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Diplomatie Publié le lundi 5 décembre 2022 | Abidjan.net

Interview- Sommet Afrique-Etats-Unis : « Ce que Joe Biden attend des dirigeants africains » (Ambassadeur Richard Bell)

© Abidjan.net Par DR
Richard Bell, Ambassadeur des États-Unis en Côte d`Ivoire

En prélude au Sommet des dirigeants Etats-Unis-Afrique qui aura lieu du 13 au 15 décembre 2022 à Washington, l’Ambassadeur des Etats-Unis en Côte d’Ivoire, SEM Richard Bell a accordé une interview à Abidjan.net. Entretien.


Quels sont les enjeux du prochain sommet Afrique-Etats-unis qui se déroulera du 13 au 15 décembre 2022 ?


L’administration Biden attache une grande importance à l’Afrique, parce qu’elle reconnaît que l’Afrique est un continent stratégique qui le sera davantage demain. En partie à cause de la forte croissance démographique c’est-à-dire que la population augmente rapidement . D’ici 2050, le quart de l’humanité sera africain. Il y a évidemment une population jeune, énergique, créative…


L’Afrique compte beaucoup de pays souverains avec un vote dans les instances multilatérales comme les nations unies. Et nous voyons qu’il y a des enjeux très considérables au niveau planétaire. 


C’est une occasion de rencontrer les leaders africains et en grande partie de les écouter. 


Combien de dirigeants sont attendus et sur quelle base ont-ils été choisis pour ce sommet ?

 

Il est intéressant pour le président Joe Biden de recevoir 49 Chefs d’Etat, de gouvernement ou de délégations de très haut niveau. Il va être à l’écoute des chefs d’Etat qui font face, comme le monde entier d’ailleurs, à trois crises simultanément : la crise de Covid-19 que la Côte d’Ivoire a connu dont les impact n’ont pas été totalement éliminés. Ensuite, le changement climatique et tout ce qui en découle, et enfin, les effets du conflits entre l’Ukraine et la Russie. Ces deux pays étant de gros producteurs de denrées alimentaires . La Russie un gros producteur de carburants , du pétrole et du gaz naturel. Les effets de cette guerre ont un impact sur les pays du monde. Le Président Biden voudrait vraiment écouter ce que les leaders africains ont a lui dire concernant le rôle que les Etats-Unis doit jouer pour les aider à surmonter cette situation.


Pourrait-on avoir une idée des offres que les Etats-Unis pourraient faire aux dirigeants du continent en terme de promotion de partenariat lors de ce sommet?


Nous avons déjà des relations multiformes avec tous ces pays. Nous ne sommes pas à la case de départ de nos relations. Nous voulons vraiment que nos relations soient des partenariats. Le concept c’est que c’est par contraste à l’ancienne approche de bienfaiteur et d’assistés. Dans un partenariat, les deux parties en présence ont des responsabilités et ont du poids et méritent le respect. Surtout dans le cadre de la coopération avec un pays souverain, il faut respecter sa souveraineté. Et c’est l’Etat souverain qui a la responsabilité de développer son pays, du bien être de sa population. Ce n’est pas un pays ami qui a cette responsabilité en son nom. Il importe vraiment de voir ensemble entre dirigeants comment renforcer davantage cette dynamique plus positive de partenariat . Et pour ça, il faut s’écouter mutuellement.


Vous évoquez les effets de la guerre en Ukraine sur le monde entier. Jusqu’à quand cette crise ? Et selon vous, quelle solution pour en sortir ?


C’est une guerre à sens unique. C’est la Russie qui attaque l’Ukraine et personne n’attaque la Russie. Personne ne veut attaquer la Russie et rien d’étonnant à cela. La Russie est un grand pays militarisé, doté de milliers d’armes nucléaires . Qui voudrait attaquer la Russie ? Personne ! C’est un point essentiel parce que la justification avancée par les Russes pour leur agression contre l’Ukraine c’est que c’était une guerre défensive parce qu’ils étaient menacés. Personne ne menace la Russie. Et la preuve aujourd’hui encore, l’OTAN ne menace même pas de faire la guerre à la Russie. Le Président Biden a dit, quelques jours avant l’invasion, que l’OTAN ne fera pas la guerre contre la Russie en Ukraine. Mais elle défendra chaque centimètre carré de tous les pays membre de l’OTAN (l’Ukraine n’étant pas membre). Et jusque-là, les Russes s’abstiennent bien de toucher à un pays de l’OTAN. C’est la preuve que les Russes savent que l’OTAN ne leur fait pas la guerre.


Quelle solution selon vous ?


Poutine pourrait arrêter cette guerre aujourd’hui et sans perde la face parce qu’il n’aurait pas été conquis ou vaincu mais aurait simplement changé d’avis et le monde entier lui demande de faire cela.


Au niveau de la situation sanitaire mondiale, comment les Etats-Unis gèrent désormais les priorités depuis le déclenchement de la Covid-19 ? Qu’en est-il de l’engagement dans la lutte contre le SIDA aujourd’hui ?


Les Etats-unis ont beaucoup contribué à la lutte contre la COVID-19. Nous avons offert à titre gratuit plus de 10 millions 600 000 doses de vaccins à la Côte d’Ivoire. En plus, 39 mille dollars (Ndr : 19 millions Fcfa) pour aider à la vaccination. Parce que les vaccins ne servent à rien tant que les vaccins ne sont pas administrés aux populations. Grâce à la coopération américaine et d’autres partenaires, la Côte d’Ivoire a pu vacciner 52% de la population cible. Je crois que le grand défi actuellement c’est de pouvoir vaincre l’indifférence des populations face à la menace permanente de la Covid-19 . La pandémie a fait moins de ravage en Côte d’Ivoire que dans d’autres pays et certains Ivoiriens ont l’impression que c’est pas un problème. Ça demeure un problème et ça vaut la peine de se faire vacciner !


Les Etats-unis ont contribué à plus de la moitié de tous les vaccins reçus par la Côte d’Ivoire à titre gracieux.


Pour ce qui est de la pandémie du VIH SIDA, le 1er décembre c’était la journée mondiale annuelle de lutte contre le VIH SIDA. Les Etats-Unis sont depuis 2004, le 1er partenaire de la Côte d’Ivoire dans ce sens. Nous avons contribué à ce jour à plus de 1,7 milliards de Dollars (8,7 Milliards Fcfa) à cette seule lutte. Aujourd’hui encore , ce sont les contribuables américains qui financent les 2/3 de la lutte contre le VIH SIDA en Côte d’Ivoire. Il y a plus de 220 mille personnes qui ont le VIH SIDA en Côte d’Ivoire mais qui grâce au traitement ont leur charge virale tellement réduite qu’ils ne sont plus capables de transmettre le virus à autrui. C’est formidable.


Le traitement consiste en une pilule par jour gratuite et on peut en obtenir pour 6 mois à la fois. Je voudrais assurer que la confidentialité est réellement respectée dans ce programme car il y a encore de la stigmatisation.


La présidente de la Banque Import-Export des Etats-unis, Reta Jo Lewis, était récemment en visite en Côte d’Ivoire marquée par la signature d’un accord de 500 millions de dollars. A qui va profiter ce fonds ? Pouvez-vous nous en dire plus ?


Récemment il y a eu la reprise des contacts de haut niveau avec les autorités ivoiriennes, car pendant la COVID-19 les choses étaient bloquées. Dernièrement , la présidente de la banque américaine import-Export (EXIM) était à Abidjan et elle a signé un accord bilatéral avec la Côte d’ivoire qui offre la possibilité d’accès à 500 millions de dollars (25 Milliards Fcfa) pour justement financer les transactions commerciales import-export pour renforcer les liens commerciaux entre nos deux pays. Ce qui est le souhait de nos deux gouvernements.


Au niveau sécuritaire, quel est l’engagement des Etats-Unis en Côte d’Ivoire dans la lutte contre le terrorisme ?


Très bonne question. La menace terroriste est réelle , il n’est pas encore trop tard pour faire de la prévention. Justement nous avons une nouvelle stratégie américaine de prévention des conflits et de prévention de promotion de la stabilité qui, entre autres, tente de créer des partenariats sur 10 ans avec 5 pays allant sur la côte ouest de l’Afrique (Guinée, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo et Benin). L’idée c’est de venir en appui aux efforts de chaque pays souverain et ,dans la mesure du possible , avoir vraiment une approche régionale pour ne pas avoir de chevauchement.


Je voudrais souligner qu’en Côte d’ivoire la vision ivoirienne est la bonne parce que la clé de la réussite ce n'est pas de prévenir toute attaque (ce qui est pour le moment impossible). La clé de la réussite c’est que l’État jouit du soutien de la population. Et pour cela, il faut que l'Etat rende service à la population, respecte les droits de la population. Que le comportement des agents de l'Etat soit professionnel , respectueux, de lutter contre la corruption, tout abus du pouvoir. L’Etat ivoirien voit les choses de cet œil et nous sommes convaincus que l’Etat ivoirien a raison.


R. KRA

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