Dans une contribution au débat dont Abidjan.net a reçu copie, le président de la plate-forme de la Société civile, Alternative pour une nouvelle Côte d’Ivoire, Siméon Kouadio Konan réagit au discours du président de la République, Alassane Ouattara qui, ce samedi 7 décembre 2019, a interpellé les acteurs politiques qui compteraient sur l’armée pour envisager une transition avant 2020. Ci-dessous l’intégralité de sa réplique.
Le Président Alassane Ouattara était à Yamoussoukro cette fin de semaine, pour participer, dans le cadre de son parti, aux activités commémoratives de la disparition du président Houphouët-Boigny. S’adressant à cette occasion aux nombreuses notabilités rassemblées à la résidence de l’illustre regretté, cadre désormais quasi-spirituel et haut lieu de pèlerinage politique, le président a cru nécessaire et opportun d’apporter à ceux qui propose une transition, la réponse suivante : « Les hommes politiques qui comptent sur l’armée pour faire une transition perdent leur temps. Il n’y aura pas de transition en Côte d’Ivoire… » Cette surprenante déclaration du président du RHDP faite dans ce cadre et en ces circonstances sensées empreintes de recueillement et de souvenir en la mémoire, qui plus est, du grand apôtre de la paix qu’est Félix Houphouët-Boigny, n’aurait pas appelé plus de commentaire de ma part si elle ne comportait pas clairement un regard suspicieux et, in fine, une intention manifeste d’exposer à la vindicte, les fameux « hommes politiques qui comptent sur l’armée pour faire une transition ».
En outre, l’évocation de ce sujet en cette occasion si sacrée semble révélatrice d’une certaine angoisse et, à tout le moins, d’un certain état de préoccupation du président de la République qu’il convient d’apaiser ici et maintenant. Aussi, m’est-il apparu nécessaire, prenant et assumant toute la responsabilité qui est la mienne, en ma qualité de pionnier et de porteur notoirement connu de l’idée de la TRANSITION en Côte d’Ivoire depuis 2005, de lui donner, par la présente, assurance, des intentions les plus pacifiques de notre proposition, celle que je prône, en tout cas, celle dont j’ai eu l’honneur, sur instructions de Monsieur le président de la République et pour son attention, d’exposer les grandes lignes à son ministre chargé du Dialogue politique d’alors, l’actuel président de l’Assemblée nationale, Monsieur Amadou Soumahoro.
Pour ce faire, un simple rappel des propos que je tins à l’occasion de cette audience empreinte de grande courtoisie républicaine devrait suffire. Les voici et je me cite :
« Monsieur le Ministre, ne voyez pas devant vous un opposant politique ou un politicien à la recherche de poste ou d’argent. Voyez devant vous un homme spirituel qui vient comme une sentinelle tirer la sonnette d’alarme et attirer, comme il a déjà fait pour son prédécesseur, l’attention du président de la République sur les menaces graves qu’il aperçoit clairement à l’horizon. Je vois une situation de trouble sérieux et de blocage du processus électoral qui ne permettra pas d’aller à une élection paisible et sans danger en 2020. Une transition est inévitable. Pour la paix sociale et la stabilité, je suis venu proposer au président de la République d’en prendre l’initiative pour éviter qu’elle s’impose à nous », ai-je exposé.
Aux questions du ministre et de son collaborateur qui voulaient bien comprendre comment un tel schéma pourrait s’envisager dans un contexte de non crise où toutes les institutions fonctionnent normalement et comment concrètement cela aurait pu se faire, j’ai répondu en substance ceci : « Comme le dialogue, nous arrivons généralement à des transitions après des crises aux conséquences souvent douloureuses parce que nous ne les voyons pas venir. N’est-il pas plus sage quand on a l’avantage d’en être prévenu d’anticiper pour la conjurer ? Ma proposition de la transition aujourd’hui vise donc à éviter la crise de demain et croyez en mon intuition, elle arrivera si rien n’est fait. Pour ce qui est de la faisabilité, je suggère au président l’ouverture d’un dialogue politique et l’organisation d’une concertation nationale inclusive avec toutes les forces vives de la nation à l’effet de définir un consensus national autour de cette transition consensuelle pour la réconciliation nationale et l’organisation d’une présidentielle aux lendemains paisibles et ce, dès la fin du mandat du président qui aurait ainsi l’assurance d’une fin de mandat profitable à tous parce que tranquille et une sortie honorable ». Fin de citation. Voilà la substance du message que je répète invariablement et inlassablement depuis, à travers meetings, déclarations, conférences de presse et autres approches directes.
Voyez-vous la transition consensuelle que je prône depuis juillet 2018 et qu’appuie naturellement depuis quelques temps un certain nombre d’acteurs courageux et éclairés et qu’appuieront sûrement bientôt, l’ensemble des leaders et citoyens épris de paix, a justement pour unique objectif de garantir la paix sociale devant le fait désormais évident du manque de volonté manifeste de réunir les conditions idoines pour la tenue effective de l’élection à la date du 31 octobre 2020. En proposant la voie de la concertation nationale inclusive pour y arriver, nous affirmons clairement notre exclusion de tout recours à la force et aux armes car pour nous, la guerre n’est pas seulement la pire des solutions, elle n’est pas une solution. L’expérience ici l’aura éloquemment démontré et j’espère que vous ne comptez pas non plus sur les militaires pour vous imposer au peuple.
C’est pourquoi, en faisant cette proposition, je ne comptais pas sur les armes mais sur la sagesse des acteurs politiques et notamment du président de la République, garant moral de la paix dans le pays.
En confrontant la réalité et les sombres perspectives du contexte présent à ma démarche et mes propos d’il y a 18 mois, le président ne devrait-il pas avoir l’humilité de prendre acte du caractère prémonitoire de mon avertissement et se résoudre à envisager courageusement cette option qui reste encore possible ? A 10 mois du 31 octobre 2020, le Président devrait, à mon avis y songer.
Pour ce qui me concerne, pour l'amour de la Côte d’Ivoire, je ne me tairai point, pour l'amour de ce peuple mien, je ne prendrai point de repos, jusqu'à ce que son salut paraisse, comme l'aurore, et sa délivrance, comme un flambeau qui s'allume.
Je continuerai à proposer ce qui sauve, je continuerai à plaider la cause des Ivoiriens et je continuerai à en appeler à la responsabilité et à la sagesse des gouvernants pour éviter les souffrances inutiles au peuple déjà si éprouvé.
OUI Mr LE PRESIDENT, PAS SUR LES MILITAIRES MAIS SUR VOTRE SAGESSE !
Dieu bénit la Côte d’Ivoire !
Siméon Konan Kouadio
Le Président Alassane Ouattara était à Yamoussoukro cette fin de semaine, pour participer, dans le cadre de son parti, aux activités commémoratives de la disparition du président Houphouët-Boigny. S’adressant à cette occasion aux nombreuses notabilités rassemblées à la résidence de l’illustre regretté, cadre désormais quasi-spirituel et haut lieu de pèlerinage politique, le président a cru nécessaire et opportun d’apporter à ceux qui propose une transition, la réponse suivante : « Les hommes politiques qui comptent sur l’armée pour faire une transition perdent leur temps. Il n’y aura pas de transition en Côte d’Ivoire… » Cette surprenante déclaration du président du RHDP faite dans ce cadre et en ces circonstances sensées empreintes de recueillement et de souvenir en la mémoire, qui plus est, du grand apôtre de la paix qu’est Félix Houphouët-Boigny, n’aurait pas appelé plus de commentaire de ma part si elle ne comportait pas clairement un regard suspicieux et, in fine, une intention manifeste d’exposer à la vindicte, les fameux « hommes politiques qui comptent sur l’armée pour faire une transition ».
En outre, l’évocation de ce sujet en cette occasion si sacrée semble révélatrice d’une certaine angoisse et, à tout le moins, d’un certain état de préoccupation du président de la République qu’il convient d’apaiser ici et maintenant. Aussi, m’est-il apparu nécessaire, prenant et assumant toute la responsabilité qui est la mienne, en ma qualité de pionnier et de porteur notoirement connu de l’idée de la TRANSITION en Côte d’Ivoire depuis 2005, de lui donner, par la présente, assurance, des intentions les plus pacifiques de notre proposition, celle que je prône, en tout cas, celle dont j’ai eu l’honneur, sur instructions de Monsieur le président de la République et pour son attention, d’exposer les grandes lignes à son ministre chargé du Dialogue politique d’alors, l’actuel président de l’Assemblée nationale, Monsieur Amadou Soumahoro.
Pour ce faire, un simple rappel des propos que je tins à l’occasion de cette audience empreinte de grande courtoisie républicaine devrait suffire. Les voici et je me cite :
« Monsieur le Ministre, ne voyez pas devant vous un opposant politique ou un politicien à la recherche de poste ou d’argent. Voyez devant vous un homme spirituel qui vient comme une sentinelle tirer la sonnette d’alarme et attirer, comme il a déjà fait pour son prédécesseur, l’attention du président de la République sur les menaces graves qu’il aperçoit clairement à l’horizon. Je vois une situation de trouble sérieux et de blocage du processus électoral qui ne permettra pas d’aller à une élection paisible et sans danger en 2020. Une transition est inévitable. Pour la paix sociale et la stabilité, je suis venu proposer au président de la République d’en prendre l’initiative pour éviter qu’elle s’impose à nous », ai-je exposé.
Aux questions du ministre et de son collaborateur qui voulaient bien comprendre comment un tel schéma pourrait s’envisager dans un contexte de non crise où toutes les institutions fonctionnent normalement et comment concrètement cela aurait pu se faire, j’ai répondu en substance ceci : « Comme le dialogue, nous arrivons généralement à des transitions après des crises aux conséquences souvent douloureuses parce que nous ne les voyons pas venir. N’est-il pas plus sage quand on a l’avantage d’en être prévenu d’anticiper pour la conjurer ? Ma proposition de la transition aujourd’hui vise donc à éviter la crise de demain et croyez en mon intuition, elle arrivera si rien n’est fait. Pour ce qui est de la faisabilité, je suggère au président l’ouverture d’un dialogue politique et l’organisation d’une concertation nationale inclusive avec toutes les forces vives de la nation à l’effet de définir un consensus national autour de cette transition consensuelle pour la réconciliation nationale et l’organisation d’une présidentielle aux lendemains paisibles et ce, dès la fin du mandat du président qui aurait ainsi l’assurance d’une fin de mandat profitable à tous parce que tranquille et une sortie honorable ». Fin de citation. Voilà la substance du message que je répète invariablement et inlassablement depuis, à travers meetings, déclarations, conférences de presse et autres approches directes.
Voyez-vous la transition consensuelle que je prône depuis juillet 2018 et qu’appuie naturellement depuis quelques temps un certain nombre d’acteurs courageux et éclairés et qu’appuieront sûrement bientôt, l’ensemble des leaders et citoyens épris de paix, a justement pour unique objectif de garantir la paix sociale devant le fait désormais évident du manque de volonté manifeste de réunir les conditions idoines pour la tenue effective de l’élection à la date du 31 octobre 2020. En proposant la voie de la concertation nationale inclusive pour y arriver, nous affirmons clairement notre exclusion de tout recours à la force et aux armes car pour nous, la guerre n’est pas seulement la pire des solutions, elle n’est pas une solution. L’expérience ici l’aura éloquemment démontré et j’espère que vous ne comptez pas non plus sur les militaires pour vous imposer au peuple.
C’est pourquoi, en faisant cette proposition, je ne comptais pas sur les armes mais sur la sagesse des acteurs politiques et notamment du président de la République, garant moral de la paix dans le pays.
En confrontant la réalité et les sombres perspectives du contexte présent à ma démarche et mes propos d’il y a 18 mois, le président ne devrait-il pas avoir l’humilité de prendre acte du caractère prémonitoire de mon avertissement et se résoudre à envisager courageusement cette option qui reste encore possible ? A 10 mois du 31 octobre 2020, le Président devrait, à mon avis y songer.
Pour ce qui me concerne, pour l'amour de la Côte d’Ivoire, je ne me tairai point, pour l'amour de ce peuple mien, je ne prendrai point de repos, jusqu'à ce que son salut paraisse, comme l'aurore, et sa délivrance, comme un flambeau qui s'allume.
Je continuerai à proposer ce qui sauve, je continuerai à plaider la cause des Ivoiriens et je continuerai à en appeler à la responsabilité et à la sagesse des gouvernants pour éviter les souffrances inutiles au peuple déjà si éprouvé.
OUI Mr LE PRESIDENT, PAS SUR LES MILITAIRES MAIS SUR VOTRE SAGESSE !
Dieu bénit la Côte d’Ivoire !
Siméon Konan Kouadio