Le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, Bruno Nabagné Koné, cadre du Rassemblement des Houphouëtistes (Rhdp), le parti au pouvoir, se prononce, dans cet entretien, sur la situation politique du moment, à 15 mois des prochaines échéances présidentielles.
Le président du RHDP, Alassane Ouattara, a procédé à la nomination des membres du Conseil National et du Bureau Politique du RHDP. Quel commentaire faites-vous de ces listes ?
Cette liste était attendue depuis longtemps. C’est donc avec soulagement et un
sentiment de satisfaction que nous la recevons. Cela va permettre au RHDP de
poursuivre et de renforcer son déploiement sur le terrain.
Pour un parti politique, 9705 membres du Conseil national et 3168 du Bureau politique, n’est-ce pas trop beaucoup pour des organes centraux ?
Au contraire, cela confirme l’implantation nationale du RHDP et sa force sur le
terrain. Aucun autre parti politique ne peut se prévaloir d’une telle présence sur le terrain en Côte d’Ivoire, dans toutes les régions, tous les départements, voire dans tous les hameaux.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que ces listes sont du remplissage ?
Ce que vous ignorez peut-être, c’est que ce n’est pas la direction du Parti qui a
cherché des membres pour ces organes, mais ce sont les militants eux-mêmes qui réclament et souhaitent en faire partie. Ce que vous voyez est le fruit d’un arbitrage, car évidemment, tout le monde ne peut pas faire partie des organes de direction et de gestion du Parti.
Avec ces listes précédées de celle du Conseil politique, peut-on dire que la machine du RHDP est lancée ?
Désormais, la machine est effectivement lancée. Il reste bien entendu la publication des organes locaux, régionaux et départementaux pour libérer complètement les énergies et aller au contact des militants et des populations ivoiriennes. A moins de 2 ans des prochaines élections présidentielles, on peut dire que le timing est bon pour confirmer la place de premier parti de Côte d’Ivoire occupée par le RHDP depuis au moins 2010.
Mais le constat est que le RHDP part sans des soutiens de poids, notamment le Pdci d’Henri Konan Bédié et l’ex-président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro. Cela n’est-il pas un handicap pour vous ?
Nous aurions en effet préféré que la coalition qui a permis les victoires de 2010 et de 2015 résiste au temps, mais les personnalités que vous citez ont décidé de faire d’autres choix. Je sais que le Président Alassane Ouattara a tout fait pour les maintenir, mais il ne peut malheureusement pas les contraindre à rester dans le Parti. Ces personnalités sont parties, chacune avec ses raisons avouées ou inavouées, mais le constat que nous faisons est que la très grande majorité de leurs troupes, quand il y en avait, sont restées au RHDP, et se sentent bien au RHDP. Notre Parti n’est donc nullement handicapé par ces départs.
Ne pensez-vous pas que le président Ouattara doit faire revenir Guillaume Soro et son aîné Bédié dans la famille des Houphouëtistes ?
Je le disais tantôt, le Président Alassane Ouattara aura tout fait pour les maintenir, y compris en faisant des concessions, mais l’homme d’Etat qu’il est ne sacrifiera jamais l’intérêt national pour une cause privée ou une personne, même si cela peut lui garantir des voix. Ces personnalités sont dans une démarche personnelle, loin de cet intérêt général, et de ce que je vois, malgré ce qu’elles ont pu apporter à un moment ou un autre, la majorité des militants du RHDP ne sont pas prêts à les suivre dans leurs aventures. Si demain elles veulent revenir, je ne pense pas que les portes seront fermées, car le Président l’a déjà dit plusieurs fois, leur place est bien au RHDP et pas ailleurs, surtout pas dans les alliances de circonstances que nous voyons aujourd’hui.
Certains estiment que la sortie du RHDP de Guillaume Soro est une stratégie convenue avec le président Ouattara et qu’ils convergeront pour 2020. Partagez-vous cet avis ?
Je ne suis pas dans ce type de confidence, et je n’y crois pas du tout. Cela dit, au-delà des différences idéologiques qui n’ont plus tellement d’importance aujourd’hui dans la gouvernance de nos pays, je pense qu’en réalité, celui qui perd le plus, c’est celui qui est parti et pas le RHDP. S’il revient, ce sera un retour à la maison, et il lui appartiendra ensuite de trouver le positionnement qui convient par rapport à son passé et par rapport à ses ambitions futures. Non, je ne pense pas que le Président Ouattara soit dans ce genre de combines politiciennes.
Depuis leur départ du RHDP, Henri Konan Bédié et Guillaume Soro ne caressent plus le pouvoir dans le sens des poils. Ils dénoncent des intimidations, des pressions, des débauchages, etc. Qu’avez-vous à répondre ?
Cela est de bonne guerre, puisqu’ils sont aujourd’hui dans une position d’opposants, d’adversaires politiques du RHDP. Il faut seulement souhaiter que la critique normale, dans cette situation, soit faite avec responsabilité, hauteur de vue et sincérité. Que ces critiques ne nuisent pas à l’intérêt général et qu’elles ne sapent pas les efforts de cohésion et de redressement économique entrepris depuis plusieurs années maintenant. Les propos irresponsables et démagogiques ont déjà fait trop de mal à notre pays, et aujourd’hui, ce que demandent les Ivoiriens, c’est la paix afin que le pays continue sa marche en avant, que les conditions de vie s’améliorent, etc. Choses que nous pouvons difficilement avoir dans un environnement permanent de belligérance et de violence.
Au cours du dernier Bureau Politique du PDCI, le jeudi 27 juin, Henri Konan Bédié a parlé de recul de la démocratie, de nominations ethniques, etc. Qu’avez-vous à répondre ?
Il devient, en effet, difficile de le suivre, surtout que certains de ses propos de ces derniers temps, sont loin d’être à la hauteur des responsabilités qu’il a connues dans ce pays, certains de ces propos étant susceptibles de troubler l’ordre public. On pourrait épiloguer sur l’histoire de la Côte d’Ivoire au moment où il en était le Président, mais je préfère répondre différemment. Où se trouve le recul de la démocratie quand le PDCI a participé aux côtés de tous les autres partis membres du RHDP à toutes les élections depuis 2010, sans jamais dénoncer la moindre anomalie ? Où se trouve ce recul quand la Constitution en vigueur a été votée avec le soutien du PDCI, et que c’est bien cette Constitution qui est en vigueur en ce moment. Pour parler des nominations que vous appelez ethniques, je peux témoigner que depuis 2011, l’équilibre géopolitique a toujours été une préoccupation du Président Alassane Ouattara. Plusieurs nominations ont même été recalées parce qu’elles ne respectaient pas cet équilibre. On fait beaucoup de bruit sur cette question, mais en vérité, selon quelle logique on met dans le même sac un Bamba de Biankouma et un Bamba de Boundiali, un Ouattara de Kasséré et un Ouattara de Bondoukou ? Absolument aucune. C’est comme comparer un Bété à un Attié ou un Baoulé à un Ebrié. Par ailleurs, le peuple dit Dioula, qui est principalement commerçant, s’est installé dans plusieurs villes du Sud bien avant notre indépendance, à Abengourou, Aboisso, Bouaflé, Man, etc. Parce qu’ils portent des patronymes du Nord, les descendants de ces personnes continuent d’être comptabilisés comme ressortissants du Nord, quand bien même la mère serait de la localité du Sud concernée. Franchement,
prenons de la hauteur, et sortons de ce jeu malsain en concédant tout simplement à tous les Ivoiriens les mêmes droits.
Le 5 juin dernier, le président du PDCI-RDA a tenu des propos à l’encontre des orpailleurs clandestins et des immigrés. Cela a suscité des réactions. Ces propos sont-ils de nature à garantir la cohésion et la paix ?
Ces propos sont bien plus graves qu’on ne le dit jusqu’à présent. Ce qui est grave, ce n’est pas le fait de parler de l’orpaillage ou même de l’immigration dans notre pays, qui
sont des problématiques bien connues du Gouvernement et que ce dernier traite avec la plus grande responsabilité. Par exemple, concernant l’orpaillage clandestin, je peux témoigner que nombreuses actions sont menées par le Gouvernement depuis plusieurs
années. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’un officier de la Gendarmerie a malheureusement trouvé la mort. Relativement à l’immigration, si tout ce qui se dit était avéré, nous
ne serions pas à seulement 6 millions de personnes inscrites sur les listes électorales pour une population de 25 millions d’habitants, là où ailleurs ce ration fluctue entre 40 et
60%. Ce qui est grave à mes yeux, c’est qu’une personnalité de la trempe de celle que vous citez puisse accuser sans preuves sur des faits aussi graves. Quand il dit ‘’ils font venir les étrangers…’’, c’est qui le ‘’ILS’’ ? Quand il dit que cela se passe dans la commune d’Abobo, c’est une façon indirecte d’accuser les responsables de cette commune. Quand il dit ‘’on fait venir des étrangers pour des fins électorales’’, c’est le Gouvernement et le Parti au pouvoir qui sont indexés, et tout cela sans aucune preuve, alors qu’il s’agit de propos susceptibles d’affaiblir la cohésion sociale et de créer des troubles. Il devrait lui-même aller plus loin en donnant des preuves qu’il détient, en décrivant des situations précises, en donnant des noms de personnes incriminées, etc.
Sinon, il s’agit tout simplement d’accusations gratuites, qui n’honorent pas leur auteur.
Pour la présidentielle d’octobre 2020, les états-majors s’activent. Le PDCI envisage une alliance avec le FPI. Ne craignez-vous pas ce duo contre le RHDP ? N’est-ce pas une menace pour vous ?
Une menace pourquoi et comment ? Les alliances de circonstance, sans projet de
société, mais pour défendre des intérêts particuliers, ne peuvent pas prospérer. Il suffit d’attendre un peu. C’est une alliance qui manque totalement de cohérence et dont
les bases sont viciées, parce qu’on mélange de l’huile et de l’eau. Le réalisme en
politique nous commande de rester sereins et concentrés sur notre objectif,
reconstruire ce pays et lui redonner son lustre d’antan, améliorer les conditions de vie de nos compatriotes, et bien sûr, préparer 2020 afin que ce qui a commencé ne s’arrête pas en si bon chemin. Le peuple ivoirien est intelligent, il saura faire la différence entre les aventuriers ou les égocentriques et ceux qui ont un projet pour
la Côte d’Ivoire, ceux qui construisent et qui ont bilan, ceux qui ont les hommes, en quantité et en qualité pour conduire les destinées de ce pays. Restons sereins tout en étant réalistes et déterminés.
Si davantage le président Laurent Gbagbo est dans la course pour 2020, cela bouleverserait-t-il les calculs du RHDP ?
Il faudrait déjà qu’il en ait l’envie et qu’il soit candidat. Pour le reste, encore une fois, le RHDP a ses forces qui sont son bilan économique et social, ses résultats depuis les élections de 2011, son implantation totalement nationale, avec des poids lourds dans toutes les régions et dans tous les départements, la qualité de ses cadres, l’aura et la vision de son Président, etc. Quel que soit l’adversaire, le RHDP aura son mot à dire en 2020, et tout atteste à ce jour qu’il est le premier parti de Côte d’Ivoire, et qu’il est le mieux placé pour gagner cette élection de 2020.
A presque 16 mois du scrutin, le candidat de la majorité présidentielle n’est pas encore connu. Etes-vous pour une autre candidature d’Alassane Ouattara ?
Le Président Ouattara a dit sur cette question qu’il donnera sa position en 2020,
donc attendons.
Quel sera, selon vous, le meilleur ticket du RHDP pour 2020 ?
Le RHDP a la chance de disposer de personnalités hautement qualifiées et prêtes pour conduire les destinées de ce pays. Vous connaissez chacun de nos
dirigeants de premier plan, donc pas besoin d’être long sur cette question. Ce sont des personnalités qui ont fait leurs preuves, qui ont une expérience et un bilan dans la gouvernance de ce pays, des personnalités tout à fait en mesure d’assurer une relève de qualité, donc aucune inquiétude à avoir. Ce qu’il faudrait à la Côte d’Ivoire, après les 10 années de reconstruction entre 2010 et 2020, ce sont des dirigeants rigoureux, sérieux, qui connaissent les dossiers et savent les faire avancer, qui ont un sens élevé de la chose publique, qui aiment leur pays et travaillent à le faire progresser sur tous les plans.
L’opposition, notamment le PDCI et le RACI ont presque boycotté les discussions sur la réforme de la CEI. Cela est-il un bon signe pour l’élection présidentielle ?
C’est leur choix, mais pour faire simple, on peut d’une part comparer la dernière
composition de la CEI avec toutes celles qui ont précédé, depuis 2010. D’autres part, les représentants du parti au pouvoir et de l’Administration, qui constituaient 50% du bureau précédent ne représentent plus que 30% dans la composition publiée cette semaine. C’est dire les efforts qui ont été faits par le Gouvernement et le Président Alassane Ouattara pour donner une chance à la paix et à la cohésion sociale. A présent, il s’agit pour les uns et les autres de faire preuve de responsabilité en acceptant cette CEI conforme à l’Arrêt de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Je terminerai sur ce point en rappelant que la situation en Côte d’Ivoire est désormais normalisée et qu’il faut faire confiance aux institutions mises en place, qui sauront parfaitement protéger les droits de chacun des protagonistes en 2020 et après.
Le président du RHDP, Alassane Ouattara, a procédé à la nomination des membres du Conseil National et du Bureau Politique du RHDP. Quel commentaire faites-vous de ces listes ?
Cette liste était attendue depuis longtemps. C’est donc avec soulagement et un
sentiment de satisfaction que nous la recevons. Cela va permettre au RHDP de
poursuivre et de renforcer son déploiement sur le terrain.
Pour un parti politique, 9705 membres du Conseil national et 3168 du Bureau politique, n’est-ce pas trop beaucoup pour des organes centraux ?
Au contraire, cela confirme l’implantation nationale du RHDP et sa force sur le
terrain. Aucun autre parti politique ne peut se prévaloir d’une telle présence sur le terrain en Côte d’Ivoire, dans toutes les régions, tous les départements, voire dans tous les hameaux.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que ces listes sont du remplissage ?
Ce que vous ignorez peut-être, c’est que ce n’est pas la direction du Parti qui a
cherché des membres pour ces organes, mais ce sont les militants eux-mêmes qui réclament et souhaitent en faire partie. Ce que vous voyez est le fruit d’un arbitrage, car évidemment, tout le monde ne peut pas faire partie des organes de direction et de gestion du Parti.
Avec ces listes précédées de celle du Conseil politique, peut-on dire que la machine du RHDP est lancée ?
Désormais, la machine est effectivement lancée. Il reste bien entendu la publication des organes locaux, régionaux et départementaux pour libérer complètement les énergies et aller au contact des militants et des populations ivoiriennes. A moins de 2 ans des prochaines élections présidentielles, on peut dire que le timing est bon pour confirmer la place de premier parti de Côte d’Ivoire occupée par le RHDP depuis au moins 2010.
Mais le constat est que le RHDP part sans des soutiens de poids, notamment le Pdci d’Henri Konan Bédié et l’ex-président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro. Cela n’est-il pas un handicap pour vous ?
Nous aurions en effet préféré que la coalition qui a permis les victoires de 2010 et de 2015 résiste au temps, mais les personnalités que vous citez ont décidé de faire d’autres choix. Je sais que le Président Alassane Ouattara a tout fait pour les maintenir, mais il ne peut malheureusement pas les contraindre à rester dans le Parti. Ces personnalités sont parties, chacune avec ses raisons avouées ou inavouées, mais le constat que nous faisons est que la très grande majorité de leurs troupes, quand il y en avait, sont restées au RHDP, et se sentent bien au RHDP. Notre Parti n’est donc nullement handicapé par ces départs.
Ne pensez-vous pas que le président Ouattara doit faire revenir Guillaume Soro et son aîné Bédié dans la famille des Houphouëtistes ?
Je le disais tantôt, le Président Alassane Ouattara aura tout fait pour les maintenir, y compris en faisant des concessions, mais l’homme d’Etat qu’il est ne sacrifiera jamais l’intérêt national pour une cause privée ou une personne, même si cela peut lui garantir des voix. Ces personnalités sont dans une démarche personnelle, loin de cet intérêt général, et de ce que je vois, malgré ce qu’elles ont pu apporter à un moment ou un autre, la majorité des militants du RHDP ne sont pas prêts à les suivre dans leurs aventures. Si demain elles veulent revenir, je ne pense pas que les portes seront fermées, car le Président l’a déjà dit plusieurs fois, leur place est bien au RHDP et pas ailleurs, surtout pas dans les alliances de circonstances que nous voyons aujourd’hui.
Certains estiment que la sortie du RHDP de Guillaume Soro est une stratégie convenue avec le président Ouattara et qu’ils convergeront pour 2020. Partagez-vous cet avis ?
Je ne suis pas dans ce type de confidence, et je n’y crois pas du tout. Cela dit, au-delà des différences idéologiques qui n’ont plus tellement d’importance aujourd’hui dans la gouvernance de nos pays, je pense qu’en réalité, celui qui perd le plus, c’est celui qui est parti et pas le RHDP. S’il revient, ce sera un retour à la maison, et il lui appartiendra ensuite de trouver le positionnement qui convient par rapport à son passé et par rapport à ses ambitions futures. Non, je ne pense pas que le Président Ouattara soit dans ce genre de combines politiciennes.
Depuis leur départ du RHDP, Henri Konan Bédié et Guillaume Soro ne caressent plus le pouvoir dans le sens des poils. Ils dénoncent des intimidations, des pressions, des débauchages, etc. Qu’avez-vous à répondre ?
Cela est de bonne guerre, puisqu’ils sont aujourd’hui dans une position d’opposants, d’adversaires politiques du RHDP. Il faut seulement souhaiter que la critique normale, dans cette situation, soit faite avec responsabilité, hauteur de vue et sincérité. Que ces critiques ne nuisent pas à l’intérêt général et qu’elles ne sapent pas les efforts de cohésion et de redressement économique entrepris depuis plusieurs années maintenant. Les propos irresponsables et démagogiques ont déjà fait trop de mal à notre pays, et aujourd’hui, ce que demandent les Ivoiriens, c’est la paix afin que le pays continue sa marche en avant, que les conditions de vie s’améliorent, etc. Choses que nous pouvons difficilement avoir dans un environnement permanent de belligérance et de violence.
Au cours du dernier Bureau Politique du PDCI, le jeudi 27 juin, Henri Konan Bédié a parlé de recul de la démocratie, de nominations ethniques, etc. Qu’avez-vous à répondre ?
Il devient, en effet, difficile de le suivre, surtout que certains de ses propos de ces derniers temps, sont loin d’être à la hauteur des responsabilités qu’il a connues dans ce pays, certains de ces propos étant susceptibles de troubler l’ordre public. On pourrait épiloguer sur l’histoire de la Côte d’Ivoire au moment où il en était le Président, mais je préfère répondre différemment. Où se trouve le recul de la démocratie quand le PDCI a participé aux côtés de tous les autres partis membres du RHDP à toutes les élections depuis 2010, sans jamais dénoncer la moindre anomalie ? Où se trouve ce recul quand la Constitution en vigueur a été votée avec le soutien du PDCI, et que c’est bien cette Constitution qui est en vigueur en ce moment. Pour parler des nominations que vous appelez ethniques, je peux témoigner que depuis 2011, l’équilibre géopolitique a toujours été une préoccupation du Président Alassane Ouattara. Plusieurs nominations ont même été recalées parce qu’elles ne respectaient pas cet équilibre. On fait beaucoup de bruit sur cette question, mais en vérité, selon quelle logique on met dans le même sac un Bamba de Biankouma et un Bamba de Boundiali, un Ouattara de Kasséré et un Ouattara de Bondoukou ? Absolument aucune. C’est comme comparer un Bété à un Attié ou un Baoulé à un Ebrié. Par ailleurs, le peuple dit Dioula, qui est principalement commerçant, s’est installé dans plusieurs villes du Sud bien avant notre indépendance, à Abengourou, Aboisso, Bouaflé, Man, etc. Parce qu’ils portent des patronymes du Nord, les descendants de ces personnes continuent d’être comptabilisés comme ressortissants du Nord, quand bien même la mère serait de la localité du Sud concernée. Franchement,
prenons de la hauteur, et sortons de ce jeu malsain en concédant tout simplement à tous les Ivoiriens les mêmes droits.
Le 5 juin dernier, le président du PDCI-RDA a tenu des propos à l’encontre des orpailleurs clandestins et des immigrés. Cela a suscité des réactions. Ces propos sont-ils de nature à garantir la cohésion et la paix ?
Ces propos sont bien plus graves qu’on ne le dit jusqu’à présent. Ce qui est grave, ce n’est pas le fait de parler de l’orpaillage ou même de l’immigration dans notre pays, qui
sont des problématiques bien connues du Gouvernement et que ce dernier traite avec la plus grande responsabilité. Par exemple, concernant l’orpaillage clandestin, je peux témoigner que nombreuses actions sont menées par le Gouvernement depuis plusieurs
années. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’un officier de la Gendarmerie a malheureusement trouvé la mort. Relativement à l’immigration, si tout ce qui se dit était avéré, nous
ne serions pas à seulement 6 millions de personnes inscrites sur les listes électorales pour une population de 25 millions d’habitants, là où ailleurs ce ration fluctue entre 40 et
60%. Ce qui est grave à mes yeux, c’est qu’une personnalité de la trempe de celle que vous citez puisse accuser sans preuves sur des faits aussi graves. Quand il dit ‘’ils font venir les étrangers…’’, c’est qui le ‘’ILS’’ ? Quand il dit que cela se passe dans la commune d’Abobo, c’est une façon indirecte d’accuser les responsables de cette commune. Quand il dit ‘’on fait venir des étrangers pour des fins électorales’’, c’est le Gouvernement et le Parti au pouvoir qui sont indexés, et tout cela sans aucune preuve, alors qu’il s’agit de propos susceptibles d’affaiblir la cohésion sociale et de créer des troubles. Il devrait lui-même aller plus loin en donnant des preuves qu’il détient, en décrivant des situations précises, en donnant des noms de personnes incriminées, etc.
Sinon, il s’agit tout simplement d’accusations gratuites, qui n’honorent pas leur auteur.
Pour la présidentielle d’octobre 2020, les états-majors s’activent. Le PDCI envisage une alliance avec le FPI. Ne craignez-vous pas ce duo contre le RHDP ? N’est-ce pas une menace pour vous ?
Une menace pourquoi et comment ? Les alliances de circonstance, sans projet de
société, mais pour défendre des intérêts particuliers, ne peuvent pas prospérer. Il suffit d’attendre un peu. C’est une alliance qui manque totalement de cohérence et dont
les bases sont viciées, parce qu’on mélange de l’huile et de l’eau. Le réalisme en
politique nous commande de rester sereins et concentrés sur notre objectif,
reconstruire ce pays et lui redonner son lustre d’antan, améliorer les conditions de vie de nos compatriotes, et bien sûr, préparer 2020 afin que ce qui a commencé ne s’arrête pas en si bon chemin. Le peuple ivoirien est intelligent, il saura faire la différence entre les aventuriers ou les égocentriques et ceux qui ont un projet pour
la Côte d’Ivoire, ceux qui construisent et qui ont bilan, ceux qui ont les hommes, en quantité et en qualité pour conduire les destinées de ce pays. Restons sereins tout en étant réalistes et déterminés.
Si davantage le président Laurent Gbagbo est dans la course pour 2020, cela bouleverserait-t-il les calculs du RHDP ?
Il faudrait déjà qu’il en ait l’envie et qu’il soit candidat. Pour le reste, encore une fois, le RHDP a ses forces qui sont son bilan économique et social, ses résultats depuis les élections de 2011, son implantation totalement nationale, avec des poids lourds dans toutes les régions et dans tous les départements, la qualité de ses cadres, l’aura et la vision de son Président, etc. Quel que soit l’adversaire, le RHDP aura son mot à dire en 2020, et tout atteste à ce jour qu’il est le premier parti de Côte d’Ivoire, et qu’il est le mieux placé pour gagner cette élection de 2020.
A presque 16 mois du scrutin, le candidat de la majorité présidentielle n’est pas encore connu. Etes-vous pour une autre candidature d’Alassane Ouattara ?
Le Président Ouattara a dit sur cette question qu’il donnera sa position en 2020,
donc attendons.
Quel sera, selon vous, le meilleur ticket du RHDP pour 2020 ?
Le RHDP a la chance de disposer de personnalités hautement qualifiées et prêtes pour conduire les destinées de ce pays. Vous connaissez chacun de nos
dirigeants de premier plan, donc pas besoin d’être long sur cette question. Ce sont des personnalités qui ont fait leurs preuves, qui ont une expérience et un bilan dans la gouvernance de ce pays, des personnalités tout à fait en mesure d’assurer une relève de qualité, donc aucune inquiétude à avoir. Ce qu’il faudrait à la Côte d’Ivoire, après les 10 années de reconstruction entre 2010 et 2020, ce sont des dirigeants rigoureux, sérieux, qui connaissent les dossiers et savent les faire avancer, qui ont un sens élevé de la chose publique, qui aiment leur pays et travaillent à le faire progresser sur tous les plans.
L’opposition, notamment le PDCI et le RACI ont presque boycotté les discussions sur la réforme de la CEI. Cela est-il un bon signe pour l’élection présidentielle ?
C’est leur choix, mais pour faire simple, on peut d’une part comparer la dernière
composition de la CEI avec toutes celles qui ont précédé, depuis 2010. D’autres part, les représentants du parti au pouvoir et de l’Administration, qui constituaient 50% du bureau précédent ne représentent plus que 30% dans la composition publiée cette semaine. C’est dire les efforts qui ont été faits par le Gouvernement et le Président Alassane Ouattara pour donner une chance à la paix et à la cohésion sociale. A présent, il s’agit pour les uns et les autres de faire preuve de responsabilité en acceptant cette CEI conforme à l’Arrêt de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Je terminerai sur ce point en rappelant que la situation en Côte d’Ivoire est désormais normalisée et qu’il faut faire confiance aux institutions mises en place, qui sauront parfaitement protéger les droits de chacun des protagonistes en 2020 et après.