Agboville – Avec pour ambition de faire de la région de l’Agneby-Tiassa la quatrième patte de l’éléphant d’Afrique en matière touristique, le directeur de la bourse régionale du Tourisme de l’Agneby-Tiassa, N’Cho Gnamien Achille, souligne qu’il faut au préalable la cohésion sociale et la paix avant de parler de tourisme. Dans une interview accordée à l’AIP, il relève que le tourisme régional est un nouveau produit dans l’esprit des populations et qu’il faut organiser des évènements susceptibles d’attirer du monde pour pouvoir développer cette industrie.
AIP : Que fait la Bourse régionale du tourisme de l’Agneby-Tiassa ?
M. N’Cho : Au niveau administratif, notre mission est de faire la promotion, de travailler au développement du tourisme en proposant à nos autorités locales compétentes des projets tels que des carnavals et des festivals pour faire découvrir leurs communes, leurs départements à travers ce qu’ils ont de particulier en matière culturelle, touristique. Par exemple, à Taabo qu’est-ce qu’on a de particulier pour attirer des gens ? Qu’est-ce qu’on peut offrir en matière de tourisme qui peut amener à la découvrir ?
AIP : De quels types de tourisme regorge la région ?
M. N’Cho : Nous avons le tourisme balnéaire mais nous n’avons pas d’espace aménagé au bord du fleuve Bandama. Nous disposons juste d’un petit d’espace où nous faisons du Canoé-kayak qui est une course de pirogues. Cette activité a été suspendue il y a deux ans parce que le niveau de l’eau a baissé et aussi à cause du Covid-19. Nous travaillons à trouver d’autres formes pour agrandir l’espace pour relancer cette activité. Nous avons le tourisme religieux. Ici à Agboville, nous avons un évêque et souvent il y a des prières et les gens viennent d’un peu partout. Le tourisme de congrès où les gens viennent pour les séminaires, les ateliers. On a aussi le tourisme de jeunesse où il faut organiser les jeunes pendant les vacances pour aller découvrir certains endroits. Le tourisme sportif, l’agrotourisme pour voir les grandes plantations de bananes douces, de cacao, de palmier à huile, d’ananas, d’hévéa. On a l’écotourisme où les gens viennent visiter des sites, des forêts classées. Le tourisme culturel c’est tout ce qui renferme les danses, les masques, les objets d’art. Le tourisme de mémoire tel que la route des esclaves de Kanga-Gnanzè.
AIP : Comment se porte le tourisme dans l’Agneby-Tiassa ?
M. N’Cho : Le tourisme au niveau de l’Agneby-Tiassa, pour l’heure, est un nouveau produit dans l’esprit des populations. Nous sommes en train de sensibiliser sur l’industrie touristique. Pour qu’ils puissent l’appréhender, il faut qu’on organise des évènements susceptibles d’attirer du monde vers la région. Cela va permettre aussi aux populations d’ici de découvrir leur culture, de la connaître, de s’attacher à elle, de sortir un peu de leur léthargie, de tisser la cohésion avec les peuples des autres régions.
Il faut qu’il y ait de l’engouement dans une localité pour que les restaurateurs, les hôtels, les maquis, les commerçants, les conducteurs puissent avoir de l’argent. Le tourisme est la première industrie qui rapporte à travers le monde mais à cause du Covid-19, il y a une baisse dans le tourisme d’affaires et de congrès.
AIP : Sur quoi repose le développement du tourisme dans une région ?
M. N’Cho : Il faut une cohésion sociale pour pouvoir parler de tourisme parce tous ceux qui viendront d’ailleurs viennent à la découverte. Le vivre ensemble et la cohésion sociale, le tourisme englobe tout cela. Mais si les autochtones n’ont pas l’amour d’accueillir, de recevoir comment ceux qui viennent peuvent avoir le courage de laisser de l’argent. Le tourisme c’est une industrie qui rapporte. Pour que vous poussiez bénéficier de l’industrie du tourisme, il faudrait que vous ayez l’esprit de cohésion et de paix avec les autres groupes ethniques. Donc sans la cohésion sociale et le vivre ensemble on ne peut pas parler de tourisme. Le tourisme rime avec la culture, la paix, la cohésion sociale et le vivre ensemble. C’est la cohésion, la parfaite harmonie qui développent une région, un département.
AIP : Qu’offre l’Agneby-Tiassa aux touristes ?
M. N’Cho : Dans le département d’Agboville, nous avons les mausolées d’Ernest Boka à Grand-Morié, celui de Rubino à Adè-Obodjè, celui du chef suprême des Abbey, M’Bassidje François. On a aussi des forêts et rivière sacrées. Au niveau des sites historiques, on peut citer le pont colonial, les maisons coloniales CFAO (Compagie française de l’Afrique de l’Ouest), le campement Bernard Dadier, lieu de naissance du Syndicat agricole africain (SAA), la gare de la SITARAIL (Société internationale de transport africain par rail) et le compteur commercial qui datent de 1900, l’école primaire Plateau 1 qui est la première école coloniale et elle existe depuis 1928. Il y a le rocher Acho Biechi d’Attobrou, le mont Kokodjaro à quatre kilomètres de Grand-Morié, le massif d’Akakro.
A Azaguié, on a les plantations de fleurs, Eglin aussi, le ranch du Jourdain qui est un cadre en pleine nature pour les sorties détentes.
A Tiassalé, nous avons la chaine de rochers d’Ahouakro, la barque du capitaine Manet, la forêt de Séké Séké Dohoun Dohoun, le parc archéologique d’Awakro avec ses deux sites extraordinaires de curiosité, le mystérieux barrage de rochers de Brou-Brou, situé entre Tiassalé et N’Douci.
Au niveau de N’Douci on a également des sites touristiques. Taabo, le barrage hydroélectrique, le fleuve Bandama. Le rocher Gun, qui est très grand à Sikensi.
Au niveau des danses, nous avons le N’Dolé, dans le canton Morié, l’Apko, l’Agbêdèdjé dans le village de Gouabo et d’Anandjè. En tout, l’Agneby-Tiassa dispose d’un grand potentiel touristique qui peut rapporter beaucoup et participer au développement de la région.
AIP : Peut-on parler de rentabilité au niveau du tourisme dans l’Agneby-Tiassa ?
M. N’Cho : Il y a une rentabilité d’autant plus qu’on a des infrastructures hôtelières, des maquis, des bars, des boîtes de nuit qui gagnent de l’argent quand, pendant des week-ends, Agboville est remplie de visiteurs. Il y a du gain pour ses opérateurs, ce qui fait que les gens sont en train d’accroître les hôtels. A Agboville, nous sommes à 40 km d’Abidjan à cause du bitume donc les week-ends on reçoit beaucoup de personnes. Ce ne sont pas des gens qui viennent comme ça, ce sont des touristes. Quand ils viennent, ils vont consommer, dormir, se déplacer avec des taxis, faire des provisions et tout cela contribue au tourisme ainsi qu’au développement de l’économie. Voilà l’importance du tourisme.
AIP : Quelle est votre ambition pour la région ?
M. N’Cho : Notre ambition, c’est de faire de la région de l’Agneby-Tiassa, en matière touristique, la quatrième patte de l’éléphant d’Afrique. Nous devons faire en sorte que les gens viennent du Canada, de l’Italie, des Etats-Unis et demandent où se trouve Agboville. Qu’ils viennent découvrir nos cultures, nos sites, les formes de tourisme que nous avons. Il faudrait que tout le monde vienne pour connaître véritablement le peuple Abbey qui est beaucoup traité comme un peuple méchant, qui ne l’est pourtant pas. Les Abbey sont un peuple très accueillant, qui aime beaucoup plus l’étranger que lui-même. Voilà l’esprit que nous avons pour relever le défi du peuple Abbey.
Le tourisme au niveau national et international est déjà bien connu, c’est maintenant que les régions sont en train de s’adapter et nous travaillons à faire connaître et découvrir l’industrie touristique à la population ivoirienne. Les gens entendent parler du tourisme sans le connaître. Le tourisme rapporte beaucoup.
AIP : Avez-vous des projets déjà en cours ?
M. N’Cho : Bien sûr. J’avais préparé le projet de la foire de l’Agneby que j’avais soumis au Conseil régional et qui a été approuvé. Compte tenu du Covid-19, on prévoit le faire en 2022. On devrait organiser un concours de danse N’Dolé et l’exporter à l’étranger dans la suite. A N’Douci, du 06 au 12 décembre, on aura N’Douci carnaval. Je suis en train de travailler sur un projet pour Tiassalé à la demande du maire. Au niveau de Sikensi, on prépare un carnaval.
Voilà un peu notre ambition, organiser des évènements pour égayer les populations des communes, des départements pour que chacun puisse se faire connaître, faire découvrir sa particularité, sa culture par le grand public.
(AIP)
ena/kam