La Côte d’Ivoire et le Sénégal figurent parmi les économies les plus dynamiques d’Afrique sub-saharienne avec des taux de croissance supérieurs à 6% sur la période 2015-2019 selon la Banque Mondiale. La crise a pourtant montré que le déficit de capacités productives et innovantes et une faible culture d’innovation réduisent la résilience du tissu industriel et des petites et moyennes entreprises (PME) .
Dosso Mafini, de la Commission Européenne, CCR en Espagne et Diankha Assane du Ministère du Commerce et des PME du Sénégal ont tenté ce dimanche 13 février , de repondre à la question: comment accélérer la transformation structurelle tirée par l’innovation dans le cadre de la ZLECAf et d’une globalisation croissante ? Nous vous proposons le résumé de leur analyse paru dans la révue "Repères et perspectives Economiques.
La ZLECAf constituerait à terme un des blocs d’intégration parmi les plus importants par sa portée géographique et socio-économique. Bien que les opportunités soient encore innombrables, les défis sont multiples comme l’attestent les négociations en cours. En plus des problèmes conjoncturels et opérationnels, les défis apparaissent au niveau structurel enraison des problèmes d’endettement, de la dépendance des économies Africaines à l’égard des industries extractives, des ressources naturelles et des financements extérieurs et également de la faible diversification ou de la similitude des produits exportés.
Dans la perspective de l’intégration régionale, cet article s’interroge sur la pertinence de la mise en œuvre de stratégies de spécialisation intelligente ou S3 en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Les S3 font référence au processus par lequel un pays ou une région se transforme structurellement et singulièrement par l’innovation, prise dans son sens large. S’inspirant des expériences internationales S3, cet article adopte une approche qualitative afin de discuter des conditions pour l’adoption des principes S3 dans ces deux économies. L’analyse souligne les enjeux et performances des pays et elle positionne, de manière prospective, la S3 dans le cadre des politiques de transformation structurelle existantes. Les deux pays ont entamé un rattrapage économique mais ils peinent encore à s’affirmer dans des industries ou branches de produits plus complexes, reflétant de faibles capacités d’innovation. Les résultats suggèrent que pour chaque étape de la S3, des données et informations sur le potentiel territorial, ainsi que l’implication de diverses parties prenantes, sont nécessaires pour informer la décision publique en matière d’innovation. Des conditions additionnelles sont relatives à la diffusion plus large de la culture de l’innovation, au renforcement des ressources pour l’innovation, à l’élaboration de mécanismes de gouvernance participative et à l’adoption d’une granularité plus fine dans la prioritisation des investissements d’innovation. Enfin des programmes spécifiques de renforcement de capacités seraient certainement pertinents pour améliorer l’état de préparation des deux pays pour la transformation structurelle soutenue par desstratégies de spécialisation intelligente.
DA et sercom