Le grand marché de Yamoussoukro a brûlé pour la sixième fois le samedi 29 janvier dernier. Ayant appris cette tragédie, le maire de la capitale politique, Gnrangbé Jean s’est dépêché sur le lieu du sinistre pour soutenir les populations mais aussi les soldats de feu ainsi que les forces de sécurité. C’est attristé qu’il a partagé la douleur des commerçants toute la nuit du samedi. Dimanche 30 janvier, c’est avec le cœur lourd qu’il nous a accordé cette interview où il appelle le gouvernement à agir pour la réalisation d’un marché digne pour la cité des Lacs. Aussi, il n’a pas manqué de toucher du doigt la situation désastreuse des sapeurs-pompiers militaires.
Monsieur le maire le marché de Yamoussoukro part en fumée pour la 6e fois.
Hélas ! Hélas et hélas encore notre marché vient de brûler. Et c’était sous les yeux impuissants des populations attristées. Le marché brûle pour la sixième fois. Je dirai ici gloire à Dieu de ce que dans ce malheur, nous n’avons pas connu de pertes en vies humaines. Nous n’avons eu que de dégâts matériels, des marchandises qui sont parties en fumée. Le matériel, nous pouvons encore le reconstituer. Je rends gloire à Dieu pour continuer dans cet élan pour dire merci à la Sodexam et à la Gestoci qui ont aidé, qui ont vraiment aidé leurs frères des sapeurs-pompiers militaires (GSPM), à maitriser les flammes qui étaient très ravageuses.
Alors dès que j’ai appris l’éclatement de cet incendie, je me suis immédiatement rendu sur les lieux. Il y a eu la coupure du courant et dans ce noir, il fallait faire en sorte que les badauds ne cherchent pas à piller des magasins. Alors nous avons fait appel aux forces de l’ordre pour sécuriser le périmètre et permettre aux soldats de feu d’exercer leur travail. J’étais donc là pour compartir, vivre avec les populations notamment les sinistrés de ce drame qui vient « endeuiller » de nombreuses familles. Voilà pourquoi encore une fois je voudrais dire Yako à ces populations qui ont vu tous leurs biens brûler sous leurs yeux. C’est dur, nous comprenons leur douleur, nous sommes à leur côté ; yako, yako et yako !
Cela fait six fois que ce marché brûle, ça pose le réel problème de construction des marchés annoncé par le gouvernement via le ministère du Commerce ?
Merci pour cette question. Cela fait six fois effectivement que ce marché brûle. La cinquième fois où ce marché a brûlé, le ministre du Commerce, Souleymane Diarrassouba nous a annoncé la mise en place acquise d’un financement pour la reconstruction du marché de Yamoussoukro mais aussi d’autres marchés dans d’autres villes et régions. Cela dit, jusqu’au jour d’aujourd’hui, nous n’avons pas encore vu se matérialiser cette promesse, cette annonce. Nous attendons toujours l’effectivité de ce fonds, de ce financement. Car cela fait plus d’un an que le marché a brûlé pour la cinquième fois. Nous avons eu des contacts avec le directeur régional du Commerce, nous avons échangé, mais ce fut que des paroles et elles n’ont pas été suivies d’effets et voilà ce sixième incendie qui vient endeuiller, je dirai les populations.
C’est donc le lieu, à cet instant, pour moi de lancer un appel au gouvernement afin qu’il regarde avec bienveillance notre demande. A travers monsieur le Premier ministre, que nous savons très réactif, qu’on puisse examiner favorablement ce dossier de sorte qu’un fonds d’environ 5 milliards de nos francs puisse être dégagé pour reconstruire un marché digne de la capitale politique et administrative.
Monsieur le maire, vous l’avez dit, un marché digne de la capitale mais le constat était amer, ahurissant quant aux soldats de feu qui faisaient objet de violentes critiques. Cela du fait de manque de matériels adéquats pour faire face aux incendies.
Je voudrais là-dessus rendre un hommage aux soldats de feu. Qui hier (Ndlr: dimanche) ont pris des risques pour satisfaire leur population, leurs administrés. Je les ai vus, ces jeunes gens, soldats de feu aller contre ces grandes flammes pour les éteindre mais je dirai avec les mains nues. Les mains nues parce que j’ai constaté, avec eux, que les sapeurs-pompiers de Yamoussoukro n’ont pas ce qu’il faut pour venir à bout de tels incendies ou du moins mener à bien leurs tâches. C’est une compagnie qui a une couverture régionale, ils interviennent aussi bien à Yamoussoukro que dans le Bélier et ailleurs. Et hier (samedi), on s’est aperçu qu’ils n’ont rien du tout pour accomplir leurs tâches. C’est pourquoi, encore une fois, je voudrais me tourner vers le gouvernement, à la suite du premier appel, lui demander de jeter un regard bienveillant à l’endroit du Groupement des sapeurs-pompiers militaires de Yamoussoukro qui ont besoin d’être équipés et bien équipés pour mener à bien la mission qui leur est confiée. C’est la capitale et les sapeurs-pompiers n’ont pas les moyens de mener à bien leurs tâches. Ce samedi, n’eurent été la solidarité bienveillante, le secours bienveillant de la Sodexam et de la Gestoci, c’est tout le marché, je dirai c’est tout le quartier qui serait parti en flamme. Donc, voici un peu la situation, il faut une action en faveur de ce corps important.
Le message aux populations?
Je dis yako à mes administrés, je partage leur douleur ; hier (samedi), j’ai essayé de consoler quelques-uns déjà qui pleuraient voyant leur magasin brûler sous leurs yeux ; je compatis à leur peine, à leur douleur et je leur dis, personnellement, je continuerai de me battre, de faire ce qu’il faut pour que ce marché soit reconstruit pour leur bonheur.
Interview réalisé par JEAN PAUL LOUKOU