Le cinéma ivoirien a pris des couleurs certes. Cependant les difficultés d’accès au financement restent un frein à la création dans ce domaine. Dans cette interview, Bienvenu Néba, revient sur la question avant d’exhorter les opérateurs économiques, les banques et les investisseurs à injecter des capitaux dans le cinéma.
Que pensez-vous de l’évolution du cinéma ivoirien ?
Je suis convaincu que le cinéma ivoirien a beaucoup de talents tant en termes de techniciens comme en termes d’acteurs. Si on met quelques moyens à la disposition de ces personnes-là, ils peuvent relancer le niveau et être des dignes représentants de la Côte d’Ivoire. J’en suis convaincu.
Qui doit mettre les moyens à la disposition des opérateurs du secteur du cinéma?
Vous savez, ce genre de choses ne se font pas sans l’apport des mécènes et même de l’Etat. Vous arrivez dans les pays africains, c’est à l’Etat d’organiser ce genre de choses. C’est-à-dire inciter les particuliers à aider. Et c’est en leur facilitant un certain nombre de choses. Vous savez, on dit que l’argent est le nerf de la guerre. Mais, il n’y a pas que la guerre dont l’argent est le nerf, mais dans toutes les activités.
Quelles sont les difficultés rencontrées dans ce projet?
Vous savez, pendant le tournage, j’ai fait 2 à 3 jours sans voir le réalisateur. Chaque fois que je le voyais, c’était la nuit, au tournage. Il avait l’air d’un clandestin lui-même. Il apparaissait fatigué. Je découvre après, qu’à un moment donné, il n’y avait pas suffisamment de chambres d’hôtel pour tous les acteurs. Il leur a tout donné. Il dormait soit dans sa voiture, soit dans les fauteuils. C’est une vie ça? Et il l’a fait plusieurs fois. Il ne l’a pas dit, mais moi je le relève. Parce que c’est inhumain. Il le faisait parce qu’il voulait que son œuvre voie le jour. Si au-delà de cette œuvre, il réussit, c’est en grande partie au sacrifice qu’il a fait.
Comment va se faire la sensibilisation contre le travail et l’exploitation des enfants à travers ce film ?
Je vais révéler cela. Parce qu’il y a des gens qui croient que cela n’existe pas. Dès lors que les gens prendront conscience que cela existe, l’Etat va prendre ses dispositions pour remédier à cela.
Quel appel lancez-vous aux autorités ?
On ne peut pas faire l’art, sans l’apport de l’Etat. Il y a des gens qui ont beaucoup d’argent, excusez-moi, mais l’investissent dans les plaisirs. S’ils mettent un peu d’argent dans le cinéma, cela donnerait du travail à des gens et faire connaitre la Côte d’Ivoire. Vous savez, il y a quelques années, on ne regardait pas les films nigérians, aujourd’hui, moi-même je suis un fanatique de ces films. Je regarde pour non seulement comprendre, mais voir où nous en sommes au niveau technique. C’est grâce aux dispositions prises dans les pays comme le Burkina-Faso, ça marche bien.
De votre avis d’enseignant, acteur, donc spécialiste du cinéma, le cinéma ivoirien peine tant à trouver du financement. Quelle analyse faites-vous ?
Nous, nous faisons, c’est à eux de venir à nous. Eux, ils calculent la rentabilité. Qu’est-ce que ça leur rapporte. Ils ne savent pas que faire la publicité lors d’un spectacle peut les aider. Ici en Afrique, les gens ne voient pas, ne perçoivent pas.
Mais si seulement ils mettent un peu d’argent dans les festivals, cela va faire travailler les gens et faire connaître la Côte d’Ivoire
Il y a quelques années, il n’y avait pas les films nigérians. Aujourd’hui, je suis un fanatique, non seulement je regarde pour découvrir et comprendre, c’est grâce aux dispositions prises que le cinéma du Burkina marche.
Entretien réalisé par SERGE AMANY
