Le Cardinal Jean Pierre Kutwa a présidé la messe la veillée d’Assomption, qui a mobilisé, dans la nuit du mercredi 14 à ce jeudi 15 août 2019, les fidèles catholiques au Sanctuaire de l’Archidiocèse d’Abidjan, au Sanctuaire marial dudit diocèse. L’Archevêque a saisi cette occasion pour interpeller les Ivoiriens sur l’élan de réconciliation et de paix en Côte d’Ivoire. Ci-dessous, son sermon.
Frères et sœurs en Christ, Chers amis pèlerins,
Comme chaque année, nous nous retrouvons ici, dans ce sanctuaire dédié à Marie, Notre Dame d’Afrique, Mère de toutes grâces, sanctuaire qui a grandement contribué à entretenir la foi des fidèles et autres pèlerins, lieu de recueillement pour ceux qui cherchent le sens de leur vie et pour les affligés en quête de consolation et d’affection maternelles. Pour l’histoire, il est bon de rappeler que lorsque le Saint Pape Jean Paul II bénissait la première pierre de la cathédrale Saint Paul du Plateau, ce fut l’occasion pour lui aussi, de bénir celle de ce Sanctuaire Marial qui nous accueille aujourd’hui. Une histoire commune lie donc ces deux monuments érigés pour la gloire de Dieu : l’un dédié au Fils, l’autre à la Mère, les deux, se donnant l’un à l’autre et se complétant merveilleusement.
Ce symbole des deux qui se donnent l’un à l’autre et se complètent merveilleusement est important à relever en ce sens que Marie dont la vie est faite d’humilité et d’amour, nous invite sans cesse à aller à son Fils, qui Seul a les Paroles de vie. Et c’est bien là le sens d’une des inscriptions gravées à l’entrée de ce Sanctuaire : ‘‘Faites tout ce qu’Il vous dira.’’ Dès lors, une question s’impose à nous aujourd’hui : sommes-nous prêts à faire nôtre cette parole de la Vierge ? Mais plus encore et comme elle, serons-nous davantage conscients du désir du Christ d’être présent dans nos vies, Lui l’Emmanuel, Dieu avec nous ?
A la vérité, et je le crois fermement, il est inutile de chercher le Christ au fond des déserts ou même dans les nuages ou les étoiles, de même que dans les nébuleuses lointaines, car Il est toujours sur nos routes quotidiennes ! Et si nous l’invitons au lieu de l’éviter, la Vierge Marie sa mère nous conduira certainement à Lui, elle qui sait être attentive à nos besoins les plus profonds ! Quoi de plus normal, puisqu’elle est mère et qu’elle a vécu une vie d’intimité profonde avec son Fils, depuis sa conception jusqu’à sa résurrection, en passant par l’infâme bois de la croix ! Ainsi, dans les épreuves qui peuvent être les nôtres, la Vierge peut être pour nous aujourd’hui, un merveilleux signe de foi et d’abnégation.
1- Avec Marie comme mère, aucune menace, aucun danger n’est plus fort que la puissance du Christ.
Chers amis, chers pèlerins,
Dans la première lecture de ce jour qui décrit le combat de la femme ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles en proie aux menaces du Dragon légendaire, l’auteur nous montre comment le dessein de Dieu s’accomplit dans l’histoire malgré la présence de l’ennemi. En effet, la femme engendre le Messie contre lequel le Dragon qui symbolise les forces du mal, ne peut plus rien. Cette victoire, c’est celle qui nous invite au courage parce que Dieu a et aura toujours le dernier mot sur l’histoire des hommes ! Oui aujourd’hui encore, avec Marie comme mère, aucune menace, aucun danger n’est plus fort que la puissance du Christ qui nous rend vainqueur de Satan et de ses suppôts !
Mais ce combat que la femme a mené, c’est celui que tous les chrétiens sont appelés à mener à sa suite contre les forces du mal, lesquelles forces peuvent se présenter à nous sous des formes multiples, multiformes et variées. Il s’agit entre autre et peut-être principalement pour ce qui concerne notre pays, du combat que nous avons à mener pour la réconciliation, la justice et la paix. Ce combat est important pour nos jeunes sociétés justement parce que la réconciliation et la justice sont les deux présupposés essentiels de la paix et qu’ils définissent également dans une certaine mesure sa nature. En vérité, si l’on ne crée pas dans les cœurs la force de la réconciliation, le présupposé intérieur manquera toujours à l’engagement pour la paix.
Aussi, voudrais-je m’interroger avec vous : quels sont nos combats aujourd’hui, ceux qui valent vraiment la peine que nous y consacrions toutes nos forces et toutes nos énergies ? Ceux du pouvoir, de l’avoir et du paraître alors que la mémoire de nombre de nos concitoyens garde encore aujourd’hui le souvenir douloureux des cicatrices laissées par les luttes fratricides que nous avons connues, souvenir de la crise que nous croyions derrière nous? Aujourd’hui encore, notre pays est confronté à des rivalités qui occultent trop souvent les vrais défis qui doivent être ceux d’un pays qui marche vers son émergence ! Que dire des nouvelles formes d’esclavage et de colonisation, pour ne pas parler de l’amour du dieu-argent et de la corruption ? Assurément, nous devons pouvoir identifier les vraies batailles de notre temps et nous y tenir !
Et si dans tout cela, l’avenir peut nous sembler sombre et trouble, nous devons maintenir notre joie de vivre et célébrer la vie qui provient de notre Créateur, dans l’accueil de cette Mère merveilleuse avec qui nous avons veillé toute cette nuit. En effet, le signe du Temple qui s’ouvre dans le Ciel, de même que celui de l’Arche d’Alliance du Seigneur qui apparaît dans son Temple comme nous le révèle la première lecture, annoncent non seulement la fin des temps mais aussi la victoire de Dieu sur toutes les forces du mal, victoire qui nous fait l’obligation d’adopter le Christ et de le porter à nos frères et sœurs !
2- Avec Marie, devenons des porteurs du Christ, notre Paix !
Chers amis, chers pèlerins,
La victoire de Dieu sur toutes les forces du mal est celle qui doit impulser notre marche à tous vers nos frères comme c’est le cas de la Vierge Marie dans le texte de l’évangile que nous venons d’entendre. En effet, Marie qui se met en route vers une ville de la montagne de Galilée est avant tout et dans une certaine mesure, porteuse de bonne nouvelle. Cette bonne nouvelle concerne le Fils engendré pour notre humanité et cela, pour la gloire de Dieu et pour le bonheur des hommes.
Je ne le dirai jamais assez, la paix à laquelle nous aspirons, n’est pas et ne sera jamais une pure absence de guerre et elle ne se borne pas seulement à assurer l’équilibre de forces adverses ; elle ne provient pas non plus d’une domination despotique, parce que tout pouvoir a une fin ! La paix que nous recherchons, c’est la Vierge qui nous l’apporte ! Cette paix a un nom : Jésus-Christ qu’il nous faut à notre tour porter à nos frères et sœurs !
N’oublions jamais que la paix terrestre qui naît de l’amour du prochain est elle-même image et effet de la paix du Christ qui vient de Dieu le Père. Car le Fils incarné en personne, prince de la paix, a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa croix, rétablissant l’unité de tous en un seul peuple et un seul corps. Il a tué la haine dans sa propre chair et, après le triomphe de sa résurrection, il a répandu l’Esprit de charité dans le cœur des hommes. Christ est notre paix !
Et justement parce que le Christ est notre paix, nous devons accepter de le porter toujours et partout avec nous comme ce fut le cas de la Vierge Marie toute sa vie durant : c’est là que se trouve à mon sens le véritable enjeu de veiller avec et autour de la Vierge Marie.
Avez-vous remarqué que la fête de l’Assomption peut être considérée à certains égards comme une fête de rencontres : rencontres porteuses de vie, rencontres sources de joie ! Comme je le faisais remarquer l’an dernier, dans l’évangile, la rencontre des deux femmes enceintes permet le rapprochement des deux enfants à naître ! Marie qui a reçu la salutation évangélique, la transmet et cela enclenche le processus.
En effet, lorsque la salutation retentit aux oreilles d’Elisabeth, l’enfant à naître tressaille d’allégresse dans ses entrailles. Rempli de l’Esprit Saint comme l’avait annoncé l’Ange, l’enfant Jean Baptiste voit poindre déjà l’aube des temps nouveaux et prophétise, par son tressaillement et non par des mots, en reconnaissant joyeusement la présence de Celui qu’on attendait pour la fin des temps. Dès lors, Marie devient vraiment l’Arche d’Alliance du Seigneur !
Oui, Marie, parce qu’elle porte le Christ dans son sein, porte avec elle la joie, une joie indicible, une joie pure, différente de celles que nous pouvons connaître et expérimenter. Cette joie, c’est bien le Christ Lui-même ! C’est ainsi que les chrétiens que nous sommes devront vivre dorénavant à la suite de la Vierge Marie et de son Divin Fils ! Désormais, là où l’appel de Dieu nous mènera, nous devons pouvoir être des tabernacles vivants qui offrent aux hommes, le Christ, notre véritable paix !
3- Comme Marie, offrons-nous à Dieu dans une offrande joyeuse.
Chers amis, chers pèlerins,
Comme Marie, nous devons nous aussi répondre à notre vocation dans le monde de ce temps en acceptant d’offrir à Dieu nos vies dans une offrande joyeuse ! Cette joyeuse offrande est celle qui passe par le dépouillement de tout ce qui nous encombre. Dépouillons-nous donc de notre temps, en donnant un peu plus de temps à Dieu : Jésus n’aura que plus de place pour naître en nous, pour naître chez nous !
Dépouillons-nous aussi un peu de nos biens matériels pour aider ceux qui souffrent autour de nous : le Christ ne serait que trop heureux d’être reconnu à travers ces frères et sœurs dont la précarité invite à agir comme Lui-même aurait agi à notre place ! N’oubliez jamais que bien des fois, la vie elle-même se charge de vous faire vivre de grands dépouillements alors que nous n’en avons pas décidé ainsi !
Dépouillons-nous enfin de nos habitudes mauvaises qui nous collent à la peau, surtout celles qui gênent nos proches et nous éloignent finalement du Christ : nous n’avons rien à perdre mais plutôt beaucoup à gagner à faire plus de place dans nos vies pour que le Christ soit plus visible quand les autres nous verrons. En agissant ainsi, nous ferons en sorte que le Christ soit connu et aimé.
A la fête de l’Assomption, ce que nous célébrons finalement n’est rien d’autre aussi que la joie des retrouvailles entre la mère et son Divin Fils : grande joie en perspective pour notre humanité si elle sait lire encore les signes des temps ! Il ne nous reste plus qu’à nous offrir à notre tour à Dieu dans une offrande joyeuse: offrande de notre travail et de celui de tous les hommes, nos frères ; offrande aussi à Dieu de nos joies, de nos peines même si parfois nous ne voyons pas très bien ce qu’il peut en faire ; offrande de ce que nous avons de plus chers, et même parfois de nos mains vides ; offrande de notre pays : Lui, saura comment le mener vers les eaux plus tranquilles de la paix !
Pour terminer, je souhaite de tout cœur que désormais, chacune de nos rencontres laissent aux autres, la douce saveur de la rencontre avec le Christ en empruntant le chemin d’humilité que nous enseigne la Vierge. Ce chemin, nous aussi, nous pouvons et surtout, nous devons l’emprunter car l’Assomption de la Vierge Marie, nous indique clairement que tous les hommes sont faits pour la gloire de Dieu.
Que le Seigneur vous aide dans votre marche au quotidien et que la Vierge veille chacun de vos pas. Bonne fête à tous ceux et celles qui se prénomment Marie.
Bonne fête à tous !
+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ
Archevêque d’Abidjan
Frères et sœurs en Christ, Chers amis pèlerins,
Comme chaque année, nous nous retrouvons ici, dans ce sanctuaire dédié à Marie, Notre Dame d’Afrique, Mère de toutes grâces, sanctuaire qui a grandement contribué à entretenir la foi des fidèles et autres pèlerins, lieu de recueillement pour ceux qui cherchent le sens de leur vie et pour les affligés en quête de consolation et d’affection maternelles. Pour l’histoire, il est bon de rappeler que lorsque le Saint Pape Jean Paul II bénissait la première pierre de la cathédrale Saint Paul du Plateau, ce fut l’occasion pour lui aussi, de bénir celle de ce Sanctuaire Marial qui nous accueille aujourd’hui. Une histoire commune lie donc ces deux monuments érigés pour la gloire de Dieu : l’un dédié au Fils, l’autre à la Mère, les deux, se donnant l’un à l’autre et se complétant merveilleusement.
Ce symbole des deux qui se donnent l’un à l’autre et se complètent merveilleusement est important à relever en ce sens que Marie dont la vie est faite d’humilité et d’amour, nous invite sans cesse à aller à son Fils, qui Seul a les Paroles de vie. Et c’est bien là le sens d’une des inscriptions gravées à l’entrée de ce Sanctuaire : ‘‘Faites tout ce qu’Il vous dira.’’ Dès lors, une question s’impose à nous aujourd’hui : sommes-nous prêts à faire nôtre cette parole de la Vierge ? Mais plus encore et comme elle, serons-nous davantage conscients du désir du Christ d’être présent dans nos vies, Lui l’Emmanuel, Dieu avec nous ?
A la vérité, et je le crois fermement, il est inutile de chercher le Christ au fond des déserts ou même dans les nuages ou les étoiles, de même que dans les nébuleuses lointaines, car Il est toujours sur nos routes quotidiennes ! Et si nous l’invitons au lieu de l’éviter, la Vierge Marie sa mère nous conduira certainement à Lui, elle qui sait être attentive à nos besoins les plus profonds ! Quoi de plus normal, puisqu’elle est mère et qu’elle a vécu une vie d’intimité profonde avec son Fils, depuis sa conception jusqu’à sa résurrection, en passant par l’infâme bois de la croix ! Ainsi, dans les épreuves qui peuvent être les nôtres, la Vierge peut être pour nous aujourd’hui, un merveilleux signe de foi et d’abnégation.
1- Avec Marie comme mère, aucune menace, aucun danger n’est plus fort que la puissance du Christ.
Chers amis, chers pèlerins,
Dans la première lecture de ce jour qui décrit le combat de la femme ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles en proie aux menaces du Dragon légendaire, l’auteur nous montre comment le dessein de Dieu s’accomplit dans l’histoire malgré la présence de l’ennemi. En effet, la femme engendre le Messie contre lequel le Dragon qui symbolise les forces du mal, ne peut plus rien. Cette victoire, c’est celle qui nous invite au courage parce que Dieu a et aura toujours le dernier mot sur l’histoire des hommes ! Oui aujourd’hui encore, avec Marie comme mère, aucune menace, aucun danger n’est plus fort que la puissance du Christ qui nous rend vainqueur de Satan et de ses suppôts !
Mais ce combat que la femme a mené, c’est celui que tous les chrétiens sont appelés à mener à sa suite contre les forces du mal, lesquelles forces peuvent se présenter à nous sous des formes multiples, multiformes et variées. Il s’agit entre autre et peut-être principalement pour ce qui concerne notre pays, du combat que nous avons à mener pour la réconciliation, la justice et la paix. Ce combat est important pour nos jeunes sociétés justement parce que la réconciliation et la justice sont les deux présupposés essentiels de la paix et qu’ils définissent également dans une certaine mesure sa nature. En vérité, si l’on ne crée pas dans les cœurs la force de la réconciliation, le présupposé intérieur manquera toujours à l’engagement pour la paix.
Aussi, voudrais-je m’interroger avec vous : quels sont nos combats aujourd’hui, ceux qui valent vraiment la peine que nous y consacrions toutes nos forces et toutes nos énergies ? Ceux du pouvoir, de l’avoir et du paraître alors que la mémoire de nombre de nos concitoyens garde encore aujourd’hui le souvenir douloureux des cicatrices laissées par les luttes fratricides que nous avons connues, souvenir de la crise que nous croyions derrière nous? Aujourd’hui encore, notre pays est confronté à des rivalités qui occultent trop souvent les vrais défis qui doivent être ceux d’un pays qui marche vers son émergence ! Que dire des nouvelles formes d’esclavage et de colonisation, pour ne pas parler de l’amour du dieu-argent et de la corruption ? Assurément, nous devons pouvoir identifier les vraies batailles de notre temps et nous y tenir !
Et si dans tout cela, l’avenir peut nous sembler sombre et trouble, nous devons maintenir notre joie de vivre et célébrer la vie qui provient de notre Créateur, dans l’accueil de cette Mère merveilleuse avec qui nous avons veillé toute cette nuit. En effet, le signe du Temple qui s’ouvre dans le Ciel, de même que celui de l’Arche d’Alliance du Seigneur qui apparaît dans son Temple comme nous le révèle la première lecture, annoncent non seulement la fin des temps mais aussi la victoire de Dieu sur toutes les forces du mal, victoire qui nous fait l’obligation d’adopter le Christ et de le porter à nos frères et sœurs !
2- Avec Marie, devenons des porteurs du Christ, notre Paix !
Chers amis, chers pèlerins,
La victoire de Dieu sur toutes les forces du mal est celle qui doit impulser notre marche à tous vers nos frères comme c’est le cas de la Vierge Marie dans le texte de l’évangile que nous venons d’entendre. En effet, Marie qui se met en route vers une ville de la montagne de Galilée est avant tout et dans une certaine mesure, porteuse de bonne nouvelle. Cette bonne nouvelle concerne le Fils engendré pour notre humanité et cela, pour la gloire de Dieu et pour le bonheur des hommes.
Je ne le dirai jamais assez, la paix à laquelle nous aspirons, n’est pas et ne sera jamais une pure absence de guerre et elle ne se borne pas seulement à assurer l’équilibre de forces adverses ; elle ne provient pas non plus d’une domination despotique, parce que tout pouvoir a une fin ! La paix que nous recherchons, c’est la Vierge qui nous l’apporte ! Cette paix a un nom : Jésus-Christ qu’il nous faut à notre tour porter à nos frères et sœurs !
N’oublions jamais que la paix terrestre qui naît de l’amour du prochain est elle-même image et effet de la paix du Christ qui vient de Dieu le Père. Car le Fils incarné en personne, prince de la paix, a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa croix, rétablissant l’unité de tous en un seul peuple et un seul corps. Il a tué la haine dans sa propre chair et, après le triomphe de sa résurrection, il a répandu l’Esprit de charité dans le cœur des hommes. Christ est notre paix !
Et justement parce que le Christ est notre paix, nous devons accepter de le porter toujours et partout avec nous comme ce fut le cas de la Vierge Marie toute sa vie durant : c’est là que se trouve à mon sens le véritable enjeu de veiller avec et autour de la Vierge Marie.
Avez-vous remarqué que la fête de l’Assomption peut être considérée à certains égards comme une fête de rencontres : rencontres porteuses de vie, rencontres sources de joie ! Comme je le faisais remarquer l’an dernier, dans l’évangile, la rencontre des deux femmes enceintes permet le rapprochement des deux enfants à naître ! Marie qui a reçu la salutation évangélique, la transmet et cela enclenche le processus.
En effet, lorsque la salutation retentit aux oreilles d’Elisabeth, l’enfant à naître tressaille d’allégresse dans ses entrailles. Rempli de l’Esprit Saint comme l’avait annoncé l’Ange, l’enfant Jean Baptiste voit poindre déjà l’aube des temps nouveaux et prophétise, par son tressaillement et non par des mots, en reconnaissant joyeusement la présence de Celui qu’on attendait pour la fin des temps. Dès lors, Marie devient vraiment l’Arche d’Alliance du Seigneur !
Oui, Marie, parce qu’elle porte le Christ dans son sein, porte avec elle la joie, une joie indicible, une joie pure, différente de celles que nous pouvons connaître et expérimenter. Cette joie, c’est bien le Christ Lui-même ! C’est ainsi que les chrétiens que nous sommes devront vivre dorénavant à la suite de la Vierge Marie et de son Divin Fils ! Désormais, là où l’appel de Dieu nous mènera, nous devons pouvoir être des tabernacles vivants qui offrent aux hommes, le Christ, notre véritable paix !
3- Comme Marie, offrons-nous à Dieu dans une offrande joyeuse.
Chers amis, chers pèlerins,
Comme Marie, nous devons nous aussi répondre à notre vocation dans le monde de ce temps en acceptant d’offrir à Dieu nos vies dans une offrande joyeuse ! Cette joyeuse offrande est celle qui passe par le dépouillement de tout ce qui nous encombre. Dépouillons-nous donc de notre temps, en donnant un peu plus de temps à Dieu : Jésus n’aura que plus de place pour naître en nous, pour naître chez nous !
Dépouillons-nous aussi un peu de nos biens matériels pour aider ceux qui souffrent autour de nous : le Christ ne serait que trop heureux d’être reconnu à travers ces frères et sœurs dont la précarité invite à agir comme Lui-même aurait agi à notre place ! N’oubliez jamais que bien des fois, la vie elle-même se charge de vous faire vivre de grands dépouillements alors que nous n’en avons pas décidé ainsi !
Dépouillons-nous enfin de nos habitudes mauvaises qui nous collent à la peau, surtout celles qui gênent nos proches et nous éloignent finalement du Christ : nous n’avons rien à perdre mais plutôt beaucoup à gagner à faire plus de place dans nos vies pour que le Christ soit plus visible quand les autres nous verrons. En agissant ainsi, nous ferons en sorte que le Christ soit connu et aimé.
A la fête de l’Assomption, ce que nous célébrons finalement n’est rien d’autre aussi que la joie des retrouvailles entre la mère et son Divin Fils : grande joie en perspective pour notre humanité si elle sait lire encore les signes des temps ! Il ne nous reste plus qu’à nous offrir à notre tour à Dieu dans une offrande joyeuse: offrande de notre travail et de celui de tous les hommes, nos frères ; offrande aussi à Dieu de nos joies, de nos peines même si parfois nous ne voyons pas très bien ce qu’il peut en faire ; offrande de ce que nous avons de plus chers, et même parfois de nos mains vides ; offrande de notre pays : Lui, saura comment le mener vers les eaux plus tranquilles de la paix !
Pour terminer, je souhaite de tout cœur que désormais, chacune de nos rencontres laissent aux autres, la douce saveur de la rencontre avec le Christ en empruntant le chemin d’humilité que nous enseigne la Vierge. Ce chemin, nous aussi, nous pouvons et surtout, nous devons l’emprunter car l’Assomption de la Vierge Marie, nous indique clairement que tous les hommes sont faits pour la gloire de Dieu.
Que le Seigneur vous aide dans votre marche au quotidien et que la Vierge veille chacun de vos pas. Bonne fête à tous ceux et celles qui se prénomment Marie.
Bonne fête à tous !
+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ
Archevêque d’Abidjan