Abidjan- Pendant que l’attention de la communauté internationale est plus portée sur la guerre en Ukraine, il est crucial de ne pas oublier la « tragédie » du Soudan du Sud, qui a subi des années de sous-développement, de corruption et de conflit, a averti l’Organisation des Nations Unies.
« Mes collègues et moi-même sommes profondément conscients que l’attention internationale est focalisée sur la guerre en Europe et les trois millions de réfugiés qui ont fui l’Ukraine, mais une tragédie aux proportions effrayantes se déroule actuellement sous nos yeux », a déclaré vendredi 18 mars 2022, la présidente de la Commission de l’ONU sur les droits de l’homme au Soudan du Sud, Yasmin Sooka.
Ce pays d’Afrique de l’Est se trouve à un moment « critique » de sa transition.
S’exprimant devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Mme Sooka a indiqué que des dispositions cruciales de l’accord de paix revitalisé n’ont toujours pas été mises en œuvre. Dans une telle ambiance, les élections prévues ou attendues en 2023, pourraient plonger le Soudan du Sud « dans une violence massive ».
Le conflit qui y fait rage est la cause principale du déplacement de deux millions de personnes et de 2,3 millions de réfugiés. Aussi, à cause de ce conflit pas moins de 8,9 millions de personnes ont désespérément besoin d’aide humanitaire, a insisté Mme Sooka.
La communauté internationale a mis dix millions de dollars américains et des vivres à la disposition du Soudan du Sud pour faire face à la crise humanitaire. Mais cette aide humanitaire est pillée par des « élites politiques prédatrices », a déploré l’experte onusienne.
Sur le terrain, les violences et les abus ne faiblissent pas. D’autre part, le Gouvernement n’a pas réussi à fournir à ses forces engagées dans la contre-insurrection dans l’Equatoria central les ressources et les rations de base, nourriture et fournitures.
« La quasi-totalité des quatorze facteurs de risque de crimes d’atrocité définis par les Nations Unies sont désormais présents au Soudan du Sud », a déclaré Mme Sooka, ajoutant que 142 personnes doivent faire l’objet d’une enquête pour des crimes.
Le Soudan du Sud a réaffirmé son engagement à mettre pleinement en œuvre l’Accord de paix revitalisé. À cet égard, le problème réside dans le manque de soutien de la communauté internationale sous forme d’assistance technique et de renforcement des capacités, en particulier pour les institutions de l’État de droit, a indiqué la délégation sud-soudanaise.
Sur le plan humanitaire, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et une centaine de partenaires humanitaires ont lancé vendredi 18 mars, un appel pour 1,2 milliard de dollars afin de fournir une aide humanitaire à 2,3 millions de réfugiés sud-soudanais et aux communautés qui les accueillent locales en République démocratique du Congo (RDC), en Éthiopie, au Kenya, au Soudan et en Ouganda.
Après près d’une décennie de conflit et malgré les efforts déployés pour mettre en œuvre l’accord de paix, le Soudan du Sud continue de se débattre avec des violences sporadiques, une insécurité alimentaire chronique et l’impact dévastateur d’importantes inondations.