En vue d’une résolution efficiente des conflits et une réconciliation entre les communautés en Côte d’Ivoire, « il faut aller beaucoup plus loin, et jeter le regard vers le haut, parce que si le conflit a pu arriver ce n’est pas le fait d’un simple citoyen. C’est par le fait des élites politiques. Il est donc nécessaire de jeter le pont à leur endroit », a recommandé Simon-Pierre Ekanza, professeur d’histoire d’Afrique.
C’était à la clôture du colloque international sur « les conflits et les réconciliations en Afrique à travers l’histoire », le vendredi 10 septembre à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix de Yamoussoukro.
Au terme de trois jours de travaux ayant réuni plusieurs enseignants et enseignants-chercheurs d’Afrique de l’ouest, Prof Simon-Pierre Ekanza, président du comité scientifique, a souligné ceci : « On ne peut pas mettre les populations ensemble pour faire la paix, en se contentant de regarder d’un seul côté, de faire la paix par le bas. C’est bon, mais cela ne suffit pas ».
Selon l’éminent professeur d’histoire d’Afrique, en Côte d’Ivoire, « Il faut aussi appeler ceux qui ont été les protagonistes de la guerre, du conflit et leur demander eux aussi de se donner la main, parce que vouloir séparer le bas et le haut cela nous parait absolument factice ».
A en croire, prof Simon-Pierre Ekanza, cette réconciliation doit passer inéluctablement par les élites politiques, ministres, députés, maires qui sont quotidiennement en contact avec leurs parents et communautés.
« Voilà pourquoi, nous demandons, supplions qu’ici en Côte d’Ivoire, la paix puisse se faire à tous les niveaux, aussi bien au niveau de la région, des villages que des hommes politiques qui ont été les protagonistes », a-t-il soutenu.
Par ailleurs, le secrétaire général de la Fondation Félix Houphouët-Boigny, Jean-Noël Loucou, s’est, pour sa part, réjoui de ce que les objectifs du colloque international aient été atteints. Et que, le rapport de synthèse assorti de recommandations qui a été lu, confirme la substance des travaux de ce séminaire.
« Nous mettrons également en place un comité de veille qui permettra d’anticiper sur les évènements, prévenir les crises et lancer des alertes », a-t-il annoncé.
Entre autres thèmes traités au cours de ces assises, « la Renaissance africaine pour la libération, le développement, la paix durables en Afrique et la solidarité internationale : Dialogue des générations, des genres, des espaces », présenté par Prof Babacar Diop Buuba, Facilitateur de la chaire Renaissance Africaine à l’UCAD ; « Les résistants ivoiriens et la quête d’un front uni face à la conquête coloniale (1902-1920) », présenté par Yobouet Konan Jean-Marc ; « Débat autour de la crise entre Félix Houphouët-Boigny et les universitaires du PDCI-RDA de 1959 à 1964 », présenté par Dr Kouadio Yao Clément et Dr Kouakou Yao Marcel ; « Processus de démocratisation et crises électorales en Côte d’Ivoire : le cas de la commune de Korhogo (1980-1995) », présenté par Dr Yéo Valy et Dr Kamaté Ladji ; « La paix et la cohésion sociale à l’épreuve du terrorisme au Burkina Faso : conflits communautaires et structure locales d’intercession, de médiation et de résolution », présenté par Dr Kakiswendepo Anselme Lalsaga.
P. Yao à Yamoussoukro