Envoyer des missions d’apaisement dans les villes de Côte d’Ivoire pour recoller le tissu social fortement dégradé lors de "l’élection" du 31 octobre dernier. C’est l’une des décisions arrêtées par le Conseil politique du Rhdp lors de sa réunion du 17 novembre dernier à Sofitel Hôtel Ivoire. Une initiative mort-née au regard des menaces et intimidations que le Rhdp fait encore peser sur les militants de l’opposition. Le Rhdp ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Sinon comment comprendre qu’on décide d’apaiser les cœurs et en même temps le Rhdp sort l’épée. En effet, dans plusieurs villes encore, il ne se passe un seul jour qu’on n’arrête pas des jeunes de l’opposition. Des personnes faisant déjà partie de familles endeuillées par la crise postélectorale. Dans ces localités du pays, les populations continuent de pleurer leurs morts. Elles n’ont pas encore fini de les inhumer. Pendant ce temps, dans la case, certains leaders tiennent des discours de division, de provocation. Dans cette atmosphère délétère où la méfiance est aujourd’hui la chose la plus partagée dans les villes, on ne voit pas par quelle magie, les cadres du Rhdp, ceux du Centre, de l’Est, du Sud et de l’Ouest notamment auront accès à leurs parents. Dans quelle langue vont-ils leur parler afin qu’ils acceptent de s’asseoir à nouveau à la même table alors qu’hier, certains parmi eux ont tenu des discours haineux. Est-ce que cette mission que le président Ouattara vient de confier à ses responsables locaux (ministres, Dg, Pca, élus et autres) est réalisable vu le contexte actuel ? La tâche aurait été facile pour ces messagers ou pompiers si le président Ouattara avait commencé à poser des actes en faveur de la réconciliation en libérant les jeunes mis aux arrêts depuis bientôt un mois. Et en cessant les vagues d’arrestations dans les nombreuses localités favorables à l’opposition. Si cette atmosphère reste telle, la tâche, il faut le dire net, ne sera pas facile pour les missionnaires. Ce serait même les envoyer sur un terrain déjà miné où ils sont depuis des persona non grata. Des cadres indésirables chez eux tout simplement. Et c’est ce qui attend les responsables locaux du Rhdp à l’occasion de cette mission d’apaisement, on dira, impossible.
DJE KM
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