Un vaste mouvement de colère contre les injustices faites à des fonctionnaires au sein de ministères clés est en cours en vue de paralyser l’administration. Orchestré par le Mouvement d’action contre la grande injustice(Macgi), le porte-parole dudit mouvement s’est prêté à nos questions…
Monsieur Ibrahim Ouattara, vous êtes le Président du Mouvement d’action contre la grande injustice sociale au sein de la Fonction publique. Est-ce que vous pouvez nous présentez un peu votre syndicat ?
Le Mouvement action contre la grande injustice sociale au sein de la Fonction publique est une organisation syndicale qui regroupe, à ce jour, 18 syndicats de base. C’est un mouvement qui regroupe les syndicats que l’on retrouve dans ce qu’on appelle communément, l’administration générale. On parle d’administration générale dans certains milieux. L’administration générale parce que c’est un ensemble de structures, une diversité d’emplois, de ministères dont les effectifs ne sont pas souvent élevés. Vous voyez, ces effectifs ne sont pas élevés comme ceux de la santé et l’éducation-formation.
Votre mouvement existe depuis quand ?
Les syndicats de base qui composent ce mouvement existent depuis longtemps, depuis des années. J'allais même dire de longues années. Mais le mouvement lui-même, son existence date de fin septembre et début octobre 2019.
Et qu’est-ce qui a suscité ce regroupement de plusieurs syndicats en un mouvement ?
Il faut dire que le nom même du mouvement le dit, la grande injustice sociale au sein de la Fonction publique. Je l’ai déjà dit ailleurs. Toutes ces années de combat nous ont amenés à rencontrer des représentants de l’Administration, des autorités gouvernementales qui ont eu à nous dire qu’on ne pouvait pas être juste dans les traitements des fonctionnaires et agents des différents emplois, des différents ministères. C’est comme s’il s’agit de petites choses sans véritable impact sur ceux qui en sont les victimes. Ce n’est pas vrai. La vérité est qu’ils ferment les yeux sur de grandes disparités dans les traitements des fonctionnaires et agents de l’Etat, sur le maintien d’une partie de ses travailleurs dans la pauvreté. La vérité c’est qu’il existe une grande injustice sociale dans notre Fonction publique. Les personnels, les emplois, les départements ministériels dont les fonctionnaires et agents militent au sein du Macgi en sont les grandes victimes. Et ça perdure. Cette grande injustice sociale se manifeste par plusieurs exclusions. La première exclusion c’est que nos emplois ne bénéficient pas d’avantage spécifique. Et Malgré toutes les justifications, la justesse de nos revendications, malgré nos démarches auprès des autorités et le préjudice subi, ces avantages-là ne nous ont jamais été accordés.
Pouvez-vous énumérer ces injustices ?
Je vous ai déjà cité la première qui concerne les avantages spécifiques. Ensuite, une autre exclusion, c’est que nos emplois ne bénéficient pas d’indemnité de logement. Vous admettrez avec moi que c’est un besoin essentiel. Nous en sommes privés. La troisième exclusion, c’est que vous avez des départements ministériels qui n’ont pas de prime. La question des primes est vraiment cruciale. Vous avez des départements qui ont des primes et d'autres non. Des primes dont les montants varient d’un ministère à un autre. Et certains ministères n’offrent de prime que de nom, tant les montants sont dérisoires. Nous revendiquons donc l’institution d’avantages spécifiques au bénéfice des emplois qui en sont exclus, l’extension du bénéfice de l’indemnité de logement à l’ensemble des fonctionnaires et agents de l’Etat et l’instauration de primes au sein des départements ministériels qui sont tenus à l’écart de cette mesure. Nous revendiquons le rapport des sanctions abusives prises contre nos camarades syndicalistes et la création d’un profil de carrière pour les personnes qui sont exclus de cette opportunité de promotion, les gardes de sous-préfectures en occurrence. Les gardes de sous-préfectures sont des collaborateurs essentiels de nos gouverneurs. Vous savez que l’Etat, le Président de la république ce sont ceux-là qui les représentent. Mais imaginez que ces collaborateurs essentiels des gouverneurs sont bloqués dans la catégorie D qui est la catégorie la plus basse de l’échelle. Il n’y a pas de possibilité de passer un concours professionnel pour aller en C ou en B et ils n’ont pas de possibilité de promotion. Et cela dure depuis toujours. Donc si auxpréfets et aux sous-préfets, on leur reconnait l’importance qu’ils ont, leurs collaborateurs essentiels que sont les gardes des sous-préfectures méritent bien un profil pour avancer.
Vous avez déposé un préavis de grève, à cet effet où vous faites mention de sanctions abusives. Pouvez- vous nous en dire plus ?
Ces sanctions sont abusives. Ces sanctions violent la liberté syndicale. Le droit syndical est accordé par la loi, par le règlement. C'est un droit reconnu aux travailleurs. Nos camarades n’ont fait qu’exercer leur droit en revendiquant un mieux-être. Des Ministres se permettent de les mettre à la disposition de la Fonction publique, c'est-à-dire que le Ministre décide qu'ils ne sont plus membres de son personnel. Donc il les met à la disposition de la Fonction publique. C’est une pratique qui consiste à décapiter les organisations. Souvent le Secrétaire général, ses collaborateurs sont tous frappés par ces abus. Mais quel est leur tort ? Juste la revendication d’un mieux-être.
Combien sont-ils ceux qui subissent cette injustice et dans quels ministères se trouvent-ils ?
Les cas se trouvent dans deux départements ministériels. Il y a le ministère de la construction et le ministère des affaires étrangères. Neuf personnes sont sous le coup de ces sanctions. Donc ces mises à disposition mettent l’agent dans une situation de doute, d’incertitude, de vague et de vide parce qu’il est à la fois à la Fonction publique, dans son département ministériel d’origine et nulle part. Ce n’est pas normal.
Face à ces situations, quelles démarches avez-vous entreprises et quel a été le retour que vous a fait l’autorité ?
Il faut dire que les syndicats, individuellement ou de façon sectorielle depuis des années, ont mené des démarches auprès de leur ministère technique. Il n'y a pas eu de solution, ils sont allés à la Fonction publique, il n’y a pas eu de solution, ils sont allés à la Primature, aucune solution. Ils sont revenus reprendre tout le processus mais les choses n'ont pas bougé. Quand on a mis en place notre Mouvement, nous avons entrepris des démarches d’abord auprès du ministre de la Fonction publique, puisque nous avons sollicité l’ouverture de négociations sur nos points de revendications. La Fonction publique n’a pas répondu. Alors, nous avons sollicité la Primature pour les mêmes raisons, elle n’a pas réagi non plus et c’est après que nous avons déposé ce préavis de grève-là.
Il y a aussi la situation des agents des sous-préfectures?
Les gardes de sous-préfectures sont des collaborateurs essentiels de nos gouverneurs. Vous savez que l’Etat, le Président de la République, ce sont ceux-là qui le représentent, mais imaginez que ces collaborateurs essentiels qui sont avec nous depuis des décennies, depuis que les corps ont été créés, sont bloqués dans la catégorie D qui est la catégorie la plus basse de l’échelle. Il n’y a pas de possibilité de passer un concours professionnel pour aller en C ou en B. Ils n’ont donc pas de possibilité de promotion, ils sont là sans profil de carrière. Ce n’est pas normal. Et cela dure depuis toujours. Pourtant des corps de métiers ont bénéficié de cet avantage. Pourquoi pas eux aussi ? Donc si on reconnaît aux préfets et sous-préfets, leur importance, leurs collaborateurs essentiels que sont les gardes des sous-préfectures, ne méritent-ils pas aujourd’hui un profil pour leur avancement ?
La situation que vous décriez est bien connue. Que comptez-vous faire ?
Nous ne sommes pas caractérisés par le radicalisme, nous ne sommes pas des anarchistes impénitents. Nous ne sommes pas des grévistes invétérés. Mais c’est l’attitude discriminatoire du gouvernement, le comportement du gouvernement tendant à sacrifier une partie des fonctionnaires et agents de l’Etat qui nous amènent à aller à cette grève et à la reconduire s’il n’y a pas de solution.
Est-ce qu’il y a eu un travail de terrain pour la mobilisation de vos bases ? Parce que généralement, on lance les mouvements et après sur le terrain, rien ?
Non, je pense que l’argument le plus important de cette grève, c’est la souffrance de nos membres, c’est la frustration, ces grandes disparités. C’est déjà cela notre premier argument c’est ce qui milite en faveur de la mobilisation de nos membres. Nous sommes 18 syndicats de base et il y a un travail profond qui est mené. C'est une grève historique, mais c’est une grève qui va se tenir. Nous allons être actifs sur toute l’année parce qu’on a toujours été bernés, toujours été mis à l’écart. Quel est cet Etat qui met des fonctionnaires dans des situations désobligeantes !
Interview réalisée par JEAN PRISCA
Monsieur Ibrahim Ouattara, vous êtes le Président du Mouvement d’action contre la grande injustice sociale au sein de la Fonction publique. Est-ce que vous pouvez nous présentez un peu votre syndicat ?
Le Mouvement action contre la grande injustice sociale au sein de la Fonction publique est une organisation syndicale qui regroupe, à ce jour, 18 syndicats de base. C’est un mouvement qui regroupe les syndicats que l’on retrouve dans ce qu’on appelle communément, l’administration générale. On parle d’administration générale dans certains milieux. L’administration générale parce que c’est un ensemble de structures, une diversité d’emplois, de ministères dont les effectifs ne sont pas souvent élevés. Vous voyez, ces effectifs ne sont pas élevés comme ceux de la santé et l’éducation-formation.
Votre mouvement existe depuis quand ?
Les syndicats de base qui composent ce mouvement existent depuis longtemps, depuis des années. J'allais même dire de longues années. Mais le mouvement lui-même, son existence date de fin septembre et début octobre 2019.
Et qu’est-ce qui a suscité ce regroupement de plusieurs syndicats en un mouvement ?
Il faut dire que le nom même du mouvement le dit, la grande injustice sociale au sein de la Fonction publique. Je l’ai déjà dit ailleurs. Toutes ces années de combat nous ont amenés à rencontrer des représentants de l’Administration, des autorités gouvernementales qui ont eu à nous dire qu’on ne pouvait pas être juste dans les traitements des fonctionnaires et agents des différents emplois, des différents ministères. C’est comme s’il s’agit de petites choses sans véritable impact sur ceux qui en sont les victimes. Ce n’est pas vrai. La vérité est qu’ils ferment les yeux sur de grandes disparités dans les traitements des fonctionnaires et agents de l’Etat, sur le maintien d’une partie de ses travailleurs dans la pauvreté. La vérité c’est qu’il existe une grande injustice sociale dans notre Fonction publique. Les personnels, les emplois, les départements ministériels dont les fonctionnaires et agents militent au sein du Macgi en sont les grandes victimes. Et ça perdure. Cette grande injustice sociale se manifeste par plusieurs exclusions. La première exclusion c’est que nos emplois ne bénéficient pas d’avantage spécifique. Et Malgré toutes les justifications, la justesse de nos revendications, malgré nos démarches auprès des autorités et le préjudice subi, ces avantages-là ne nous ont jamais été accordés.
Pouvez-vous énumérer ces injustices ?
Je vous ai déjà cité la première qui concerne les avantages spécifiques. Ensuite, une autre exclusion, c’est que nos emplois ne bénéficient pas d’indemnité de logement. Vous admettrez avec moi que c’est un besoin essentiel. Nous en sommes privés. La troisième exclusion, c’est que vous avez des départements ministériels qui n’ont pas de prime. La question des primes est vraiment cruciale. Vous avez des départements qui ont des primes et d'autres non. Des primes dont les montants varient d’un ministère à un autre. Et certains ministères n’offrent de prime que de nom, tant les montants sont dérisoires. Nous revendiquons donc l’institution d’avantages spécifiques au bénéfice des emplois qui en sont exclus, l’extension du bénéfice de l’indemnité de logement à l’ensemble des fonctionnaires et agents de l’Etat et l’instauration de primes au sein des départements ministériels qui sont tenus à l’écart de cette mesure. Nous revendiquons le rapport des sanctions abusives prises contre nos camarades syndicalistes et la création d’un profil de carrière pour les personnes qui sont exclus de cette opportunité de promotion, les gardes de sous-préfectures en occurrence. Les gardes de sous-préfectures sont des collaborateurs essentiels de nos gouverneurs. Vous savez que l’Etat, le Président de la république ce sont ceux-là qui les représentent. Mais imaginez que ces collaborateurs essentiels des gouverneurs sont bloqués dans la catégorie D qui est la catégorie la plus basse de l’échelle. Il n’y a pas de possibilité de passer un concours professionnel pour aller en C ou en B et ils n’ont pas de possibilité de promotion. Et cela dure depuis toujours. Donc si auxpréfets et aux sous-préfets, on leur reconnait l’importance qu’ils ont, leurs collaborateurs essentiels que sont les gardes des sous-préfectures méritent bien un profil pour avancer.
Vous avez déposé un préavis de grève, à cet effet où vous faites mention de sanctions abusives. Pouvez- vous nous en dire plus ?
Ces sanctions sont abusives. Ces sanctions violent la liberté syndicale. Le droit syndical est accordé par la loi, par le règlement. C'est un droit reconnu aux travailleurs. Nos camarades n’ont fait qu’exercer leur droit en revendiquant un mieux-être. Des Ministres se permettent de les mettre à la disposition de la Fonction publique, c'est-à-dire que le Ministre décide qu'ils ne sont plus membres de son personnel. Donc il les met à la disposition de la Fonction publique. C’est une pratique qui consiste à décapiter les organisations. Souvent le Secrétaire général, ses collaborateurs sont tous frappés par ces abus. Mais quel est leur tort ? Juste la revendication d’un mieux-être.
Combien sont-ils ceux qui subissent cette injustice et dans quels ministères se trouvent-ils ?
Les cas se trouvent dans deux départements ministériels. Il y a le ministère de la construction et le ministère des affaires étrangères. Neuf personnes sont sous le coup de ces sanctions. Donc ces mises à disposition mettent l’agent dans une situation de doute, d’incertitude, de vague et de vide parce qu’il est à la fois à la Fonction publique, dans son département ministériel d’origine et nulle part. Ce n’est pas normal.
Face à ces situations, quelles démarches avez-vous entreprises et quel a été le retour que vous a fait l’autorité ?
Il faut dire que les syndicats, individuellement ou de façon sectorielle depuis des années, ont mené des démarches auprès de leur ministère technique. Il n'y a pas eu de solution, ils sont allés à la Fonction publique, il n’y a pas eu de solution, ils sont allés à la Primature, aucune solution. Ils sont revenus reprendre tout le processus mais les choses n'ont pas bougé. Quand on a mis en place notre Mouvement, nous avons entrepris des démarches d’abord auprès du ministre de la Fonction publique, puisque nous avons sollicité l’ouverture de négociations sur nos points de revendications. La Fonction publique n’a pas répondu. Alors, nous avons sollicité la Primature pour les mêmes raisons, elle n’a pas réagi non plus et c’est après que nous avons déposé ce préavis de grève-là.
Il y a aussi la situation des agents des sous-préfectures?
Les gardes de sous-préfectures sont des collaborateurs essentiels de nos gouverneurs. Vous savez que l’Etat, le Président de la République, ce sont ceux-là qui le représentent, mais imaginez que ces collaborateurs essentiels qui sont avec nous depuis des décennies, depuis que les corps ont été créés, sont bloqués dans la catégorie D qui est la catégorie la plus basse de l’échelle. Il n’y a pas de possibilité de passer un concours professionnel pour aller en C ou en B. Ils n’ont donc pas de possibilité de promotion, ils sont là sans profil de carrière. Ce n’est pas normal. Et cela dure depuis toujours. Pourtant des corps de métiers ont bénéficié de cet avantage. Pourquoi pas eux aussi ? Donc si on reconnaît aux préfets et sous-préfets, leur importance, leurs collaborateurs essentiels que sont les gardes des sous-préfectures, ne méritent-ils pas aujourd’hui un profil pour leur avancement ?
La situation que vous décriez est bien connue. Que comptez-vous faire ?
Nous ne sommes pas caractérisés par le radicalisme, nous ne sommes pas des anarchistes impénitents. Nous ne sommes pas des grévistes invétérés. Mais c’est l’attitude discriminatoire du gouvernement, le comportement du gouvernement tendant à sacrifier une partie des fonctionnaires et agents de l’Etat qui nous amènent à aller à cette grève et à la reconduire s’il n’y a pas de solution.
Est-ce qu’il y a eu un travail de terrain pour la mobilisation de vos bases ? Parce que généralement, on lance les mouvements et après sur le terrain, rien ?
Non, je pense que l’argument le plus important de cette grève, c’est la souffrance de nos membres, c’est la frustration, ces grandes disparités. C’est déjà cela notre premier argument c’est ce qui milite en faveur de la mobilisation de nos membres. Nous sommes 18 syndicats de base et il y a un travail profond qui est mené. C'est une grève historique, mais c’est une grève qui va se tenir. Nous allons être actifs sur toute l’année parce qu’on a toujours été bernés, toujours été mis à l’écart. Quel est cet Etat qui met des fonctionnaires dans des situations désobligeantes !
Interview réalisée par JEAN PRISCA