Abidjan- Le vice-président Sierra-Leonais, Mohamed Juldeh Jalloh, a décrété un couvre-feu de 15H à 07H sur tout le territoire national, mercredi 10 aout 2022, à la suite des manifestations qui ont fait des morts.
Lors d'une "manifestation non autorisée et violente, (…) des individus sans scrupules ont causé la mort de Sierra-Léonais innocents, y compris des membres des forces de l'ordre", a déclaré Mohamed Juldeh Jalloh à la télévision nationale.
Le Président Sierra-Leone, Julius Maada Bio, a appelé ses compatriotes au calme et annoncé l'ouverture d'une enquête concernant ces événements.
"En tant que gouvernement, nous avons la responsabilité de protéger chaque citoyen de la Sierra Leone. Ce qui s'est passé aujourd'hui est malheureux et fera l'objet d'une enquête approfondie. J'exhorte tous les Sierra-Léonais à rester calmes", a-t-il écrit sur Twitter.
La population était descendue dans la rue, mercredi à Freetown, pour manifester son mécontentement face à la hausse des prix, ont tourné à l’émeute avec deux membres des forces de sécurité frappés à mort par une foule appelant au départ du gouvernement.
L'initiative de la manifestation est venue d'un groupe de femmes commerçantes, The Grassroots Women of Salone, qui a convoqué un "rassemblement pacifique" pour "attirer l'attention sur les difficultés économiques et les nombreux problèmes qui affectent les femmes de la Sierra Leone".
L'organisation régionale, CEDEAO, a "fermement condamné les violences ayant conduit à des pertes en vies humaine". Elle appelle au "respect de la loi et à l'identification de leurs auteurs pour qu'ils soient présentés devant la justice", dans un tweet.
L'Union européenne, tout comme le Royaume-Uni, ont encouragé "toutes les parties à s'abstenir de recourir à la violence et à rester calmes".
L'ancienne colonie britannique et ses 7,5 millions d'habitants se remettaient encore d'une guerre civile brutale de 1991 à 2002 et de l'épidémie d'Ebola de 2014-2016 en Afrique de l'Ouest quand ils ont été frappés par la pandémie de Covid-19 puis par les conséquences de la guerre en Ukraine.
Le président Bio avait lancé le 1er juillet de nouvelles pièces de monnaie et billets de banque du pays ouest-africain, qui perdaient trois zéros par rapport aux anciens, en vue de rétablir la confiance dans un contexte d'importante inflation.
La guerre en Ukraine a rendu le quotidien des habitants encore plus difficile. La forte hausse des prix de produits aussi essentiels que le riz, l'huile de cuisson ou les carburants est ressentie plus durement quand on subsiste avec moins de 1,9 dollar par jour, comme le font 43% des Sierra-Léonais, selon la Banque mondiale.
sdaf/cmas