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Société Publié le mardi 26 janvier 2021 | AIP

Interview/ Le nouveau modèle de gouvernance, un processus qui "révolutionnera" la formation professionnelle et technique (Directeur DFPI)

San-Pedro, Au terme d’un séminaire d’évaluation du nouveau modèle de gouvernance des établissements de formation professionnelle et technique qui s’est tenu, vendredi 22 janvier 2021, à San-Pedro, le directeur de la Formation professionnelle initiale (DFPI), Fofié Koffi, a accordé une interview à l’AIP pour présenter les acquis de cette politique et les recommandations visant à l’améliorer pour une meilleure gestion des établissements, affirmant à cette occasion que cet outil de gouvernance est un processus qui "révolutionnera" la formation professionnelle et technique.

Vous venez d'achever un séminaire d’évaluation du nouveau modèle de gouvernance des établissements de formation professionnelle et technique. Que peut-on savoir de ce nouveau modèle de gouvernance ?

Le gouvernement ivoirien a pris le décret N°2018-874 du 22 novembre 2018 instituant une nouvelle gouvernance dans les établissements de la formation professionnelle et technique. Ce décret confère aux établissements de formation professionnelle un statut particulier leur permettant notamment de bénéficier d’une autonomie relative de gestion et d’une organisation comptable et financière adaptées. Ce nouveau dispositif instaure une gestion partenariale impliquant les ministères techniques, le secteur privé, les chambres consulaires et les collectivités territoriales. Il est organisé autour d’un Comité de gestion de 12 membres à savoir, six représentants du secteur public et six représentants du secteur privé et des chambres consulaires. Ce comité est habilité à mobiliser des ressources additionnelles par l’offre de services diversifiés, en vue d’une gestion plus flexible pour assurer la maintenance des plateaux techniques et améliorer progressivement le fonctionnement de ces établissements.

Ce dispositif vise à capter au mieux les besoins en compétences de l’économie nationale en constante évolution et à y apporter des réponses appropriées à travers une offre de formation professionnelle plurielle et dynamique. Pour la mise en œuvre de cette nouvelle gouvernance, huit établissements dont le lycée professionnel de San Pedro ont été sélectionnés pour la viabilité de leur plateau technique afin de conduire une phase expérimentale.

Pourquoi avoir initié ce séminaire sur ce nouveau modèle de gouvernance ?

Après deux années de fonctionnement et avant l’extension de cette nouvelle gouvernance à l’ensemble des établissements, il est apparu nécessaire de faire d’une part une évaluation de cette phase expérimentale pour identifier les dysfonctionnements et faire des recommandations en vue d’améliorer leur fonctionnement et d’autre part, de renforcer les capacités des membres de ces comités de gestion qui sont d’origines diverses. C’est pour toutes ces raisons que le Secrétaire d’Etat chargé de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, Dr Brice Kouassi, nous a instruits d’organiser ce séminaire.

Après l’évaluation de la phase expérimentale, que peut-on retenir des acquis de ce nouveau modèle de gestion des établissements de formation professionnelle et technique ?

En termes d’acquis du nouveau modèle de gouvernance des établissements de formation professionnelle et technique, l’on peut retenir la forte mobilisation du secteur privé, des chambres consulaires et des collectivités territoriales autour des questions liées à la formation et leur volonté de s’impliquer dans le processus de formation afin de permettre à notre dispositif de formation professionnelle de profiter de leur expérience et leur expertise. On retient comme acquis pour les établissements une bonne planification de leurs activités, une meilleure implication des membres de l’équipe de direction et des autres personnels dans le management de l’établissement, une meilleure communication interne et externe sur les offres de formation pour améliorer l’image du dispositif de formation professionnelle auprès des partenaires et du grand public. L’on note, entre autres acquis de la nouvelle gouvernance, la mise à disposition et l'utilisation des outils de gestion. Il s’agit du projet d'établissement ou plan triennal, le budget triennal glissant, le contrat annuel d'objectifs, le tableau de bord de pilotage, les maquettes pédagogiques, l'initiation à la démarche qualité.

Vous avez parlé d'initiation à la démarche qualité. Est-ce que cela voudrait dire que ce nouveau dispositif inscrit la gestion des établissements dans une démarche qualité ?

Oui, l’une des thématiques de ce séminaire est relative à l’initiation à la démarche qualité dans les établissements de formation professionnelle et technique. Nous avons adopté cette démarche qualité et nous allons l’avoir dans toutes les actions que nous menons au niveau des établissements de formation professionnelle pour traiter l’élève, le stagiaire, l’étudiant, le parent d’élève, les partenaires comme des clients à qui nous offrons des services de qualité. Notre fierté sera que ces offres et services (les formations, les productions) soient de qualité et garantissent une meilleure insertion de nos diplômés. Ce qu’il faut noter, c’est qu’il existe au sein de notre département ministériel une direction des Filières, de l’Innovation et de la Qualité. Donc, c’est vraiment un processus dans lequel tout le ministère est engagé. Mais comme les établissements sont les lieux de la mise en œuvre de la politique du ministère, l’engagement pris par les autorités hiérarchiques doit être une réalité dans nos établissements de formation professionnelle et notre dispositif se portera mieux. L’essentiel pour nous est d’adopter la démarche qualité dans nos établissements dans un premier temps pour arriver à terme à la certification.

Quelles sont les grandes articulations de cette démarche qualité dans les écoles?

La démarche qualité dans les établissements de formation professionnelle débute par l’état des lieux des établissements en termes d’infrastructures, d’équipements, de filières de formation, de capacité d’accueil, etc… Ensuite, formaliser une vision, un slogan, un plan stratégique, un plan tactique ou structurel et enfin un plan opérationnel. Cela voudrait dire que le directeur de l’établissement doit avoir une vision de son établissement et la partager avec l’ensemble des acteurs. Il doit avoir un plan d’actions et des activités émanant de ce plan d’actions. Et chacun doit savoir ce qu’il doit faire et bien faire. En venant à l’école le matin, chaque acteur, chaque responsable, chaque agent doit savoir ce qu’il a à faire et doit bien le faire pour la satisfaction du client (élèves, stagiaires, étudiants, parents d’élèves ou les partenaires). C’est faire en sorte que les personnes qui viennent vers nous repartent satisfaits, depuis l’accueil jusqu’à la fin du processus.

Le nouveau dispositif donne la possibilité aux comités de gestion de mobiliser les ressources additionnelles. Est-ce qu’au cours des deux années d’expérimentation, ils ont pu explorer cette piste?

Oui, comme précisé dans le décret. Cependant, les établissements n’étant pas tous logés à la même enseigne du fait de leurs filières de formation et de leurs plateaux techniques, les ressources mobilisées pour équilibrer leur budget et assurer la maintenance de leurs équipements varient selon les établissements. Il est nécessaire de disposer d’un plateau technique adapté c’est-à-dire que les équipements doivent être de qualité. Sur les huit établissements, il y a certains qui ont la possibilité de faire des prestations et ils le font. Les ressources sont retracées dans le budget de l’établissement. Mais c’est un processus. Nous avons commencé, c’est timide, je pense. Et c’est l’une des raisons de cette rencontre. Il fallait informer les entreprises et leur montrer que les établissements sont à leur disposition, qu’elles peuvent solliciter des services au niveau des établissements. Les établissements doivent pouvoir faire des offres de service, des productions sans faire une concurrence déloyale aux entreprises. Pour ce faire, il fallait que ces entreprises soient avec nous. Je pense que ce sont des choses qui vont arriver avec le temps.

Qu’est-ce qu’il faut améliorer avant l’extension du nouveau modèle à l’ensemble des établissements?

Après l’évaluation des deux années d’expérimentation, les acteurs souhaitent l'extension de cette nouvelle gouvernance à l'ensemble des établissements, que tous les établissements aient un plan de communication pour mieux se faire connaître des collectivités territoriales, des entreprises et du grand public, que les filières de formation tiennent compte des potentialités socio-économiques des régions. Il faut aussi faire régulièrement un coaching des membres des comités de gestion et prévoir une ligne sur les budgets des établissements pour la prise en charge de leurs frais de déplacement et d'hébergement lors des sessions.

Est-ce que grâce à ce nouveau modèle de gouvernance les établissements de formation professionnelle et technique seront plus attrayants pour les jeunes?

Bien sûr. Tous les acteurs du dispositif de formation professionnelle sont disposés à offrir à la population des formations de qualité en adéquation avec les besoins de l’économie nationale. Il s’agit de faire en sorte que les établissements de formation professionnelle présentent un nouveau visage, celui de pourvoyeur de main d’œuvre de qualité aux entreprises privées. Donc, nous devons communiquer, présenter nos offres de formation, les filières de formation aux jeunes lorsqu’ils nous sollicitent. Il faudrait qu’ils sentent qu’ils sont dans un établissement de formation professionnelle avec un environnement et des filières attrayants qui offrent des prestations de qualité.

Un appel à lancer aux différents acteurs

Je voudrais avant tout remercier le Secrétaire d’Etat chargé de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle pour avoir autorisé l’organisation de ce séminaire. En son nom, je voudrais remercier les participants notamment les représentants des entreprises privées, des chambres consulaires et des collectivités territoriales pour leur mobilisation et la qualité de leurs contributions. Nous attendons de ces partenaires une plus forte implication par des actions multiformes à travers des conseils, l’accueil des apprenants pour des stages, la mise à disposition d’équipements didactiques car la formation professionnelle doit être mise en œuvre et développée en partenariat avec le secteur privé afin de répondre aux besoins de l’économie locale et nationale.

A l’endroit de nos collaborateurs chefs d’établissements et adjoints, je souhaiterais qu’ils saisissent cette opportunité pour améliorer le management de leurs établissements pour une meilleure implication de l’ensemble du personnel et faire des établissements de formation professionnelle des acteurs de développement dans l’environnement où ils sont situés afin d’être au service des entreprises et de l’économie locale.

Je voudrais lancer un appel aux acteurs du développement local, notamment les collectivités territoriales pour dire que les établissements sont à leur service, et nous voulons que ces établissements jouent véritablement leur rôle d’outils de développement. Un établissement implanté dans une localité doit épouser l’environnement socio-économique de cette localité, et se comporter véritablement en outil de développement. Nous leur lançons un appel pour des appuis multiformes et une meilleure implication, car la formation professionnelle, pour apporter les réponses liées au développement local, doit bénéficier de l’apport et de l’expertise de tous ses partenaires.

Interview réalisée par N’Fohi Brou Faustin, AIP San pedro

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