Aboisso- Situé dans la sous-préfecture d’Adaou, à une trentaine de kilomètres d’Aboisso, Toumanguié village est un village cosmopolite qui comprend 13 groupes ethniques avec une populations d’environ 4000 âmes. Il dispose entre autres d'un groupe scolaire de 13 classes, une école maternelle, une garderie d’enfants. Ces élèves, une fois admis à l'examen d'entrée en sixième, doivent affronter la dure réalité de la traversée d'une rivière pour acquérir le savoir dans un établissement secondaire à Adiaké, ville située seulement à quatre kilomètres du village.
« Aujourd’hui, la traversée chez nous est très difficile. En son temps nous avions nous-mêmes confectionné des pirogues pour la traversée de la population. Mais aujourd’hui toutes les pirogues sont abimées. Il y a donc un opérateur économique qui est venu mettre une pirogue sur l’eau. Nous avions décidé de faire fabriquer une pirogue, mais le prix qu’on nous a donné nous a fait reculer. Pour une seule pirogue on nous demande 800 000 FCFA. On nous a annoncé la construction d’un pont. On a tout fait, tout a été validé. Les travaux devaient immédiatement commencé. Mais jusque-là rien » regrette le chef de Toumanguié village Krambouté Lassane.
Chaque jour ce sont près de 300 élèves et plusieurs dizaines de commerçants qui traversent donc cette rivière pour se rendre au marché et dans les établissements secondaires d’Adiaké.
Quatre heures 30 minutes, Toumandjié-village est encore couvert par la pénombre. Le muezzin appelle à la prière. Rare sont les personnes qui sont déjà réveillées.
Parmi ces personnes, le jeune Touré Katina Christ Emmanuel. A peine sorti du sommeil qu’il se dirige vers les toilettes, un seau d’eau à la main. Quelques minutes après le jeune homme ressort de la maison habillée en uniforme kaki, direction, alors que le jour peine à se lever sur le village, le débarcadère. En compagnie de quelques amis, le jeune Touré emprunte une voie non éclairée pour une marche d’environ 15 minutes.
Touré et ses camarades sont élèves dans des établissements secondaires d’Adiaké. Cependant, pour y accéder à partir du village, un seul moyen de transport, la pirogue. Une traversée périlleuse , en somme un véritable calvaire pour ces élèves qui parcourent ce chemin chaque jour.
« La traversée est périlleuse et difficile, quelques fois, la pirogue chavire, nos effets scolaires se mouillent. On est obligé de retourner à la maison. Les cahiers et les livres nos parents sont obligés de les acheter à nouveau» fait savoir Touré Emmanuel.
Cinq heures, dans la pénombre, la pirogue, la seule d’ailleurs est prête à partir, pleine à craquer, tous ceux qui ont cours à 7 heures doivent partir maintenant au risque d’être en retard. Après une quinzaine de minutes de navigation, la pirogue accoste, il reste encore trois kilomètres à parcourir pour regagner les différents établissements secondaires.
Les élèves de Touamanguié traversant la rivière
Cependant, sur la rive à Toumanguié, les autres élèves attendent. Il faut un voyageur se rendant à Toumanguié pour repartir avec la pirogue. Quelques minutes après un homme arrivent avec une motocyclette, il la met dans la pirogue retour sur la rive à Toumanguié.
« On est en retard hein , c’est pas sûr qu’on fasse le prochain cours ! » se plaint Mlle Kacou Ovo Monique en classe de cinquième dans un lycée d’Adiaké.
« C’est comme ça tous les jours ici » lance dans la foule une élève. Le quotidien de ces élèves est ainsi tracé.
Des commerçants vivent le même calvaire que les élèves.
« Ici, il y a cinq coopératives des femmes. Ce qui nous chagrine, ce sont les difficultés que nous avons pour traverser la rivière afin de nous rendre au marché d’Adiaké. Nous avons des vivriers mais nous n’arrivons pas à faire sortir notre production. Le jour du marché, tu es obligé de prendre juste une petite quantité de produits à cause des difficultés de la traversée. Quelques fois quand la pirogue chavire tout va sous l’eau » explique la présidente des femmes de Toumanguié village, Tagro Henriette. Elle raconte que les herbes ont d’ailleurs sauvé un élève d’une noyade après le chavirement d’une pirogue il y a quelques années.
« Seule un pont peut nous soulager » plaide dame Tagro.
La traversée dure environ 15 minutes quand le piroguier est en place si non les élèves sont obligés de se transformer en piroguier et en ce moment la durée reste indéterminée.
Les retards avec leurs conséquences sont donc le quotidien de la plupart de ces élèves. Une situation qui ne manque pas d’influer négativement sur les résultats scolaires de ces élèves.
« Quand la pirogue se rend sur l’autre rive avant de revenir chercher les autres élèves sur la rive ici, cela met déjà presqu’ une heure de temps. » relève le visage triste, le président des jeunes du village , Naklan Touré. « Même des femmes ont été obligées d’accoucher au bord de la rivière, des parents sont mêmes décédés au bord de l’eau !» révèle le président des jeunes.
Le sous-préfet d’Adaou dont dépend Toumanguié village, Mme Kra Alphonse Raïssa, confirme le projet de construction du pont sur la rivière Toumanguié. Elle a fait savoir que la construction de ce pont fait partie d’un projet de construction de 15 ouvrages métalliques issu d’un accord entre le Gouvernent ivoirien et les fonds souverains belges. « Le projet est très avancé et l’étude d’impact environnementale a été même réalisée » déclare le sous-préfet. Elle affirme que la réalisation de ce projet, sera d’un apport très bénéfique au village de Toumanguié et à ses voisins.
Cette traversée sur cette eau infestée de crocodiles, selon des habitants, se fait au péril de la vie des habitants de Toumanguié et des villages environnants.
Vivement la réalisation de ce pont afin de soulager les populations et de booster les développent des villages de cette zone.
akn