Il n’y a presque plus aucune polémique sur la personnalité qui va conduire la candidature du Pdci-Rda, aux prochaines élections présidentielles. Sauf revirement, c’est le président de ce parti, Henri Konan Bédié, qui se prédispose à cette ambition. A 85 ans, l’ancien chef de l’Etat n’en a pas fini avec la politique. Le ‘’Sphinx’’ de Daoukro, qui n’a pas encore avalé le coup d’Etat dont il a été victime, et qui a freiné la marche de son parti en 1999, veut rebondir à nouveau. Bédié veut mener son dernier combat. Cette dernière bataille, il s’y prépare sérieusement pour les échéances à venir en 2020.
Alors que des partisans de sa formation politique pensent à la promotion de nouvelles ressources plus jeunes, le doute se dissipe peu à peu, et le voile se lève. Le samedi dernier, à Yamoussoukro, au terme des journées politiques organisées en hommage au président-fondateur du Pdci-Rda, Félix Houphouët-Boigny, presque tout a été dit ; et ceux qui ont des oreilles l’ont entendu.
En des mots à peine voilés, le N°2 du Pdci-Rda, le chef du Secrétariat exécutif de ce parti, a dévoilé quasiment l’identité du prochain et plus que jamais probable du candidat du Pdci-Rda plus que jamais déterminé à reconquérir, 20 après, le pouvoir perdu.
Alors l’occasion était à l’hommage au père-fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, l’ancien ministre de la Santé, Maurice Kakou Guikahué, a détourné tous les regards sur un homme : Henri Konan Bédié, son mentor. Après avoir fait inverser l’ordre des interventions pour que le grand public sorti ce jour entende bien les messages qu’il allait transmettre, le professeur Guikahué aura consacré la moitié de son discours au président de son parti. Jamais discours n’aura été aussi laudateur, en partant du parcours de l’homme à ses hauts faits. « Pour nous, le Président Henri KONAN BEDIE, est une somme d’expériences ayant gravi tous les échelons : brillant étudiant, diplomate, ministre, élu local, parlementaire et Chef d’Etat. (…). Henri Konan BEDIE est une figure politique incontournable, comme en témoigne son parcours exceptionnel de haut cadre, technocrate accompli et d’homme politique averti. Syndicaliste estudiantin chevronné, il a toujours su prendre la défense de la cause de ses semblables. (…). N’en déplaise à ses détracteurs, il faut dire haut et fort, que Henri KONAN BEDIE n’est pas un inconnu pour les générations d’Ivoiriens et que sa vie n’est pas une parenthèse dans l’histoire de la Côte d’Ivoire ».
Un véritable dithyrambe suffisamment éloquent par sa conclusion qui ne laisse quasiment aucune ambiguïté. « Militantes et militants, mesdames et messieurs, dans cette Côte d’Ivoire, en quête de consensus, de fraternité vraie, de réconciliation et où tout reste à faire, la présence de Henri KONAN BEDIE, homme d’Etat de stature internationale, homme généreux, homme de parole, sérieux, fiable et non menteur et de sacrifice est une raison d’espérer dans des lendemains meilleurs. Alors, debout, mobilisons-nous, pour constituer une chaîne de solidarité agissante autour de Henri KONAN BEDIE pour nous conduire vers des rivages meilleurs en 2020, car notre pays a plus besoin d’actions de développement que de complots. N ‘ayez pas peur, il n’y a rien ».
Le pouvoir dans l’embarras
S’il voulait rassurer ses partisans que rien ne pouvait empêcher son maître de se présenter à la présidentielle de 2020, Maurice Kakou Guikahué n’aurait procédé autrement. Le chef du Secrétariat exécutif du Pdci-Rda donne l’assurance à ceux qui redoutent qu’une éventuelle ambition de leur mentor soit contrée par une réforme de la Constitution visant à restaurer l’âge limite à la présidentielle 2020. Effectivement, ce projet semblait alimenter les bruits dans les couloirs du Palais de l’Exécutif, mais aussi du Parlement. Des propos tenus par le chef de l’Etat lors de l’entretien accordé la veille de la célébration de l’Indépendance le 06 août dernier, à la télévision ivoirienne, contribuent à amplifier ces bruits. « Il y aura des modifications de la Constitution parce que nous remarquons qu’il y a des petites choses qui méritent d’être adaptées », avait indiqué le président Ouattara, avant d’ajouter : « Il faut épouser l’air du temps. Nous sommes un certain nombre à avoir un certain âge ; peut-être qu’à un moment donné, nous devrions réfléchir à ce que nous pouvons donner à notre pays au-delà d’un certain âge », soutenait le chef de l’Etat, qui milite clairement pour le passage du flambeau à une nouvelle génération, quand bien même il précise que les modifications de la Constitutions envisagées ne visent pas à « recaler des candidats », ou « une intention de ne pas avoir d’adversaire ».
En tout état de cause, même s’il le voudrait, il ne serait pas du tout facile pour le pouvoir ivoirien de procéder à une telle réforme constitutionnelle. Cette réforme aura du mal, en effet, à passer le cap de l’Assemblée nationale où le Pdci et ses alliés disposent encore d’une minorité confortable pour faire barrage à des lois organiques. Ces lois, à l’image de la modification de la Constitution, requièrent un minimum de 2/3 des députés siégeant, idem au Sénat. Toute chose qui mettrait le pouvoir dans un profond embarras.
Bédié confirme
Henri Konan Bédié, candidat du Pdci pour 2020 ! On l’aurait presque entendu dans la bouche de Maurice Kakou Guikahué. Sauf que la convention souveraine ne le lui a pas encore permis. Mais, le concerné, lui-même, semble avoir bien agencé les choses avec son poulain. Quand il prend la parole après son chef du Secrétariat exécutif, le président du Pdci avait comme à cœur de convaincre les Ivoiriens sur sa prochaine et probable candidature. En rappelant ses expériences acquises auprès d’Houphouët-Boigny, l’essentiel de son discours sera axé sur ce qu’il entend faire de nouveau pour son pays. En 10 étapes, dans une anaphore, il a quasiment trahi le secret en livrant les grands pans de ce qui pourrait être son projet de société. De la matière qui confirme la lancée de son N°2, mais de tout ce que beaucoup pensent plus bas, en ce qui concerne sa volonté de remettre le couvert à la présidentielle dans 11 mois.
Rhdp : le champion qui va affronter Soro
Il est donc presque hors de question que dans les 11 mois qui viennent, une modification de la Constitution soit introduite en Côte d’Ivoire avec une intention flagrante d’éliminer des candidats. Alassane Ouattara ne semble pas disposer à prendre le risque. A contrario, le pouvoir d’Abidjan n’est pas non plus près à voir l’ex-président comparaissant de la Cour pénale internationale (Cpi), Laurent Gbagbo, revenir dans l’arène politique avant les échéances à venir. Dans sa dernière édition encore sur le marché, le confrère Jeune Afrique révélait qu’Abidjan manœuvrerait pour que soient maintenus encore longtemps à l’extérieur les ex-dirigeants devant la Cpi, souhaitant du reste leur neutralité dans le débat politique actuel. Bon an mal an, le pouvoir ivoirien dispose encore de marge de manœuvre pour contraindre ces co-accusés en attente de la confirmation de leur acquittement prononcé en janvier dernier, à rester encore à l’étranger. Des procès pendants en Côte d’Ivoire pourraient constituer des obstacles pour Laurent Gbagbo, faisant l’objet d’une condamnation de 20 ans pour par la Justice ivoirienne, et Blé Goudé dont une affaire de ‘’crime contre les populations civiles et des prisonniers de guerre’’ doit passer en jugement le 30 octobre prochain.
Laurent Gbagbo et son clan presque muselés, le jeu politique continue bel pour le Rhdp tout aussi déterminé à se succéder au pouvoir. Même s’il entretient le flou, c’est quasi-certain que le président de la République, Alassane Ouattara, ne se représenterait plus aux élections à venir. Tout comme au Pdci, plus personne n’a besoin de jeter cauris pour connaître le champion du Rhdp pour 2020. Le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly occupe bien l’espace et ne cache plus son ambition. C’est son ex-collaborateur devenu chef du gouvernement à sa suite que Guillaume Soro, le premier à avoir déclaré officiellement sa candidature, va affronter. Le président du tout nouveau né des mouvements politiques, Générations et peuples solidaires (Gks) en veut terriblement à ses ex-camarades du Rdr et tient à les défier et à leur ravir le fauteuil présidentiel. Une bataille de titan qui s’annonce tandis que le Pdci, aux aguets, se tient près à profiter de ce duel pour regagner son trône perdu. Vous avez dit 2020 ? Tout se dessine déjà, et rien ne sera plus caché dans les semaines à venir…
Félix D.BONY
Alors que des partisans de sa formation politique pensent à la promotion de nouvelles ressources plus jeunes, le doute se dissipe peu à peu, et le voile se lève. Le samedi dernier, à Yamoussoukro, au terme des journées politiques organisées en hommage au président-fondateur du Pdci-Rda, Félix Houphouët-Boigny, presque tout a été dit ; et ceux qui ont des oreilles l’ont entendu.
En des mots à peine voilés, le N°2 du Pdci-Rda, le chef du Secrétariat exécutif de ce parti, a dévoilé quasiment l’identité du prochain et plus que jamais probable du candidat du Pdci-Rda plus que jamais déterminé à reconquérir, 20 après, le pouvoir perdu.
Alors l’occasion était à l’hommage au père-fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, l’ancien ministre de la Santé, Maurice Kakou Guikahué, a détourné tous les regards sur un homme : Henri Konan Bédié, son mentor. Après avoir fait inverser l’ordre des interventions pour que le grand public sorti ce jour entende bien les messages qu’il allait transmettre, le professeur Guikahué aura consacré la moitié de son discours au président de son parti. Jamais discours n’aura été aussi laudateur, en partant du parcours de l’homme à ses hauts faits. « Pour nous, le Président Henri KONAN BEDIE, est une somme d’expériences ayant gravi tous les échelons : brillant étudiant, diplomate, ministre, élu local, parlementaire et Chef d’Etat. (…). Henri Konan BEDIE est une figure politique incontournable, comme en témoigne son parcours exceptionnel de haut cadre, technocrate accompli et d’homme politique averti. Syndicaliste estudiantin chevronné, il a toujours su prendre la défense de la cause de ses semblables. (…). N’en déplaise à ses détracteurs, il faut dire haut et fort, que Henri KONAN BEDIE n’est pas un inconnu pour les générations d’Ivoiriens et que sa vie n’est pas une parenthèse dans l’histoire de la Côte d’Ivoire ».
Un véritable dithyrambe suffisamment éloquent par sa conclusion qui ne laisse quasiment aucune ambiguïté. « Militantes et militants, mesdames et messieurs, dans cette Côte d’Ivoire, en quête de consensus, de fraternité vraie, de réconciliation et où tout reste à faire, la présence de Henri KONAN BEDIE, homme d’Etat de stature internationale, homme généreux, homme de parole, sérieux, fiable et non menteur et de sacrifice est une raison d’espérer dans des lendemains meilleurs. Alors, debout, mobilisons-nous, pour constituer une chaîne de solidarité agissante autour de Henri KONAN BEDIE pour nous conduire vers des rivages meilleurs en 2020, car notre pays a plus besoin d’actions de développement que de complots. N ‘ayez pas peur, il n’y a rien ».
Le pouvoir dans l’embarras
S’il voulait rassurer ses partisans que rien ne pouvait empêcher son maître de se présenter à la présidentielle de 2020, Maurice Kakou Guikahué n’aurait procédé autrement. Le chef du Secrétariat exécutif du Pdci-Rda donne l’assurance à ceux qui redoutent qu’une éventuelle ambition de leur mentor soit contrée par une réforme de la Constitution visant à restaurer l’âge limite à la présidentielle 2020. Effectivement, ce projet semblait alimenter les bruits dans les couloirs du Palais de l’Exécutif, mais aussi du Parlement. Des propos tenus par le chef de l’Etat lors de l’entretien accordé la veille de la célébration de l’Indépendance le 06 août dernier, à la télévision ivoirienne, contribuent à amplifier ces bruits. « Il y aura des modifications de la Constitution parce que nous remarquons qu’il y a des petites choses qui méritent d’être adaptées », avait indiqué le président Ouattara, avant d’ajouter : « Il faut épouser l’air du temps. Nous sommes un certain nombre à avoir un certain âge ; peut-être qu’à un moment donné, nous devrions réfléchir à ce que nous pouvons donner à notre pays au-delà d’un certain âge », soutenait le chef de l’Etat, qui milite clairement pour le passage du flambeau à une nouvelle génération, quand bien même il précise que les modifications de la Constitutions envisagées ne visent pas à « recaler des candidats », ou « une intention de ne pas avoir d’adversaire ».
En tout état de cause, même s’il le voudrait, il ne serait pas du tout facile pour le pouvoir ivoirien de procéder à une telle réforme constitutionnelle. Cette réforme aura du mal, en effet, à passer le cap de l’Assemblée nationale où le Pdci et ses alliés disposent encore d’une minorité confortable pour faire barrage à des lois organiques. Ces lois, à l’image de la modification de la Constitution, requièrent un minimum de 2/3 des députés siégeant, idem au Sénat. Toute chose qui mettrait le pouvoir dans un profond embarras.
Bédié confirme
Henri Konan Bédié, candidat du Pdci pour 2020 ! On l’aurait presque entendu dans la bouche de Maurice Kakou Guikahué. Sauf que la convention souveraine ne le lui a pas encore permis. Mais, le concerné, lui-même, semble avoir bien agencé les choses avec son poulain. Quand il prend la parole après son chef du Secrétariat exécutif, le président du Pdci avait comme à cœur de convaincre les Ivoiriens sur sa prochaine et probable candidature. En rappelant ses expériences acquises auprès d’Houphouët-Boigny, l’essentiel de son discours sera axé sur ce qu’il entend faire de nouveau pour son pays. En 10 étapes, dans une anaphore, il a quasiment trahi le secret en livrant les grands pans de ce qui pourrait être son projet de société. De la matière qui confirme la lancée de son N°2, mais de tout ce que beaucoup pensent plus bas, en ce qui concerne sa volonté de remettre le couvert à la présidentielle dans 11 mois.
Rhdp : le champion qui va affronter Soro
Il est donc presque hors de question que dans les 11 mois qui viennent, une modification de la Constitution soit introduite en Côte d’Ivoire avec une intention flagrante d’éliminer des candidats. Alassane Ouattara ne semble pas disposer à prendre le risque. A contrario, le pouvoir d’Abidjan n’est pas non plus près à voir l’ex-président comparaissant de la Cour pénale internationale (Cpi), Laurent Gbagbo, revenir dans l’arène politique avant les échéances à venir. Dans sa dernière édition encore sur le marché, le confrère Jeune Afrique révélait qu’Abidjan manœuvrerait pour que soient maintenus encore longtemps à l’extérieur les ex-dirigeants devant la Cpi, souhaitant du reste leur neutralité dans le débat politique actuel. Bon an mal an, le pouvoir ivoirien dispose encore de marge de manœuvre pour contraindre ces co-accusés en attente de la confirmation de leur acquittement prononcé en janvier dernier, à rester encore à l’étranger. Des procès pendants en Côte d’Ivoire pourraient constituer des obstacles pour Laurent Gbagbo, faisant l’objet d’une condamnation de 20 ans pour par la Justice ivoirienne, et Blé Goudé dont une affaire de ‘’crime contre les populations civiles et des prisonniers de guerre’’ doit passer en jugement le 30 octobre prochain.
Laurent Gbagbo et son clan presque muselés, le jeu politique continue bel pour le Rhdp tout aussi déterminé à se succéder au pouvoir. Même s’il entretient le flou, c’est quasi-certain que le président de la République, Alassane Ouattara, ne se représenterait plus aux élections à venir. Tout comme au Pdci, plus personne n’a besoin de jeter cauris pour connaître le champion du Rhdp pour 2020. Le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly occupe bien l’espace et ne cache plus son ambition. C’est son ex-collaborateur devenu chef du gouvernement à sa suite que Guillaume Soro, le premier à avoir déclaré officiellement sa candidature, va affronter. Le président du tout nouveau né des mouvements politiques, Générations et peuples solidaires (Gks) en veut terriblement à ses ex-camarades du Rdr et tient à les défier et à leur ravir le fauteuil présidentiel. Une bataille de titan qui s’annonce tandis que le Pdci, aux aguets, se tient près à profiter de ce duel pour regagner son trône perdu. Vous avez dit 2020 ? Tout se dessine déjà, et rien ne sera plus caché dans les semaines à venir…
Félix D.BONY
