Il a hésité à clarifier sa position sur les prochaines élections présidentielles ivoiriennes. Alassane Ouattara a entretenu le suspense pendant des mois avant de se prononcer ce jeudi 5 mars 2020, dans un discours solennel de renoncement devant le Congrès. Le président ivoirien a annoncé qu’il ne sera pas candidat aux élections présidentielles d’octobre prochain. Il a mis fin à la polémique montante sur son éligibilité au regard des dispositions de la Constitution qui limite les mandats présidentiels à deux. Le président ivoirien a vite tranché sur son cas, contrairement au rendez-vous qu’il n’hésitait pas à ses interlocuteurs à qui il faisait entendre qu’il pouvait aller jusqu’en août prochain pour se prononcer.
Alassane Ouattara a choisi, finalement, de parler plus tôt qu’attendu. Aura-t-il été contraint de mettre fin à ce suspense, ou la conjoncture politique l’y aura-t-il obligé ? Ce qui est certain, le contexte ivoirien tel qu’il se présente aujourd’hui n’augurait pas de vent serein si le tenant actuel du pouvoir venait à rempiler pour un 3ème mandat. Le mur tout sauf Ouattara qui se met en place conduirait droit à du désordre, et cette atmosphère délétère s’inscrirait au passif de l’ancien Premier ministre d’Houphouët qui s’enorgueillit à présent de son bilan et de ses réalisations.
En effet, en plus d’avoir son ex-rival, Laurent Gbagbo comme adversaire probable (s’il est libéré par la Cour pénale internationale), Alassane Ouattara s’est mis à dos ses propres alliés d’hier, Henri Konan Bédié et Guillaume Soro. Trois gros ténors du marigot politique ivoirien, en plus de l’Eglise catholique, qui vient de se mêler du débat. Suite à une sorte de passe d’arme entre les dirigeants catholiques et certains caciques de son parti, le Rassemblement des Houphouëtistes (Rhdp), le président de la République a échangé avec les évêques de Côte d’Ivoire qu’il a reçus au Palais d’Abidjan le 19 février dernier. Cette rencontre, qui s’est terminée dans une ambiance détendue aura été l’occasion pour ces prélats de remonter des craintes et des inquiétudes au numéro 1 ivoirien. Mieux, les échos de ces adversités qui se dressent sur son chemin et la volonté de préserver les acquis de ses réalisations au pouvoir auront contribué à décider le chef de l’Etat, et notamment à libérer les Ivoiriens des craintes et autres psychoses qui montent à mesure que s’égrainent les semaines vers octobre 2020.
Faire d’une pierre deux coups
En décidant d’annoncer son renoncement à de nouvelles ambitions politiques, Alassane Ouattara ne fait pas que décrisper l’étau de l’atmosphère qui se radicalisait autour de sa candidature éventuelle pour un 3ème mandat. Devant les représentants du peuple de Côte d’Ivoire, le président ivoirien fait d’une pierre deux coups. Il se met en retraite, mais tente aussi d’écarter ses adversaires politiques affichés. A savoir Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, l’un en voie pour devenir octogénaire comme lui, et l’autre bientôt nonagénaire. Le président sortant dit avoir décidé de transférer le pouvoir à une nouvelle génération. Ce qui, au delà du discours, est un engagement pris devant la nation, de ne pas laisser passer ceux de sa « génération » qu’il n’a eu de cesse, bien avant, d’appeler à faire comme lui.
Le faisant, le président Ouattara lance une véritable bombe dans les camps de ces adversaires, notamment le Pdci-Rda où il faut s’attendre dans les jours et semaines à venir à des remous. Il est clair que ce pan du discours du chef de l’Etat va remettre des appétits au goût du jour. Des débats vont sans doute s’en suivre, quand lui, aura gagné son pari. Celui de mettre fin à un cycle. Celui de la classe de gérontocrates dont il fait partie, et qui aura plombé la vie politique ivoirienne durant les trois décennies – depuis la disparition de feu Félix Houphouët-Boigny en 1993 – dans des crises interminables. Alassane Ouattara fait-il bien de partir avec sa génération ? Le sujet est déjà au cœur des conversations.
F.D.BONY
Alassane Ouattara a choisi, finalement, de parler plus tôt qu’attendu. Aura-t-il été contraint de mettre fin à ce suspense, ou la conjoncture politique l’y aura-t-il obligé ? Ce qui est certain, le contexte ivoirien tel qu’il se présente aujourd’hui n’augurait pas de vent serein si le tenant actuel du pouvoir venait à rempiler pour un 3ème mandat. Le mur tout sauf Ouattara qui se met en place conduirait droit à du désordre, et cette atmosphère délétère s’inscrirait au passif de l’ancien Premier ministre d’Houphouët qui s’enorgueillit à présent de son bilan et de ses réalisations.
En effet, en plus d’avoir son ex-rival, Laurent Gbagbo comme adversaire probable (s’il est libéré par la Cour pénale internationale), Alassane Ouattara s’est mis à dos ses propres alliés d’hier, Henri Konan Bédié et Guillaume Soro. Trois gros ténors du marigot politique ivoirien, en plus de l’Eglise catholique, qui vient de se mêler du débat. Suite à une sorte de passe d’arme entre les dirigeants catholiques et certains caciques de son parti, le Rassemblement des Houphouëtistes (Rhdp), le président de la République a échangé avec les évêques de Côte d’Ivoire qu’il a reçus au Palais d’Abidjan le 19 février dernier. Cette rencontre, qui s’est terminée dans une ambiance détendue aura été l’occasion pour ces prélats de remonter des craintes et des inquiétudes au numéro 1 ivoirien. Mieux, les échos de ces adversités qui se dressent sur son chemin et la volonté de préserver les acquis de ses réalisations au pouvoir auront contribué à décider le chef de l’Etat, et notamment à libérer les Ivoiriens des craintes et autres psychoses qui montent à mesure que s’égrainent les semaines vers octobre 2020.
Faire d’une pierre deux coups
En décidant d’annoncer son renoncement à de nouvelles ambitions politiques, Alassane Ouattara ne fait pas que décrisper l’étau de l’atmosphère qui se radicalisait autour de sa candidature éventuelle pour un 3ème mandat. Devant les représentants du peuple de Côte d’Ivoire, le président ivoirien fait d’une pierre deux coups. Il se met en retraite, mais tente aussi d’écarter ses adversaires politiques affichés. A savoir Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, l’un en voie pour devenir octogénaire comme lui, et l’autre bientôt nonagénaire. Le président sortant dit avoir décidé de transférer le pouvoir à une nouvelle génération. Ce qui, au delà du discours, est un engagement pris devant la nation, de ne pas laisser passer ceux de sa « génération » qu’il n’a eu de cesse, bien avant, d’appeler à faire comme lui.
Le faisant, le président Ouattara lance une véritable bombe dans les camps de ces adversaires, notamment le Pdci-Rda où il faut s’attendre dans les jours et semaines à venir à des remous. Il est clair que ce pan du discours du chef de l’Etat va remettre des appétits au goût du jour. Des débats vont sans doute s’en suivre, quand lui, aura gagné son pari. Celui de mettre fin à un cycle. Celui de la classe de gérontocrates dont il fait partie, et qui aura plombé la vie politique ivoirienne durant les trois décennies – depuis la disparition de feu Félix Houphouët-Boigny en 1993 – dans des crises interminables. Alassane Ouattara fait-il bien de partir avec sa génération ? Le sujet est déjà au cœur des conversations.
F.D.BONY