Décédé le 26 septembre dernier, l’ex-président français, Jacques Chirac, qui a eu droit à un grand hommage de la part des français et de plusieurs personnalités du monde entier présentes à ses obsèques était un grand ami de la Côte d’Ivoire. Cela grâce aux relations entretenues avec le premier président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny. Le ministre Essis Amara, l’un des collaborateurs du premier président ivoirien que nous avons rencontré fait un témoignage sur la nature des relations entre Houphouët et Chirac.
Pour mieux comprendre la nature des relations entre le Président Houphouët-Boigny et le Président Jacques Chirac, il faut remonter à la genèse de ces relations.
J'étais Ambassadeur de Côte d'Ivoire auprès des Nations Unies à Genève.
Le Président Houphouët-Boigny passait parfois un mois et demi de vacances à Genève. En fait de vacances c'étaient des activités intenses.
Il recevait beaucoup de visiteurs, des amis anciens Présidents, personnalités africaines, anciens et responsables Français tels: René Pleven, ancien Président de l’UDSR Antoine Pinay, ancien Ministre des Finances, François Kosciusko-Morizet (son ancien Directeur de Cabinet), François Mitterrand (pas encore Président), Jacques Foccart, Jacques Chirac (alors Maire de Paris). Tous les Ministres de la Coopération du Gouvernement Français y défilaient: Jean-Pierre Cot, Pierre Abelln, Robert Galley, Michel Roussin etc ...
Les responsables de la Cellule Afrique de l'Elysée tels: René Jounniac, Martin Kirch, Guy Penne etc ...
En 1976, après sa démission de son poste de Premier Ministre de Valery Giscard D'Estaing, le Président Jacques Chirac vint passer une journée avec le Président Houphouët-Boigny à Genève. Il venait seul en principe, voir son parrain dans un cadre familial. C'est à la veille de cette visite que le Président Houphouët-Boigny me raconta les circonstances dans lesquelles il avait rencontré Jacques Chirac.
J'avais téléphoné à Monsieur Bernard Tricot, alors Secrétaire Général de l'Elysée pour solliciter un rendez-vous avec le Général De Gaulle. Il me dit: « Cela tombe bien car je dois le voir dans une heure pour lui soumettre également des demandes de plusieurs Ministres. Je reviendrai à vous dans 2 heures ».
Effectivement, il m'appela plus tard pour me dire « félicitations, le Général reçoit Couve De Murville, Antoine Pinay et Alain Peyrifitte à l’Elysée demain et vous reçoit samedi à 10 heures à Colombey-Ies-Deux-Eglises.
Dans la galaxie gaullienne, recevoir une personnalité à Colombey-Ies-Deux-Eglises est une marque de respect et de considération pour le visiteur.
En effet le Général, catholique attaché à la morale, ne se sentait pas à l’aise à l'Elysée qui fut la propriété de Madame De Pompadour, courtisane très influente de la cour sous Louis XV.
Des drames retentissants eurent lieu dans cette demeure avec la mort du Président Félix Faure dans les bras d'une péripatéticienne.
Le Président Houphouët-Boigny connaissant la ponctualité du Général, arriva à 9H45 et prit place dans la salle d'attente près du bureau du Général.
A 10 heures, la porte du bureau s'ouvrit et le Protocole invita le Président Houphouët-Boigny à rejoindre le Général. Celui-ci était debout à l'entrée du bureau en compagnie d'un jeune homme grand de taille.
Le Général l'accueillit avec un grand sourire et lui dit « Monsieur le Ministre d'Etat, je vous présente Monsieur Jacques Chirac, Président du Mouvement des Jeunes Gaullistes. Il fait un excellent travail sur le terrain en ce moment.
L'audience avec le Général De Gaulle dura une heure et le président Houphouët-Boigny repartit comblé par la nature des discussions qu'il avait eues avec le Général.
Trois jours après cette audience à Colombey-Ies-Deux-Eglises, il demanda à ses collaborateurs Olivier Guichard et Guy Nairay de retrouver Monsieur Jacques Chirac, Président des Jeunes Gaullistes afin qu'il vienne le voir. Le Gouverneur Guy Nairay le localisa à Lyon où il était en meeting. Il était en tournée dans cette région et ne regagnerait Paris que dans 3 jours, et contacterait le Gouverneur une fois à Paris. Le Président reçut alors le jeune Chirac 4 jours après et échangea avec lui pendant 2 heures sur les différents aspects du Gaullisme.
A la fin des échanges, le Président Houphouët-Boigny lui dit alors: « Nous menons tous le même combat et vous pouvez, à présent compter, sur moi pour le succès de cette noble mission que vous effectuez pour ce grand homme que nous admirons tous et qui se bat pour des principes et des valeurs, le rayonnement, et la grandeur de la France ».
C'est ainsi que débutèrent de longues relations teintées d'affection sincère et d'estime réciproque entre ces deux hommes.
Maire de Paris, deux fois Premier Ministre, les relations entre les deux hommes à l'épreuve du pouvoir, s'étaient renforcées, faites de confiance, de vision commune sur les relations avec l'Afrique, la Côte d'Ivoire. En fait, c'était deux Gaullistes qui s'entraidaient sur le plan politique en France et en Afrique. A travers Houphouët-Boigny, Jacques Chirac a beaucoup connu et aimé l'Afrique « avec ses bruits, odeurs», ses coutumes, ses proverbes, ses objets d'art. Jovial, sympathique, chaleureux, naturel, Jacques CHIRAC était à l'aise sincèrement avec les Africains.
Après son échec à l'élection présidentielle contre François Mitterrand en 1981, Jacques Chirac, un peu déprimé, vint passer quelques jours auprès du Président Houphouët-Boigny à Yamoussoukro.
Après le dîner, c'était de longues marches dans le magnifique jardin de la Présidence avec l'évocation de souvenirs qui ne pouvaient que réjouir les deux complices dans la politique de la Vème République.
Ces marches se terminaient par une visite dans la vraie cour familiale du Président Houphouët-Boigny, la demeure de Mamie Faitai, la sœur ainée du Président Houphouët-Boigny. Elle recevait son frère et son invité entourée par Mamie Adjoua et Mamie Djeneba qui sont la sœur et la cousine du Président.
Le Président Chirac était très à l'aise dans ce cadre typiquement africain qu'il appréciait beaucoup où le Président Houphouët-Boigny lui disait: « lorsque je rentre ici, c'est ma sœur qui est Chef et j'obéis à ses ordres ».
C'est dans ce cadre convivial qu'une dame de l'entourage de Mamie Faitai lui examina la paume de sa main et lui prédit qu'il sera Président un jour dans son pays.
Nommé plus tard Premier Ministre par le Président François Mitterrand, il avait effectué par concorde un aller-retour Paris/Yamoussoukro/Paris pour rencontrer le Président Houphouët-Boigny avant d'aller former son Gouvernement. Certes il avait besoin, dans la tradition africaine qu'il affectionnait tant, de la bénédiction de son « vieux» mais certainement de son aide pour gérer une cohabitation avec un Président socialiste réputé « très rusé ». Le Président Houphouët-Boigny ayant débuté sa carrière ministérielle dans le Gouvernement du Président du Parti Union Démocratique et Sociale de la Résistance (UDSR), Monsieur René Pleven avec un certain François Mitterrand alors Ministre des Colonies, pouvait donc lui être d'un grand secours dans ce cas de figure inédit de la première cohabitation dans la sphère de la politique française.
Des relations politiques, étatiques, d'amitié, familiales même, Chirac était même devenu un confident car connaissant tout de sa vie publique et même privée.
Chirac avait une affection pour le Président Houphouët-Boigny et s'estimait être le gardien, le protecteur de son héritage. Pendant la crise, lorsque la rébellion remontait vers Abidjan, son obsession était que Yamoussoukro, sanctuaire d’Houphouët-Boigny, ne soit pas souillé, et occupé par une rébellion capable de piller quelques objets du patrimoine culturel accumulé dans sa résidence ou à la Basilique.
Chirac était viscéralement attaché au Président Houphouët-Boigny, à son héritage. Il s'impliqua avec force, par l’intermédiaire de son conseiller diplomatique, Jean Marc de la Sablière à ce que l'article 11 de la Constitution soit intégralement appliqué après le décès du Président.
A l'accession du Président Henri Konan Bédié à la Magistrature Suprême, il l'invita à effectuer une visite officielle en France et le reçu avec tous les honneurs. Il l'entoura d'une affection particulière pour témoigner de la continuité de son amour pour notre pays et ceci à travers ses sentiments très particuliers pour le Président Houphouët-Boigny.
Dans les relations internationales, Jacques Chirac est l'homme qui a dit NON à la guerre en Irak. Avec une prospective lucide, il avait prévu que cette guerre, même gagnée, ne résoudra pas les problèmes soulevés par les USA et que ses conséquences, à long terme, impacteront sur la stabilité du monde arabe.
Selon un poète: « La mort rend magnifique », tout comme l'adage africain qui reconnait que: « C'est à la mort de la grenouille qu'on découvre toute la dimension et la grandeur de sa taille ».
Une trentaine de Chefs d'Etat et de dirigeants étrangers en exercice ou non, ont assisté à ses funérailles grandioses à Paris. Un hommage populaire lui a été rendu par les Français. En 2013, une enquête sur l'image des Français à l'égard de leurs anciens Présidents relevait que Chirac avait 10% des faveurs de son peuple.
Mort aujourd'hui, il est le Président le plus apprécié des Français à égalité avec De Gaulle. Chacun ayant 30% des faveurs de ce peuple.
Après son départ de la Présidence, j'avais en 2004, eu l'occasion de le Rencontrer en présence de S.E. Michel Dupuch, ancien Ambassadeur de France en Côte d'Ivoire puis Conseiller à la « Cellule Afrique à l'Elysée ». Il était peiné de ce qui était arrivé en Côte d'Ivoire. Pour lui, autant la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 était déjà un peu prévisible, il n'avait jamais pensé que l'édifice Côte d'Ivoire, bastion solide en Afrique pouvait s'effondrer en un si peu de temps après le décès de son ami et parrain Félix Houphouët-Boigny. Il y avait urgence, me disait-il et il fallait improviser des solutions pour résoudre la crise ivoirienne. Il reconnait que des erreurs ont pu être faites mais qu'il y avait eu surtout beaucoup d'incompréhensions dans ses rapports avec les autorités ivoiriennes de l'époque. Il avait posé des actes pour honorer ces autorités qui avaient pris ces actes pour de la condescence. Il est parti sans avoir pu résoudre la crise ivoirienne qui restait pour lui une symphonie inachevée. Il avait fondé beaucoup d'espoir sur la gestion du dossier ivoirien par Dominique DE Villepin et Nathalie Delapame mais hélas devait-il conclure notre rencontre.
En le quittant, j'avais eu l'intime conviction qu'il était sincère et surtout peiné de n'avoir pas pu exécuter le testament moral qu'il s'était attribué pour sauver l'héritage de son grand ami.
La crise ivoirienne n'a pas encore livré tous ses éléments classés pour une grande partie dans des dossiers « secrets défenses ».
Le parallélisme que je fais entre le Président Houphouët-Boigny et le Président Chirac est qu'ils ont eu tous les deux une « bonne fin ». Un ballet incroyable d'avions de tout type avaient, en une journée, atterri à Yamoussoukro avec à leurs bords, des dignitaires d'Afrique et d'ailleurs pour assister aux funérailles du Président Houphouët-Boigny à la Basilique Notre Dame de la Paix à Yamoussoukro, le 7 février 1994.
Le Président Mitterrand atterrira avec le fleuron de l'aéronautique Franco-anglais, le Concorde. A son bord, tout le gotha de la politique française pour honorer celui qui fut Ministre dans les Gouvernements de la IV et de la Vème Républiques et membre influent de la Commission Debré qui élabora la Constitution de la Vème République qui régit toujours la France d'aujourd'hui.
Pour mieux comprendre la nature des relations entre le Président Houphouët-Boigny et le Président Jacques Chirac, il faut remonter à la genèse de ces relations.
J'étais Ambassadeur de Côte d'Ivoire auprès des Nations Unies à Genève.
Le Président Houphouët-Boigny passait parfois un mois et demi de vacances à Genève. En fait de vacances c'étaient des activités intenses.
Il recevait beaucoup de visiteurs, des amis anciens Présidents, personnalités africaines, anciens et responsables Français tels: René Pleven, ancien Président de l’UDSR Antoine Pinay, ancien Ministre des Finances, François Kosciusko-Morizet (son ancien Directeur de Cabinet), François Mitterrand (pas encore Président), Jacques Foccart, Jacques Chirac (alors Maire de Paris). Tous les Ministres de la Coopération du Gouvernement Français y défilaient: Jean-Pierre Cot, Pierre Abelln, Robert Galley, Michel Roussin etc ...
Les responsables de la Cellule Afrique de l'Elysée tels: René Jounniac, Martin Kirch, Guy Penne etc ...
En 1976, après sa démission de son poste de Premier Ministre de Valery Giscard D'Estaing, le Président Jacques Chirac vint passer une journée avec le Président Houphouët-Boigny à Genève. Il venait seul en principe, voir son parrain dans un cadre familial. C'est à la veille de cette visite que le Président Houphouët-Boigny me raconta les circonstances dans lesquelles il avait rencontré Jacques Chirac.
J'avais téléphoné à Monsieur Bernard Tricot, alors Secrétaire Général de l'Elysée pour solliciter un rendez-vous avec le Général De Gaulle. Il me dit: « Cela tombe bien car je dois le voir dans une heure pour lui soumettre également des demandes de plusieurs Ministres. Je reviendrai à vous dans 2 heures ».
Effectivement, il m'appela plus tard pour me dire « félicitations, le Général reçoit Couve De Murville, Antoine Pinay et Alain Peyrifitte à l’Elysée demain et vous reçoit samedi à 10 heures à Colombey-Ies-Deux-Eglises.
Dans la galaxie gaullienne, recevoir une personnalité à Colombey-Ies-Deux-Eglises est une marque de respect et de considération pour le visiteur.
En effet le Général, catholique attaché à la morale, ne se sentait pas à l’aise à l'Elysée qui fut la propriété de Madame De Pompadour, courtisane très influente de la cour sous Louis XV.
Des drames retentissants eurent lieu dans cette demeure avec la mort du Président Félix Faure dans les bras d'une péripatéticienne.
Le Président Houphouët-Boigny connaissant la ponctualité du Général, arriva à 9H45 et prit place dans la salle d'attente près du bureau du Général.
A 10 heures, la porte du bureau s'ouvrit et le Protocole invita le Président Houphouët-Boigny à rejoindre le Général. Celui-ci était debout à l'entrée du bureau en compagnie d'un jeune homme grand de taille.
Le Général l'accueillit avec un grand sourire et lui dit « Monsieur le Ministre d'Etat, je vous présente Monsieur Jacques Chirac, Président du Mouvement des Jeunes Gaullistes. Il fait un excellent travail sur le terrain en ce moment.
L'audience avec le Général De Gaulle dura une heure et le président Houphouët-Boigny repartit comblé par la nature des discussions qu'il avait eues avec le Général.
Trois jours après cette audience à Colombey-Ies-Deux-Eglises, il demanda à ses collaborateurs Olivier Guichard et Guy Nairay de retrouver Monsieur Jacques Chirac, Président des Jeunes Gaullistes afin qu'il vienne le voir. Le Gouverneur Guy Nairay le localisa à Lyon où il était en meeting. Il était en tournée dans cette région et ne regagnerait Paris que dans 3 jours, et contacterait le Gouverneur une fois à Paris. Le Président reçut alors le jeune Chirac 4 jours après et échangea avec lui pendant 2 heures sur les différents aspects du Gaullisme.
A la fin des échanges, le Président Houphouët-Boigny lui dit alors: « Nous menons tous le même combat et vous pouvez, à présent compter, sur moi pour le succès de cette noble mission que vous effectuez pour ce grand homme que nous admirons tous et qui se bat pour des principes et des valeurs, le rayonnement, et la grandeur de la France ».
C'est ainsi que débutèrent de longues relations teintées d'affection sincère et d'estime réciproque entre ces deux hommes.
Maire de Paris, deux fois Premier Ministre, les relations entre les deux hommes à l'épreuve du pouvoir, s'étaient renforcées, faites de confiance, de vision commune sur les relations avec l'Afrique, la Côte d'Ivoire. En fait, c'était deux Gaullistes qui s'entraidaient sur le plan politique en France et en Afrique. A travers Houphouët-Boigny, Jacques Chirac a beaucoup connu et aimé l'Afrique « avec ses bruits, odeurs», ses coutumes, ses proverbes, ses objets d'art. Jovial, sympathique, chaleureux, naturel, Jacques CHIRAC était à l'aise sincèrement avec les Africains.
Après son échec à l'élection présidentielle contre François Mitterrand en 1981, Jacques Chirac, un peu déprimé, vint passer quelques jours auprès du Président Houphouët-Boigny à Yamoussoukro.
Après le dîner, c'était de longues marches dans le magnifique jardin de la Présidence avec l'évocation de souvenirs qui ne pouvaient que réjouir les deux complices dans la politique de la Vème République.
Ces marches se terminaient par une visite dans la vraie cour familiale du Président Houphouët-Boigny, la demeure de Mamie Faitai, la sœur ainée du Président Houphouët-Boigny. Elle recevait son frère et son invité entourée par Mamie Adjoua et Mamie Djeneba qui sont la sœur et la cousine du Président.
Le Président Chirac était très à l'aise dans ce cadre typiquement africain qu'il appréciait beaucoup où le Président Houphouët-Boigny lui disait: « lorsque je rentre ici, c'est ma sœur qui est Chef et j'obéis à ses ordres ».
C'est dans ce cadre convivial qu'une dame de l'entourage de Mamie Faitai lui examina la paume de sa main et lui prédit qu'il sera Président un jour dans son pays.
Nommé plus tard Premier Ministre par le Président François Mitterrand, il avait effectué par concorde un aller-retour Paris/Yamoussoukro/Paris pour rencontrer le Président Houphouët-Boigny avant d'aller former son Gouvernement. Certes il avait besoin, dans la tradition africaine qu'il affectionnait tant, de la bénédiction de son « vieux» mais certainement de son aide pour gérer une cohabitation avec un Président socialiste réputé « très rusé ». Le Président Houphouët-Boigny ayant débuté sa carrière ministérielle dans le Gouvernement du Président du Parti Union Démocratique et Sociale de la Résistance (UDSR), Monsieur René Pleven avec un certain François Mitterrand alors Ministre des Colonies, pouvait donc lui être d'un grand secours dans ce cas de figure inédit de la première cohabitation dans la sphère de la politique française.
Des relations politiques, étatiques, d'amitié, familiales même, Chirac était même devenu un confident car connaissant tout de sa vie publique et même privée.
Chirac avait une affection pour le Président Houphouët-Boigny et s'estimait être le gardien, le protecteur de son héritage. Pendant la crise, lorsque la rébellion remontait vers Abidjan, son obsession était que Yamoussoukro, sanctuaire d’Houphouët-Boigny, ne soit pas souillé, et occupé par une rébellion capable de piller quelques objets du patrimoine culturel accumulé dans sa résidence ou à la Basilique.
Chirac était viscéralement attaché au Président Houphouët-Boigny, à son héritage. Il s'impliqua avec force, par l’intermédiaire de son conseiller diplomatique, Jean Marc de la Sablière à ce que l'article 11 de la Constitution soit intégralement appliqué après le décès du Président.
A l'accession du Président Henri Konan Bédié à la Magistrature Suprême, il l'invita à effectuer une visite officielle en France et le reçu avec tous les honneurs. Il l'entoura d'une affection particulière pour témoigner de la continuité de son amour pour notre pays et ceci à travers ses sentiments très particuliers pour le Président Houphouët-Boigny.
Dans les relations internationales, Jacques Chirac est l'homme qui a dit NON à la guerre en Irak. Avec une prospective lucide, il avait prévu que cette guerre, même gagnée, ne résoudra pas les problèmes soulevés par les USA et que ses conséquences, à long terme, impacteront sur la stabilité du monde arabe.
Selon un poète: « La mort rend magnifique », tout comme l'adage africain qui reconnait que: « C'est à la mort de la grenouille qu'on découvre toute la dimension et la grandeur de sa taille ».
Une trentaine de Chefs d'Etat et de dirigeants étrangers en exercice ou non, ont assisté à ses funérailles grandioses à Paris. Un hommage populaire lui a été rendu par les Français. En 2013, une enquête sur l'image des Français à l'égard de leurs anciens Présidents relevait que Chirac avait 10% des faveurs de son peuple.
Mort aujourd'hui, il est le Président le plus apprécié des Français à égalité avec De Gaulle. Chacun ayant 30% des faveurs de ce peuple.
Après son départ de la Présidence, j'avais en 2004, eu l'occasion de le Rencontrer en présence de S.E. Michel Dupuch, ancien Ambassadeur de France en Côte d'Ivoire puis Conseiller à la « Cellule Afrique à l'Elysée ». Il était peiné de ce qui était arrivé en Côte d'Ivoire. Pour lui, autant la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 était déjà un peu prévisible, il n'avait jamais pensé que l'édifice Côte d'Ivoire, bastion solide en Afrique pouvait s'effondrer en un si peu de temps après le décès de son ami et parrain Félix Houphouët-Boigny. Il y avait urgence, me disait-il et il fallait improviser des solutions pour résoudre la crise ivoirienne. Il reconnait que des erreurs ont pu être faites mais qu'il y avait eu surtout beaucoup d'incompréhensions dans ses rapports avec les autorités ivoiriennes de l'époque. Il avait posé des actes pour honorer ces autorités qui avaient pris ces actes pour de la condescence. Il est parti sans avoir pu résoudre la crise ivoirienne qui restait pour lui une symphonie inachevée. Il avait fondé beaucoup d'espoir sur la gestion du dossier ivoirien par Dominique DE Villepin et Nathalie Delapame mais hélas devait-il conclure notre rencontre.
En le quittant, j'avais eu l'intime conviction qu'il était sincère et surtout peiné de n'avoir pas pu exécuter le testament moral qu'il s'était attribué pour sauver l'héritage de son grand ami.
La crise ivoirienne n'a pas encore livré tous ses éléments classés pour une grande partie dans des dossiers « secrets défenses ».
Le parallélisme que je fais entre le Président Houphouët-Boigny et le Président Chirac est qu'ils ont eu tous les deux une « bonne fin ». Un ballet incroyable d'avions de tout type avaient, en une journée, atterri à Yamoussoukro avec à leurs bords, des dignitaires d'Afrique et d'ailleurs pour assister aux funérailles du Président Houphouët-Boigny à la Basilique Notre Dame de la Paix à Yamoussoukro, le 7 février 1994.
Le Président Mitterrand atterrira avec le fleuron de l'aéronautique Franco-anglais, le Concorde. A son bord, tout le gotha de la politique française pour honorer celui qui fut Ministre dans les Gouvernements de la IV et de la Vème Républiques et membre influent de la Commission Debré qui élabora la Constitution de la Vème République qui régit toujours la France d'aujourd'hui.