Le Premier ministre Hamed Bakayoko a exprimé, le mercredi 09 décembre dernier, lors de la cérémonie commémorative de la Journée internationale de lutte contre la corruption, la volonté du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, d’œuvrer pour une bonne gouvernance en Côte d'Ivoire. "Cette cérémonie est une opportunité pour le gouvernement ivoirien de réaffirmer l'engagement constant du Président de la République à œuvrer pour la bonne gouvernance dans notre pays. L'une des priorités du mandat que le Président Alassane Ouattara entame, bientôt, sera la lutte contre la corruption, parce qu'il est convaincu qu'à ce stade, si nous arrivons à réduire la corruption, nous allons avoir des bonds qualitatifs dans notre capacité à apporter des solutions aux problèmes de nos compatriotes", a déclaré Hamed Bakayoko. Le classement 2020 de Transparency International sur l’indice de perception de la corruption dans le monde a révélé que la Côte d’Ivoire a perdu une place et passe ainsi à la 17ème position. La Côte d’Ivoire figure donc parmi les pays d’Afrique subsaharienne dans le top 50 des plus corrompus dans le monde. Après 10 ans passés à la tête du pays, le chef de l’Etat se rend bien compte que le défi relatif à la corruption reste intact. Il décide d’en faire une priorité pour son 3ème mandat contesté par l’opposition. Aura-t-il vraiment les coudées franches pour défricher véritablement ce chantier ? Se donnera-t-il vraiment les moyens d’endiguer ce fléau et améliorer durablement la gouvernance ? En visite en Côte d’Ivoire en décembre 2018, le président rwandais, Paul Kagamé, a recommandé, lors d'une rencontre avec les chefs d’entreprises de la Confédération générale des entreprises de Côte d'Ivoire (CGECI), une lutte acharnée contre la corruption en Afrique pour un développement inclusif de nos pays. « Le fléau de la corruption est présent dans tous les domaines de la société africaine (...) La corruption est dangereuse, il faut la combattre avec hargne », a expliqué le président Paul Kagamé avant de poursuivre. « Combattre la corruption ne doit pas se faire de manière sélective. Il faut aller aussi vers de gros poissons. Favoriser le développement des affaires passe nécessairement par la lutte contre la corruption (…) Concernant la corruption au Rwanda, quel que soit votre rang, vous subissez la rigueur de la loi. Que vous soyez Général de l’armée, Ministre ou même Président, vous serez sanctionné. Il ne faut pas punir les petits et laisser les hauts fonctionnaires qui s’adonnent à la corruption » a conseillé Paul Kagamé. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si ce conseil a vraiment pris forme en Côte d’Ivoire. Assurément non, puisque si le gouvernement lui-même décide d’en faire maintenant une priorité, c’est que les choses n’ont pas vraiment bougé dans ce sens. Si le gouvernement qui sait très bien l’existence de cette plaie veut réussir ce défi, il devra courageusement se donner les moyens d’affronter sous toutes ses formes, la corruption sans faire la part des choses. Que le gouvernement ait le courage de mettre effectivement en place des instruments susceptibles de mener ce combat. Le Conseil d’Etat et la Haute cour de justice pourraient prendre une part importante dans cette lutte. Ces instruments sont à même de juger et sanctionner de hauts fonctionnaires et les membres du gouvernement comme d’autres d’Institutions. D’ailleurs, on se demande également aujourd’hui où on en est avec les déclarations de biens des personnalités. Une réelle volonté politique à laquelle il faut associer de véritables actes doit être engagée pour gagner ce combat.
FRANÇOIS BECANTHY
FRANÇOIS BECANTHY