuite ni involontaire ».
Votre particularité est de jouer essentiellement avec des humoristes africains, à quoi obéit ce choix ?
Je suis Africain, je travaille en Afrique avec des humoristes africains. C’est le résultat de ce travail que je veux partager avec le public international.
Ne craignez-vous pas d’avoir la réputation d’un artiste certes de talent, mais qui se communautarise ?
Le communautarisme est un mot qui a été dévoyé en France par les élites pour empêcher les Noirs et les Arabes de faire ce qui leur plaît. Ce mot m’indiffère. Je vis dans le vaste monde.
Je ne cherche même pas à me justifier si on me le balance en pleine face. Les vrais communautaristes sont justement ce qui manient cette accusation, parce qu’ils veulent préserver leur entre soi.
Estimez-vous que le talent des humoristes africains est reconnu depuis que vous avez lancé le concept d’un « plateau 100 % africain inédit à Paris » ?
Il est reconnu en Afrique depuis des années surtout avec le révélateur « Le Parlement du rire » qui a mis à la lumière les humoristes du continent, Congo, Burkina Faso, Gabon, Côte d’Ivoire, Cameroun, Sénégal, etc. Avec Internet tous ces artistes sont désormais vus dans tous les pays du monde. Il était temps que le public puisse les voir en vrai, en chair et en vannes.
L’Afrique est plurielle. Comment arrivez-vous à constituer un plateau arc-en-ciel qui fasse rire tout le monde, tous les Africains ?
Pour la simple raison que les Africains se vivent Africains. Il n’y a pas de frontières dans nos vies de tous les jours et dans la perception que nous avons de notre africanité. Les frontières ont été créées par les colons pour des buts mercantiles. Elles sont préservées par nos dirigeants pour les mêmes raisons. L’accusation de communautarisme est dans la même logique d’enfermement des gens. Il faut casser les frontières mentales à défaut des frontières physiques. L’humour sert à ça.
Est-il vrai que les Maghrébins ont du mal avec les spectacles des Subsahariens et inversement ?
Non, ce n’est pas vrai. Il y a beaucoup d’initiatives qui mélangent humoristes subsahariens et maghrébins sur scène, notamment au Maroc où, ça se passe très bien sur scène et dans le public.
Mais il ne faut pas se mentir : Il y a un grand travail d’éducation à mener pour faire entrer dans la tête de beaucoup de Maghrébins qu’ils sont Africains et pas autre chose. Et avec le phénomène des migrants subsahariens qui veulent passer en Europe et qui se retrouvent bloqués au Maghreb, on assiste à la manifestation d’un racisme endémique, de moins en moins discret.
Est-il exagéré ou juste de dire qu’avec vos collègues et vous, on ne cesse jamais de rire, mais que votre humour est caustique et vraiment poil à gratter ?
Il est indispensable que l’humour gratte et pique. Surtout en Afrique où nous avons encore des citadelles à prendre : Amélioration de la vie quotidienne des gens, santé, éducation, environnement, gouvernance. En tant qu’humoristes nous avons la responsabilité de faire rire et d’être utiles à quelque chose de positif. Le divertissement, oui. La diversion, non.
Avez-vous la sensation que vous arrivez par le biais de vos spectacles à faire prendre conscience aux élites politiques des choses qui ne vont pas vraiment en Afrique et surtout à faire bouger les lignes dans le sens de l’amélioration du quotidien des Africains ?
Ce n’est pas les élites que je cherche à sensibiliser, mais le public, le Gondwanais lambda. Quand il sort de nos salles avec le virus de l’irrévérence dans la tête, c’est une victoire, la victoire de l’humour qui gratte et pique. Un citoyen conscient et réveillé, c’est ce qui fait peur aux élites au pouvoir et fait tomber les citadelles.
Entretien avec JO, à Paris
ENCADRE
Quand Mamane, Jeremy Ferrari et « Sans visa » donnent le F. CFA…
Contrairement aux autres années, cette fois-ci, il s’agit d’un Festival qui regroupe plusieurs spectacles. En effet, l’innovation majeure est qu’outre les différentes thématiques qui y seront abordées et qui seront plutôt transversales, Mamane et ses confrères se produiront aussi en spectacle individuellement à Paris.
Ensuite ils iront en tournée dans les autres villes de France et Navarre ainsi qu’en Belgique. Le Festival Comédie festival africain (F. CFA) se tiendra du 16 mars au 27 avril 2019. Cette CFA a été rendue possible et créée grâce notamment à la collaboration entre les humoristes Mamane et Jeremy Ferrari (France).
Pour rappel, tout est parti depuis le méga succès de la première édition de « Sans Visa » (1400 spectateurs) à « l’Européen » en 2017. Et en 2018, les humoristes africains, entre autres, Mamane (Niger), Michel Gohou et Digbeu (Côte d’Ivoire), Charlotte Ntamack (Cameroun), Omar Defunzu (Gabon), Magnific (Côte d’Ivoire), Les Nyota (RDC) sont remontés sur scène pour rire avec le public dans « Sans visa 2 ». La CFA est donc le prolongement des deux spectacles de 2017 et 2018.
Quelques artistes présents
Outre Mamane, il y aura Gohou, Digbeu Cravate, Ambassadeur Agalawal, Le Magnific, Omar Defunzu, Ronsia, Joël, etc. Vous pourrez retrouver toutes les dates de ces artistes sur www. https://cfafestival.fr/accueil/