L'ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, a dénoncé samedi l'extrémisme politique chez des partisans, lors d'une rencontre avec des chefs Wê et des populations de la Région du Guémon et du Cavally, à Mama, son village natal, dans l'Ouest du pays.
"Il y a des fois où on est là et puis dans nos régions, certains sont devenus extrémistes. On dit ah non, celui-là il est FPI (opposition) ou il est Pdci, il est trop grave, or nos parents sont les mêmes, nos coutumes sont les mêmes", a déclaré M. Gbagbo dans un discours.
L'ancien président ivoirien a salué ses amis, venus le soutenir, surtout ceux du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci, opposition), leur demandant de dire "des merci au président Bédié", chef du Pdci.
Pour M. Gbagbo, "on peut même s'asseoir et puis discuter, aller au palmier ensemble, mais ici quand tu vas inviter quelqu'un qui est du Pdci pour t'accompagner au palmier, il va croire que tu vas l'empoisonner, or c'est autour du bandji (jus du palmier) que vous pouvez discuter de vos différends et les régler".
"Dans nos contrées, ici, on n'est pas comme ça. Donc, je vous remercie d'être venus, je remercie aussi tous les Wê, tous mes frères, tous mes camarades qui sont venus, tous les Bété qui sont venus pour m'aider à accueillir mes étrangers", a-t-il ajouté.
M. Gbagbo s'est dit "heureux" de recevoir, à Mama, son village natal les populations Wê et certains de leurs chefs coutumiers, qui a cette occasion, lui ont fait un "rituel de purification" après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI), le 31 mars 2021.
Il était à la prison de shewingen, durant dix ans, pour des chefs d'accusation de crimes contre l'humanité perpétrés lors de la crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011, qui a fait plus de 3.000 morts.
L'ancien président, recevant les populations Wê, a dit qu'ils sont des "martyrs" de ces violences post-électorales. Historien de formation, il a exhorté les intellectuels à étudier cette crise et à expliquer les causes profondes de cette crise.
"Les solutions sont encore devant, il faut qu'on les cherche et on les retrouve. Un être humain qu'on tue, on doit dire pourquoi on l'a tué", a-t-il dit, avant de s'interroger "pourquoi, pour un poste, je vais tuer. Ce pourquoi on doit trouver une explication".
"J'appelle tout le monde à prendre son sang froid, à s'asseoir et à réfléchir", a-t-il lancé, avouant qu'un moment, il s'était dit quand "les Wê ont beaucoup de forêts et les gens veulent les attaquer et prendre leurs forêts; si c'est ça, je continue de réfléchir".
Le peuple, soutiendra-t-il, a "payé un grand prix" dans les crises socio-politiques et il faut rechercher la fin du cycle des morts. Et pour ce faire, "il faut abandonner l'idée de coûte que coûte (occuper un poste électif et surtout la magistrature suprême)".
Il a promis arriver dans les régions du Guémon et du Cavally, et faire des tours dans les départements pour, surtout, écouter les populations relativement aux différentes crises socio-politiques qu'a connues le pays.
La délégation du Pdci était conduite par M. Désiré Gnonkonté qui avait à ses côtés M. Simon Doh, président du groupe parlementaire de cette formation politique et de Denis Kah Zion, patron d'un groupe de presse proche du parti.
A cette rencontre, était également présent Éric Kahé, ancien ministre du Commerce sous l'ère Laurent Gbagbo, un fils de Duékoué (Ouest). Lors des violences post-électorales de 2010-2011, la ville de Duékoué a enregistré des centaines de morts.
Rentré en Côte d'Ivoire, le 17 juin 2021, l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo multiplie des rencontres avec différentes couches sociales pour prôner la cohésion sociale. Il a déjà rencontré l'ex-président Henri Konan Bédié et l'actuel chef d'Etat, Alassane Ouattara.
AP/ls/APA